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Politique Publié le lundi 12 septembre 2011 | L’Inter

Le ministre Joël N`guessan rompt le silence : «Il faut créer des conditions pour le retour des exilés» ``Je suis candidat``

© L’Inter Par DR
Rassemblement des républicains - Le ministre Joël N`Guessan
Six (6) mois après la crise post-électorale et à l`approche du challenge des législatives, le ministre Joël N`guessan, ex-porte-parole du Rassemblement des Républicains (RDR) à la présidentielle, nous accordé cette interview dans laquelle il propose sa solution pour éviter l`implosion du Rassemblement des Houphouétistes (RHDP).

M. le Ministre, cela fait un certain temps qu’on ne vous a plus entendu. Pourquoi ce silence?

Il y a des moments où le silence est d’or. Il permet d’observer l’évolution des choses et d’avoir le recul nécessaire pour apprécier sans émotion et avec objectivité les différentes évolutions que prennent les évènements.

A propos d’évolution des évènements, qu’est-ce que l’ex-porte-parole du RDR pense des 5 premiers mois de la présidence d’ADO?

Avant de répondre à cette question, il faut se rappeler la situation dans laquelle se trouvait le pays au moment où le président Alassane Ouattara arrivait au pouvoir. Souvenons-nous que de par son entêtement à vouloir garder contre tous le pouvoir, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a conduit le pays dans une guerre civile. Les organisations des Droits de l’Homme parlent de plus de 3000 morts. A mon avis, le bilan est plus lourd car nous n’avons pas pu faire un décompte exhaustif du nombre de disparus que nous ne reverrons certainement jamais. Au lendemain de la chute de Gbagbo, les corps jonchaient les rues, les ordures avaient envahi les principales artères d’Abidjan. Les risques d’épidémies étaient réels. Il a fallu nettoyer cela pour assurer un minimum de salubrité publique. Aujourd’hui, quand on circule sur les principales artères de nos villes, il est difficile d’imaginer que nous avons connu le cauchemar de la guerre. Autre point important, avant la chute de Gbagbo, la Côte d’Ivoire avait 2 présidents de la République, 2 Premiers ministres, 2 gouvernements, etc. Les Institutions bancaires et financières nationales étaient aux arrêts ou tournaient au ralenti, les fonctionnaires étaient payés de manière inhabituelle, les marchés des grandes villes n’étaient plus régulièrement approvisionnés en vivres. Il y avait un embargo sur le cacao. Le monde de la finance internationale avait tourné le dos à la Côte d’Ivoire. Notre pays était persona non grata à la CEDEAO, à l’Union Africaine et à l’ONU, les miliciens de Gbagbo avaient quadrillé tous les quartiers et érigeaient des barrages intempestifs sur la voie publique, les domiciles des militants du RHDP étaient systématiquement pillés. Il existait 2 armées qui s’affrontaient militairement avec comme conséquence des centaines de morts par jour. Bref, avant la chute de Gbagbo, on était en guerre civile avec 2 «Républiques» dont une était réfugiée au Golf sous la protection de l’ONU. Voici le paysage et la situation de la Côte d’Ivoire au moment où le président Ouattara arrivait au pouvoir. Il est bon de souvent le rappeler pour une juste appréciation de l’évolution que nous avons connue depuis le 11 avril 2011, jour de la capture de Gbagbo.

Quelles ont été donc, selon vous, ces évolutions?
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est une et indivisible. Il y a une seule République, un seul président, un seul gouvernement. Les Institutions financières et bancaires fonctionnent normalement et les fonctionnaires perçoivent leurs salaires dans les conditions habituelles. Les marchés des grandes villes sont régulièrement approvisionnés. Les principales artères de nos villes sont redevenues propres. Des chantiers de restauration des routes et des bâtiments fleurissent chaque jour. L’embargo sur le cacao a été levé. Notre pays a renoué avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux en charge du financement et d’accompagnement du développement. Nous sommes de retour sur la scène internationale à la CEDEAO, l’UA et l’ONU. Les miliciens ont disparu et les barrages intempestifs n’existent plus. La Côte d’Ivoire dispose d’une seule et unique armée, d’une gendarmerie et d’une police dont les principaux responsables ont été nommés. Nous ne sommes plus en état de guerre. Les réfugiés du Golf ont rejoint leurs domiciles respectifs. Vous convenez donc avec moi que l’évolution positive est réelle et perceptible. Nous sommes revenus à une situation quasi normale.

