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International Publié le mardi 4 octobre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Karachi empoisonne la France

La France, donneuse de leçons en la matière, serait-elle en passe de devenir l’un des pays les plus corrompus au monde? Au rythme où sortent les affaires, presque jour après jour, on pourrait le penser. Après les révélations étonnantes(?) de Me Bourgi sur les valises des chefs d’Etat africains arrosant les différents candidats à la présidentielle hexagonale depuis plusieurs années, voici l’affaire dite Karachi qui empoisonne le climat socio-politique français. Pour comprendre cette dernière affaire, il faut remonter à 1994. Edouard Balladur est alors Premier ministre et François Léotard, ministre de la Défense. La France réussit, en septembre, à vendre au Pakistan trois sous-marins réalisés par la Direction des constructions navales(DCN), de classe Agosta pour 825 millions d’euros. Une opération qui comporte deux vagues de frais « commerciaux exceptionnels », l’une de 6,25% et l’autre de 4%, avec Mercor, une société panaméenne. Des anciens de la DCN affirment que la première vague de ces frais commerciaux exceptionnels était destinée à financer des officiers généraux du Pakistan. Ils ajoutent que le contrat Mercor, quant à lui, aurait été glissé à la dernière minute par le cabinet du ministre de la Défense et porte la signature de Ziad Takieddine. La question est de savoir si, comme le soutiennent des anciens de la DCN, il s’agirait de rétro commissions destinées en France à financer la campagne présidentielle du candidat Edouard Balladur. Le quotidien Libération l’affirme, évoquant 10 millions de francs en espèce déposés sur les comptes de campagne d’Edouard Balladur. Ce dernier dément catégoriquement, Ziad Takieddine aussi. En novembre de cette même année 1994, le ministre de la Défense, François Léotard, signe un autre contrat avec l’Arabie Saoudite cette fois-ci, pour la vente de trois frégates militaires construits par la DCN pour un montant de 4 milliards d’euros. Une société française, la Sofresa, signe l’opération. Là encore, un contrat de frais « commerciaux exceptionnels » d’un montant de 4% est signé avec une société saoudienne, Estar, qui récupère près de 200 millions d’euros. En juillet 1996, Jacques Chirac bloque ces commissions destinées au Pakistan et un temps celles de l’Arabie Saoudite, persuadé qu’elles doivent en réalité servir à financer la campagne de son rival à la présidentielle, Edouard Balladur. C’est alors que survient l’attentat de Karachi, le 8 mai 2002, où onze employés français de la DCN trouvent la mort. L’enquête menée dans la capitale pakistanaise conclut à la main Al-Qaida. En France, c’est d’abord le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, puis le juge Marc Trévidic. Entre 2000 et 2004, le parquet de Paris ouvre une enquête pour « corruption » visant d’anciens de la DCN. Plusieurs juges vont travailler sur cette affaire pour découvrir, en 2008, que l’attentat de Karachi est en réalité une sorte de vengeance contre le blocage des commissions. Une nouvelle enquête préliminaire est alors ouverte. Le juge Renaud Van Ryumbeke veut savoir de quoi tout cela retourne. Pour ce faire, l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, pressenti pour être le porte-parole de la campagne présidentielle de l’actuel locataire de l’Elysée, en 2012, vient d’être entendu comme témoin dans un autre volet de l’affaire. Il a téléphoné à Thierry Gaubert, lors de la garde à vue de ce dernier, pour le prévenir des éléments dont dispose la justice, à partir des déclarations de son ex-épouse, Hélène.
Toutes ces affaires ont déjà eu une première conséquence, inattendue, sur la vie politique française. Pour la première fois, dans l’histoire de la cinquième République, le Sénat, dont on avait fini par croire qu’il est une exclusivité majoritaire de la droite, a basculé à gauche. Son président, le socialiste Jean-Pierre Bel, a été élu samedi. Comme un séisme dont la déflagration pourrait bien s’étendre jusqu’à la prochaine élection présidentielle, en 2012?
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