C’est Charles Konan Banny, ancien Gouverneur de la Bceao et ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr) sous Alassane Dramane Ouattara l’actuel chef de l’Etat ivoirien qui aura fort à faire. En effet, la tâche du banquier reconverti en apôtre de la paix s’avère ardue au fil du temps où arrestations et humiliations de certains officiers généraux et supérieurs de l’Armée ivoirienne et de certains partisans de Laurent Gbagbo sont devenus quasi quotidiennes. 3000 mille morts officiellement, c’est le nombre des victimes de la guerre électorale, environ 1 million de refugiés, environ 36 mille exilés politiques dont des journalistes emprisonnés, environ 100 personnalités au nombre desquelles des ministres de l’ancien gouvernement Marie-Gilbert Aké N’Gbo, des directeurs généraux, des Pca. A ceux-là il faudra nécessairement ajouter par souci d’humanisme environ deux millions de morts depuis le début de la guerre du pouvoir en septembre 2002. Véritable concentré d’acrimonie !
La Côte d’Ivoire, pays phare de l’Afrique de l’ouest a connu ses premiers déboires politiques consécutifs au printemps du multipartisme, en 1990. Mais ce pays va réellement connaître ses premières incertitudes sécuritaires à partir de 1999. Le 24 décembre de cette année-là l’oasis de paix de la sous-région qu’est la Côte d’Ivoire inaugure son premier coup d’Etat. Celui-ci porte la griffe du général Robert Guéi mais il est visiblement des pontes du Rassemblement des républicains (Rdr) qui avaient menacé de frapper «le pouvoir moribond de Henri Konan Bédié». C’est le début du calvaire des Ivoiriens et de tous ceux qui ont leur pays comme terre d’asile. En octobre 2000 Laurent Gbagbo arrive au pouvoir à l’issue d’une élection présidentielle. Mais, son élection est contestée par la junte militaire. Dans la confusion qui s’en suit, le Rdr lance un mot d’ordre à ses partisans à qui il demande d’investir la rue pour prendre le pouvoir qui s’y trouverait. Il y a affrontements dans les rues d’Abidjan, plusieurs centaines de civils sont massacrés, mais ni Alassane Dramane Ouattara et le Rdr ne réussissent à «ramasser le pouvoir de la rue», ni la junte ne réussit à s’accrocher au pouvoir. Pas pour autant que Laurent Gbagbo qui accède de façon «calamiteuse» au pouvoir en octobre 2000, ne dorme du sommeil du juste. Les atteintes à la sûreté et des institutions républicaines se multiplient contre son pouvoir. Trois tentatives de putschs retiendront l’attention, dont le complot de janvier 2001, celui le plus célèbre de la « Mercédès noire » et celui le plus meurtrier et le plus médiatisé du 19 septembre 2002 qui va se muer en rébellion en raison de son échec sur le champ. La rébellion est née, elle est métastasée en des factions connues sous Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci), Mouvement de la jeunesse patriotique (Mjp) et le Mouvement patriotique ivoirien du grand ouest (Mpigo). Au cœur des négociations à Linas Marcoussis en janvier 2003, les trois factions fusionnent et deviennent Forces nouvelles, l’aile politique et Forces armées des forces nouvelles l’aile militaire, comme son nom l’indique. Le président Laurent Gbagbo réussit à se maintenir au pouvoir malgré de nombreuses tentatives de subversions lourdes en pertes en vies humaines. Les ex-rebelles revendiquent leurs actions et disent avoir pris avoir les armes «pour qu’Alassane Ouattara soit président». Neuf ans après, l’objectif est atteint, Alassane Dramane Ouattara est effectivement au pouvoir. Mais dans les conditions non moins calamiteuses, puisque le régime de Laurent Gbagbo est à nouveau attaqué dans un bain de sang, Gbagbo lui-même est arrêté et déporté à Korhogo où il est gardé prisonnier. Plusieurs de ses ministres et collaborateurs sont également arrêtés, emprisonnés, d’autres partis en exil partis se réfugier dans des pays limitrophes. Dans leurs retraites ils vivent le calvaire et leurs familles angoissées de ce qui pourrait leur arriver. La suspicion s’est généralisée. Dans le camp des vaincus, menés par le président Laurent Gbagbo, on continue de s’interroger sur le sort qui leur est réservé, eux qui continuent de revendiquer la