Et pourtant, l’insécurité persiste au regard des exécutions extra-judiciaires dénoncées çà et là?

C’est vrai que tout n’est pas encore parfait. Vous savez, même en situation totalement normale, l’insécurité zéro ne peut être atteinte. N’oublions pas que nous sortons d’une guerre civile et que les poudrières et armureries des camps militaires, des gendarmeries et des postes de police ont été pillés. Des pillages orchestrés parfois par des gangsters qui ont profité du désordre général engendré par l’état de guerre. Par ailleurs, nous savons que les miliciens et autres mercenaires qui se sont évanouis dans la nature disposent encore d’armes de guerre cachées. Donc il faut s’attendre à ce que l’insécurité persiste encore pendant quelques mois. Cela ne veut pas dire que le gouvernement ne fait pas son travail. Maintenant, concernant les exécutions extra-judiciaires qui sont mises sur le compte des FRCI, cela est à déplorer. Je crois savoir que des consignes fermes ont été données par le Chef de l’État pour que tous ceux qui se rendent coupables d’actes répréhensibles soient arrêtés et punis, quels qu’ils soient. Le temps de l’impunité est fini. C’est le passage obligé pour arriver à un État de droit.

Croyez-vous à la réconciliation quand l’on sait que les dignitaires du FPI sont en prison et plusieurs de leurs militants en exil?

C’est justement pour ce que vous décrivez et pour bien d’autres choses encore qu’il faut croire en la réconciliation. Là où il n’y a pas de problème entre des personnes ou des groupes de personnes, on ne parle pas de réconciliation. Les Ivoiriens ont besoin de se réconcilier, car nous sommes allés trop loin dans la haine du prochain. Souvenez-vous de ces images atroces où l’on voit des individus se faire braiser avec des pneus autour du cou. On a atteint un niveau d’inhumanité pendant notre conflit, qu’il est impératif de laver nos âmes et nos esprits. L’ex-président du Conseil Constitutionnel n’a pas peut-être pas eu tort quand il disait que nous étions possédés par le Diable. Car, quand je prends du recul et j’analyse sans émotion et sans parti pris politique les différentes étapes qui ont conduit notre pays dans le gouffre, j’aboutis à la conclusion que nous n’étions pas loin de la folie collective. Dans cette folie collective, certains ont plus de responsabilité que d’autres. Surtout ceux qui ont refusé que le jeu démocratique aille jusqu’à son terme, en s’agrippant par tous les moyens au pouvoir après avoir perdu régulièrement les élections. Pour en revenir précisément à votre question, j’observe que les Ivoiriens aspirent dans leur grande majorité à la réconciliation. Ils veulent tous vivre dans un pays en paix et prospère où ils pourront scolariser leurs enfants, se soigner, avoir un emploi, etc. Nous en voulons pour preuve les multiples cérémonies de réconciliation organisées tous les weekends dans toutes les contrées du pays. Je fais remarquer au passage que dans le domaine festif, les Ivoiriens savent rivaliser d’ingéniosité: Caravane de la paix, caravane de réconciliation, tournois de réconciliation, miss réconciliation, journées ou assises de réconciliation, et que sais-je encore. Ce qui est bien et constitue une forme de catharsis au regard de ce que nous avons vécu.

Et le sort des exilés dans cette réconciliation?

