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Politique Publié le samedi 15 octobre 2011 | Nord-Sud

Forces républicaines de Côte d’Ivoire : A la rencontre des ‘’filles’’ du Cdt Morou

Le commandant Morou Ouattara s’est fait remarquer depuis 2002 avec les éléments féminins intégrés à sa compagnie. Aujourd’hui, encore, il ne passe pas inaperçu avec ces jeunes dames qui composent sa garde rapprochée.


Ce vendredi 23 septembre 2011, nous avons rendez-vous avec le commandant Morou Ouattara à l’hôtel du Golf à Abidjan. Il vient nous chercher dans le hall. Rapidement, nous accédons au jardin situé dans l’arrière-cour de l’hôtel. Des mois en arrière, notre progression n’aurait pas été si rapide. Cet hôtel servait de quartier général au président élu et ses proches Une grande tente blanche y est dressée. Dans le style tentes climatisées de Mouammar Kadhafi, elle était fièrement montée, impressionnante. L’éclat de sa couleur s’est défraîchi. Une émotion soudaine s’empare de nous. Après la formation du premier gouvernement d’Alassane Ouattara, c’est là que les ministres se réunissaient. Nous étions à leur première réunion. Nous avions tous cru que ça ne durerait que quelques semaines. Ç’a duré des mois. Aujourd’hui, ce chapiteau est en ruine. A côté de cette ‘’salle de conseil des ministres’’, se trouvent plusieurs éléments du commandant Morou Ouattara. Des hommes. Mais aussi des filles. Superbement habillées en tenue militaire. Après maints efforts, nous sommes avec l’officier. Il a consenti, enfin, à autoriser « ses filles » à nous parler. L’armée n’est-elle pas la grande muette ? Même avec cette permission, le commandant ne se tient pas bien loin de notre conversation qui s’est faite un peu sous pression : « Bamba, vous n’avez pas encore fini ? Nous n’avons pas que cela à faire, nous ». Cette interpellation, il l’a répétée à plusieurs reprises. C’est que sa garde rapprochée et lui sont sur le point de se rendre à la Primature.

Une histoire d’amour…

« Ses filles », qui sont-elles ? Elles ont débuté l’aventure avec la rébellion. Et, sont décidées à la poursuivre avec l’armée républicaine. «Les amazones» du commandant Morou Ouattara n’ont pas l’intention d’abandonner le métier des armes. « Nous aimons le corps ». Depuis 2002, certaines ont débuté la marche avec le patron de l’ex-compagnie Atchengué (On y va, en Moré). Là où leurs paires ont préféré se mettre à l’abri pour éviter les balles, elles ont enfilé le treillis. Comme plusieurs hommes, elles se sont lancées dans l’aventure pour redonner à des millions d’Ivoiriens la fierté d’être de ce pays. Elles sont six. Nous en avons rencontré trois : Anta (que ses camarades appellent encore M.C.), Ouattara Massara et Nancy Bahé. Ouattara Mariam dit Cynthia, Carol Kouakou et Cissé Sata sont absentes. Leur histoire avec la grande muette est une histoire d’amour, expliquent-elles. «Depuis que je suis toute petite, j’aime l’armée», soutient Anta. Dès le déclenchement de la crise militaro-politique en 2002, elle rejoint donc le mouvement. Tout comme Massara. Pourquoi ? «Parce que nous sommes des guerrières », répond la dernière citée. Et, à l’en croire, ce n’est pas de la fanfaronnade. «Depuis 2002, nous avons pris part à tous les combats. Nous étions au front», assure Anta. Qui confie qu’aucune «amazone» n’a perdu la vie. «Nous n’avons même pas été égratignées ». Signe que ce sont de véritables guerrières ? «Non, on a eu de la chance. Et puis, le commandant (Morou) nous protège», rétorque Massara. De la chance et aussi beaucoup de prières. « Je crois en Dieu. Je prie énormément. C’est également ce qui nous préserve», assure-t-elle. Car, il y a eu des jours où il s’en est fallu de peu qu’elles passent de l’autre côté du pont. Suivez : « l’un des moments où nous avons eu vraiment peur a été à Yopougon. Alors que notre véhicule passait, des gens postés en hauteur ont ouvert le feu sur nous. Nous nous sommes mises à couvert et nous avons riposté. L’un d’eux a été mortellement touché et il est tombé juste à côté de nous. On s’est dit que ç’aurait pu être nous. Ce fut la peur de notre vie ». Ce jour-là, confie Massara, elle a regretté de n’avoir pas écouté sa mère qui lui avait demandé, à l’époque, de quitter l’armée. Les militaires se souviennent de ces frères d’arme tombés au champ d’honneur. Des images difficiles à supporter et qui restent gravées dans la mémoire. Pour toujours. « Ça marque ! », lâche Anta. Derrière leur image de dures à cuire, se cachent des jeunes filles… comme toutes les autres. Qui font la cuisine, le ménage… (Massara assure qu’elle pile excellemment le foutou) et ont des enfants. Anta a un fils depuis 2000. Elle était mère avant de prendre les armes. Massara aussi a une fille qui a neuf ans révolus. Cynthia et Cissé aussi sont mamans. Même si ce n’est pas toujours facile, elles essaient tant bien que mal d’être à la hauteur de cette fonction de mères-soldates. A en croire Massara, sa fille est plus attachée à sa grand-mère qui l’a élevée. Le véritable lien entre le soldat et sa progéniture, c’est le téléphone.
Les ‘’filles’’ du commandant Morou reconnaissent qu’elles n’auraient pu tenir le coup jusqu’ici sans le soutien de leur chef : “c’est notre papa. Il prend soin de nous”. Nancy qui a rejoint le groupe depuis peu confirme que le commandant Morou Ouattara est “un véritable papa-poule’’. “Il veille en permanence sur nous”, soutient-elle. Leur “vieille mère’’, c’est Cynthia. Une confidente qui les aide à surmonter les moments difficiles. Au fait, j’ai appris plus tard que c’est la femme du patron d’Atchengué. Nos interlocutrices assurent que l’ambiance est parfaite avec les hommes de la compagnie. « Ce sont nos chéris. On s’entend bien », rigole Massara. A côté des ‘’chéris d’arme’’, il y a bien sûr des ‘’chéris de cœur’’. Toutes trois ne sont pas mariées. Mais soutiennent avoir des hommes dans leur vie et… espèrent que le mariage viendra très vite. Qui sont-ils ? Là, motus et bouche cousue : secret militaire oblige ! Elles refusent d’en dire plus. Le commandant Morou vient encore de nous interpeller. Nous devons interrompre notre échange. Il y avait encore tellement de choses à leur demander. Hélas !

Bamba K. Inza
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