Le cabinet dentaire du médico-scolaire de Yamoussoukro connaît de véritables problèmes d’équipement qui entravent son fonctionnement dans une ville qui accueille environ 80.000 élèves et étudiants. Dr Cissé Yacouba, chirurgien-dentiste, chef du service du cabinet dentaire et diplômé de Nancy I (France) lance un cri de cœur aux autorités.
On sait que de nombreuses infrastructures socio-sanitaires et économiques ont été mises à mal par les effets de la crise post-électorale avec un besoin d’équipement très accrû. Quelle est la situation au service d’odontostomatologie du médico-scolaire de Yamoussoukro ?
Nous venons justement de faire le bilan de nos activités le 25 août dernier à l’auditorium Mamie Adjoua. En effet, il a été constaté que sur une population d’environ 88.000 élèves et étudiants, c’est le cabinet dentaire du médico-scolaire qui doit s’occuper de toute cette masse de patients. Et on a dénombré environ 2.500 cas de caries au cours des visites systématiques. Le cabinet dentaire que nous avons l’honneur de diriger, a pu consulter environ 1.520 élèves et étudiants. Mais, il faut dire qu’en dehors des élèves et étudiants, notre structure est également ouverte à tout le monde. Les élèves y ont accès à des coûts forfaitaires pour leur permettre d’avoir une hygiène bucco-dentaire plus saine. Mais, notre plateau technique laisse à désirer.
Comment se fait la prise en charge des malades ?
En ce moment où nous observons l’opération de gratuité, les patients ne déboursent aucune somme. Sinon, bien avant, les élèves payaient 500 Fcfa la consultation et un prix forfaitaire de 3.000 Fcfa pour couvrir les besoins en consommables. Nous entendons par consommables dentaires les aiguilles, les compresses, les anesthésies et les gants qui sont utiles pour l’intervention chirurgicale. Sans parler du matériel bucco-dentaire. Donc, ceci permet aux patients de ne pas se promener dans les officines qui ne sont pas dépositaires du matériel dentaire. Avant la gratuité, les frais de consommables étaient obligatoirement payés pour couvrir l’extraction.
Aujourd’hui, avec la gratuité, est-ce que ces consommables auxquels vous faites allusion sont-ils disponibles ?
Pour être clair, les consommables n’étaient même pas disponibles avant où il y avait une contribution forfaitaire des malades. Donc, ce n’est pas maintenant qu’ils le seront. Il faut indiquer que ce cabinet dentaire a été ouvert avec un fauteuil dentaire sans équipement dentaire. Aujourd’hui, il fonctionne partiellement.
De quels équipements s’agit-il précisément ?
Les équipements dentaires ne sont rien d’autres que le matériel de chirurgie bucco-dentaire. Il s’agit du syndesmotome (pour écarter la gencive), des élévateurs et des daviers. Il faut savoir qu’à chaque type de dent correspond un type de davier. Etant entendu qu’il faut avoir un certain nombre de jeux de daviers pour pouvoir couvrir les besoins de la population. Pour le risque lié au Vih-Sida en ce moment, il est clair que le matériel bucco-dentaire doit être disponible en quantité et en qualité pour faire face à tous les élèves et civils qui fréquentent notre structure. Grâce au programme national de santé bucco-dentaire auquel nous sommes infiniment reconnaissants, nous avons pu acquérir un fauteuil dentaire dont le coût avoisine les 20 millions de Fcfa, ce n’est pas peu. C’est un effort considérable, mais beaucoup de choses restent à faire. Un fauteuil dentaire seul ne peut pas soigner les maladies de la bouche. Le matériel chirurgical doit suivre nécessairement, si nous voulons soigner correctement les patients.
Combien de daviers vous faut-il pour avoir une pleine capacité de fonctionnement ?
A cause de la stérilisation, si un cabinet dentaire peut recevoir 10 patients par jour, il lui faudra 3 fois le nombre de daviers. C’est-à-dire environ 3O daviers de différentes sortes. Puisqu’il existe des daviers hauts pour les incisives, les canines, les prémolaires, les molaires droit et gauche et les daviers bas. Il y a également des daviers de sagesse et pour les dents de lait. Il faut environ une dizaine de jeu de daviers. Alors que nous ne disposons que de 15 daviers pour soigner 2.500 malades qui ont été consultés en visite systématique. C’est vraiment très insuffisant. Quand on sait qu’un davier coûte entre 20 et 30.000 Fcfa. La prise en charge est très difficile voire pratiquement nulle. Le médico-scolaire a bénéficié de fauteuil dentaire mais il n’a pas bénéficié de la création de cabinet dentaire. La création d’un cabinet suppose la présence d’un fauteuil et d’un équipement complet. Tout cela doit être listé et au moment de la réception, le dentiste émarge. Et quand il devra aller ailleurs, il doit pouvoir rendre compte en faisant un inventaire de l’existant.
