Une dame originaire de Korhogo, une femme Sénoufo en fonction dans une institution de la République à Abidjan appelle ses parents au village et leur affirme : « Je vous avais dit de ne pas voter pour Ouattara et de voter Gbagbo. Vous ne m’avez pas écouté. Celui que vous avez voté est au pouvoir, mais moi, je viens d’être renvoyée de mon travail par lui ». Depuis le village, la réaction des parents est précédée de pleurs avant de s’interroger sur un fond de regret : « qu’est-ce que tu as à voir dans leur affaire ?»
Leur fille qui s’occupait bien d’eux est au chômage au moment où ses parents s’attendaient à un mieux-être pour avoir porté au pouvoir un ressortissant du nord. Ainsi va la vie. Comme cette femme, des pères et mères de familles sont remerciés dans plusieurs entreprises publiques et des institutions. Des travailleurs qui caressaient le désir de mieux gagner leur vie sous Ouattara sont surpris par des licenciements abusifs et se retrouvent sur le marché d’un hypothétique emploi. Au Conseil économique et social, au Port d’Abidjan et San Pedro, à la Lonaci, à la Sicogi etc., de nombreux Ivoiriens ont perdu leurs emplois. Et la saignée continue. Les travailleurs sont anxieux et s’en remettent à Dieu. Ils ne sont pas les seules victimes du régime Ouattara. Car dans le milieu informel, des commerçants de tout genre qui occupaient le site de la « Sorbonne » au Plateau, par exemple, sont eux aussi au regret.
Ils avaient pourtant rêvé à de meilleures conditions qui puissent leur permettre de prospérer avec l’avènement d’Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. Mais leurs rêves sont brisés par les déguerpissements auxquels l’on assiste à Abidjan et à Yamoussoukro. Du coup, les affaires ont pris un coup au moment où ces commerçants s’attendaient davantage à un mieux-être. Sur les grands axes à Marcory, Adjamé, les commerçants sont désorganisés, traqués et chassés des espaces qu’ils ont longtemps occupés. Entre les forces pro-Ouattara et les commerçants, c’est la chasse à l’homme ou le jeu de cache-cache à Adjamé, Abobo, Koumassi, Yopougon et Marcory. Aucune commune d’Abidjan n’est d’ailleurs épargnée. La « Rue Princesse » de Yopougon qui faisait vivre des centaines de familles, les vendeurs de véhicules d’occasion qui brassaient de grosses sommes d’argent ont été dégagés purement et simplement alors qu’ils n’ont pas encore fini d’évaluer leurs pertes causées par la crise postélectorale. Sur le campus à l’université, des commerçants conjuguent leurs affaires au passé parce que le pouvoir Ouattara le veut ainsi.
De « la Sorbonne », au campus en passant par Adjamé, Marcory, Koumassi, Treichville et Yopougon, Cocody, et Abobo, les victimes du déguerpissement se comptent par milliers et les familles qui vivaient de toutes ces activités embrassent la dure réalité du chômage. Tel est le grand changement auquel l’on assiste depuis le renversement de Laurent Gbagbo par l’armée française et l’installation de Ouattara suite au coup d’Etat.
Avec du recul, on se demande si toutes ces victimes sont des pro-Gbagbo ? Sûrement non. On peut, sans risque de se tromper, dénombrer le gros lot des électeurs des tenants du pouvoir actuel. C’est-à-dire des gens qui, pour une raison ou une autre, n’ont jamais porté Laurent Gbagbo dans leur cœur. Et qui ont fermé les yeux pour donner leurs voix à Alassane Dramane Ouattara. En faisant ce vote contre Gbagbo, cette catégorie de personnes voulait se débarrasser de celui qu’elles n’aimaient pas. Mais ces personnes n’ont pas un instant pensé qu’avec le départ de Gbagbo, elles perdraient beaucoup plus que ses propres partisans au plan de la tolérance et de la raison de vivre. Parce que Gbagbo laissait faire les Ivoiriens non pas par faiblesse mais pour que ces derniers permettent à leurs familles de vivre à travers leurs activités. Il songeait à trouver des sites de recasement aux déguerpis. Gbagbo est parti, les Ivoiriens ont eux perdu un grand pan de leurs acquis et privilèges. 50 mille f cfa retranchés sur chaque salaire d’un corps habillé est une grosse perte. Les concours directs et professionnels annulés par Alassane Dramane Ouattara sont un grand dommage causé aux jeunes à la recherchent d’emplois. Les licenciements qui surprennent les travailleurs comme ces 80.000 emplois dont parle l’Ugtci sont énormes. Ouattara et le Rhdp avaient toujours critiqué avec virulence le régime Gbagbo de n’avoir pas créé de l’emploi et pour ironiser, on entendait le Rhdp dire que sous Gbagbo, les titulaires de Bts géraient des cabines téléphoniques. Mais l’on découvre qu’avec Alassane Dramane Ouattara, les licenciements sont devenus un programme de gouvernement du nouveau régime et que la priorité pour lui est de gâcher les activités génératrices de revenus.
Avec le départ de Gbagbo, ceux qui ne l’aimaient pas et qui n’ont pas voté pour lui, savaient bien qu’ils perdaient un grand leader. Mais ils ne savaient rien de ce qu’ils gagneraient avec Ouattara. En moins de 2 mois seulement, les partisans d’Alassane Dramane Ouattara ne sont plus heureux. L’enthousiasme et l’euphorie nés du départ de Gbagbo laissent la place à l’amertume. « ADO-Solution » fait place à « ADO-Grincement de dents ». Avec le départ de Gbagbo, les Ivoiriens perdent gros. Et avec Ouattara, ils ne savent pas ce qu’ils gagnent.
