Il est de la trempe des tribuns. Normal, il est le fils de son père, Georges Djéni Kobina, l’homme qui a opéré des grandes ruptures politiques et idéologiques en Côte d’Ivoire. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Franck Olivier Djéni nous replonge dans les heures de braise et de douleurs de l’entrée en politique du premier SG du RDR, exprime sa fierté pour son père, parle du Président Alassane Ouattara et des conditions de son entrée en politique.
Le Patriote : Le parti que votre père a porté sur les fonts baptismaux, a 17 ans aujourd’hui. Quels sentiments vous animent-ils de le voir à présent au pouvoir d’Etat?
Franck Djéni : La cérémonie d’investiture du président Ouattara a consacré pour moi un plaisir indescriptible tant le parcours du RDR a été long et éprouvant pour le fondateur et pour l’actuel président de la République. Il a mené le bon combat, je crois qu’il repose véritablement en paix. Il a aussi fait le meilleur choix en plaçant sa confiance en Alassane Ouattara. Pour preuve, on ne peut qu’être véritablement admiratif devant la stratégie développée par Ouattara pour gérer la crise lors du blocus du Golf hôtel. Entre autres, l’idée de la création de TCI, de l’émission radio couvre-feu, la création des FRCI. Cela relève d’aptitudes morales, managériales, intellectuelles et politiques à tous points de vue exceptionnelles. Si on y ajoute la dimension comportementale, une fois arrivé au pouvoir, qui a consisté à bannir tout esprit de vengeance et parler de réconciliation des Ivoiriens en dépit des humiliations et atrocités subies par quasiment toute sa famille et ses partisans. Quant au développement de la Côte d’Ivoire, je n’ai aucune crainte à ce niveau, car l’actuel président a largement démontré lors de son passage à la Primature et au FMI ce que c’est qu’avoir une vision prospective à travers la culture du travail et de la performance. Félicitation Papa ! Tu as fondé un grand parti qui nous a donné un grand homme en la personne d’ADO. Félicitation au Président Ouattara qui a la stature d’un homme d’Etat.
L P : Quelles sont les difficultés qui ont été les vôtres quand votre père, Djéni Kobina, a décidé de créer le RDR ?
F D : A l’époque, j’étais encore étudiant à la faculté. Je pense que le plus dur était de s’apercevoir que pas mal de personnes développaient un sentiment d’extrême méfiance à mon égard, même des amis de longue date. C’était aussi très difficile d’avoir un stage dans les entreprises de la place car le parti au pouvoir de l’époque contrôlait quasiment tout.
L P : Avez-vous subi des pressions et des inimitiés face à son choix ?
F D : Effectivement j’en ai subies. On recevait quotidiennement des menaces de mort, notamment lors du boycott actif en 1995. Je me rappelle que j’avais des militants d’Adjamé qui s’occupaient de ma sécurité à cette époque. L’adhésion de tous ses enfants et de sa femme à son choix n’a pas toujours été du goût d’une partie de la famille qui militait à l’époque au PDCI.
L P : Que répondez-vous à ceux qui estiment que les valeurs défendues par votre géniteur ne sont plus de saison au RDR, depuis sa disparition?