A combien peut-on chiffrer vos besoins pour que le cabinet tourne à plein régime ?
Pour que le cabinet puisse fonctionner correctement, il faut dans l’urgence investir 2,5 à 3 millions de Fcfa dans le matériel chirurgical bucco-dentaire. Ce matériel, s’il est acquis une seule fois, peut durer dans le temps avec un bon entretien. C’est un bon investissement car, pour prendre l’exemple d’un davier, il peut résister pendant 5 ans lorsqu’il est bien utilisé et bien stérilisé. Après quoi, on peut songer à le changer avec l’usure du temps. Si nous arrivons à obtenir une vingtaine de jeux de daviers, on peut travailler dans de bonnes conditions.
Avez-vous saisi les autorités compétentes ?
Nous avons pris service dans cette structure le 1er avril 2009. Nous avons effectivement adressé des courriers à la hiérarchie pour lui expliquer nos difficultés. Pour lui dire que grâce au programme national de santé bucco-dentaire, nous avons la chance d’avoir un fauteuil dentaire. Et ce qui reste à faire, c’est comment équiper le cabinet dentaire afin de faire face aux nombreux malades que nous accueillons. Malheureusement, il n’y a pas eu de suite. Nous fonctionnons difficilement parce que le budget du médico-scolaire détenu par le médecin-chef ne peut pas assurer les besoins du cabinet dentaire. Yamoussoukro, en plus d’être notre capitale politique, est une ville estudiantine et scolaire car nous avons environ 80.000 élèves et étudiants ici. C’est un cri de cœur que nous lançons aux autorités locales et aux gouvernants parce que nous avons été formés à grands frais, mais nous n’arrivons pas à travailler correctement et à soigner ceux qui représentent l’avenir du pays.
Interview réalisée par Cissé Cheick Ely, envoyé spécial à Yamoussoukro
On sait que de nombreuses infrastructures socio-sanitaires et économiques ont été mises à mal par les effets de la crise post-électorale avec un besoin d’équipement très accrû. Quelle est la situation au service d’odontostomatologie du médico-scolaire de Yamoussoukro ?
Nous venons justement de faire le bilan de nos activités le 25 août dernier à l’auditorium Mamie Adjoua. En effet, il a été constaté que sur une population d’environ 88.000 élèves et étudiants, c’est le cabinet dentaire du médico-scolaire qui doit s’occuper de toute cette masse de patients. Et on a dénombré environ 2.500 cas de caries au cours des visites systématiques. Le cabinet dentaire que nous avons l’honneur de diriger, a pu consulter environ 1.520 élèves et étudiants. Mais, il faut dire qu’en dehors des élèves et étudiants, notre structure est également ouverte à tout le monde. Les élèves y ont accès à des coûts forfaitaires pour leur permettre d’avoir une hygiène bucco-dentaire plus saine. Mais, notre plateau technique laisse à désirer.
Comment se fait la prise en charge des malades ?
En ce moment où nous observons l’opération de gratuité, les patients ne déboursent aucune somme. Sinon, bien avant, les élèves payaient 500 Fcfa la consultation et un prix forfaitaire de 3.000 Fcfa pour couvrir les besoins en consommables. Nous entendons par consommables dentaires les aiguilles, les compresses, les anesthésies et les gants qui sont utiles pour l’intervention chirurgicale. Sans parler du matériel bucco-dentaire. Donc, ceci permet aux patients de ne pas se promener dans les officines qui ne sont pas dépositaires du matériel dentaire. Avant la gratuité, les frais de consommables étaient obligatoirement payés pour couvrir l’extraction.
Aujourd’hui, avec la gratuité, est-ce que ces consommables auxquels vous faites allusion sont-ils disponibles ?
