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Politique Publié le mardi 20 septembre 2011 | Nord-Sud

Lucas Guéhi Brissi écrit à Miaka Ouréto : «Que le Fpi ne fasse pas la politique de la chaise vide »

Dans cette lettre ouverte adressée au président par intérim du Front populaire ivoirien, Lucas Guéhi Brissi, haut cadre de l’ancien parti au pouvoir, attire l’attention de ses camarades sur la nécessité de prendre part aux prochaines consultations électorales.Nous vous proposons de larges extraits de cette lettre.


Camarade président,
Je voudrais par ce mot, tout d’abord vous renouveler mes salutations et ma compassion  militante après les douloureux évènements post-électoraux qu’ont vécus notre parti et les militants de notre parti à l’instar de toute la Côte d’Ivoire.
Camarade président, ma correspondance est motivée par l’actualité politique.
En effet l’Etat de Côte d’Ivoire vient de décider de l’organisation des élections législatives le 11 décembre 2011. La communauté internationale s’active pour le financement de ce scrutin post-crise. Les partis réunis au sein du Rhdp s’activent également pour présenter des candidats et gagner ces élections.
Notre parti sans avoir formellement renoncé à se présenter, pose des conditions, conditions somme toute raisonnables et compréhensibles compte tenu de l’histoire récente des élections en Côte d’Ivoire, notamment la dernière élection présidentielle. De ce point de vue, il faut saluer au passage tout le travail que la direction du parti, sous votre conduite, mène non seulement pour faire baisser la tension mais surtout pour amener les nouvelles autorités à prendre en compte le Fpi comme acteur incontournable pour la gestion du présent et de l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Cependant, je pense et je milite pour que le Fpi ne fasse pas la politique de la chaise vide, et ce pour plusieurs raisons :
Le fondateur du Fpi, le président Laurent Gbagbo, est maintenu contre son gré en prison. Mais il a toujours été un farouche opposant à la politique de la chaise vide. Et aujourd’hui, plus qu’hier il a besoin que le Fpi occupe toutes les chaises qu’il peut occuper afin que oint de cette légitimité populaire que confèrent les élections, (...)
C’est la première raison pour laquelle je propose que le Front populaire ivoirien participe aux futures élections.
Le Front populaire ivoirien a été créé dans la douleur et sa vocation naturelle est de lutter pour l’avènement d’une société socialiste, démocratique, plus juste, égalitaire où chaque enfant de Côte d’Ivoire a les mêmes chances qu’un autre, nonobstant ses conditions de naissance. Une telle vocation est une vocation de lutte et de privations car rien de tout ce à quoi nous aspirons ne s’obtient facilement. (...)
Le Front populaire ivoirien doit donc aller dans le sens de sa vocation naturelle et participer aux prochaines élections. Le Fpi ne peut se permettre le luxe de renier sa nature et rester sur le bord du chemin de la lutte et abandonner à leur sort ces nombreux Ivoiriens et Ivoiriennes qui aspirent à mieux, et c’est ce à quoi nous assistons actuellement. Ces Ivoiriens et Ivoiriennes dont le seul espoir de retrouver leur dignité, leur souveraineté et leur liberté perdues, réside dans le Front populaire ivoirien.
Pour toutes ces raisons et pour d’autres encore, nous devons être là où le devoir et l’histoire nous appellent.
Les acquis démocratiques doivent être sauvegardés car ils sont le résultat de notre lutte. En effet, la proclamation du multipartisme le 30 avril 1990 est le résultat de la lutte de Laurent Gbagbo et de tous les démocrates. La liste électorale affichée et remise aux candidats, le procès verbal remis aux représentants des candidats, le bulletin unique, l’urne transparente, les débats contradictoires à la télévision, la presse plurielle et libre, la commission électorale… Voilà autant d’acquis que nous devons à la lutte du Fpi.
(...)