F D : Vous faites allusion certainement à la thèse défendue par les pourfendeurs, qui stipulent que le RDR est un parti nordiste, qui fait la part belle aux nordistes. Si c’était le cas, ADO n’aurait pas réalisé le score que nous avons au second tour de l’élection présidentielle. Je n’adhère pas à cette thèse. Les nordistes ne sont pas des extra terrestres venus d’ailleurs mais bien des Ivoiriens. Car j’estime que lorsque vous vous appelez Fanny Ibrahima par exemple, né d’un père originaire du nord et d’une mère baoulé, et que de surcroit toute votre famille a fait ces classes à Bouaké, le parti ne peut être taxé de donner dans le tribalisme dès lors que vous êtes choisi comme le candidat dudit parti à Bouaké sous prétexte que nous serions en pays baoulé, c’est totalement ridicule. Chaque parti a sa base électorale et essaie ensuite de l’élargir sur la base de la confiance qu’inspire son leader du fait de ses compétences et de son charisme. Mieux, un général va au combat avec ses lieutenants car il a confiance en eux et c’est normal. En matière de gestion d’un pays, je ne suis pas un partisan de la géopolitique car elle participe plus de calculs politiciens que d’une culture de la compétence. Demandez aux ministres ou directeurs de sociétés d’Etat, originaires du Nord actuel s’ils bénéficient d’un traitement de faveur de la part du président de la République. Ils savent, à l’instar de l’ensemble du gouvernement, que s’ils ne sont pas à la hauteur de la confiance mis en eux par le président de la République, ils seront remerciés. Le président l’a clairement exprimé à ses collaborateurs lors de la signature de la charte de bonne gouvernance. Ils ont une obligation de moyens et de résultats. C’est cela qu’il faut retenir au lieu de se focaliser sur leur ethnie. Il ne faut pas être émotif, les militants originaires du nord ont payé le plus lourd tribut en termes de brimades et de tueries, depuis la naissance du RDR jusqu`à sa conquête du pouvoir d’Etat et leur engagement, leur fidélité à leur leader n’a jamais failli. L’exemple des militants d’Abobo l’illustrent parfaitement. On ne sort pas de dix sept ans de lutte épique comme on sort d’un dîner. Lorsqu’un président prend une décision de gestion, il la prend de concert avec ses conseillers en fonction des paramètres que nous ne maitrisons pas toujours et ils les assument en toute responsabilité. C’est cela la réalité de la gestion d’un Etat. Arrêtons de disserter sur le sexe des anges et engageons-nous résolument dans la mise en œuvre du programme «vivre ensemble». En ce qui me concerne, si tous les ministres devaient s’appeler Koné pour permettre au Premier ministre de respecter la feuille de route à lui tracée par le président, je n’y verrais aucun motif d’insatisfaction.
L P : On sait les liens d’amitié et de fraternité entre Djéni Kobina et le Président Ouattara. Votre famille bénéficie-t-elle de la sollicitude du nouveau Chef de l’Etat ivoirien ?
F D : Evidemment et cela depuis le décès de Djeni Kobina. Je ne parle quasiment jamais des gestes qui sont faits en faveur de la famille car ADO est aujourd’hui, le président de tous les Ivoiriens. Bref, il m’a fait l’honneur de me choisir comme son porte-parole chargé de la jeunesse. Je pense qu’en terme de sollicitude, c’est extrêmement parlant, eu égard à la qualité de notre président de la République.
L P : Comment avez-vous vécu la déchéance de la nationalité de votre père et quelles sont les démarches entreprises pour sa réhabilitation?
F D : A l’époque, véritablement comme un drame et une profonde humiliation. Le RDR est aujourd’hui au pouvoir. Il n’y pas lieu d’entreprendre des démarches pour la réhabilitation de Djeni Kobina. En sa qualité de président de la République et de ses impératifs de gestion du pays, ADO décidera de concert avec la famille de l’opportunité de la décision de réhabilitation comme cela l’a été pour la décoration à titre posthume de Djeni Kobina.
L P : A propos, comment avez-vous accueilli sa décoration le 7 août dernier ?
F D : C’était d’autant plus mémorable que personnellement, je ne m’y attendais pas. On ressent toujours une grande joie lorsque l’œuvre de votre père en termes de lutte pour l’avènement de la démocratie, est reconnue publiquement par la première personnalité de l’Etat.
L P : Djéni Kobina était un politicien redoutable, un tribun hors pair. Envisagez-vous de vous engager en politique, pour entretenir son héritage ?
F D : J’en discuterai à l’occasion avec le président de la République car je le considère comme un père. Il est important que j’aie sa caution morale avant de m’engager en politique. Il souhaiterait aussi peut-être que je fasse autre chose pendant son mandat. C’est une décision qui ne m’appartient pas totalement. Le plus important pour le moment, c’est de soutenir ses actions politiques et sociales afin de réussir le défi de la réconciliation et permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver sa place dans le concert des nations.
L P : Quelle image gardez-vous de votre père?
F D : Je garde de lui, le souvenir d’un combattant absolu de la liberté. Son intégrité et ses convictions lui ont permis de mener un combat intellectuel à travers une vision qu’il avait du développement de son pays et de l’homme qui était capable d’inscrire son combat dans la durée et de porter son parti et ses valeurs sur les fonts baptismaux. Il a vu juste car aujourd’hui, nous avons en M. Ouattara, un président internationalement apprécié, qui a une vision prospective, axée fondamentalement sur la mise en œuvre du programme «vivre ensemble» dans un climat de paix et de réconciliation.
