Début août, une femme mourait en couches au centre hospitalier régional (Chr) de Divo faute d’assistance. Elle devait subir une césarienne et sa famille n’avait pas la totalité des frais réclamés par l’équipe du jour. Suite à ce drame, la ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida, le Pr. Thérèse N’Dri Yoman a sévèrement mis en garde tous ses agents contre toute tergiversation devant les cas d’accouchement. Deux semaines après, ses recommandations sont-elles appliquées dans les maternités publiques ? Les accouchements gratuits sont-ils une réalité ? Notre enquête.
«Les prestations suivantes sont gratuites : consultations, consultations de femmes enceintes, accouchements, examens de labo, mises en observation, autres soins (perfusion, transfusion, injection), médicaments et autres soins pharmaceutiques, carnet de santé, carnet de santé de la mère et de l’enfant. En cas de rupture, nous serons obligés de vous référer vers d’autres structures ». C’est le message marqué sur une feuille et placardé devant la maternité du centre de Protection maternelle et infantile (Pmi) de Yopougon-Attié. C’est la preuve théorique de la gratuité des soins ici. Qu’en est-il donc dans la pratique ?
Le personnel agressé
Mardi matin, à notre passage dans ce centre, Saly Koné s’y rendait pour la pesée de sa fille née, il y a à peine une semaine. Pour elle, ‘’l’accouchement gratuit’’ est une question de chance. Et, elle n’en a pas bénéficié à son accouchement. Ses proches ont dû acheter le nécessaire dans la pharmacie privée la plus proche. « Il n’y avait plus de kits d’accouchements. Le stock était en rupture le jour de mon accouchement », signale-t-elle. Selon elle, son amie, qui a enfanté environ une semaine avant elle, été entièrement prise en charge gratuitement. Ses parents n’ont rien payé du tout. Même scénario lors des consultations prénatales. Mme Togba qui venait en consultation, ce même jour, nous a confié aussi qu’elle achète quelquefois des gants et des médicaments, lorsqu’ils ne sont pas disponibles à la pharmacie de l’hôpital. «Nous sommes nombreuses à attendre. Et, quand les gants finissent avant tu ne peux être prise en charge, tu retournes en acheter en officine privée », raconte-t-elle. Ou encore, toujours selon elle, celles qui n’ont pas les moyens d’acheter les gants, préfèrent revenir les jours suivants, le temps que la Pharmacie de la santé publique (Psp) fasse une autre livraison de stocks des produits utilisés en maternité. A la maternité de l’hôpital général d’Abobo-sud, les femmes à terme avaient plus de chance ce jeudi. Assis sous le préau de la maternité, l’époux d’Honorine T., une jeune dame qui venait de mettre au monde une fille nous fait part qu’il n’a encore rien payé. « On ne m’a rien demandé encore. Je me suis renseigné auprès de la sage-femme qui a suivi l’accouchement, elle m’a dit que, pour le moment, il n’y a rien à payer. J’attends donc patiemment mon bébé et mon épouse pour rentrer à la maison », narre-t-il. Un médecin exerçant dans cet établissement sanitaire fait remarquer que ce jeudi, presque tout le matériel servant à l’accouchement des femmes était disponible à la pharmacie de l’hôpital et qu’il n’y avait donc aucun problème. Toutefois, le médecin indique que, très souvent, les populations ignorent que chaque femme qui doit accoucher a une ordonnance qui lui est propre. « Certaines femmes peuvent accoucher ici sans que leurs parents n’aient recours aux médicaments des officines privées. Mais ce n’est pas le cas chez elles toutes », explique-t-il. Selon lui, pour une femme qui a déjà une maladie telle que l’hypertension artérielle ou le diabète, le kit va comporter plus de médicaments. Car, il faut un certain nombre de médicaments qui lui permettront d’accoucher sans danger. C’est le même cas chez celle dont le col se dilate difficilement ou chez celle qui a subi des avortements dans sa jeunesse. Et, pour ces types de femmes, il y a de fortes chances que tous les médicaments exigés ne soient pas disponibles dans la pharmacie de l’hôpital. Et, il revient aux parents de faire des efforts. « C’est ce qui peut expliquer que le même jour, il peut avoir des accouchements entièrement gratuits et des accouchements où les parents paient des médicaments dehors. Et, ce n’est pas du racket ça !», explicite-t-il. Il relate aussi que, récemment, l’époux d’une femme qui devait enfanter a agressé, au sein de ce centre de santé, un médecin parce que ce dernier lui aurait demandé d’aller acheter un médicament en pharmacie. Médicament dont la pharmacie de l’hôpital ne disposait pas et qui faciliterait la dilatation du col de l’utérus. N’eût été l’intervention de ses collègues, ce monsieur aurait boxé le médecin. « Nous ne demandons qu’une chose, que la Psp approvisionne quotidiennement notre pharmacie. Il faudrait que les autorités gouvernementales expliquent aux populations que dans certaines circonstances, elles doivent mettre la main à la poche », a-t-il conclu.
