L’affaire a fait le buzz. L’affaire des trois gendarmes français arrêtés puis relâchés par des éléments de la Garde Républicaine dans la nuit du samedi 20 août dernier dans la capitale économique. Les éléments du commandant en second de la GR, Ouattara Issiaka dit Wattao, ont-ils violenté, dépouillé les concernés ?
Pourquoi une affaire de contrôle de routine est devenue une affaire d’Etat ? Voici les faits recoupés aussi bien de source policière qu’indépendante.
Frédéric Laffont, ancien légionnaire français, propriétaire des sociétés de gardiennage RISK et Vision, suspecté d’achat d’armes, transport de matériel militaire et devises divers pour le compte des pontes de l’ancien régime. De Laffont, les mauvaises langues avancent que ces deux sociétés qui emploient environ 4000 personnes sont en majorité des jeunes miliciens à la solde de Laurent Gbagbo. A l’occasion de la crise postélectorale, l’homme a donc pris la clé des champs. Son business est donc en veilleuse. Dans les couloirs du nouveau régime, il tente de renaître. Depuis la France où il s’est réfugié, il multiplie les contacts pour faire sauter (en vain pour le moment) le verrou. Inscrit sur la liste des personnes « proscrites » par l’Union européenne, ce businessman de la sécurité, a réussi à se faire « blanchir ». Mais, la partie n’est pourtant pas gagnée. En exil volontaire, il veut refaire décoller son business de sécurité, même si ses restaurants « Le Mont Blanc », « Stade de France » et sa compagnie aérienne « Sophia Airlines » n’ont jamais véritablement fermés. C’est dans cette situation que Jean Grégoire Charaux, colonel à la retraite de la Gendarmerie et DG de la société de Gardiennage BGSP, proche du couple Gbagbo, est coopté pour un séjour Abidjan. Objectif : installer l’adjudant Alvarez Laurent, ex-légionnaire français à la tête des sociétés de Frédéric Lafont.
Dans la communauté du renseignement, Frédéric Lafont est surveillé comme du lait sur le feu. Un informateur anonyme prévient les hommes du commandant Wattao de l’arrivée de l’ancien légionnaire. Le commandant en second de la GR, pour des raisons évidentes de sécurité, décide de filer les « envoyés » de Frédéric Laffont. C’est le colonel Jean Grégoire Charaux qui atterrit à 15h ce samedi 20 août en provenance de Lomé à l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Il est attendu par un certain Camara (en business avec Lafont), Fontaine, colonel de gendarmerie à la retraite et son chauffeur. Une fois l’hôte arrivé, un tour est fait dans les bureaux de « Sophia Airlines », puis une visite de ce qui est devenu l’ancienne résidence de Frédéric Lafont est effectuée. Ces deux locaux sont contigus. C’est en pleine visite avec un couple français intéressé par cette résidence qu’apparaissent des éléments de la GR aux ordres du Commandant en second de la GR. Ces personnes suspectes sont conduites à l’EGS (Etablissement Général des Services) sis Zone 4. Là, ces personnes arrêtées sont dépossédées de leurs téléphones portables et autres documents et soumis à un interrogatoire par un officier de police judiciaire de la Police nationale. Mais Jean Grégoire Charaux qui a encore son portable, alerte tout le monde. Ambassade de France, Chef d’état-major général des FRCI, le Commandant supérieur de la Gendarmerie nationale. Mais l’officier de police judiciaire qui ne se laisse nullement perturber, continue son interrogatoire. A la fin, sur instruction du Chef d’état-major général des FRCI, les Français et l’Ivoirien Camara sont remis à la Gendarmerie nationale.
Les deux Français qui n’avaient aucun lien avec cette affaire sont libérés après leur audition.
La décharge qui contredit
Avant d’être libérée, chaque personne reçoit ses documents et autres biens. Jean Grégoire Charaux, très bavard et frileux, est prié de faire une décharge. Voici ce qu’il a écrit :
« Je soussigné M. Jean Grégoire Charaux, déclare librement et sans contrainte. J’ai reçu en retour les matériels m’appartenant, argent (575 000 FCFA), affaires. Notre interpellation et interrogatoire se sont faits sans aucune violence.
Nous avons été libérés après les questions d’usage dans une procédure. Et nous avons été bien traité.
Jean Grégoire Charaux. Le 20 / 08 / 2011 à 20h »
(Voir document en fac-similé). Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre. Une fois libéré, l’émissaire de Frédéric Lafont indique contrairement à sa décharge qu’il a été dépossédé de 45000 euros (environ 30 millions de F CFA). Il serait arrivé au bureau de Sophia Airlines avec l’argent dans une chemise au moment de son arrestation. L’Etat est saisi au plus haut niveau. Dans l’entourage du Commandant Wattao, c’est l’émoi. « Le montage est trop grossier ». La Direction de la surveillance du territoire (DST) saisit du dossier commence à dénouer le nœud : quelque chose ne tourne pas rond chez l’émissaire de Lafont. Les déclarations de Jean Grégoire Charaux et sa frilosité ne sont pas rassurantes. Son compagnon Fontaine et son chauffeur, eux, ont fait montre d’un calme olympien. Entre temps, l’adjudant Alvarez Laurent a atterri sur les bords de lagune Ebrié. Une pièce maîtresse que les grandes oreilles ivoiriennes recherchent activement pour mieux comprendre ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Jean Grégoire Charaux ».