Réalisée par Bakary Nimaga
Le Patriote : Le parti que votre père a porté sur les fonts baptismaux, a 17 ans aujourd’hui. Quels sentiments vous animent-ils de le voir à présent au pouvoir d’Etat?
Franck Djéni : La cérémonie d’investiture du président Ouattara a consacré pour moi un plaisir indescriptible tant le parcours du RDR a été long et éprouvant pour le fondateur et pour l’actuel président de la République. Il a mené le bon combat, je crois qu’il repose véritablement en paix. Il a aussi fait le meilleur choix en plaçant sa confiance en Alassane Ouattara. Pour preuve, on ne peut qu’être véritablement admiratif devant la stratégie développée par Ouattara pour gérer la crise lors du blocus du Golf hôtel. Entre autres, l’idée de la création de TCI, de l’émission radio couvre-feu, la création des FRCI. Cela relève d’aptitudes morales, managériales, intellectuelles et politiques à tous points de vue exceptionnelles. Si on y ajoute la dimension comportementale, une fois arrivé au pouvoir, qui a consisté à bannir tout esprit de vengeance et parler de réconciliation des Ivoiriens en dépit des humiliations et atrocités subies par quasiment toute sa famille et ses partisans. Quant au développement de la Côte d’Ivoire, je n’ai aucune crainte à ce niveau, car l’actuel président a largement démontré lors de son passage à la Primature et au FMI ce que c’est qu’avoir une vision prospective à travers la culture du travail et de la performance. Félicitation Papa ! Tu as fondé un grand parti qui nous a donné un grand homme en la personne d’ADO. Félicitation au Président Ouattara qui a la stature d’un homme d’Etat.
L P : Quelles sont les difficultés qui ont été les vôtres quand votre père, Djéni Kobina, a décidé de créer le RDR ?
F D : A l’époque, j’étais encore étudiant à la faculté. Je pense que le plus dur était de s’apercevoir que pas mal de personnes développaient un sentiment d’extrême méfiance à mon égard, même des amis de longue date. C’était aussi très difficile d’avoir un stage dans les entreprises de la place car le parti au pouvoir de l’époque contrôlait quasiment tout.
L P : Avez-vous subi des pressions et des inimitiés face à son choix ?
F D : Effectivement j’en ai subies. On recevait quotidiennement des menaces de mort, notamment lors du boycott actif en 1995. Je me rappelle que j’avais des militants d’Adjamé qui s’occupaient de ma sécurité à cette époque. L’adhésion de tous ses enfants et de sa femme à son choix n’a pas toujours été du goût d’une partie de la famille qui militait à l’époque au PDCI.
L P : Que répondez-vous à ceux qui estiment que les valeurs défendues par votre géniteur ne sont plus de saison au RDR, depuis sa disparition?
F D : Vous faites allusion certainement à la thèse défendue par les pourfendeurs, qui stipulent que le RDR est un parti nordiste, qui fait la part belle aux nordistes. Si c’était le cas, ADO n’aurait pas réalisé le score que nous avons au second tour de l’élection présidentielle. Je n’adhère pas à cette thèse. Les nordistes ne sont pas des extra terrestres venus d’ailleurs mais bien des Ivoiriens. Car j’estime que lorsque vous vous appelez Fanny Ibrahima par exemple, né d’un père originaire du nord et d’une mère baoulé, et que de surcroit toute votre famille a fait ces classes à Bouaké, le parti ne peut être taxé de donner dans le tribalisme dès lors que vous êtes choisi comme le candidat dudit parti à Bouaké sous prétexte que nous serions en pays baoulé, c’est totalement ridicule. Chaque parti a sa base électorale et essaie ensuite de l’élargir sur la base de la confiance qu’inspire son leader du fait de ses compétences et de son charisme. Mieux, un général va au combat avec ses lieutenants car il a confiance en eux et c’est normal. En matière de gestion d’un pays, je ne suis pas un partisan de la géopolitique car elle participe plus de calculs politiciens que d’une culture de la compétence. Demandez aux ministres ou directeurs de sociétés d’Etat, originaires du Nord actuel s’ils bénéficient d’un traitement de faveur de la part du président de la République. Ils savent, à l’instar de l’ensemble du gouvernement, que s’ils ne sont pas à la hauteur de la confiance