C’est à coup sûr l’évènement de ce mois de septembre. Le Front populaire ivoirien (Fpi) a organisé son premier rassemblement public pour communier avec ses militants. Cinq mois après l’arrestation arbitraire de son fondateur Laurent Gbagbo. Ce meeting «brise peur» de l’ancien parti au pouvoir est un réel succès. Des centaines d’hommes et de femmes venus de toutes parts ont conjuré, à tout jamais, l’épouvantail Frci ce dimanche 4 septembre 2011 à Koumassi. Il fallait prendre ses responsabilités. C’est ce qui a été fait, sans surprise, avec l’intrépide Jules Yao Yao. Si la pluie torrentielle de la nuit n’a pu remplir la bassine, ce n’est pas la rosée du matin qui va le faire, dit la sagesse africaine. Comme l’a si bien illustrée Michel Amani N’Guessan ancien ministre de la Défense du président Gbagbo : «Sous Houphouët-Boigny qui crachait du feu, Gbagbo a fait des marches et il n’y a rien eu (…). Il n’y aura rien sous Ouattara. Nous allons nous opposer. Nous jouerons notre rôle d’opposant et il n’y aura rien. Nous irons doucement parce que nous allons prendre le pouvoir». De quoi irriter une feuille de chou proche de l’actuel régime qui se flétrie à sa Une : « Le Fpi provoque Ado». Du n’importe quoi ! Pourquoi pas. Ce pouvoir perdu par la force des armes, le Fpi peut le reconquérir et le reprendre un bon matin. Et bien que gratifié de ses soutiens, Ouattara ne pourra rien y faire. Surtout quand on fait le lit d’une implosion sociale à travers des décisions impopulaires. Heureusement pour lui que le Fpi n’est pas nourri à la mamelle de la subversion et du désordre. Ce parti forgé dans l’adversité «en 1988 quelque part dans une plantation à Dabou» démontre qu’il a certes faibli, (quel parti politique ne faiblirait pas devant une coalition de puissances étrangères) mais, qu’il ne se dérobe pas face à un devoir historique. Celui de tuer la peur en chacun des Ivoiriens horrifié et cloîtré entre quatre murs de peur de tomber sous les balles assassines des Frci, l’armée de Ouattara. Qu’on ne s’y trompe pas. Il n’y a pas qu’au Fpi que la peur va être brisée. Cette peur qui tétanise les Ivoiriens depuis le coup d’Etat du 11 avril 2011 qui a entrainé la chute du président Laurent Gbagbo est partagée par l’ensemble des Ivoiriens toute tendance confondue. Y compris dans le clan Ouattara. Sinon le nouveau président ivoirien ne se ferait pas garder par des armées étrangères ; il ne construirait pas des check-points autour de sa résidence qu’il a «bunkérisée», et il n’emprisonnerait pas par vagues successives ses compatriotes qui ne pensent pas comme lui. Ouattara est prisonnier de sa peur ! Si le meeting du Fpi pouvait être d’une thérapie pour lui, la Côte d’Ivoire ne s’en porterait que mieux. Laurent Gbagbo disait déjà en 1992 : «j’ai peur de la peur du Pdci». C’est la même chose avec Ouattara. Les Ivoiriens ont peur de la peur de Ouattara. Avec lui, tout peut arriver à tout instant. Prenez soin de vous… et d’autrui. A mardi prochain.
Simplice Allard (al08062317@yahoo.fr)
Simplice Allard (al08062317@yahoo.fr)