Notre devoir est donc de nous lever et de continuer la lutte partout et particulièrement à l’intérieur des Institutions de la République telle l’Assemblée nationale.
Dans la même veine de la préservation des acquis démocratiques, nous devons combattre et empêcher le retour au parti unique.
(...)
Le Fpi ne sera pas ridicule, une observation lucide, une étude froide et sans passion de la cartographie électorale de la Côte d’Ivoire depuis 1990 jusqu'à ce jour nous font penser que le Fpi ne sera pas ridicule aux prochaines élections.
De 3 députés en 1990, le Front populaire ivoirien compte aujourd’hui 92 députés, des communes et des départements ont été gagnés de haute lutte par le Fpi. Toutes ces élections qui ont amené le Fpi à atteindre ces différents scores ont toujours été organisées dans des conditions « calamiteuses ». Même la dernière élection présidentielle n’échappe malheureusement pas à cette situation. Quoiqu’on dise ou qu’on veuille, le Fpi demeure le deuxième parti politique de la Côte d’Ivoire en importance. (...) Bien conscientisé, rassuré et bien remobilisé avec le recours aux valeurs qui ont fait notre force, notre électorat votera massivement pour briser le cycle de la peur et de la violence et empêcher le retour du bâton.
Le Fpi a ses bastions comme tous les autres partis, et il ne peut se payer le luxe, au risque de disparaître, de laisser des régions entières qui lui sont naturellement acquises occupées par les autres forces politiques qui ne cherchent que sa disparition. Comment peut-on un instant envisager et accepter que ceux-là doivent nous représenter à l’Assemblée nationale ?
Non ! Camarade, nous pouvons gagner ou tout au moins constituer une minorité de blocage qui obligerait les autres à négocier avec nous comme Laurent Gbagbo a été contraint plusieurs fois de négocier avec eux. La libération de nos camarades emprisonnés, le retour des exilés, la préservation des acquis démocratiques et les autres avancées démocratiques, le sort de tout cela se joue aujourd’hui. Ne l’oublions pas. Vous connaissez l’Assemblée nationale comme moi et vous savez ce qu’il y a à faire. Les lois essentielles comme celles de l’amnistie devant conduire à la libération de nos camarades, pensez-vous que la proposition d’une telle loi sera introduite par le Rhdp ?
Croyez- vous que le gouvernement actuel est prêt à introduire un projet de loi allant dans ce sens ?
Moi je ne crois pas que les futurs députés Rhdp sont prêts à un tel sursaut et les propos actuels de nos gouvernants me laissent dubitatif quant à un tel projet.
Camarade, président, il n’y aura que les futurs députés Fpi et ceux qui leur sont proches à travers le Cnrd qui pourront se battre pour introduire une telle proposition de loi, c’est ça la vérité car rien n’est gratuit en politique.
Le Fpi ne sera pas ridicule. Allons aux élections !
La suite logique de tout cela c’est que vous avez l’impérieux devoir de faire en sorte que le Fpi demeure. En effet, l’absence du Fpi aux futures élections, conduira inéluctablement à sa mort. Ceux qui prônent aujourd’hui l’abstention iront voir ailleurs, grossir le rang des opportunistes qui ont commencé à applaudir les nouveaux gouvernants. Un autre parti montera et s’installera à la place du Fpi, la nature a horreur du vide, et nous aurions sacrifié nos vies, nos convictions, nos espoirs.
Allons aux élections !
Pendant que la direction du parti travaille à créer les conditions d’une participation réussie du Fpi, la base doit se réveiller, se mettre debout et travailler à être prête ; chaque cadre du parti doit se mettre en mission. Quand la maison brûle, la qualité de l’eau pour éteindre le feu importe peu, quand l’édifice menace de s’écrouler tous les ouvriers sont utiles pour le maintenir debout.
Cette profession de foi me permet de répondre à une ou deux préoccupations qui peuvent être les vôtres ou celles de bon nombre de militants ou sympathisants de notre parti.
Salutations militantes
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