Le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara a tremblé devant la jeunesse du Front populaire ivoirien, Jfpi. C’est le moins qu’on puisse retenir de l’empêchement de l’organisation du meeting de cette jeunesse ce samedi 15 octobre 2011 à Yopougon, par ce pouvoir. Pourquoi, alors que le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, M. Hamed Bakayoko, a dit «ne pas disposer de moyens humains et matériels pour encadrer ce meeting et demande son report», il déploie, à quelques heures de la tenue de cette rencontre, «une armada de chars (matériel de guerre) des Frci et de l’Onuci (…) pour empêcher tout accès au lieu de la manifestation» ? Pourquoi le Directeur général de la Police nationale (Dgpn), le Commissaire Bredou Mbia, peut-il considérer un simple meeting – qui n’est pas une marche - de la simple Jfpi, prévu si loin du centre du pouvoir, à Yopougon, comme « un acte insurrectionnel qui doit être interdit » ? La réponse à ces questions peut se dessiner sous le schéma suivant. Lorsque le pouvoir Ouattara aperçoit le concept «Jfpi», il éprouve une «véritable peur-panique» qui fait référence à la légendaire mobilisation de la galaxie patriotique et à la résistance de la Fédération scolaire et estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci). L’on sait que les événements du 11 avril 2011 et la dictature du pouvoir actuel ont acculé les visages emblématiques et l’organisation structurelle de ces mouvements à la clandestinité. Mais ces trois structures (galaxie patriotique, Fesci et Jfpi ) menant globalement le même combat, la quête et la défense des libertés publiques, peuvent à l’occasion, à la place Cp1 àYopougon, se retrouver dans le mouvement de la Jfpi. Ce mouvement démontrerait alors à la communauté internationale, pendant que le Procureur de la Cpi, Moreno-Ocampo, se trouve à Abidjan, comme l’estime le Fpi, «la forte mobilisation et la popularité constante du Président Laurent Gbagbo et l’affection légitime que lui portent les Ivoiriens et tous les démocrates». Chose que le pouvoir Ouattara ne veut pas du tout, lui qui a affirmé que Laurent Gbagbo ne représente plus rien en Côte d’Ivoire. De même, Alassane Dramane Ouattara, n’a jamais bénéficié d’une mobilisation de sa jeunesse à la dimension de celle de ces trois mouvements en ordre de bataille pour les libertés publiques. Il a réussi à inculquer à sa jeunesse la contestation par la violence. Or, Laurent Gbagbo a bâti un projet de société prometteur, plein d’espoir où la formation est à la portée de la jeunesse. Mais arrivé au pouvoir dans des conditions de violence, Alassane n’a pas de plan d’avenir pour sa jeunesse. La déception, l’insatisfaction immédiate, le manque de visibilité de la politique pour la jeunesse de Ouattara, disposent cette jeunesse armée à la grogne et au soulèvement. Voilà donc Ouattara qui craint que la mobilisation de la Jfpi inspire sa propre jeunesse, qui elle, a une manière bien inamicale de revendiquer. Que va-t-il faire pour les calmer, si les rebelles se rebellent contre sa personne et sa politique ? Les faire mater par l’armée française et l’Onuci ? Ce serait compliqué. Il vaut donc mieux étouffer déjà le meeting de la Jfpi et ne permettre que les séances d’applaudissements et de louange au pouvoir. Le piège de cette provocation du pouvoir, c’était la réplique de la Jfpi. Alors Ouattara dirait au monde que le Fpi est un parti de violence et que le Gbagbo était un danger pour la paix en Côte d’Ivoire et mérite par conséquent d’être traduit à la Cpi, loin des Ivoiriens pour sa tranquillité. La Jfpi a déjoué ce piège. Mais s’il a si peur de la simple Jfpi, dans quel état serait le pouvoir Ouattara si le Fpi même entrait en scène, alors ?
Germain Séhoué
Germain Séhoué