démocratie, la liberté d’expression et d’opinion et qui s’estiment être payés en retour par la haine et l’ingratitude. Dans le camp des vainqueurs, menés par Alassane Ouattara, malgré la victoire, on continue de crier au méchant loup. Le nouveau chef de l’Etat ivoirien mène tambour battant sa campagne de répression contre les pro-Gbagbo encore en liberté. Dans ces conditions, il est difficile de croire que la paix serait à nos portes au moindre claquement de doigts d’ici 2015, synonyme de fin du premier mandat constitutionnel. Le samedi 15 octobre, en partance pour Conakry, le capitaine Séka Yapo Anselme ex-aide de camp de l’ex-première dame Simone Ehivet Gbagbo est interpellé à l’aéroport d’Abidjan où son avion était en transit. Mis aux arrêts, il ira certainement rejoindre en prison militaire le général Guiai Bi Poin, ancien Commandant de l’école de gendarmerie et ancien commandant de l’unité d’élite Cecos. Depuis l’arrestation de celui que ses proches appelaient affectueusement capitaine Séka Séka, un vent de suspicion souffle sur la Guinée voisine. Si ce n’est officiellement, au moins officieusement, les nouvelles autorités ivoiriennes voient au voyage du capitaine en Guinée, une certaine complicité des autorités de ce pays frontalier et la main du président Alpha Condé. Déjà, des journaux proches du régime ivoirien parlent de cette Guinée sans la moindre nuance comme une «base arrière des militaires pro-Gbagbo qui veulent déstabiliser le pouvoir Ouattara». Les spécialistes en questions militaires parlent déjà du «syndrome du Burkina», pour ne pas dire que le régime Ouattara n’échappera pas à son karma. Qui règne par l’épée périt par l’épée. Pas moins que les journaux du régime trouvent des atomes crochus entre l’attaque de lundi 17 octobre, du cortège du commandant Chérif Ousmane qui quittait Bouaké pour Abidjan, les coups de feu au camp de la gendarmerie d’Agban, du vendredi 14 octobre. Une vingtaine de gendarmes ont été mis aux arrêts «pour nécessité d’enquête», une perquisition des habitations a permis de mettre la main sur plusieurs armes de guerre. Le régime Ouattara a le triomphe haut. Mais la peur au ventre. Le hic dans ces trouvailles, c’est que le régime est surpris de découvrir des armes dans des maisons de soldats qui plus est au sein d’un camp militaire. ça fait beaucoup trop pour perturber le processus de paix enclenché. L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny s’en aperçoit-il ou fait-il mine de les minimiser ? Dans tous les cas, il y a suffisamment de mèches pour mettre le feu aux poudres.
Bertina Soro
La Côte d’Ivoire, pays phare de l’Afrique de l’ouest a connu ses premiers déboires politiques consécutifs au printemps du multipartisme, en 1990. Mais ce pays va réellement connaître ses premières incertitudes sécuritaires à partir de 1999. Le 24 décembre de cette année-là l’oasis de paix de la sous-région qu’est la Côte d’Ivoire inaugure son premier coup d’Etat. Celui-ci porte la griffe du général Robert Guéi mais il est visiblement des pontes du Rassemblement des républicains (Rdr) qui avaient menacé de frapper «le pouvoir moribond de Henri Konan Bédié». C’est le début du calvaire des Ivoiriens et de tous ceux qui ont leur pays comme terre d’asile. En octobre 2000 Laurent Gbagbo arrive au pouvoir à l’issue d’une élection présidentielle. Mais, son élection est contestée par la junte militaire. Dans la confusion qui s’en suit, le Rdr lance un mot d’ordre à ses partisans à qui il demande d’investir la rue pour prendre le pouvoir qui s’y trouverait. Il y a affrontements dans les rues d’Abidjan, plusieurs centaines de civils sont massacrés, mais ni Alassane Dramane Ouattara et le Rdr ne réussissent à «ramasser le pouvoir de la rue», ni la junte ne réussit à s’accrocher au pouvoir. Pas pour autant que Laurent Gbagbo qui accède de façon «calamiteuse» au pouvoir en octobre 2000, ne dorme du sommeil du juste. Les atteintes à la sûreté et des institutions républicaines se multiplient contre son pouvoir. Trois tentatives de putschs retiendront l’attention, dont le complot de janvier 2001, celui le plus célèbre de la « Mercédès noire » et celui le plus meurtrier et le