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Politique Publié le lundi 26 septembre 2011 | Le Nouveau Réveil

Situation sécuritaire à l’Ouest / Diarra Abdoul Karim (préfet de Toulépleu) : «Les Frci ont fait revenir la sérénité»

A la faveur de la tournée de sensibilisation du Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc) dans la région du Moyen-cavally, nous avons rencontré le Préfet du département de Toulépleu. Dans l’entretien qui suit, le Préfet Diarra Abdoul Karim fait le point de la situation sécuritaire et lance un appel aux cadres du département.
Quel est le point de la situation sécuritaire du département de Toulépleu dont vous êtes le préfet ?
Contrairement à ce qu’on pense, la situation sécuritaire est favorable dans notre département, elle est même très positive. Mais il faut reconnaître que nous sommes dans une zone frontalière et que les frontières sont malheureusement poreuses. Cette situation est source de quelques inquiétudes parce que les jeunes gens (les ex-miliciens. Ndlr) qui, à l’époque, troublaient la quiétude de nos populations sont aujourd’hui de l’autre côté de la frontière (au Liberia. Ndlr) et nous craignons leur infiltration. Certes, les Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Ndlr) ont fait revenir une certaine sérénité dans la zone. Mais il y a des inquiétudes qui demeurent encore du fait de la porosité des frontières et de la possibilité d’infiltration des jeunes qui pourraient perturber la quiétude de nos populations. En dehors de cette menace, il n’y a rien à signaler au plan sécuritaire. Il n’y a par exemple pas véritablement d’actes de grand banditisme dans la zone et cela est encourageant. Les Frci ont des détachements dans toutes les localités et nos populations vaquent tranquillement à leurs occupations.

Vous voulez dire que votre proximité avec le Liberia influence négativement la situation sécuritaire ?
Oui. Parce que beaucoup de nos ex-combattants, nos jeunes, ont trouvé refuge dans ce pays limitrophe. Comme ce sont des jeunes gens qui étaient armés et que les frontières sont poreuses, franchissables à tout moment, il y a naturellement des risques d’infiltration.

Vous dites que ce sont des jeunes de la région. Pourquoi ne reviennent-ils pas au pays ? Qu’est-ce qu’ils craignent ?
Vous savez, ils ont peur. Parce que beaucoup parmi eux ont commis de nombreuses exactions. Naturellement, ils craignent pour leur sécurité s’ils revenaient. Ils se disent qu’on sait ce qu’ils ont fait avant de partir là-bas et qu’ils pourraient faire l’objet de représailles. Ils se disent que s’ils reviennent, ils vont être pourchassés, inquiétés, interpellés, arrêtés. Or, il n’en est rien. Voilà pourquoi je me suis personnellement rendu au Liberia pour les sensibiliser à revenir. Parce que j’estime qu’il est beaucoup plus intéressant pour nous, pour l’Etat de Côte d’Ivoire, que ces jeunes gens qui constituent une menace pour la sécurité, soient au quotidien avec nous plutôt que de les laisser hors du territoire national.

Quelles sont les retombées de la mission de sensibilisation que vous avez faite au Liberia ? Quel est le taux de retour de ces jeunes depuis cette mission ?
Ce taux est très favorable. J’en veux pour preuve que lorsque je revenais à Toulépleu en mai dernier, le département en général et la ville de Toulépleu en particulier, était une ville fantôme. On ne pouvait pas y compter plus de deux cents (200) personnes dans le département. Mais aujourd’hui, soit après notre mission, on peut compter plus de dix mille personnes dans tout le département. Il est vrai que ce chiffre n’est pas stable à cause des mouvements des personnes qui vont et reviennent parce que c’est le même peuple. Mais je peux vous assurer que les populations reviennent et que dans la perspective de la rentrée des classes prochaine, il est évident que beaucoup plus de familles vont rentrer.

Justement pour parler de l’école, quel est l’état des lieux aujourd’hui?
Il n’y a pas eu d’école dans le département de Toulépleu cette année, à cause de la crise. Je suis au regret de vous dire que nous avons connu une année blanche et j’en souffre profondément. De l’école primaire au lycée en passant par le collège, l’année scolaire n’a pu être validée.

Quel message pour vos administrés?
Je ne peux qu’inviter les cadres à s’associer à nos efforts de sensibilisation des populations et regagner leur département. Parce que ce sont des leaders d’opinion. Ils sont parfois plus écoutés que les autorités administratives que nous sommes. Nous leur demandons donc de se joindre à nos efforts pour que les parents puissent rentrer et cesser de vivre dans les conditions extrêmement difficiles qui sont les leurs aujourd’hui. Je les ai rencontrés, les cadres. Et je peux dire qu’il y a une bonne disposition morale des uns et des autres pour cela. Il y a même un comité qui est en train de se mettre en place. Je voudrais saluer et encourager ce comité qui est en train d’agir sous l’impulsion du ministre Anne Oulotto. Je pense qu’elle bénéficie du soutien et surtout de la bonne compréhension de ses aînés, de tous ses frères et sœurs. Je pense que c’est de bonne guerre. Personnellement, je m’en réjouis. Parce que je ne voudrais pas jeter la pierre à qui que ce soit. Car aujourd’hui, on n’est pas là pour chercher les instigateurs de ce qui est arrivé à Toulépleu. Ce qui le préoccupe, c’est de savoir qui peut faire quoi, pour que Toulépleu puisse renaître moralement, physiquement et économiquement. C’est cela le plus important.

Avez-vous des préoccupations relatives au foncier dans votre département ?
Oui. Le foncier est une préoccupation. D’ailleurs, la question du foncier est tellement d’envergure qu’il faut éviter de l’aborder de façon aussi rapide. Le département de Toulépleu est dans une zone forestière par excellence, une zone qui est convoitée. Il y a des populations qui viennent. Il faut donc que sagement, calmement, nous nous asseyions pour régler le problème foncier qui se pose. Et je pense que ce problème pourra trouver réponse dans le cadre d’un comité de gestion foncière que nous sommes en train de mettre en place. Mais comme je l’ai dit, on ne peut pas rester dans les magnans pour enlever les magnans.

Interview réalisée à Toulépleu par J.C.A.
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