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Société Publié le lundi 3 octobre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Installation des forces militaires et paramilitaires dans les zones CNO / Guillaume Soro : ‘’Si on avait eu des généraux courageux, on n’aurait pas eu 3000 morts’’

© L’intelligent d’Abidjan Par Fatai photorush
Nouvelle armée et sécurité nationale : Cérémonie d`Installation des Corps d`Armées à Bouaké.
Cérémonie d’installation des Forces Armées, de la Police Nationale, de la Douane et des Eaux et Forets à Bouaké, sous la présence effective de M.SORO GUILLAUME, Premier Ministre et du Préfet de la Vallée du Bandama M. Konin Aka, du Premier Magistrat de la Commune de Bouaké M. Fanny Ibrahim et des Chefs traditionnels et Religieux.
Le Premier Guillaume Soro a procédé le samedi 1er Octobre 2011, à Bouaké, à l’installation officielle des autorités militaires, de la gendarmerie, de la police, des Douanes et des Eaux et Forêts dans les zones CNO. Ci-dessous, l’intégralité de son message à l’endroit de l’armée et des populations.

«La cérémonie de ce jour est une cérémonie importante dans le processus de normalisation du pays. Une cérémonie forte par l’acte que nous allons poser. Un pays, un Etat, a des piliers. L’un des piliers d’un Etat c’est l’armée. Et aujourd’hui, nous venons avec les gendarmes, les policiers, les douaniers, les eaux et forêts et les militaires pour les confier à la population de Bouaké et aux autorités de Bouaké. Et cela est quelque chose d’extrêmement important. C’est cela la réunification que nous avons appelée de tous nos vœux. Bouaké se souviendra que quand nous sommes arrivés ici, nous avons dit que nous voulions la démocratie ; nous voulions la fin de la catégorisation des Ivoiriens. Nous voulions une armée républicaine. Nous n’avons pas demandé dix mille choses. Ce sont ces trois choses. Nous avions pris un engagement avec vous, pour dire que nous ne sommes pas venus pour faire une quête du pouvoir rien que pour le pouvoir. Non ! Nous avons dit que nous sommes venus pour que la démocratie soit une réalité dans notre pays. Et que désormais plus jamais dans ce pays, vous voyez un monsieur, du fait de son visage, vous avez la fâcheuse manie de lui donner une ethnie sans qu’on ne vous demande. C’est-à-dire voir quelqu’un ou du fait de son nom, tu lui attribues une ethnie. Ce sont des débats grégaires. On ne peut pas développer un pays sur la base de l’ADN des gens. Un pays, c’est tout autre chose et cela a fait du tort à la Côte d’Ivoire. Parce que la Côte d’Ivoire, est d’abord et avant tout riche de sa diversité. C’est parce que nous sommes divers, différents que nous sommes riches. Par ce brassage, chacun amenant sa spécificité. Et c’est l’agrégation de toutes ces diversités, de ces spécificités qui fonde la richesse d’un pays. Donc ces histoires nous les avons combattues avec force. Parce que la Côte d’Ivoire, cela a été le vœu du premier Président ivoirien, est d’abord et avant tout une terre d’hospitalité. Le jour où on quitte ces fondements, on va dans l’abîme. Et la Côte d’Ivoire a connu l’abîme. Il faut sortir de l’abîme. Il faut bâtir une véritable nation. Et c’était cela le sens du combat. C’est tellement beau d’être différents mais d’être ensemble. C’est ce qui doit nous guider. Donc, nous avons dit si ces questions sont réglées nous nous retirerons. Si tout citoyen ou citoyenne vivant sur la terre de Côte d’Ivoire peut se déplacer dans la tranquillité, dans la sérénité et peut se préoccuper de chercher les moyens de sa subsistance, librement, tranquillement, alors, nous, nous n’avons plus de raison d’exister. Je suis venu aujourd’hui pour tenir cet engagement. Cet engagement qui part du fait que, les Forces nouvelles, il n’y a plus de branche armée. Les Fafn c’est dissout, c’est terminé. Nous voulons une armée républicaine. Je vais vous faire une confidence que je n’ai pas encore faite depuis le début de la tournée. Quand le 11 avril, l’ancien Président a été mis aux arrêts et qu’il nous a fallu avancer, on devait procéder aux nominations dans l’armée. Le Président de la République m’a appelé en tant que ministre de la Défense pour procéder à la nomination des grands commandements. Il m’a dit M. le Premier ministre, je veux que vous me fassiez des propositions basées d’abord sur la compétence. Deuxièmement, fondées sur l’application de l’accord politique de Ouagadougou. Voyez-vous, j’avais été heureux, content. Parce que cela aurait été très difficile pour moi si le Président m’avait dit, M. Soro, faites-moi des propositions sur la base des gens qui me sont fidèles. Et puis faites-moi des propositions sur la base d’une géopolitique, pour que mes parents à moi soient nommés. Ce serait difficile. Il m’a dit d’abord la compétence et faites l’effort de respecter l’accord politique de