Coulibaly Brahima
Pourquoi une affaire de contrôle de routine est devenue une affaire d’Etat ? Voici les faits recoupés aussi bien de source policière qu’indépendante.
Frédéric Laffont, ancien légionnaire français, propriétaire des sociétés de gardiennage RISK et Vision, suspecté d’achat d’armes, transport de matériel militaire et devises divers pour le compte des pontes de l’ancien régime. De Laffont, les mauvaises langues avancent que ces deux sociétés qui emploient environ 4000 personnes sont en majorité des jeunes miliciens à la solde de Laurent Gbagbo. A l’occasion de la crise postélectorale, l’homme a donc pris la clé des champs. Son business est donc en veilleuse. Dans les couloirs du nouveau régime, il tente de renaître. Depuis la France où il s’est réfugié, il multiplie les contacts pour faire sauter (en vain pour le moment) le verrou. Inscrit sur la liste des personnes « proscrites » par l’Union européenne, ce businessman de la sécurité, a réussi à se faire « blanchir ». Mais, la partie n’est pourtant pas gagnée. En exil volontaire, il veut refaire décoller son business de sécurité, même si ses restaurants « Le Mont Blanc », « Stade de France » et sa compagnie aérienne « Sophia Airlines » n’ont jamais véritablement fermés. C’est dans cette situation que Jean Grégoire Charaux, colonel à la retraite de la Gendarmerie et DG de la société de Gardiennage BGSP, proche du couple Gbagbo, est coopté pour un séjour Abidjan. Objectif : installer l’adjudant Alvarez Laurent, ex-légionnaire français à la tête des sociétés de Frédéric Lafont.
Dans la communauté du renseignement, Frédéric Lafont est surveillé comme du lait sur le feu. Un informateur anonyme prévient les hommes du commandant Wattao de l’arrivée de l’ancien légionnaire. Le commandant en second de la GR, pour des raisons évidentes de sécurité, décide de filer les « envoyés » de Frédéric Laffont. C’est le colonel Jean Grégoire Charaux qui atterrit à 15h ce samedi 20 août en provenance de Lomé à l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Il est attendu par un certain Camara (en business avec Lafont), Fontaine, colonel de gendarmerie à la retraite et son chauffeur. Une fois l’hôte arrivé, un tour est fait dans les bureaux de « Sophia Airlines », puis une visite de ce qui est devenu l’ancienne résidence de Frédéric Lafont est effectuée. Ces deux locaux sont contigus. C’est en pleine visite avec un couple français intéressé par cette résidence qu’apparaissent des éléments de la GR aux ordres du Commandant en second de la GR. Ces personnes suspectes sont conduites à l’EGS (Etablissement Général des Services) sis Zone 4. Là, ces personnes arrêtées sont dépossédées de leurs téléphones portables et autres documents et soumis à un interrogatoire par un officier de police judiciaire de la Police nationale. Mais Jean Grégoire Charaux qui a encore son portable, alerte tout le monde. Ambassade de France, Chef d’état-major général des FRCI, le Commandant supérieur de la Gendarmerie nationale. Mais l’officier de police judiciaire qui ne se laisse nullement perturber, continue son interrogatoire. A la fin, sur instruction du Chef d’état-major général des FRCI, les Français et l’Ivoirien Camara sont remis à la Gendarmerie nationale.
Les deux Français qui n’avaient aucun lien avec cette affaire sont libérés après leur audition.
La décharge qui contredit
Avant d’être libérée, chaque personne reçoit ses documents et autres biens. Jean Grégoire Charaux, très bavard et frileux, est prié de faire une décharge. Voici ce qu’il a écrit :
« Je soussigné M. Jean Grégoire Charaux, déclare librement et sans contrainte. J’ai reçu en retour les matériels m’appartenant, argent (575 000 FCFA), affaires. Notre interpellation et interrogatoire se sont faits sans aucune violence.
Nous avons été libérés après les questions d’usage dans une procédure. Et nous avons été bien traité.
Jean Grégoire Charaux. Le 20 / 08 / 2011 à 20h »
(Voir document en fac-similé). Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre. Une fois libéré, l’émissaire de Frédéric Lafont indique contrairement à sa décharge qu’il a été dépossédé de 45000 euros (environ 30 millions de F CFA). Il serait arrivé au bureau de Sophia Airlines avec l’argent dans une chemise au moment de son arrestation. L’Etat est saisi au plus haut niveau. Dans l’entourage du Commandant Wattao, c’est l’émoi. « Le montage est trop grossier ». La Direction de la surveillance du territoire (DST) saisit du dossier commence à dénouer le nœud : quelque chose ne tourne pas rond chez l’émissaire de Lafont. Les déclarations de Jean Grégoire Charaux et sa frilosité ne sont pas rassurantes. Son compagnon Fontaine et son chauffeur, eux, ont fait montre d’un calme olympien. Entre temps, l’adjudant Alvarez Laurent a atterri sur les bords de lagune Ebrié. Une pièce maîtresse que les grandes oreilles ivoiriennes recherchent activement pour mieux comprendre ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Jean Grégoire Charaux ».
Coulibaly Brahima