Notre Constitution bannit l’exil. Donc, il faut que les conditions de confiance soient créées pour le retour de nos frères qui sont partis en exil. Sinon nous risquons de reproduire ce qui s’est passé lors du Forum de Réconciliation Nationale où les militaires exilés ayant pris part au coup d’Etat de décembre 1999 ont brillé par leur absence. La suite, on la connait. Ils sont revenus tenter de faire un coup d’Etat qui s’est transformé en une rébellion. Il est aussi vrai que certaines personnes, pour le rôle négatif qu’elles ont eu à jouer pendant la crise post-électorale, ont peur des représailles. Mais, on ne peut pas aboutir à une véritable réconciliation sans vérité et justice. Ceux qui ont commis des actes répréhensibles doivent reconnaitre leurs fautes et accepter que la justice s’applique à eux. C’est après cela que le pardon leur sera donné.

Parlant toujours de réconciliation, nous avons appris que 4 de vos collaborateurs ont été assassinés lors des évènements post-électoraux. Êtes-vous prêts à pardonner à ceux qui les ont tués?

Vous me rappelez là des évènements douloureux, surtout que j’ai été témoin de la barbarie avec laquelle le Cdt Séka Séka Anselme et ses hommes ont abattu de sang froid mes 2 chauffeurs et mes 2 gardes du corps. La question qui se pose à moi, c’est pourquoi ils ont fait cela, surtout que nous n’étions pas sur le champ de guerre. J’espère qu’un jour ils présenteront publiquement des excuses aux parents et amis de ces victimes innocentes. Ils pourront alors bénéficier du pardon de tous une fois que la Justice se sera prononcée sur leurs actes. Nous n’avons pas besoin de rancune, ni de vengeance. Nous souhaitons que justice soit faite pour que chacun comprenne qu’il n’est pas bon d’ôter la vie à des innocentes personnes comme ce fut aussi le cas des femmes d’Abobo.

On annonce les législatives avant la fin de l`année, y croyez-vous?

La fin de l’année est un objectif. Tout doit être mis en œuvre pour parvenir à organiser ces législatives qui sont attendues par tous, y compris la communauté internationale. Seulement si des contraintes budgétaires et techniques ne nous permettent pas d’aboutir, on peut raisonnablement admettre que ces élections se tiennent dans le courant du 1er trimestre 2012.

Votre parti, le RDR, est sur le terrain pour officiellement remercier ses militants pour avoir porté Alassane Ouattara à la Présidence de la République. N’est-ce pas une forme déguisée de campagne pour les législatives?

Vous constatez que le PDCI-RDA, notre principal allié dans le RHDP, a lancé sa machine électorale par les appels à candidature pour des primaires en leur sein. Donc ils sont en pleine campagne. Notre direction a souhaité d’abord remercier nos militants qui se sont battus pendant plus de 17 ans pour que le RDR arrive au pouvoir. Cela était indispensable. Maintenant que c’est chose faite, nous pourrons parler de législatives. C’est ce qui a motivé l’organisation du récent séminaire qui nous a permis de réfléchir sur les enjeux électoraux à venir.

La dynamique RHDP sera-t-elle appliquée ou allons nous assister à des candidatures séparées des partis composant le RHDP?

Le RHDP est une alliance politique basée sur des textes signés à Paris en 2005. Il est dit dans ses textes que pour les législatives et élections locales (Mairies et Conseils généraux), les partis du RHDP mettront en place des listes communes ou concertées. voici l’intitulé exact: «Concernant les élections législatives, les partis du RHDP s`engagent à définir une stratégie de candidature concertée ou commune pour avoir une majorité confortable à l`Assemblée nationale, en vue de la mise en œuvre de leur programme commun. Pour les élections municipales et des Conseil généraux, les Partis du rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix s`engagent à arrêter une stratégie de liste concertée. Les RHDP s`engagent également à mettre en place une coordination de leurs structures en charge des élections pour le suivi des processus électoraux, jusqu`à la proclamation des résultats». Comme vous le voyez, les textes sont clairs et précis. Il y aura concertation ou listes communes. Il n’y a pas d’inquiétude à se faire. La dynamique RHDP sera respectée surtout que nous avons les résultats du 1er tour de la présidentielle pour servir de boussole lors des concertations.

