Remobilisation du Fpi à travers le pays - Agboville reprend la lutte et exige la libération de Gbagbo

Malgré la guerre postélectorale qui a emporté son régime, le Front populaire ivoirien (Fpi) reste bien vivant à Agboville et dans la région de l’Agnéby où Laurent Gbagbo a obtenu plus de 80% des voix lors des présidentielles de 2010. C’est le sens de l’assemblée générale extraordinaire tenue, dimanche dernier, par la fédération Fpi d’ Agboville. Cette rencontre, la première du genre après les événements postélectoraux, a rassemblé, à la salle des fêtes de la mairie, les membres statutaires de l’assemblée fédérale, responsables locaux du parti et des organisations alliées, les élus ainsi que de nombreux militants venus des quatre coins de la région. Les retrouvailles étaient chaleureuses même si les visages laissaient encore transparaitre des signes des épreuves traversées au cours des derniers mois. Les militants avaient visiblement soif de se retrouver autour de leurs responsables pour faire le point et reprendre la lutte là où elle s’est arrêtée. Les débats très animés qui ont eu lieu sous la direction de Gbeloukou N’Cho Benoit, ancien secrétaire fédéral promu dans les fonctions de secrétaire national chargé de la région de l’Agneby, se sont articulés autour des questions brulantes de la vie nationale. A savoir, la détention du Président Laurent Gbago et des cadres Lmp , la sécurité des populations, les élections législatives et la réconciliation nationale. Sur toutes ces questions, la position des militants est conforme à celle de la direction du parti. Il ne peut avoir d’élections ou de réconciliation nationale véritable sans la libération préalable du Président Gbagbo et des cadres Lmp ainsi que l’instauration d’un environnement sécuritaire fiable. « La fédération Fpi d’Agboville adhère entièrement aux préoccupations exprimées par la direction du parti. Elle estime qu’en l’état actuel, elle ne se sent concernée, ni de près, ni de loin, par l’organisation des élections législatives. La fédération d’Agboville exige la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les détenus, l’arrêt des exactions et du racket, le désarmement et l’encasernement des Frci, la gestion de la sécurité intérieure par la police et la gendarmerie, la recomposition de la Cei afin de permettre un jeu électoral démocratique et équitable ». Ces exigences de l’assemblée fédérale sont totalement en phase avec la volonté des militants consultés à l’occasion des différentes missions conduites sur le terrain. Le rapport de mission lu par Choho Thomas, secrétaire fédéral chargé de la formation politique et de la propagande idéologique, montre très clairement l’attachement de la population au Président Gbagbo et à la question de la sécurité. Avant l’ouverture des débats, le secrétaire national de l’Agnéby a tenu à exprimer la compassion du parti à tous les militants et sympathisants du Fpi et de Lmp qui ont souffert le martyre après la chute du Président Gbagbo. Gbeloukou N’Cho a invité ses camarades à garder le moral haut pour continuer le combat de la liberté et de la démocratie. « Yako à tous ceux qui ont souffert dans leur chair, ceux qui ont perdu des parents et des biens. Vous avez souffert. Est-ce pour autant que vous devez abandonner la lutte ? Non. Si vous êtes là ce matin, c’est parce que vous avez accepté de continuer la lutte. Gbagbo ne nous a pas appris à faire la guerre. Nous allons nous battre avec les armes démocratiques pour faire aboutir notre lutte », a indiqué le nouveau secrétaire national Fpi de l’Agnéby qui a officiellement cédé son poste de secrétaire fédéral à son ex-adjoint, Serges Boka. Le nouveau fédéral, flanqué d’un tee-shirt et d’une casquette à l’effigie de Laurent Gbagbo, a demandé à sa troupe de vaincre la peur, de se réarmer moralement pour relever les défis qui l’attendent. L’assemblée de la fédération qui marque le démarrage des activités du Fpi dans le département d’Agboville a vu la participation de plusieurs responsables et élus du parti dont les députés de Rubino et d’Adzopé, le Maire d’Azaguié et le fédéral d’Adzopé.

Jean Khalil Sella
Envoyé spécial à Agboville