Adélaïde Konin
«Les prestations suivantes sont gratuites : consultations, consultations de femmes enceintes, accouchements, examens de labo, mises en observation, autres soins (perfusion, transfusion, injection), médicaments et autres soins pharmaceutiques, carnet de santé, carnet de santé de la mère et de l’enfant. En cas de rupture, nous serons obligés de vous référer vers d’autres structures ». C’est le message marqué sur une feuille et placardé devant la maternité du centre de Protection maternelle et infantile (Pmi) de Yopougon-Attié. C’est la preuve théorique de la gratuité des soins ici. Qu’en est-il donc dans la pratique ?
Le personnel agressé
Mardi matin, à notre passage dans ce centre, Saly Koné s’y rendait pour la pesée de sa fille née, il y a à peine une semaine. Pour elle, ‘’l’accouchement gratuit’’ est une question de chance. Et, elle n’en a pas bénéficié à son accouchement. Ses proches ont dû acheter le nécessaire dans la pharmacie privée la plus proche. « Il n’y avait plus de kits d’accouchements. Le stock était en rupture le jour de mon accouchement », signale-t-elle. Selon elle, son amie, qui a enfanté environ une semaine avant elle, été entièrement prise en charge gratuitement. Ses parents n’ont rien payé du tout. Même scénario lors des consultations prénatales. Mme Togba qui venait en consultation, ce même jour, nous a confié aussi qu’elle achète quelquefois des gants et des médicaments, lorsqu’ils ne sont pas disponibles à la pharmacie de l’hôpital. «Nous sommes nombreuses à attendre. Et, quand les gants finissent avant tu ne peux être prise en charge, tu retournes en acheter en officine privée », raconte-t-elle. Ou encore, toujours selon elle, celles qui n’ont pas les moyens d’acheter les gants, préfèrent revenir les jours suivants, le temps que la Pharmacie de la santé publique (Psp) fasse une autre livraison de stocks des produits utilisés en maternité. A la maternité de l’hôpital général d’Abobo-sud, les femmes à terme avaient plus de chance ce jeudi. Assis sous le préau de la maternité, l’époux d’Honorine T., une jeune dame qui venait de mettre au monde une fille nous fait part qu’il n’a encore rien payé. « On ne m’a rien demandé encore. Je me suis renseigné auprès de la sage-femme qui a suivi l’accouchement, elle m’a dit que, pour le moment, il n’y a rien à payer. J’attends donc patiemment mon bébé et mon épouse pour rentrer à la maison », narre-t-il. Un médecin exerçant dans cet établissement sanitaire fait remarquer que ce jeudi, presque tout le matériel servant à l’accouchement des femmes était disponible à la pharmacie de l’hôpital et qu’il n’y avait donc aucun problème. Toutefois, le médecin indique que, très souvent, les populations ignorent que chaque femme qui doit accoucher a une ordonnance qui lui est propre. « Certaines femmes peuvent accoucher ici sans que leurs parents n’aient recours aux médicaments des officines privées. Mais ce n’est pas le cas chez elles toutes », explique-t-il. Selon lui, pour une femme qui a déjà une maladie telle que l’hypertension artérielle ou le diabète, le kit va comporter plus de médicaments. Car, il faut un certain nombre de médicaments qui lui permettront d’accoucher sans danger. C’est le même cas chez celle dont le col se dilate difficilement ou chez celle qui a subi des avortements dans sa jeunesse. Et, pour ces types de femmes, il y a de fortes chances que tous les médicaments exigés ne soient pas disponibles dans la pharmacie de l’hôpital. Et, il revient aux parents de faire des efforts. « C’est ce qui peut expliquer que le même jour, il peut avoir des accouchements entièrement gratuits et des accouchements où les parents paient des médicaments dehors. Et, ce n’est pas du racket ça !», explicite-t-il. Il relate aussi que, récemment, l’époux d’une femme qui devait enfanter a agressé, au sein de ce centre de santé, un médecin parce que ce dernier lui aurait demandé d’aller acheter un médicament en pharmacie. Médicament dont la pharmacie de l’hôpital ne disposait pas et qui faciliterait la dilatation du col de l’utérus. N’eût été l’intervention de ses collègues, ce monsieur aurait boxé le médecin. « Nous ne demandons qu’une chose, que la Psp approvisionne quotidiennement notre pharmacie. Il faudrait que les autorités gouvernementales expliquent aux populations que dans certaines circonstances, elles doivent mettre la main à la poche », a-t-il conclu.
Adélaïde Konin