mis en eux par le président de la République, ils seront remerciés. Le président l’a clairement exprimé à ses collaborateurs lors de la signature de la charte de bonne gouvernance. Ils ont une obligation de moyens et de résultats. C’est cela qu’il faut retenir au lieu de se focaliser sur leur ethnie. Il ne faut pas être émotif, les militants originaires du nord ont payé le plus lourd tribut en termes de brimades et de tueries, depuis la naissance du RDR jusqu`à sa conquête du pouvoir d’Etat et leur engagement, leur fidélité à leur leader n’a jamais failli. L’exemple des militants d’Abobo l’illustrent parfaitement. On ne sort pas de dix sept ans de lutte épique comme on sort d’un dîner. Lorsqu’un président prend une décision de gestion, il la prend de concert avec ses conseillers en fonction des paramètres que nous ne maitrisons pas toujours et ils les assument en toute responsabilité. C’est cela la réalité de la gestion d’un Etat. Arrêtons de disserter sur le sexe des anges et engageons-nous résolument dans la mise en œuvre du programme «vivre ensemble». En ce qui me concerne, si tous les ministres devaient s’appeler Koné pour permettre au Premier ministre de respecter la feuille de route à lui tracée par le président, je n’y verrais aucun motif d’insatisfaction.
L P : On sait les liens d’amitié et de fraternité entre Djéni Kobina et le Président Ouattara. Votre famille bénéficie-t-elle de la sollicitude du nouveau Chef de l’Etat ivoirien ?
F D : Evidemment et cela depuis le décès de Djeni Kobina. Je ne parle quasiment jamais des gestes qui sont faits en faveur de la famille car ADO est aujourd’hui, le président de tous les Ivoiriens. Bref, il m’a fait l’honneur de me choisir comme son porte-parole chargé de la jeunesse. Je pense qu’en terme de sollicitude, c’est extrêmement parlant, eu égard à la qualité de notre président de la République.
L P : Comment avez-vous vécu la déchéance de la nationalité de votre père et quelles sont les démarches entreprises pour sa réhabilitation?
F D : A l’époque, véritablement comme un drame et une profonde humiliation. Le RDR est aujourd’hui au pouvoir. Il n’y pas lieu d’entreprendre des démarches pour la réhabilitation de Djeni Kobina. En sa qualité de président de la République et de ses impératifs de gestion du pays, ADO décidera de concert avec la famille de l’opportunité de la décision de réhabilitation comme cela l’a été pour la décoration à titre posthume de Djeni Kobina.
L P : A propos, comment avez-vous accueilli sa décoration le 7 août dernier ?
F D : C’était d’autant plus mémorable que personnellement, je ne m’y attendais pas. On ressent toujours une grande joie lorsque l’œuvre de votre père en termes de lutte pour l’avènement de la démocratie, est reconnue publiquement par la première personnalité de l’Etat.
L P : Djéni Kobina était un politicien redoutable, un tribun hors pair. Envisagez-vous de vous engager en politique, pour entretenir son héritage ?
F D : J’en discuterai à l’occasion avec le président de la République car je le considère comme un père. Il est important que j’aie sa caution morale avant de m’engager en politique. Il souhaiterait aussi peut-être que je fasse autre chose pendant son mandat. C’est une décision qui ne m’appartient pas totalement. Le plus important pour le moment, c’est de soutenir ses actions politiques et sociales afin de réussir le défi de la réconciliation et permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver sa place dans le concert des nations.
L P : Quelle image gardez-vous de votre père?
F D : Je garde de lui, le souvenir d’un combattant absolu de la liberté. Son intégrité et ses convictions lui ont permis de mener un combat intellectuel à travers une vision qu’il avait du développement de son pays et de l’homme qui était capable d’inscrire son combat dans la durée et de porter son parti et ses valeurs sur les fonts baptismaux. Il a vu juste car aujourd’hui, nous avons en M. Ouattara, un président internationalement apprécié, qui a une vision prospective, axée fondamentalement sur la mise en œuvre du programme «vivre ensemble» dans un climat de paix et de réconciliation.
Réalisée par Bakary Nimaga