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Politique Publié le samedi 20 août 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Inculpation de l’ex-chef d’Etat - Réactions des leaders politiques...

Blé Guirao, secrétaire général adjoint chargé de l’organisation de l’Udpci : «Nous attendons que Gbagbo soit inculpé pour crime de sang»
«Nous sommes très heureux de l’inculpation de Laurent et Simone Gbagbo. Mais nous attendons impatiemment qu’ils soient inculpés pour crime de sang afin d’apaiser les victimes. Au-delà, nous attendons également que la lumière soit faite sur l’assassinat de Guéi Robert et toutes les personnalités qui ont été froidement assassinées par les hommes de Gbagbo ».

Mme Dao Mariam, présidente des femmes du Pdci: «Cela veut dire désormais qu’il n’y a plus d’impunité en Côte d’Ivoire »
«La justice et le procureur de la République se sont clairement expliqués hier sur l’inculpation du couple Gbagbo. Cela veut dire désormais qu’il n’y a plus d’impunité en Côte d’Ivoire. Si une personnalité commet des exactions, elle doit répondre de ses actes. Donc, c’est tout à fait normal que la justice fasse son travail».

Mme Kanaté Fatoumata, inspecteur du Rdr : «C’est la suite logique du traitement du dossier»
«C’est la suite logique du traitement du dossier. Ils ont été arrêtés l’un à Korhogo et l’autre à Odienné pour être assignés à résidence surveillée. Certaines personnes ont parlé de flou juridique. Ils ont été maintenant inculpés. C’est la justice qui suit son cours. Nous ne sommes pas étonnés. Que la procédure suive son cours ».

Adolphe Kadjo Djidji, Magistrat : « Un magistrat réagit toujours face à un dossier »
«Un magistrat réagit toujours face à un dossier. Je suis comme vous. Je ne suis pas imprégné du dossier. Honnêtement, je ne saurais me prononcer sur un dossier dont je n’ai aucune connaissance. Il appartient au procureur seul qui est saisi de prendre les décisions qui conviennent».

Doh Dédé, pdt du mouvement Racine, pro-Cnrd : ‘’Ce que nous voyons s’apparente à la justice des vainqueurs’’
« Notre position est claire. Ce que nous voyons s’apparente à la justice des vainqueurs. Sinon comment comprendre qu’un ancien chef d’Etat qui jouit d’une immunité puisse être inculpé de façon aussi expéditive. Comme un vulgaire voyou et avec des chefs d’accusation vides de sens. En tant que chef d’Etat, je crois qu’il était de son devoir de protéger les intérêts économiques de la Côte d’Ivoire. Quel est donc le crime économique qu’il a commis quand il a régulièrement payé les fonctionnaires sans distinction pendant la grave crise ? Ce à quoi nous assistons est la preuve par neuf que nous ne sommes pas dans un Etat de droit. On ne peut pas condamner quelqu’un sur la base de rumeurs. C’est impensable».

Dié Bonao Céline, pdte des femmes Udpci : ‘’Il faut que la procédure suive son cours jusqu’à son jugement’’
«La Côte d’Ivoire est un pays de droit. Il faut, à mon avis, encourager la justice pour que la démocratie soit véritablement ancrée dans notre tradition républicaine. Sans justice, on ne saurait parler de bonne gouvernance encore moins de développement. Donc si Gbagbo est inculpé, il faut que la procédure suive son cours jusqu’à son jugement. Nous sommes d’accord que tous les Ivoiriens doivent se retrouver. Mais il faut que la justice fasse son travail pour que plus jamais, ce que nous avons vécu n’arrive. On ne peut pas aussi dire que tous ceux qui sont d’un parti sont tous fautifs. C’est seulement ceux qui ont posé des actes répréhensibles qui doivent être poursuivis. Et que les autres Ivoiriens se retrouvent car la Côte d’Ivoire est notre seul arbre. Alors je dirais que si le procureur est compétent pour inculper Laurent Gbagbo et sa femme, il faut lui faire confiance. Gbagbo est avant tout Ivoirien donc il doit être entendu par la justice ivoirienne. La justice internationale pourra entrer en vigueur après».

