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Société Publié le samedi 17 septembre 2011 | Le Patriote

N’Zi Kanga Rémi (Préfet de région, Préfet de Gagnoa) aux élus et cadres - “Tuez en vous le complexe de persécuté et venez”

Ses efforts pour le retour à la paix et à la cohésion sociale dans la région font l’unanimité au sein des populations. Le préfet de Gagnoa, N’Zi Kanga Rémi fait le point du processus de réconciliation nationale prônée par le président de la République. Il soutient que la vie a repris et que tout fonctionne à merveille.

Le Patriote: Quel est le point du processus de réconciliation nationale dans la région de Gagnoa?

N’Zi Kanga Rémi: Dans ce genre de situation, le bilan n’est pas figé ni systématique. Mais je dis que la situation a évolué positivement. Quand je venais ici en avril, c’était la terreur. Tout le monde était terré soit dans les plantations, soit dans les campements. Mais aujourd’hui, toutes les couches de la population commencent à se sentir un peu plus libérées et l’activité économique a repris. Tous ceux qui étaient terrés dans les campements et dans les plantations ont refait surface. La confiance renait petit-à-petit. Je pense que 90 à 97 % du rétablissement de l’ordre normal, du fonctionnement des institutions, de l’administration des services privés, tout a repris. Bien entendu que nous attendons beaucoup de choses, telles que la réhabilitation de tous les édifices qui ont été saccagés, de tous les matériels de bureaux qui ont été emportés. Nous sommes sur ce plan-là encore handicapés. Vraiment handicapés et nous attendons beaucoup pour pouvoir tourner en plein régime.

LP: Est-ce cette indisponibilité des locaux administratifs qui vous ont obligé à occuper ce minuscule espace qui vous sert de bureau? Est-ce une volonté…
NKR: Ce n’est pas une volonté. C’est une contrainte. Ici, c’est initialement la résidence du préfet. Et comme vous le constatez, mes bureaux se trouvent logés dans la chambre d’amis de cette résidence-là. Pourquoi? Parce que la préfecture est complètement délabrée. Mais je voudrais insister sur le fait que le processus de délabrement était bien antérieur à la crise. Il y a eu des pillages qui ont achevé le délabrement, sinon c’était déjà un bâtiment qui est tombé en ruines des années avant la crise. Et la déliquescence est totale. On ne peut même pas y travailler. Donc quand je suis arrivé, j’ai dû aménager ici dans ces locaux-là qui servent de résidence au préfet. Son état aussi n’inspirait pas confiance. Elle ne présente pas un état d’habitabilité correcte. J’ai préféré transformer cette chambre en bureau et moi-même squatter la résidence du Chef de l’Etat qui est connue de tous, puisqu’il ne fallait pas arrêter le service public. Il faut assurer la continuité du service public.

LP: C’est dans ces conditions que vous avez reçu les cadres et élus de la Région, conduits par le ministre Sébastien Danon Djédjé. De quoi a-t-il été question?
NKR: C’était effectivement une délégation assez représentative des cadres et élus du département qui est venue. Je pense que c’est le retour officiel de ces cadres-là, qui, apeurés par ce qui s’est passé, sont venus sous le Fromager pour constater, voir et entendre et après ils sont repartis. Ils ont pris le pouls de la situation et se sont rendu compte que Gagnoa est aussi viable et vivable qu’Abidjan. Il n’y a rien de particulier ici à Gagnoa. Contrairement à tout ce qu’il leur parvienne comme rumeurs de brimades d’exactions. Avant même que je ne vous reçoive (Lundi à 11 heures, NDLR), il y a le 5 ème vice-président du Conseil général, M. Gbaka Marc, qui est venu me saluer pour signaler son retour. Il compte faire fonctionner le Conseil général. Ce que je voudrais vous dire à la suite de cette interrogation, c’est de lancer un appel officiel, un vibrant appel alors, à l’ensemble des cadres et élus de Gagnoa de retourner au bercail. Qu’ils soient à Abidjan ou en dehors de la Côte d’Ivoire, de retourner au bercail, de sortir de ce semblant, j’allais dire de ce complexe de persécuté. En un mot, j’ai l’impression qu’ils développent un complexe de persécuté. Qu’ils viennent. Il n’y a rien. On ne leur fera rien. S’il y a quelque chose à faire, c’est la justice qui s’en chargera. Mais les FRCI, les gendarmes et policiers encore moins le préfet et le sous-préfet, qui sont là, personne n’a eu mission de persécuter qui que ce soit. Qu’ils viennent. Gagnoa les attend pour amorcer ou continuer son processus de développement.

