Depuis son arrivée au pouvoir, Ouattara multiplie les affaires incroyables au grand dam des Ivoiriens. L’affaire a occupé les bonnes feuilles des brulots proches de Ouattara, qui pensaient détenir ainsi le dossier du siècle. «Un charnier découvert à l’école de gendarmerie» affichaient en manchette ses haut-parleurs. Devant une telle situation, que fait-on surtout qu’on clame partout qu’on veut construire un Etat de droit ? Et bien, on exhume les corps pour une autopsie, puis on ouvre une enquête afin de retrouver les auteurs. En fait, c’est ce qui se passe dans des pays de droit. Mais ici, le coupable était tout désigné avant même que le charnier ne soit découvert (jusque-là les Ivoiriens attendent de voir les images). C’est le général Guiai Bi Poin . Depuis, il se trouve à la Maca. Il était le patron de l’école de gendarmerie, donc c’est lui. Un point un trait. Ainsi va la Côte d’Ivoire de Ouattara. Car pour l’occasion, on pensait détenir l’affaire pour clouer le général qu’on trouve gênant. Mais juste une poignée de jour après, l’accusation change. Le général n’est plus poursuivi pour charnier à l’école de gendarmerie mais pour crimes économiques. Que s’est-il passé pour que le pouvoir fasse ce tour de passe-passe juridique ? Les Ivoiriens attendent des explications qui tardent d’ailleurs à venir. Ainsi va la Côte de Ouattara avec ses affaires incroyables. On se rappelle bien que juste après le coup d’Etat de la France en avril dernier, Ouattara et Sarkozy sont montés sur les toits du monde pour crier que Gbagbo serait poursuivi pour crimes contre l’humanité. A l’arrivée, ça été un pétard mouillé. Après avoir cherché en vain les crimes contre l’humanité commis par Gbagbo, le pouvoir s’est finalement contenté d’un ridicule crime économique comme charge contre le Président Gbagbo. Juste de quoi à se faire plaisir. Mais il n’y a pas que ça. Le Premier ministre Aké N’Gbo a été mis aux arrêts avant qu’on ne lui trouve un chef d’inculpation. Depuis, il est dans les geôles de Ouattara en train de vivre les pires humiliations. On n’oubliera pas aussi le président Affi qui se trouve dans l’enfer de Bouna. De quoi l’accuse-t-on ? Il a été emprisonné d’abord avant qu’ils ne découvrent qu’il est accusé entre autres ; d’association avec malfaiteurs, rébellion… On rit aux éclats parce qu’ici, si la loi doit frapper des gens pour rébellion, c’est bien dans les ranges du pouvoir. Que dire de l’inculpation la plus loufoque, à savoir celle de Michel Gbagbo ? Il est en prison parce qu’il est le fils de Gbagbo. C’est le ministre de la Justice Ahoussou Jeannot, avocat de son état qui le dit lui-même. Cela s’appelle tout simplement rabaisser la justice ivoirienne. Et ce n’est pas tout. Après le retour au pays du commandant Konan Boniface et plusieurs autres officiers de l’armée ivoirienne, le pouvoir qui voulait se faire plus malin a décidé de les inculper. Objectif ; mettre à l’ombre ces hommes qui sont devenus très gênants. Ange Kessi, l’homme de service a donc été commis pour condamner ses amis d’hier. Sans gêne, il s’est très vite empressé devant les médias d’annoncer la bonne nouvelle du pouvoir. Konan et les autres seront inculpés, annonce-t-il, aux journalistes. Mais juste le lendemain, le même Ange Kessi passe encore devant les médias pour se dédire. Une manière de dire « ce que j’ai dit hier est faux » Que s’est-il passé pour que le pouvoir se dédise aussi grossièrement ? Là encore, les Ivoiriens resteront sans réponse. Il y a en plus le cas du confrère Hermann Aboa qui se voit inculpé après son arrestation et son incarcération. On l’accuse de participation à une bande armée, rébellion… En fait la même chanson qui condamne. On n’omettra pas l’arrestation de plusieurs anciens officiers de l’armée française. Le pouvoir les accuse de comploter contre le régime de Ouattara pour le compte de Gbagbo. Une vraie absurdité. Et au lieu d’ouvrir une procédure judiciaire comme cela se fait dans un Etat de droit, ces militaires ont subi les pires humiliations. Au point que quasiment à bout, ils ne s’empêchent pas de tancer vertement les hommes de Ouattara. «Les Frci sont plus des voyous que des militaires… La Côte d’Ivoire mérite mieux que ça » lâche à cet effet, le colonel Jean Grégoire Charaux, l’un des officiers enlevés par les Frci. Fait ahurissant, ils ont été dépouillés de tous leurs biens dont une forte somme d’argent. Une autre affaire qui confond totalement la France qui continue de fermer les yeux sur les dérapages des hommes qu’elle a fait venir à Abidjan. Autre fait qui dépasse l’entendement, le limogeage très spectaculaire de Brou Aka Pascal de la direction de Tci désormais dans les habits de la Rti. On l’accuse de n’avoir pas envoyé une équipe de reportage à l’aéroport pour filmer l’arrivée de Ouattara qui venait des Usa. Alors que le confrère n’était même pas informé ce jour là de son arrivée. Mais il fallait régler des comptes... C’est avec Ouattara que la présidence de la République s’implique directement dans la gestion des reportages de la Rti. Sous Gbagbo tout comme dans les grandes démocraties du monde, cela paraît pourtant pour une banale affaire. Mais ici la Côte d’Ivoire fait un grand bond en arrière ; elle tombe plus bas. Aujourd’hui, en moins de cinq mois de pouvoir, le nombre des inculpations se comptent par dizaines dans les rangs des proches de Gbagbo. A tel point que ça frise finalement le ridicule. Parce qu’à cette allure, les prisons ivoiriennes seront remplies de pro-Gbagbo ; un exploit que même l’autocrate Houphouët n’a pas réalisé. C’est ce qu’on appelle, discréditer l’appareil judiciaire.
Guéhi Brence
Guéhi Brence