Dans cet entretien accordé à Rfi, le ministre Koné Bruno, porte-parole du Gouvernement, lève un coin de voile sur le cas de l’ex-chef d’Etat ivoirien , tout en apportant une réplique à l’Onuci qui, dans un récent rapport, mettait en cause les Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci) dans une affaire de fosses communes. Il se prononce aussi sur les conditions de détention des personnalités du régime déchu.
En inculpant les caciques du régime Gbagbo et en même temps qu’il intègre au niveau de l’armée des ex-comzones, le Président Ouattara ne freine-t-il pas la réconciliation en Côte d’Ivoire ?
Je pense qu’il ne faut pas faire d’amalgame au niveau des inculpations qui ont lieu en ce moment et qui sont liés à des faits graves. Il ne faut pas occulter le fait que cette crise a fait trois mille morts. Il y a beaucoup de cas qui, malheureusement, sont imputables à une poignée de personnes. Parce que là, nous avons affaire à une centaine de personnes à peu près. A comparer avec la population ivoirienne, des millions de personnes, ce n’est pas grand-chose. À côté de cela, il y a beaucoup d’interprétations des actions menées par les anciens com’zones. Ce sont des militaires qui se sont battus pour rétablir la vérité des urnes en Côte d’ivoire, il faut au moins leur reconnaitre cela, et ce sont des miliaires qui n’ont jamais été formellement accusés, quoiqu’on dise. Des enquêtes sont menées. Si ces personnes étaient soupçonnées ou accusées d’être auteurs de crimes reconnus, elles seront passibles de poursuites devant la justice.
Et pourtant, Fofié Kouakou, le tout nouveau commandant de la Compagnie territoriale de Korhogo est, depuis 2006, sous sanction onusienne pour exécution extrajudiciaire ?
Écoutez, moi, je ne vois pas les choses de cette manière. Vous savez, dans la position où se trouvent Monsieur Ouattara, le président de la République et Monsieur Soro Guillaume, le premier ministre, il y a des positions politiques à prendre. Il s’agit de faire en sorte qu’une partie de la Côte d’Ivoire n’ait pas l’impression que la justice a été contre elle.
Justement, les partisans de l’ancien régime sont inquiets de cette justice à double détente, une justice des vainqueurs.
Si la justice voulait aller jusqu’au bout des inculpations, il y aurait entre 400 et 500 personnes qui seraient formellement inculpées, par rapport aux trois grands chefs d’accusation : crime de sang, crime économique et atteinte à la sureté de l’Etat. Aujourd’hui, nous avons une centaine d’inculpés. Donc, dire qu’il y a une justice à double vitesse, c’est totalement faux parce que, de l’autre côté, le chef de l’Etat est très ferme dans sa volonté de sanctionner toutes les personnes qui auront été formellement accusées de crime contre les droits humanitaires.
L’Onuci a découvert encore des fosses communes à Yopougon et les Frci ont été mises à l’index
Nous considérons l’Onuci, en Côte d’Ivoire, comme un allié pour le gouvernement actuel. Donc, il n’y a pas, a priori raison de douter de la parole de l’ONUCI. Nous sommes un peu surpris, malheureusement, que ce type d’informations soient lancé sans la préparation des esprits. Notre situation est encore globalement fragile, il faut éviter de porter des accusations qui ne sont pas complètement prouvées, étayées. Nous menons nous-mêmes des enquêtes par rapport à ce qui a été dit, je reste dans la même ligne. Si ces enquêtes nous dirigent vers ces personnes, même proches du camp du président Alassane Ouattara, elles seront, à sa demande formelle, sanctionnées.
Pour les partisans de Laurent Gbagbo, une véritable réconciliation passe par un dialogue franc entre le président Ouattara et son prédécesseur. Est-ce que cette demande est envisagée et acceptée par le pouvoir ?
Vous savez, il appartient au président Ouattara, lui-même, de répondre à cette question. Mais,je voudrais que vous compreniez une chose. C’est qu’en même temps que nous voulons réconcilier l’ensemble du pays, le président de la République souhaite que notre pays redevienne un pays de droit. Si nous voulons être un Etat de droit, il faut commencer par lutter contre l’impunité. Certaines personnes ont commis des actes trop graves pour que le gouvernement actuel ne fasse rien.
Laurent Gbagbo est toujours placé en résidence surveillée sans avoir été inculpé. Cette situation va-t-elle durer encore longtemps ?
A priori non. Les choses vont aller relativement vite. Tout cela a pris du retard parce qu’il s’agit d’une personnalité de très haut rang et, également, parce que le Tribunal pénal international(Tpi) mène des enquêtes en Côte d’Ivoire. Je peux donc vous assurer que cela est une question de jours.
Les inculpations se feront devant le Tribunal pénal international ou les tribunaux ivoiriens ?
Cela dépendra des chefs d’accusation, pour les crimes de sang, les inculpations se feront devant le Tpi, pour les autres types de crimes, économiques, ou atteinte à la sûreté nationale, l’Etat de Côte d’ivoire s’en chargera. Les deux équipes sont activées et je pense qu’assez rapidement, les inculpations vont se faire, de sorte que nous soyons totalement en ligne avec notre droit puis, chacune des justices fera son travail.