Pour être clair, les consommables n’étaient même pas disponibles avant où il y avait une contribution forfaitaire des malades. Donc, ce n’est pas maintenant qu’ils le seront. Il faut indiquer que ce cabinet dentaire a été ouvert avec un fauteuil dentaire sans équipement dentaire. Aujourd’hui, il fonctionne partiellement.
De quels équipements s’agit-il précisément ?
Les équipements dentaires ne sont rien d’autres que le matériel de chirurgie bucco-dentaire. Il s’agit du syndesmotome (pour écarter la gencive), des élévateurs et des daviers. Il faut savoir qu’à chaque type de dent correspond un type de davier. Etant entendu qu’il faut avoir un certain nombre de jeux de daviers pour pouvoir couvrir les besoins de la population. Pour le risque lié au Vih-Sida en ce moment, il est clair que le matériel bucco-dentaire doit être disponible en quantité et en qualité pour faire face à tous les élèves et civils qui fréquentent notre structure. Grâce au programme national de santé bucco-dentaire auquel nous sommes infiniment reconnaissants, nous avons pu acquérir un fauteuil dentaire dont le coût avoisine les 20 millions de Fcfa, ce n’est pas peu. C’est un effort considérable, mais beaucoup de choses restent à faire. Un fauteuil dentaire seul ne peut pas soigner les maladies de la bouche. Le matériel chirurgical doit suivre nécessairement, si nous voulons soigner correctement les patients.
Combien de daviers vous faut-il pour avoir une pleine capacité de fonctionnement ?
A cause de la stérilisation, si un cabinet dentaire peut recevoir 10 patients par jour, il lui faudra 3 fois le nombre de daviers. C’est-à-dire environ 3O daviers de différentes sortes. Puisqu’il existe des daviers hauts pour les incisives, les canines, les prémolaires, les molaires droit et gauche et les daviers bas. Il y a également des daviers de sagesse et pour les dents de lait. Il faut environ une dizaine de jeu de daviers. Alors que nous ne disposons que de 15 daviers pour soigner 2.500 malades qui ont été consultés en visite systématique. C’est vraiment très insuffisant. Quand on sait qu’un davier coûte entre 20 et 30.000 Fcfa. La prise en charge est très difficile voire pratiquement nulle. Le médico-scolaire a bénéficié de fauteuil dentaire mais il n’a pas bénéficié de la création de cabinet dentaire. La création d’un cabinet suppose la présence d’un fauteuil et d’un équipement complet. Tout cela doit être listé et au moment de la réception, le dentiste émarge. Et quand il devra aller ailleurs, il doit pouvoir rendre compte en faisant un inventaire de l’existant.
A combien peut-on chiffrer vos besoins pour que le cabinet tourne à plein régime ?
Pour que le cabinet puisse fonctionner correctement, il faut dans l’urgence investir 2,5 à 3 millions de Fcfa dans le matériel chirurgical bucco-dentaire. Ce matériel, s’il est acquis une seule fois, peut durer dans le temps avec un bon entretien. C’est un bon investissement car, pour prendre l’exemple d’un davier, il peut résister pendant 5 ans lorsqu’il est bien utilisé et bien stérilisé. Après quoi, on peut songer à le changer avec l’usure du temps. Si nous arrivons à obtenir une vingtaine de jeux de daviers, on peut travailler dans de bonnes conditions.
Avez-vous saisi les autorités compétentes ?
Nous avons pris service dans cette structure le 1er avril 2009. Nous avons effectivement adressé des courriers à la hiérarchie pour lui expliquer nos difficultés. Pour lui dire que grâce au programme national de santé bucco-dentaire, nous avons la chance d’avoir un fauteuil dentaire. Et ce qui reste à faire, c’est comment équiper le cabinet dentaire afin de faire face aux nombreux malades que nous accueillons. Malheureusement, il n’y a pas eu de suite. Nous fonctionnons difficilement parce que le budget du médico-scolaire détenu par le médecin-chef ne peut pas assurer les besoins du cabinet dentaire. Yamoussoukro, en plus d’être notre capitale politique, est une ville estudiantine et scolaire car nous avons environ 80.000 élèves et étudiants ici. C’est un cri de cœur que nous lançons aux autorités locales et aux gouvernants parce que nous avons été formés à grands frais, mais nous n’arrivons pas à travailler correctement et à soigner ceux qui représentent l’avenir du pays.
Interview réalisée par Cissé Cheick Ely, envoyé spécial à Yamoussoukro