C’est le grand saut dans l’inconnu. D’où l’angoisse et les murmures qui ne changeront plus rien. Un bulletin de vote, c’est sacré. On réfléchit avant de le mettre dans l’urne. Sinon, voilà les regrets !
Benjamin Koré
benjaminkore@yahoo.fr
Leur fille qui s’occupait bien d’eux est au chômage au moment où ses parents s’attendaient à un mieux-être pour avoir porté au pouvoir un ressortissant du nord. Ainsi va la vie. Comme cette femme, des pères et mères de familles sont remerciés dans plusieurs entreprises publiques et des institutions. Des travailleurs qui caressaient le désir de mieux gagner leur vie sous Ouattara sont surpris par des licenciements abusifs et se retrouvent sur le marché d’un hypothétique emploi. Au Conseil économique et social, au Port d’Abidjan et San Pedro, à la Lonaci, à la Sicogi etc., de nombreux Ivoiriens ont perdu leurs emplois. Et la saignée continue. Les travailleurs sont anxieux et s’en remettent à Dieu. Ils ne sont pas les seules victimes du régime Ouattara. Car dans le milieu informel, des commerçants de tout genre qui occupaient le site de la « Sorbonne » au Plateau, par exemple, sont eux aussi au regret.
Ils avaient pourtant rêvé à de meilleures conditions qui puissent leur permettre de prospérer avec l’avènement d’Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. Mais leurs rêves sont brisés par les déguerpissements auxquels l’on assiste à Abidjan et à Yamoussoukro. Du coup, les affaires ont pris un coup au moment où ces commerçants s’attendaient davantage à un mieux-être. Sur les grands axes à Marcory, Adjamé, les commerçants sont désorganisés, traqués et chassés des espaces qu’ils ont longtemps occupés. Entre les forces pro-Ouattara et les commerçants, c’est la chasse à l’homme ou le jeu de cache-cache à Adjamé, Abobo, Koumassi, Yopougon et Marcory. Aucune commune d’Abidjan n’est d’ailleurs épargnée. La « Rue Princesse » de Yopougon qui faisait vivre des centaines de familles, les vendeurs de véhicules d’occasion qui brassaient de grosses sommes d’argent ont été dégagés purement et simplement alors qu’ils n’ont pas encore fini d’évaluer leurs pertes causées par la crise postélectorale. Sur le campus à l’université, des commerçants conjuguent leurs affaires au passé parce que le pouvoir Ouattara le veut ainsi.
De « la Sorbonne », au campus en passant par Adjamé, Marcory, Koumassi, Treichville et Yopougon, Cocody, et Abobo, les victimes du déguerpissement se comptent par milliers et les familles qui vivaient de toutes ces activités embrassent la dure réalité du chômage. Tel est le grand changement auquel l’on assiste depuis le renversement de Laurent Gbagbo par l’armée française et l’installation de Ouattara suite au coup d’Etat.
Avec du recul, on se demande si toutes ces victimes sont des pro-Gbagbo ? Sûrement non. On peut, sans risque de se tromper, dénombrer le gros lot des électeurs des tenants du pouvoir actuel. C’est-à-dire des gens qui, pour une raison ou une autre, n’ont jamais porté Laurent Gbagbo dans leur cœur. Et qui ont fermé les yeux pour donner leurs voix à Alassane Dramane Ouattara. En faisant ce vote contre Gbagbo, cette catégorie de personnes voulait se débarrasser de celui qu’elles n’aimaient pas. Mais ces personnes n’ont pas un instant pensé qu’avec le départ de Gbagbo, elles perdraient beaucoup plus que ses propres partisans au plan de la tolérance et de la raison de vivre. Parce que Gbagbo laissait faire les Ivoiriens non pas par faiblesse mais pour que ces derniers permettent à leurs familles de vivre à travers leurs activités. Il songeait à trouver des sites de recasement aux déguerpis. Gbagbo est parti, les Ivoiriens ont eux perdu un grand pan de leurs acquis et privilèges. 50 mille f cfa retranchés sur chaque salaire d’un corps habillé est une grosse perte. Les concours directs et professionnels annulés par Alassane Dramane Ouattara sont un grand dommage causé aux jeunes à la recherchent d’emplois. Les licenciements qui surprennent les travailleurs comme ces 80.000 emplois dont parle l’Ugtci sont énormes. Ouattara et le Rhdp avaient toujours critiqué avec virulence le régime Gbagbo de n’avoir pas créé de l’emploi et pour ironiser, on entendait le Rhdp dire que sous Gbagbo, les titulaires de Bts géraient des cabines téléphoniques. Mais l’on découvre qu’avec Alassane Dramane Ouattara, les licenciements sont devenus un programme de gouvernement du nouveau régime et que la priorité pour lui est de gâcher les activités génératrices de revenus.
Avec le départ de Gbagbo, ceux qui ne l’aimaient pas et qui n’ont pas voté pour lui, savaient bien qu’ils perdaient un grand leader. Mais ils ne savaient rien de ce qu’ils gagneraient avec Ouattara. En moins de 2 mois seulement, les partisans d’Alassane Dramane Ouattara ne sont plus heureux. L’enthousiasme et l’euphorie nés du départ de Gbagbo laissent la place à l’amertume. « ADO-Solution » fait place à « ADO-Grincement de dents ». Avec le départ de Gbagbo, les Ivoiriens perdent gros. Et avec Ouattara, ils ne savent pas ce qu’ils gagnent.
C’est le grand saut dans l’inconnu. D’où l’angoisse et les murmures qui ne changeront plus rien. Un bulletin de vote, c’est sacré. On réfléchit avant de le mettre dans l’urne. Sinon, voilà les regrets !
Benjamin Koré
benjaminkore@yahoo.fr