Propos retranscrit par
Boris N’Gotta
En inculpant les caciques du régime Gbagbo et en même temps qu’il intègre au niveau de l’armée des ex-comzones, le Président Ouattara ne freine-t-il pas la réconciliation en Côte d’Ivoire ?
Je pense qu’il ne faut pas faire d’amalgame au niveau des inculpations qui ont lieu en ce moment et qui sont liés à des faits graves. Il ne faut pas occulter le fait que cette crise a fait trois mille morts. Il y a beaucoup de cas qui, malheureusement, sont imputables à une poignée de personnes. Parce que là, nous avons affaire à une centaine de personnes à peu près. A comparer avec la population ivoirienne, des millions de personnes, ce n’est pas grand-chose. À côté de cela, il y a beaucoup d’interprétations des actions menées par les anciens com’zones. Ce sont des militaires qui se sont battus pour rétablir la vérité des urnes en Côte d’ivoire, il faut au moins leur reconnaitre cela, et ce sont des miliaires qui n’ont jamais été formellement accusés, quoiqu’on dise. Des enquêtes sont menées. Si ces personnes étaient soupçonnées ou accusées d’être auteurs de crimes reconnus, elles seront passibles de poursuites devant la justice.
Et pourtant, Fofié Kouakou, le tout nouveau commandant de la Compagnie territoriale de Korhogo est, depuis 2006, sous sanction onusienne pour exécution extrajudiciaire ?
Écoutez, moi, je ne vois pas les choses de cette manière. Vous savez, dans la position où se trouvent Monsieur Ouattara, le président de la République et Monsieur Soro Guillaume, le premier ministre, il y a des positions politiques à prendre. Il s’agit de faire en sorte qu’une partie de la Côte d’Ivoire n’ait pas l’impression que la justice a été contre elle.
Justement, les partisans de l’ancien régime sont inquiets de cette justice à double détente, une justice des vainqueurs.
Si la justice voulait aller jusqu’au bout des inculpations, il y aurait entre 400 et 500 personnes qui seraient formellement inculpées, par rapport aux trois grands chefs d’accusation : crime de sang, crime économique et atteinte à la sureté de l’Etat. Aujourd’hui, nous avons une centaine d’inculpés. Donc, dire qu’il y a une justice à double vitesse, c’est totalement faux parce que, de l’autre côté, le chef de l’Etat est très ferme dans sa volonté de sanctionner toutes les personnes qui auront été formellement accusées de crime contre les droits humanitaires.
L’Onuci a découvert encore des fosses communes à Yopougon et les Frci ont été mises à l’index
Nous considérons l’Onuci, en Côte d’Ivoire, comme un allié pour le gouvernement actuel. Donc, il n’y a pas, a priori raison de douter de la parole de l’ONUCI. Nous sommes un peu surpris, malheureusement, que ce type d’informations soient lancé sans la préparation des esprits. Notre situation est encore globalement fragile, il faut éviter de porter des accusations qui ne sont pas complètement prouvées, étayées. Nous menons nous-mêmes des enquêtes par rapport à ce qui a été dit, je reste dans la même ligne. Si ces enquêtes nous dirigent vers ces personnes, même proches du camp du président Alassane Ouattara, elles seront, à sa demande formelle, sanctionnées.
Pour les partisans de Laurent Gbagbo, une véritable réconciliation passe par un dialogue franc entre le président Ouattara et son prédécesseur. Est-ce que cette demande est envisagée et acceptée par le pouvoir ?
Vous savez, il appartient au président Ouattara, lui-même, de répondre à cette question. Mais,je voudrais que vous compreniez une chose. C’est qu’en même temps que nous voulons réconcilier l’ensemble du pays, le président de la République souhaite que notre pays redevienne un pays de droit. Si nous voulons être un Etat de droit, il faut commencer par lutter contre l’impunité. Certaines personnes ont commis des actes trop graves pour que le gouvernement actuel ne fasse rien.
Laurent Gbagbo est toujours placé en résidence surveillée sans avoir été inculpé. Cette situation va-t-elle durer encore longtemps ?
A priori non. Les choses vont aller relativement vite. Tout cela a pris du retard parce qu’il s’agit d’une personnalité de très haut rang et, également, parce que le Tribunal pénal international(Tpi) mène des enquêtes en Côte d’Ivoire. Je peux donc vous assurer que cela est une question de jours.
Les inculpations se feront devant le Tribunal pénal international ou les tribunaux ivoiriens ?
Cela dépendra des chefs d’accusation, pour les crimes de sang, les inculpations se feront devant le Tpi, pour les autres types de crimes, économiques, ou atteinte à la sûreté nationale, l’Etat de Côte d’ivoire s’en chargera. Les deux équipes sont activées et je pense qu’assez rapidement, les inculpations vont se faire, de sorte que nous soyons totalement en ligne avec notre droit puis, chacune des justices fera son travail.
Propos retranscrit par
Boris N’Gotta