«J’ai 67 ans et je suis père de deux enfants. Ils vivent à Abidjan mais n’ont pas les moyens pour m’aider. Je suis au camp des réfugiés de Néambly avec ma femme. J’ai tout perdu. Nous avons été victimes des miliciens du quartier « Carrefour ». Jusqu’à la prise de la ville de Duékoué par les Frci, en avril, nous avions toujours vécu en bonne intelligence avec nos frères allogènes. Et c’est ce que nos frères miliciens nous reprochaient. Nous avons toujours refusé de nous mêler aux tueries. Les miliciens brûlaient les maisons des allogènes et lorsque Gbagbo est tombé, les dozos se sont vengés. Je dis merci à Dieu car nous sommes encore en vie. Mais notre dignité est bafouée dans les camps de réfugiés. Nous n’avons pas une nourriture variée. Tous les jours, c’est du riz et nous nous battons pour la sauce. Lorsque l’Onuci nous donne du riz, nous en vendons une partie à 250 francs le kilo pour pouvoir faire la sauce. Et, ce même riz est revendu au marché à 340 francs (…) Les méchancetés sont encore dans les cœurs. Il faut interdire les milices. Je suis Guéré mais je n’ai pas le caractère de mes frères. Ils sont paresseux de nature et veulent le gain facile. Ils vendent leurs terres et les réclament le lendemain. D’autres les vendent à plusieurs personnes. Faute de travail, nos filles se prostituent. J’ai une doléance. J’ai été enrôlé dans une école à Bimbresso avant l’élection présidentielle. Malheureusement, jusque-là, je n’ai pas pu aller chercher ma carte d’identité… ».
G.F.Y.
G.F.Y.