plus médiatisé du 19 septembre 2002 qui va se muer en rébellion en raison de son échec sur le champ. La rébellion est née, elle est métastasée en des factions connues sous Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci), Mouvement de la jeunesse patriotique (Mjp) et le Mouvement patriotique ivoirien du grand ouest (Mpigo). Au cœur des négociations à Linas Marcoussis en janvier 2003, les trois factions fusionnent et deviennent Forces nouvelles, l’aile politique et Forces armées des forces nouvelles l’aile militaire, comme son nom l’indique. Le président Laurent Gbagbo réussit à se maintenir au pouvoir malgré de nombreuses tentatives de subversions lourdes en pertes en vies humaines. Les ex-rebelles revendiquent leurs actions et disent avoir pris avoir les armes «pour qu’Alassane Ouattara soit président». Neuf ans après, l’objectif est atteint, Alassane Dramane Ouattara est effectivement au pouvoir. Mais dans les conditions non moins calamiteuses, puisque le régime de Laurent Gbagbo est à nouveau attaqué dans un bain de sang, Gbagbo lui-même est arrêté et déporté à Korhogo où il est gardé prisonnier. Plusieurs de ses ministres et collaborateurs sont également arrêtés, emprisonnés, d’autres partis en exil partis se réfugier dans des pays limitrophes. Dans leurs retraites ils vivent le calvaire et leurs familles angoissées de ce qui pourrait leur arriver. La suspicion s’est généralisée. Dans le camp des vaincus, menés par le président Laurent Gbagbo, on continue de s’interroger sur le sort qui leur est réservé, eux qui continuent de revendiquer la démocratie, la liberté d’expression et d’opinion et qui s’estiment être payés en retour par la haine et l’ingratitude. Dans le camp des vainqueurs, menés par Alassane Ouattara, malgré la victoire, on continue de crier au méchant loup. Le nouveau chef de l’Etat ivoirien mène tambour battant sa campagne de répression contre les pro-Gbagbo encore en liberté. Dans ces conditions, il est difficile de croire que la paix serait à nos portes au moindre claquement de doigts d’ici 2015, synonyme de fin du premier mandat constitutionnel. Le samedi 15 octobre, en partance pour Conakry, le capitaine Séka Yapo Anselme ex-aide de camp de l’ex-première dame Simone Ehivet Gbagbo est interpellé à l’aéroport d’Abidjan où son avion était en transit. Mis aux arrêts, il ira certainement rejoindre en prison militaire le général Guiai Bi Poin, ancien Commandant de l’école de gendarmerie et ancien commandant de l’unité d’élite Cecos. Depuis l’arrestation de celui que ses proches appelaient affectueusement capitaine Séka Séka, un vent de suspicion souffle sur la Guinée voisine. Si ce n’est officiellement, au moins officieusement, les nouvelles autorités ivoiriennes voient au voyage du capitaine en Guinée, une certaine complicité des autorités de ce pays frontalier et la main du président Alpha Condé. Déjà, des journaux proches du régime ivoirien parlent de cette Guinée sans la moindre nuance comme une «base arrière des militaires pro-Gbagbo qui veulent déstabiliser le pouvoir Ouattara». Les spécialistes en questions militaires parlent déjà du «syndrome du Burkina», pour ne pas dire que le régime Ouattara n’échappera pas à son karma. Qui règne par l’épée périt par l’épée. Pas moins que les journaux du régime trouvent des atomes crochus entre l’attaque de lundi 17 octobre, du cortège du commandant Chérif Ousmane qui quittait Bouaké pour Abidjan, les coups de feu au camp de la gendarmerie d’Agban, du vendredi 14 octobre. Une vingtaine de gendarmes ont été mis aux arrêts «pour nécessité d’enquête», une perquisition des habitations a permis de mettre la main sur plusieurs armes de guerre. Le régime Ouattara a le triomphe haut. Mais la peur au ventre. Le hic dans ces trouvailles, c’est que le régime est surpris de découvrir des armes dans des maisons de soldats qui plus est au sein d’un camp militaire. ça fait beaucoup trop pour perturber le processus de paix enclenché. L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny s’en aperçoit-il ou fait-il mine de les minimiser ? Dans tous les cas, il y a suffisamment de mèches pour mettre le feu aux poudres.
Bertina Soro