Tous ceux qui ont parié sur la mort politique du président du Conseil général de Man devront, sans doute, déchanter. Tel un chat, l’ancien bras droit de Laurent Gbagbo qui tombe de haut, se retrouve sur ses pieds...dans le sillage du nouveau chef de l’exécutif. « Blon Blaise est avec nous, il est avec la République », a confié le week-end dernier, Séa Honoré, cadre du grand-Ouest ivoirien et proche collaborateur d’Alassane Ouattara. Pour convaincre ses ‘’parents’’ sur la réalité de la connexion qui existe entre le nouveau régime et l’ancienne haute autorité nationale de développement des régions des 18 Montagnes et du Moyen-Cavally, Séa Honoré s’est laissé aller à quelques précisions fort édifiantes. « Il a des gardes du corps autour de lui. Il est resté au pays, il n’a jamais été inquiété », a renchéri M. Séa. Des confidences qui ne manquent pas de susciter des interrogations de tous ordres. Le Rassemblement des républicains (Rdr) veut-il récupérer le ‘’bulldozer’’ ou tente-t-il une mission de bons offices pour arrondir les angles entre M. Blon et son ancien parti, l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) ? Ces questions méritent d’être posées car, même si le Rdr et l’Udpci sont alliés, rien n’empêche l’un de recruter dans le camp de l’autre. Et, en l’espèce, le cas Joël N’Guessan peut servir valablement de témoignage édifiant. Pour le Rdr, recruter Siki Blon Blaise, à quatre mois des prochaines élections locales, ne serait pas forcément une mauvaise affaire. Cette opération pourrait aider le parti présidentiel à prendre pied dans une région où il paraît être en territoire conquis. Mais, au-delà des 18 Montagnes, avec la déroute du clan Gbagbo, le président du Conseil général de Man, ce recrutement pourrait également être profitable dans la conquête d’autres espaces, notamment dans le Moyen-Cavally. Mais, là où le bât blesse, c’est que la’’ nouvelle recrue’’ a été accusée à tort ou à raison, notamment par ses anciens camarades de l’Udpci d’avoir pris une part active dans la crise post-électorale. Surtout qu’avant cet épisode tragique, le torchon brûlait déjà sérieusement entre Blon Blaise et le clan d’Albert Toikeusse Mabri où on accuse vertement ‘’bulldozer’’ d’avoir pompé plusieurs millions du compte bancaire de l’Udpci. « Quand vous êtes un homme de la trempe de Blon Blaise, vous avez des adversaires partout et c’est normal que certains auraient souhaité qu’il soit mort, qu’il soit en prison ou en exil, parce que sa présence ici les gênerait », concède, à demi-mot, l’ancien maire du Plateau. Le Rdr peut-il se payer le luxe de recruter un cadre chez son allié, alors que celui-ci est engagé dans un contentieux avec la direction de son parti ? « Si cela se confirme, ce serait une chose trop grave », réagit-on du côté du parti arc-en-ciel où on n’écarte pas une réaction officielle. Et si c’était une mission de bons offices ? « Ce n’est pas possible. Pour que notre allié, le Rdr, s’engage dans une telle démarche, il faut que nous soyons informés au préalable. C’est ne le minimum », coupe net notre interlocuteur. On est bien parti pour un autre mini-séisme dans la famille houphouétiste.
Marc Dossa
Marc Dossa
