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Politique Publié le mardi 25 octobre 2011 | Le Patriote

Prolifération d’armes à travers tout le pays : Comment le FPI a distribué des armes aux Ivoiriens

© Le Patriote Par Emma
Le dernier bastion des partisans de Gbagbo tombe: soldats, miliciens et mercenaires libériens déposent les armes aux pieds des Forces républicaines, à Yopougon
Vendredi 29 avril 2011. Abidjan, commune de Yopougon. Des dizaines d`anciens éléments de la BAE, de la Garde républicaine, de miliciens ivoiriens et des mercenaires libériens déposent les armes au cours d`une cérémonie placée sous l`égide de l`Onuci. Les généraux Philippe Mangou et Gueu Michel, ainsi que les commandants Chérif Ousmane, Morou Ouattara et Ben Laden rassurent les hommes de Eugène Djué et Magui-le-tocard...
La quantité d’armes découvertes après la chute du régime de Laurent Gbagbo a ému beaucoup d’Ivoiriens. Mais vu la minutie et la méthode avec lesquelles les caciques de l’ancien régime ont planifié les choses, c’est le contraire qui aurait surpris. Aujourd’hui, avec le changement de pouvoir survenu en Côte d’Ivoire, les langues commencent à se délier. Ce que l’on peut maintenant appeler le vaste complot contre le peuple de Côte d’Ivoire est en train de livrer ses secrets. Le FPI avait à la bouche les mots « élections » et « démocratie ». Mais, en réalité, ce n’était que des professions de foi pour mieux en dormir les Ivoiriens. L’objectif du Front populaire ivoirien n’était pas d’asseoir une démocratie solide ponctuée par l’alternance. Le but de Laurent Gbagbo et ses camarades étaient de perpétuer un pouvoir autocratique et clanique. Pendant que le peuple s’apprêtait à user de son droit souverain de choisir qui il veut pour le représenter, Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et tous leurs proches préparaient activement dans l’ombre la confiscation du pouvoir par la force. Durant près de cinq ans, avec la complicité de certains relais dans l’armée, dans l’administration et l’appareil judiciaire, le premier cercle de décision de la refondation a mobilisé toutes les ressources de l’Etat pour l’achat des armes et pour le recrutement de mercenaires et miliciens. Des deals aux contours flous ont même été conclus dans ce sens. Les 100 milliards donnés par Trafigura en guise de dédommagement pour les victimes des déchets toxiques a été à 95 % utilisés pour ce projet funeste. Feu Désiré Tagro, l’ancien ministre de l’Intérieur avait conseillé en son temps à Laurent Gbagbo de signer un protocole d’accord avec la société propriétaire du Probo Koala pour réunir des ressources financières qui serviront à acheter des armes lourdes en provenance des pays de l’est. Séduit par les arguments de son ancien porte-parole, Laurent Gbagbo a ordonné que l’accord soit signé avec Trafigura qui a obtenu dans cette transaction en sa faveur le gel de toutes poursuites de l’Etat de Côte d’Ivoire contre elle. En violation de l’embargo sur les armes instauré par le Conseil de sécurité des Nations Unies, après les événements de novembre 2004, Laurent Gbagbo et ses proches faisaient entrer des tonnes d’armes de guerre et de munition. Ces armes, pour la plupart, étaient débarquées au port d’Abidjan et franchissaient les barrages et points de contrôle avec la complicité bienveillante de l’ancien directeur général du Port autonome d’Abidjan, Marcel Gossio. Une fois arrivées à quai, les armes étaient récupérées par des officiers et miliciens en contact direct avec l’ancien locataire du palais et son épouse. Elles étaient ensuite stockées au palais et en des lieux sûrs connus des proches seuls. Les proches et les complicités au sein de l’armée étaient chargés de les ventiler à travers tout le pays. L’astuce des refondateurs pour éviter d’éveiller les soupçons, était de convoyer ces armes dans des coffres de grosses cylindrées. Pour la plupart louées à des maisons de location de voitures. Nos sources sont formelles. Les convoyages se sont accélérés et multipliés à