Ouagadougou. Donc, comment nommer sur la base de la compétence ? Je ne connais pas tous les militaires. J’ai appelé le général Mangou pour lui dire de me donner l’annuaire des officiers de l’armée. Et nous avons consulté l’annuaire par rapport aux grades, aux diplômes civils et militaires. Ensuite, j’ai fait des propositions au Président. J’ai consulté des militaires qu’on ne connaissait pas. Et nous avons essayé sur la base de cet annuaire qui nous donnait les diplômes des militaires. Et en prenant en compte l’exigence de l’accord politique de Ouagadougou. Qui voulait que dans le cadre de la réunification, si le premier responsable vient des Fds, le second doit venir des Fafn. Voici les deux grands critères que nous avons pris et que nous avons regardés. Et le Président de la République a signé. Mais mieux, le général Kouassi Gervais est là. Quand vous avez fait vos propositions de mutation à l’intérieur du pays, vous savez bien qu’on vous a même posé des critères. Vous êtes le chef, faites-nous les propositions. Cela a été accepté. Quand on a donné au Président, il m’a dit : ‘’tu sais bien que je ne connais pas tout ce monde-là. Mais est-ce que le premier responsable certifie ? Je sais que dans l’armée de l’air, le général major Ouégnin nous a fait des propositions. Ce que le Président a exigé, c’est d’abord la compétence ensuite l’exigence d’un accord auquel nous avons tous souscrit. Voilà le résultat que cela donne. C’est pourquoi je voudrais m’adresser à l’armée pour dire que nous voulons construire une armée républicaine fondée sur les valeurs de la République. Evidemment, nous allons commencer progressivement et nous allons nous y atteler. Un Etat fort, c’est un Etat qui est adossé à un pilier fort qui est l’armée. Nous l’avons fait il faut que les chefs militaires s’inscrivent dans cette logique. Et cela me paraît important, c’est pourquoi, il faut que les militaires retiennent clairement qu’il y a une seule armée. Il n’y a plus de ex -FDS ni de ex-FAFN. Vous êtes l’armée de Côte d’Ivoire. Il ne doit pas y avoir de discrimination. Vous devez travailler ensemble, main dans la main, pour assurer et bâtir la sécurité des populations et des personnes. Et j’en suis heureux. La guerre qui a eu lieu en Côte d’Ivoire, est terminée. Ceux qui doivent répondre devant la justice répondront devant la justice. Je lis des choses dans les journaux ‘’il faut libérer Gbagbo pour qu’il y ait la réconciliation’’. Mais arrêtons ! Vous tous qui êtes là, vous savez très bien que si c’est nous qui avions perdu, nous ne serions même pas là en train de parler de réconciliation. Nos têtes seraient brandies devant le palais comme des trophées de guerre. Nos bras à Yopougon, les pieds à Koumassi, c’est clair. Là où on nous aurait donné la mort, nous, on leur a donné la vie. Donc un peu d’humilité, faites repentance. Dites aux Ivoiriens, ce que vous avez fait contre eux. Le ministre Koffi est là. On a fait les enquêtes mais tout le monde sait qu’on prenait les gens pour les découper comme des bouchers. On les mettait dans des sachets pour les jeter dans la lagune. C’est dans cela que nous avons vécu. Mais nous, qu’est-ce que nous avons fait ? Dogbo Blé est là, à Korhogo. Il sait bien que nous lui avons sauvé la vie. Alors que quand nous rentrions sur Abidjan, nous nous sommes arrêtés à la lisière de la ville d’Abidjan. J’ai pris le soin et là encore c’est une autre révélation, mais Dogbo est mon témoin et une autre dame que je ne dirai pas le nom. Quand nous étions à la lisière de la ville d’Abidjan, j’ai appelé le général Dogbo Blé. J’ai dit :’’ Mon général, nous avons encerclé la ville d’Abidjan. Je ne veux pas de bain de sang dans la ville d’Abidjan. Je vous demande en tant que patron de la garde républicaine, d’aller voir le Président Gbagbo et de lui dire de déposer les armes. Même s’il n’a pas confiance à ce que nous disons, qu’il aille à la résidence de l’ambassadeur où à l’ONUCI. Nous allons rentrer dans la ville d’Abidjan sans qu’il n’y ait de combat. Je m’engage à négocier avec le Président élu Alassane Ouattara pour qu’on négocie avec l’Union Africaine pour lui trouver un poste, comme on trouvé un poste pour le général Sékouba en Guinée’’. Je me rappelle encore très clairement de ce que le général Dogbo Blé m’a dit. Il m’a dit : ‘’ M. le Premier ministre, je suis militaire et je sais me battre et j’ai les moyens de me battre’’. Voilà la réponse qu’il m’a donnée. J’ai dit merci mon général. Il dit : ‘’ Je suis militaire je sais me battre et j’ai les moyens de me battre’’. Moi, je ne suis pas militaire, je ne sais pas ce que cela veut dire, mais le civil que j’étais, j’ai compris qu’il n’était pas très disposé à faire la paix. Quand nous sommes rentrés à Abidjan, le Président m’a encore demandé d’appeler tous les généraux pour leur demander de venir faire allégeance. J’ai