Pouvez-vous être plus explicite en ce qui concerne cette boussole?

Nous sommes allés à la présidentielle, au 1er tour, de manière séparée. Chaque parti composant le RHDP connaît son poids réel sur le terrain. Les résultats du 1er tour sont un indicateur pour aller à la discussion et à la concertation. Prenons 3 exemples pour bien illustrer nos propos. Daoukro. Lors du 1er tour, le candidat du PDCI-RDA a obtenu 32189 voix (82%) contre 2104 voix pour le candidat du RDR. Il est donc normal que les postes de députés dans cette localité soient laissés au PDCI-RDA. On peut, lors des concertations, envisager pour les municipales et l’élection au Conseil général, d’offrir quelques postes d’adjoint au maire ou de vice-président du Conseil au RDR par souci de bonne cohabitation. Séguéla. Lors du 1er tour, le candidat du RDR a obtenu 37406 voix (88%) contre 2012 pour le candidat du PDCI-RDA. Il est donc normal que les postes de députés soient laissés au RDR. On peut, ici aussi, envisager lors des concertations donner des postes d’adjoint au maire et de vice-président du Conseil, par souci encore de bonne cohabitation. Yopougon. Lors du 1er tour, les candidats du RDR et du PDCI-RDA ont obtenu respectivement 97929 voix (26%) et 74280 voix (17%) contre 194471 (52%) pour le candidat du FPI. Dans ce cas de figure, la liste commune du RHDP s’impose si l’on veut battre la nouvelle opposition et emporter les sièges de députés dans cette commune. En résumé, la concertation pour une liste commune s’imposera quand, dans une zone donnée, l’alliance constitue un atout pour rafler les postes électifs. La répartition des portefeuilles au niveau des partis du RHDP pourra se faire au prorata du poids électoral de chacun lors du 1er tour de la présidentielle. C’est une méthode comme une autre. Elle a le mérite d’être une base rationnelle de discussions en vue d’éviter les injustices et les frustrations.

Ne pensez-vous pas que cette façon de procéder va frustrer des cadres de certains partis qui estiment que les résultats du 1er tour ne traduisent pas le dynamisme politique des individus sur le terrain?

Vous avez raison d’évoquer cela. Je voudrais signaler que les primaires au sein d’un parti donné ne s’imposent pas à la coalition du RHDP. Le PDCI-RDA organise ses primaires pour sélectionner ses potentiels candidats. Dans le cadre de la concertation au niveau du RDHP, le critère qui devrait être retenu est la réalité politique sur le terrain. Et cette réalité se mesure au poids des partis. N’oublions pas que le jeu démocratique, c’est la loi des élections et que c’est la majorité qui gouverne. Ce n’est pas parce qu’on est une figure importante ou emblématique d’un parti qu’on ne peut pas perdre à une élection locale. Les exemples sont nombreux. Souvenons-nous qu’un grand baron du PDCI-RDA a perdu aux législatives en 2001 dans sa localité alors qu’il avait été désigné par son parti pour en être le candidat officiel à la présidentielle de 2000. Alors il ne faut pas que certains cadres se cachent derrière leur «notoriété» pour espérer figurer sur une liste commune, profitant ainsi du label RHDP sans faire un effort sur le terrain. Je fais confiance au Directoire du RHDP pour trouver des solutions adaptées à chaque région.

On sait que vous avez été candidat aux municipales à Bouaké en 2001. Allez-vous vous présenter encore?

Bien sûr que je vais m’investir sur le terrain pour des postes électifs au niveau de Bouaké. Je ne sais pas encore lequel. J’attends que mon parti et la direction du RDR indiquent le cadre d’expression des ambitions politiques locales pour me décider. Ce qui est certain, c’est que Bouaké constitue un intérêt politique pour moi.

Interview réalisée par JMK AHOUSSOU
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