LP: Lors de l’audience que vous leur avez accordée, ces cadres ont soulevé des questions sécuritaires, n’ont-ils pas raison de s’inquiéter sur ce point?
NKR: Oui, c’est tout à fait normal, mais il n’y a pas de sécurité à 100%. C’est vrai qu’ici il y a des problèmes de sécurité. Mais c’est partout ailleurs dans le pays. A partir du moment où la prison a été saccagée et que les prisonniers qui y étaient se sont volatilisés dans la nature, à partir du moment où ces prisons n’ont pas été réhabilitées, à partir du moment où les policiers et gendarmes qui sont là, ne peuvent pas faire de déferrement, le tribunal ne siège pas en correctionnel encore pour l’instant, nous avons un sérieux problème de sécurité ou d’insécurité, c’est selon. C’est réel. Les agressions de commerçants dans les villages commencent à être un peu agaçantes. Donc il y a véritablement un problème à ce niveau dans la région et partout ailleurs. Car ici, le problème n’est pas plus qu’ailleurs. C’est tout à fait vivable. Et nous sommes là et nous invitons, nous demandons à ce que la prison soit réhabilitée, rouverte pour que le tribunal puisse travailler, siéger en correctionnel et que les bandits sur qui on met le grappin, puissent être transférés et jugés. Parce qu’aujourd’hui, ces bandits-là nous narguent. Parce qu’on va vous agresser, il n’y a pas de prisons. Donc, c’est vraiment l’une des causes de l’insécurité qui sévit ici. Deuxièmement, dimanche, j’ai reçu la visite du ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. Il a été clair sur le problème des dozos. Ces derniers ne font pas partie de l’arsenal sécuritaire de la République de Côte d’Ivoire. Malheureusement, depuis un certain moment, c’est ce corps qui pullule dans le département, dans les villages, dans les sous-préfectures. Il y en a même qui se permettent d’ériger des camps. Et ils se promènent de façon ostentatoire avec des fusils calibres douze en bandoulière. Alors de deux choses l’une. On ne peut pas faire deux poids deux mesures. C’est-à-dire que d’un côté on désarme les uns et de l’autre, on autorise les autres à circuler avec les calibres douze. A-t-on plus confiance aux dozos qu’aux populations ou aux villageois à qui on arrache les fusils? Mais le ministre délégué à la Défense a été clair sur la question. Les dozos ne font pas partie de la police, des FRCI et de la Police. C’est clair. Alors que des décisions soient prises là où on doit les prendre pour signifier clairement aux dozos qu’ils ne font partie d’aucune de ces forces-là et qu’ils ne restent qu’une confrérie et qu’en tant que confrérie, cela relève d’une sphère culturelle.

LP: Qu’en est-il actuellement des populations, notamment des villageois qui s’étaient refugiées dans les brousses? Y sont-elles toujours ou sont-elles retournées dans les villages?
NKR: Aujourd’hui, je pense qu’il n’y a plus quelqu’un qui se terre en brousse. Non, c’est fini. Cela se passait durant les deux premiers mois qui ont suivi le mois d’avril, c’est-à-dire mai et juin, mais aujourd’hui, c’est terminé. Tout le monde vaque tranquillement à ses occupations. Chacun va au champ.

LP: Comment on se sent lorsqu’on est préfet en fonction dans cette région qui est la région natale du chef de l’Etat déchu, surtout à la suite de la crise post-électorale? Votre tâche est-elle facile?
NKR: Je suis très à l’aise ici à Gagnoa. Gagnoa est un département comme tous les autres de la Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de particularité. La particularité, s’il y en a, c’est quoi? C’est qu’il y a un des cadres de Gagnoa qui, à un moment donné, a été chef de l’Etat. Et peut-être avec lui, il y a eu cette crise. Mais elle est bien derrière nous. Les populations elles-mêmes savent que la crise est bien derrière nous. La preuve, le collectif des chefs de village d’ici s’est rendu à Yamoussoukro pour y rencontrer le président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, le Premier ministre Charles Konan Banny. Pour dire qu’ils montent dans le train de la réconciliation, qu’ils reconnaissent les nouvelles autorités étatiques installées. A partir de ce moment-là, je pense qu’il n’y a pas à particulariser outre mesure Gagnoa. C’est un département comme tous les autres. Et nous vivons ici tranquillement. Ce sont des clichés qu’on donne à Gagnoa. On s’interroge comment les populations vont réagir? Mais elle va réagir comment? Il y a eu une crise, elle s’est résorbée. Et quand je suis venu j’ai dit aux uns et aux autres qu’aucun événement heureux ou malheureux soit-il, ne saurait arrêter la vie ou la marche d’une Nation. Et donc, on vit normalement ici. On va à des funérailles, on enterre nos morts, on va partout, la vie a repris. Ce que nous souhaitons, c’est que les uns et les autres viennent, qu’ils arrêtent de se faire peur. Qu’ils tuent en eux cette peur-là. Qu’ils sortent du complexe de persécuté et qu’ils viennent

LP: Si la paix et la réconciliation sont désormais une réalité dans la région, elles sont cependant contrariées par le problème du racket dont se plaignent les populations en général et les transporteurs en particulier.
NKR: Le racket n’est pas particulier à Gagnoa. C’est un mal national. Quand on trouvera les racines de ce mal national, Gagnoa qui fait partie de la Nation, ne connaitra plus cela. C’est tout ce que je eux vous répondre.

LP: Avez-vous un message particulier sur lequel vous aimeriez insister?
NKR: Le message qui me tiens à cœur et que je voulais lancer, c’est cet appel aux fils et aux filles de Gagnoa. Il y a eu ce qu’il y a eu. Mais ce qu’il y a eu est passé. Qu’ils viennent, qu’ils regagnent Gagnoa pour qu’on se mette à travailler et que rien ne peut arrêter la vie du département, ni le processus de développement de Gagnoa. Que chacun vienne prendre sa place. Et qu’il y a beaucoup plus de rumeurs fausses qui leur parviennent là-bas, où ils se trouvent. Soit à l’extérieur ou à Abidjan. Et quand ils arrivent qu’ils prennent l’attache du préfet, du sous-préfet et qu’ils se mettent à travailler correctement.

LP: Il se trouve que certaines résidences appartenant justement à ces cadres, sont actuellement occupées par les FRCI.
NKR: C’est vrai qu’il y a encore quelques résidences privées qui sont occupées, par les FRCI notamment, mais quand ils arrivent, qu’ils viennent et qu’on règle ces problèmes-là rapidement et puis, ils ont l’intégrité de leurs résidences. Afin l’intégrité non, parce que certaines résidences ont été saccagées, mais ils peuvent réaménager et occuper leurs résidences. Heureusement que cela a déjà commencé. Pour ceux qui doutent encore, je dirais que rien ne va leur arriver.

YMA
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