Humeur dialogique plutôt que belliqueuse. Un principe de vie pour Alassane Ouattara. C’est justement cette vertu qui amène le Président ivoirien ce jeudi, sur le sol ghanéen. Mille raisons pouvaient le conduire à une attitude contraire comme l’a maladroitement fait Laurent Gbagbgo avec les Burkinabè dès octobre 2000. Mais Ouattara, dès son accession au pouvoir, n’a jamais cessé de parler – de courtiser- les autorités ghanéennes. « Il ne faut pas voir le mal partout_: j’ai de très bonnes relations avec le président Atta-Mills. Nous nous téléphonons pratiquement toutes les semaines », confie-t-il à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique dès juin 2011. Récemment, en marge des Assemblées générales annuelles des Nations Unies, il reste sur la même ligne. Il a salué la « sagesse » et « l’esprit » du Président ghanéen Atta Mils. Un « président avec qui (il) communique le plus souvent ces derniers jours». Le cap est donc le même. D’ailleurs, alors qu’il se trouve aux Etats-Unis, il envoie son ministre d’Etat ministre de l’Intérieur à Accra. Dans la capitale ghanéenne, Hamed Bakayoko rencontre son homologue ministre de la Défense et tous les services de renseignements et de stratégie du pays. Il réussit avec ceux-ci, à lever tous les malentendus. La coopération en matière de renseignements est réactivitée. Les échanges d’informations stratégiques vont reprendre. Rassurés, les ghanéens lui jurent même que jamais, leur pays ne sera utilisé comme base arrière pour déstabiliser la Côte d’Ivoire. Jackpot ! Puis le ministre de l’Intérieur rencontre ses compatriotes, pour la plupart, partisans de l’ancien Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Il les invite à abandonner toute idée de retour par un coup de force. Pour lui, dans ce nouveau monde, cela est quasiment « impossible ». Et, il les prie de revenir sans crainte, au pays. Mais ceux-ci ont encore quelques conditionnalités. L’Etat de Côte d’Ivoire ne compte cependant pas les laisser longtemps hors du pays. « Ils souffrent trop, certains citoyens ordinaires n’ont rien à y faire », confie un diplomate ivoirien en poste à Accra. Voilà l’essence de la visite du Président Ouattara. Certes, ce jeudi, il dira toute sa gratitude au Président Atta pour sa coopération et sa compréhension mais surtout, demandera un rapatriement massif de ses compatriotes. Notamment ceux qui ne sont pas cadres LMP, ni membres de la ‘‘galaxie patriotique’’. Il s’agit principalement des gens ordinaires qui n’avaient pas de responsabilités politiques et qui ont cédé au mensonge en fuyant le pays. Le Ghana qui a connu pareille situation au début de la décennie 80, y serait très favorable. De toute façon, la communauté ivoirienne ne lui apporte pas que du bonheur. Outre ce dossier, les deux pays qui partagent une frontière de près de 700 km, vont travailler sur la sécurité frontalière. Cela s’est déjà discuté au niveau de la CEDEAO. Et bien sûr, des questions économiques. De la fuite du Cacao ivoirien comme de la question de la nappe pétrolière découverte dans des eaux appartenant aux deux pays. En somme, une visite pour relancer la coopération à tous les niveaux entre deux pays que l’intermède Gbagbo a failli brouiller. C’est à l’honneur de Ouattara et d’Atta qui ont compris que les intérêts de leurs deux pays se situent au-dessus d’eux, en tant qu’individus.
KIGBAFORY Inza
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