Il ne fait plus bon d’être Guéré à Duékoué depuis la chute de Laurent Gbagbo. En dehors des personnes du troisième âge, des femmes et des enfants, il est difficile d’identifier la jeunesse guérée dans les rues. Selon plusieurs témoignages, elle reste cloîtrée dans les deux camps de réfugiés pour échapper à d’éventuelles représailles. Et leur sort est entre les mains des soldats de la paix de l’Onuci. Du temps où le régime des frontistes régnait encore, les chefs de la milice APE Wê, en l’occurrence « Colombo » et autres Maho Glofehi étaient les maîtres du terrain et faisaient voir de toutes les couleurs aux Dioulas et autres ressortissants de la Cedeao. Au niveau des jeunes filles guérées aussi, beaucoup cachent leur ethnie. Pour une jeune fille à Duékoué, être Guéré signifie être une prostituée. A tort ou à raison. Il est démontré là-bas que toutes vendent leurs charmes pour survivre. Conséquence, plus aucune jeune fille n’accepte d’être identifiée comme guéré. Comme le révèle un jeune gérant de maquis, elles sont devenues Sénoufo ou le font croire. Il faut dire qu’en pays Sénoufo, les prénoms sont chrétiens. Et, le tour est joué. Les initiés, eux, savent le déjouer. Les temps ont (vraiment) changé…
G.F.Y.
G.F.Y.