partir du mois de janvier 2010. Pendant que Laurent Gbagbo était en train de distraire tout le peuple de Côte d’Ivoire avec le vrai faux problème de fraude à la Commission électorale indépendante, des 4x4 louées à des opérateurs économiques faisaient à la tombée de la nuit plusieurs voyages dans les casernes et dans certaines localités du pays. Ces étranges convois prenaient en général la route, selon nos sources, au moment des nombreux délestages que connaissait la Côte d’Ivoire à cette période. Les chauffeurs des convois n’y voyaient que du feu. On leur faisait croire qu’ils transportaient des préservatifs pour les militaires dans les casernes. L’une des artisanes de cette opération était une ancienne ministre en fonction dans le domaine de la santé sous Laurent Gbagbo et cousine germaine de l’ancienne Première dame. L’ancienne ministre était aidée dans cette tâche par l’un de ses proches, lui, ancien conseiller spécial du président Laurent Gbagbo. A ces deux personnalités de l’ancien régime, il faut ajouter des collaborateurs du champion de la refondation proches de sa sphère ethnique. Par cette astuce, des tonnes d’armes ont été transférées du palais présidentiel dans les casernes. Ces voyages nocturnes ne se sont pas seulement limités à Abidjan et sa périphérie. Des convoyages de ce type se sont effectués à destination de la région de Dabou, d’Aboisso et surtout d’Agboville où, selon nos informateurs, les voyages étaient les plus fréquents. Une fois sur les lieux, les colis sulfureux étaient réceptionnés par des cadres, militants FPI de la région qui se chargeait de les distribuer à leurs militants les plus actifs et aux miliciens. Malheureusement, avec la complicité de certains agents assermentés de l’Etat que sont les préfets, sous-préfets et commissaires de police. Sur ce point, le nom d’un sous-préfet d’une ville située à la frontière du Ghana est revenu à plusieurs reprises dans les témoignages que nous avons recueillis sur le terrain. Ce sous-préfet qui y est encore en poste, est resté très actif dans la zone. Nos sources nous révèlent qu’il continue de servir ses anciens maitres, exilés au Ghana autrement. En leur faisant parvenir des sommes d’argent qu’ils retirent régulièrement dans les maisons d’assurance depuis la mesure de gel des avoirs dans les banques qui les frappe. Ce sous-préfet n’est pas le seul. D’autres administrateurs qui se sont faits les complices des excès de la refondation n’ont pas encore renoncé et continuent de nourrir des desseins obscurs envers le nouveau pouvoir. Outre dans l’administration, les commanditaires de ces convois de la mort pouvaient également compter sur des complicités au sein de l’appareil judiciaire. A ce niveau, le rôle de certains présidents de juridictions était essentiel. Lorsque les véhicules transportant les armes étaient interceptés à certains barrages, ces derniers entraient en scène. Ils enjoignaient aux éléments des forces de l’ordre qui ne se laissaient pas impressionner par les laissez-passer des occupants, de les laisser partir. Ces juges et magistrats, qui occupent des postes importants dans l’appareil judiciaire, sont malheureusement toujours en poste et continuent de servir à un certain niveau les intérêts des refondateurs. Par ce procédé, le FPI et ses alliés ont inondé toute la Côte d’Ivoire d’armes. Il n’est pas étonnant qu’aujourd’hui, l’insécurité ait pris une telle ampleur. Les caches d’armes sont encore là. Si certaines ont pu être découvertes, il en existe encore disséminées à travers tout le pays. Surtout dans la partie sud. Et c’est ce qui rend encore arrogants les caciques qui espèrent pouvoir se servir de cet arsenal au moment opportun. Heureusement que Dieu veille sur la Côte d’Ivoire. Le FPI aura du mal à mettre en œuvre son plan diabolique. Car les nouvelles autorités veillent au grain. Et il y a des signes qui ne trompent pas. L’arrestation du commandant Séka Yapo Anselme en est un.

Jean-Claude Coulibaly
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