Que se passe-t-il, véritablement dans la forêt classée du Mont-Péko dans le département de Duékoué, après la cérémonie de désarmement des miliciens de cette localité la semaine dernière ? Le site d'information « Connectionivoirienne », sur la base des informations qu'il a pu recueillir sur place, semble avoir une idée plus ou moins précise. Les hommes du « commandant Amoudé ne trouvent pas le désarmement digne d'intérêt pour eux, au point qu'ils jouent au chat et à la sourie avec l'Onuci et les structures en charge de ce dossier particulièrement sensible. Ce site rapporte que la cérémonie de désarmement qui a eu lieu la semaine dernière à Duékoué, en présence de l'Onuci, serait « une farce rocambolesque ». En effet, sur plus de 400 éléments retranchés dans la forêt classée du Mont-Péko et agissant sous les ordres d'un certain d'Amoudé Ourérémi, seuls 87 dont une jeune dame ont officiellement déposé leurs armes, affirme la source. Qui ajoute que les armes déposées étaient essentiellement composées de fusils de calibre 12, d'AK47 à moitié inutilisable, de 4 caisses de munitions 12,7 mm et de 10 obus de mortier neufs. Un arsenal en grande partie de fabrication chinoise, jugé dérisoire par des sources proches de l'ONUCI contactées par ce site. « Une grande partie des armes n'a pas été déposée. Nos statistiques font état de la présence d'un peu plus 207 kalachnikovs », soutient une source militaire. Cette cérémonie de désarmement des miliciens d'Amoudé Ouérémi s'était déroulée en présence des chefs Frci du groupement tactique 6 de l'ouest basés à Man, des responsables du Comnat-ci, du conseiller technique du Premier ministre, le capitaine de vaisseau Akako Alia, des Bailleurs de fonds, du représentant de l'Union européenne, des représentants des ambassades des Etats-Unis et d'Allemagne, du PNUD et du préfet de Duékoué, Benjamin Effoli. Mais, les éléments d'Amoudé ont gardé, sur eux, l'essentiel de leurs armes de guerre, en parfait état de fonctionnalité. «C'est ahurissant et incroyable que devant toutes les personnalités réunies, les miliciens aient osé servir une mise en scène », s'emporte un officier de l'Onuci, cité par le site, sous le couvert de l'anonymat. Cet état de fait n'est pas sans donner des insomnies aux populations de Duékoué, à sa classe politique qui se dit hantée par des troubles à l'occasion des prochaines échéances électorales. Et un autre de se demander si « la situation redeviendra normale dans cette région un jour. La question qui se pose est de savoir de qui répondent les éléments d'Amoudé ? Sont-ce des miliciens « indépendants » sans attache avec les Frci ou alors s'agit-ils d'éléments en rupture de ban avec les Forces républicaines de Côte d'Ivoire et qui ont décidé de « voler » de leurs propres ailes pour des visées dont ils sont les seuls a en savoir les contours. Comment se fait-il qu'après cette fameuse cérémonie, on voit encore les mêmes éléments d'Amoudé patrouiller dans les artères de Duékoué en compagnie de soldats Frci ? » Signalons que les miliciens d'Amoudé sont fortement soupçonnés (éléments vidéos de preuves) d'être les coresponsables, sinon les principaux auteurs des massacres de fin mars-début avril 2011, survenus au quartier carrefour de Duékoué. Plusieurs centaines d'habitants de ce quartier, essentiellement des hommes, avaient été atrocement tués, après la prise de la localité par l'armée pro-Ouattara.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA