L’information a fait le tour du monde. Elle a surtout suscité la consternation chez la plupart des personnes qui placent beaucoup d’espoir dans la construction de la démocratie et des libertés. Le deuxième grand rassemblement du Front populaire ivoirien (Fpi) parti créé par le président Laurent Gbagbo n’a pu se tenir, le samedi 8 octobre comme prévu. Et pour cause, des militants du Rdr armés de machettes, de gourdins et de fusils ont fait irruption sur le lieu du rassemblement, à Koumassi Campement, sous quartier où cohabitent des fortes communautés d’immigrés de la sous-région ouest africaine notamment se réclamant du parti d’Alassane Dramane Ouattara, où ils ont saccagé matériel de sonorisation, chaises, bâches et violenté organisateurs et participants. Les véhicules des personnalités du Fpi ont été fortement endommagés et leurs propriétaires et occupants passés à tabac comme des furies n’auraient jamais fait. Le commissariat situé dans les environs et où les responsables du Fpi se sont déportés pour y porter plainte à la régulière, n’a pas non plus échappé aux forces négatives du Rdr. Ces graves incidents viennent corroborer les menaces qui planent sur les libertés de réunion et d’opinion depuis l’avènement d’Alassane Dramane Ouatara à la présidence ivoirienne, le 11 avril 2011. Car parmi les organisateurs, se trouvaient des députés de l’Assemblée nationale, environ une dizaine d’élus du peuple souverain de Côte d’Ivoire. Le péril est grand ! Si donc les basiques de la cohabitation - le droit de se déplacer d’un point à un autre et de communiquer avec autrui - sont ainsi foulés aux pieds, qu’en sera-t-il des autres pendants de la vie humaine, c’est-à-dire, respirer, émettre une idée et la transformer en acte ? Grosse question qui interpelle toute la communauté des humains vivant sur le territoire ivoirien. Et par la même occasion les éminentes personnalités de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr). Charles Konan Banny l’ancien Premier ministre qui préside cette noble mission érigée en institution pour les besoins de la cause, on le dit d’emblée, a du pain sur la planche. Car nombreux sont les cas quotidiens de violations des droits humains, jeu favori des militants du Rdr et des éléments répréhensibles issus de l’armée hybride qui constitue l’ossature des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Le 5 septembre dernier, le Fpi créait l’évènement en organisant son premier grand rassemblement public dans la même commune de Koumassi où l’initiateur Jules Yao Yao est député. Le jeudi 29 septembre, une forte délégation du Fpi-Cnrd conduite par M. Augustin Laurent Dona Fologo ancien président du Conseil économique et social sous Gbagbo débarqué par Alassane Dramane Ouattara en violation de la constitution, était reçue au palais de la présidence. La grande famille du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd) qui parraine l’ancienne majorité présidentielle (Lmp) avait salué ce qu’elle avait cru être un «début du dialogue républicain». Dans une récente déclaration, le Porte-parole du président de la Cdvr, M. Sran Ahizy Franck se félicitait de l’implication des médias dans le début de décrispation politique. Charles Konan Banny lui-même, avait prévenu que la réconciliation nationale ne pouvait se faire sans Laurent Gbagbo jusque-là incarcéré sans jugement. On avait alors cru à une détente de l’atmosphère sociopolitique. Mais hélas, c’est mal connaitre le Rdr au pouvoir et ses fanatiques qui règnent par les armes dans toutes les ruelles du pays où ils sèment la désolation au sein des populations. Si donc il y a un groupe de personnes habilité à parler parce qu’au pouvoir et un autre interdit de parole parce que dans l’opposition, c’est que la Côte d’Ivoire vit sa tyrannie et sa dictature au grand désespoir de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr), de tous les démocrates et des progressistes.
Bertina Soro
Bertina Soro