“C’est à ceux qui ne font rien à qui on n’a rien à reprocher». Cet adage sied aujourd’hui à la situation dans laquelle se trouvent les Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Les troupes du général Soumaïla Bakayoko sont actuellement au centre de tous les débats. Pendant que certains les traitent en héros, d’autres les considèrent comme des zéros. La dernière catégorie fustige leur comportement rustre et déplore leur mise dépenaillée. Plus grave, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire n’inspirent pas confiance. Un certain nombre d’Ivoiriens les soupçonnent d’être à l’origine de tous les coups fourrés qui ont cours actuellement dans la République. Et ce n’est pas cher payé pour elles. Tant il est vrai que certains éléments appartenant à la nouvelle armée ivoirienne profitent de la situation précaire héritée de la grave crise postélectorale pour s’adonner à des pratiques qui ne font pas honneur au code militaire. Cependant, faut-il pour autant brûler les FRCI ? Répondre par l’affirmative serait faire preuve d’ingratitude à leur égard. Certes les FRCI sont à blâmer, dans certains cas. Mais, il ne faut pas jeter l’anathème sur toute la corporation. Car, comme dans tout corps, il existe des brebis galeuses en leur sein. Au-delà de cet aspect des choses, il ne faut pas oublier que les FRCI ont été pour beaucoup dans la pacification et le retour de la sécurité en Côte d’Ivoire. Lorsque le 2 décembre, la Commission électorale indépendante déclarait le docteur Alassane Ouattara, candidat du RHDP, vainqueur du second tour de l’élection présidentielle, personne ne pouvait imaginer que la Côte d’Ivoire venait de prendre un bail de quatre mois avec l’horreur. Les rues d’Abidjan et de la Côte d’Ivoire se sont transformées en lieux d’immolation pour tous ceux qui ne juraient que par le RHDP et son candidat. Les Ivoiriens dans leur majorité venait de se rendre compte que le FPI et ses alliés avaient savamment planifié une machine de répression et de terreur qui dépassait les limites de l’horreur et l’inhumanité. A Abidjan, dans certaines comme Yopougon, Koumassi et Adjamé, on brûlait vifs des êtres humains à tout bout de champ comme du gibier. A l’intérieur du pays, la moindre contestation ou marches de protestation se terminait en carnage. Qui ne se souvient pas encore de la descente punitive d’hommes en arme au siège du RDR le 2 décembre 2010, jour de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle ? Qui peut dire qu’il n’a pas encore en esprit l’assassinat de plusieurs dizaines de militants de l’opposition lors de la marche du 16 décembre 2010 ? Qui a oublié la période du blocus du Golf hôtel où les leaders de l’opposition étaient confinés dans de petites chambres pendant que leurs militants se faisaient chaque jour canarder ? Que dire de l’assassinat des femmes d’Abobo et de plusieurs centaines de jeunes du RHDP pour avoir tout simplement refuser le déni de démocratie que voulaient imposer Laurent Gbagbo et ses camarades ? En tout cas, ils sont peu nombreux ceux qui n’ont pas en esprit ces moments douloureux de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, surtout à Abidjan, tuer était devenu un jeu d’enfant pour les miliciens et mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo. Au point que sortir dans les rues d’Abidjan et certaines villes de l’intérieur du pays à cette période, à certains endroits et à certaines heures, c’était signé son arrêt de mort. Mais qui a mis fin à cette situation ? Ce sont bien sûr les Forces républicaines de Côte d’ivoire. La vaste offensive qu’elles ont lancée à partir du 27 mars a permis de non seulement mettre un terme aux atrocités perpétrées par le camp Gbagbo. Mais aussi de sauver le processus démocratique. La Côte d’Ivoire doit sa libération aux FRCI. Si aujourd’hui, beaucoup d’Ivoiriens peuvent critiquer leur action sur le terrain, c’est bien parce que les hommes du général Soumaïla Bakayoko ont accepté d’offrir leur poitrine pour mettre fin à un Etat de terreur que voulait imposer l’ancien pouvoir aux Ivoiriens. Lorsqu’à Yopougon, malgré la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril, il y avait encore des miliciens et de mercenaires libériens qui tuaient à tour de bras, il a fallu le courage des FRCI pour y mettre un terme. Aujourd’hui encore, les FRCI sont à la tâche pour débusquer les nostalgiques de l’ancien ordre et retrouver les milliers d’armes qui ont été distribués comme de petits pains par le pouvoir FPI. Autant il est vrai qu’il faut décrier le comportement de certains éléments retors et indisciplinés de l’armée ivoirienne, autant il faut faire attention, en voulant chasser, le gibier de brûler tout le champ. Sinon, on risque de faire le jeu de tous ceux qui n’ont pas intérêt à voir l’armée républicaine, tant rêvée par les Ivoiriens, se construire et jouer pleinement son rôle régalien. Donc vigilance ! Car le serpent n’est pas encore mort !
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