appelé tout le monde. Mangou est venu ; Kassaraté est venu ; Guiai Bi Poin est venu. Impossible de joindre Dogbo Blé. Et on apprend qu’il veut se déguiser pour sortir. Il a été pris. Lorsqu’il a été pris, Dieu seul sait et lui il le sait, il peut le témoigner. Qu’on a dû donner de nos dos et de nos bras pour le protéger afin qu’il soit en vie. Et il est en vie. Et il aura droit à un procès équitable. Donc je le dis publiquement pour que les gens le sachent, Vagba Faussignaux était dans le bunker. Il s’est battu ; il a été blessé. Mais c’est bien nous qui l’avons envoyé à la PISAM pour le soigner. Mais je sais très bien que si l’un d’entre nous était blessé, ce n’est pas à la PISAM qu’on nous aurait envoyé. Le premier acte de réconciliation, c’est de donner la vie et nous avons donné la vie à Dogbo Blé, à Faussignaux et à tous les officiers qui ne rêvaient de faire de nous qu’une bouchée. Quand on a fini ça, le reste, c’est une question de procédure. C’est pourquoi, je voudrais m’adresser aux militaires parce que la fâcheuse tendance des politiques, c’est de manipuler l’armée. Il faut que l’armée reste et demeure apolitique au service de l’Etat parce que ce nous avons connu… Si on avait eu des généraux courageux, capables d’aller s’asseoir comme je l’ai fait le 30 novembre devant Gbagbo pour lui dire : ‘’ M. le Président, nous sommes militaires, certainement que vous avez gagné, mais la situation militaire sur le terrain est difficile’’. Peut-être qu’on n’aurait pas eu 3000 morts. De la même façon que le Préfet de Bouaké s’est levé pour dire qu’il n’y a pas eu de fraude à Bouaké. (…) L’armée n’est pas là pour se retourner contre la population. L’armée est là pour protéger la population, pour sécuriser la population, pour sécuriser les biens de cette population (…) Le jeu démocratique est simple, celui qui a gagné, c’est lui qui dirige. Tu as perdu, tu passes la main. Si tu veux revenir, le peuple est là, convainc- le, parle-lui, séduis-le, drague-le ! Mais si on compte sur l’armée parce qu’on a nommé son cousin du village Général, c’est terminé. On est en 2011. Ce qui a été possible en 1960 ne peut pas être possible en 2011. 2011, il y a facebook, twitter, rien ne peut se cacher. On est en 2011.La démocratie est partout. Qui aurait pu penser qu’en Tunisie, en Egypte, ces choses-là se seraient produites ? (…) Maintenant la politique est moderne, c’est sur internet. Je le disais à l’un de mes amis à qui j’ai demandé si dans les années à venir, les mêmes outils traditionnels d’appareil politique vont survivre aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les gens maintenant font leur campagne sur internet et ils gagnent. Il faut que l’armée joue son rôle. Vous êtes là, je sais que beaucoup sont allés en exil. Nous avons demandé à tout le monde de revenir. Mais nous ne pouvons pas obliger quelqu’un qui est allé en exil de revenir. Tous ceux qui sont revenus sont là, vivent tranquillement, il n’y a aucun problème. Moi-même, j’ai été un exilé et je sais ce que c’est que la vie d’exil. Au début quand tu vas, tu es tout courageux, tout feu, tout flamme. Tous les matins, quand tu te réveilles, non seulement tu espères que le régime tombe mais dans tes rêves-là, tu vois que le régime est tombé. Tes rêves peuvent prendre dix ans, c'est-à-dire pendant dix ans, tu peux rêver. Arrêtez de rêver, venez en Côte d’Ivoire pour qu’on travaille pour construire le pays. Ce qui mérite d’être fait, c’est le travail, il faut qu’on travaille. Il faut rebâtir la côte d’Ivoire. Il faut faire de la Côte d’Ivoire un Etat moderne, un Etat leader qui attire les pays de la sous-région. C’est pourquoi, je voudrais insister auprès des chefs militaires pour qu’ils soient auprès de leurs hommes pour leur inculquer la discipline, leur inculquer l’amour du travail. Les policiers reviennent ici, il faut que la population les accompagne. Mais il ne faudrait pas qu’on nous appelle après pour dire qu’il y a des rackets, ce n’est pas bon. Il faut que les populations accueillent les gendarmes mais il faut bannir les aspérités du métier, les rackets et autres. Ça doit cesser. Concernant les douaniers, ce n’est pas la peine d’aller dédouaner jusque dans les chambres des gens. Je demande aux eaux et forêts de protéger nos forêts. Le gouvernement veut compter sur des hommes de valeur, compétents, rigoureux et disciplinés. Et ça, je suis convaincu que c’est possible de le réussir. Donc chers amis de Bouaké, je vous invite avec enthousiasme à accueillir ici à Bouaké le dernier pilier de notre nation, de l’Etat de Côte d’Ivoire. Je veux qu’il y ait une symbiose avec la population de Bouaké. Voici chers amis, le message que j’avais à vous passer. Vive la ville pour que vive la Côte d’Ivoire.
Je vous remercie ».
Propos recueillis par Bosco de Paré
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