Me Hervé Gouaméné, avocat du couple Gbagbo "C’est un recul de l`Etat de droit"
«C`est un recul considérable de l`Etat de droit en Côte d`Ivoire. Cette inculpation est prise en violation de la Constitution, des lois ivoiriennes et des droits de la défense. Laurent Gbagbo n`est pas un justiciable ordinaire au regard de la loi portant statut des anciens chefs d`Etat. En tant qu`ancien président, Laurent Gbagbo devrait être jugé par la Haute cour de justice. Nous allons engager des recours contre la procédure en cours ». (Afp)

Anaky Kobena, président du Mfa : « Vous voulez soulever une bombe ? (rires). A bientôt ! »
Diéty Abraham, enseignant de droit (pro-Gbagbo) : ‘’Un Président de la République n’est pas n’importe quel justiciable’’
«Si l’on veut la réconciliation, il faut considérer les deux camps en face. Les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara. Maintenant, Alassane Ouattara doit savoir qu’il est le président de la République et Gbagbo a au moins deux millions de personnes qui se reconnaissent en lui. Il ne peut être détenu et espérer que la réconciliation se fasse sans lui. Gbagbo est arrivé au pouvoir en 2000. Il aurait dû poursuivre Ouattara pour les mêmes délits que celui-ci reproche à Gbagbo aujourd’hui. Mais si Gbagbo ne l’a pas fait, ce n’est pas par faiblesse mais parce qu’il savait que Ouattara avait du monde derrière lui. L’occasion est donnée à Ouattara de montrer qu’il peut réconcilier les Ivoiriens. Quant à la procédure judiciaire en elle-même, nos maîtres nous ont appris qu’un Président de la République n’est pas n’importe quel justiciable. Les cas du Président de la République et des ministres sont traités par la Haute Cour de justice. Cette juridiction n’est pas encore mise en place dans l’appareil judiciaire de la Côte d’Ivoire. Là est toute la difficulté. Tout ce qui se fait maintenant est du non-droit. Le procureur de la République n’est pas compétent pour inculper le couple Gbagbo. L’un en raison de son statut d’ancien chef d’Etat et l’autre en raison de son statut de député. Le Président Ouattara a évincé le président du Conseil constitutionnel alors que le mandat de celui-ci courait toujours. C’est du non-droit. Pour être clair, si l’inculpation était intervenue dans le respect du droit, je m’en serais réjoui avant de porter mes critiques. On nous parle de crimes économiques. Mais quand Gbagbo arrivait au pouvoir, le pays était lourdement endetté. Il a dû batailler pour remettre la Côte d’Ivoire sur les rails. De quels crimes économiques parle-t-on ? C’est plutôt un satisfecit qu’il faut lui adresser».
Simplice Kouadio Koffi, Procureur de la République :
«Quand les infractions ont été commises à l’occasion des élections, on peut faire l’économie de saisir l’Assemblée nationale»
«C’est exact que le Président de la République, dans l’exercice de ses fonctions, n’est justiciable que devant la Haute Cour de Justice et pour des cas de haute trahison, ce sont des dispositions constitutionnelles. Mais, il se trouve que M. Laurent Gbagbo n’était plus Président de la République au moment de son arrestation, parce que la même Constitution dit que le pouvoir du Président sortant expire au moment de la prestation de serment du Président élu. Le Président élu, SEM Alassane Ouattara a prêté serment, le 4 décembre 2010 et le Conseil constitutionnel lui-même, le fameux Conseil constitutionnel version Yao N’dré, est revenu dire que le serment de M. Ouattara est valable. Donc, à compter du 4 décembre 2010, M. Laurent Gbagbo n’avait plus la qualité de Président de la République. Il peut tout au plus revendiquer celle d’ancien Président, mais un ancien Président de la République est un citoyen comme tout autre, même si la Loi de 2005 prévoit une procédure spéciale pour l’inculper, c’est-à-dire saisir l’Assemblée nationale qui doit autoriser des poursuites à une majorité qualifiée. Mais, cette même Loi, en son article 54 dit que quand les infractions ont été commises à l’occasion des élections, on peut faire l’économie de cette procédure ».

Me Habiba Touré, avocate du couple Gbagbo : «On est dans une situation de règlement de comptes politique »
«Je constate encore qu’on est dans une situation aberrante d’un point de vue juridique. Cette inculpation ne respecte pas la législation ivoirienne et la procédure à suivre, lorsqu’on a affaire à un chef d’Etat. Concernant le chef de l’Etat, c’est la Haute Cour de Justice qui est compétente, ce n’est pas une juridiction ordinaire. Le chef de l’Etat ne peut être poursuivi que pour haute trahison, ce qui n’est pas le cas. On le traite comme un citoyen ordinaire, il n’est pas un citoyen ordinaire. Il répond donc à une législation particulière, à des dispositions particulières qui doivent lui être appliquées. Il en est de même pour la Première dame, en sa qualité de député. Elle jouit quand même d’une immunité parlementaire, elle ne peut faire l’objet d’inculpation, alors même que cette immunité n’a pas été levée. Donc, on est encore dans une situation de non-Droit qui se poursuit, ou en tout cas, on n’est pas dans le cadre d’une application stricte du Droit ivoirien. On est juste dans une situation de règlement de comptes politique avec, semble-t-il, une instrumentalisation de la Justice ivoirienne».
Recueillis par Touré Abdoulaye, N’da Eugène, S Débailly
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