Le président de la République a pris part hier, au Forum des dirigeants, organisé dans le cadre de la 36ème session de la Conférence Générale de l’UNESCO, qui s’achève aujourd’hui. A la tribune de cette auguste assemblée, le chef de l’Etat ivoirien a livré un discours dont nous vous proposons l’intégralité.
• Excellence Monsieur Pal SCHMITT, Président de la République de Hongrie,
• Excellence Monsieur Ali Bongo ODIMBA, Président de la République Gabonaise,
• Monsieur le Premier Ministre Pascal KOUPAKI, représentant le Président de la République du Bénin,
• Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
• Madame la Présidente de la Conférence Générale,
• Madame la Présidente du Conseil Exécutif,
• Madame la Directrice Générale,
• Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Délégués
Permanents,
• Honorables invités,
• Mesdames et Messieurs,
Madame la Présidente,
C’est avec un réel plaisir que je me retrouve dans l’enceinte de cette prestigieuse Institution qu’est l’UNESCO, pour la seconde fois en moins de deux mois.
En effet, après le 14 septembre dernier, où l’UNESCO nous a accueillis pour la cérémonie de remise du Prix Félix HOUPHOUET-BOIGNY pour la recherche de la Paix, je suis heureux d’être une nouvelle fois ici, dans le cadre de la 36e session de la Conférence Générale, pour traiter du thème suivant « comment l’UNESCO contribue-t-elle à l’édification de la culture de la paix et au développement durable?».
Je voudrais tout d’abord, au nom de la délégation qui m’accompagne et en mon nom propre, vous adresser mes sincères remerciements pour l’accueil chaleureux et cordial qui nous a été réservé depuis notre arrivée dans ce haut lieu du savoir et de la culture, ainsi que pour toutes les dispositions qui ont été prises afin de rendre notre séjour des plus agréables.
Avant de continuer mon propos, je voudrais, Madame la Présidente de la Conférence Générale, Katalin BOGYAY, vous féliciter pour votre brillante élection à la présidence
de la 36e session de la Conférence générale de l’UNESCO. La Côte d’Ivoire se réjouit de voir une femme accéder à ce poste prestigieux.
Votre élection, témoigne de la reconnaissance de votre contribution au rayonnement de notre Organisation et à la promotion de ses idéaux. Cela démontre à quel point l’évolution du monde fait une place aux femmes, et nous en sommes très fiers.
Nos vœux vous accompagnent et nous sommes persuadés, que vous vous acquitterez avec brio de cette délicate mission.
Je voudrais à présent dire à votre prédécesseur, Monsieur le Président Davidson L. Hepbum, que sa présidence nous laissera le souvenir d’un éminent intellectuel, philosophe et d’un grand Ambassadeur de toutes les cultures.
Monsieur le Président, nous vous exprimons toute notre gratitude pour votre contribution à l’essor de notre Organisation et pour les résultats encourageants enregistrés sous votre mandat.
Je voudrais également saluer la Présidente du Conseil Exécutif, Madame Eleonora Valentinovna MITROFANOVA et les distingués membres de cet organe essentiel de notre Organisation, et les féliciter pour l’immense travail qu’ils ont accompli depuis la 35e session.
Je voudrais enfin, féliciter très sincèrement la Directrice Générale de l’UNESCO, Madame Irina BOKOVA, pour la marche dynamique qu’elle a imprimée à l’UNESCO, en l’orientant vers un nouvel humanisme.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
La pertinence de la mission de l’UNESCO qui vise à promouvoir la défense de la paix dans l’esprit et le cœur des hommes et des femmes demeure d’actualité, d’autant plus que les défis à relever sont de plus en plus nombreux.
En effet, malgré les efforts des organisations humanistes telles que l’UNESCO, malgré le progrès des sciences et des technologies, le monde n’arrête pas de subir des crises: crises alimentaires, financières et économiques ; crises sociales et morales…
On est en droit de se demander comment nous devons repenser la marche du monde et agir ensemble, pour conduire les hommes et les femmes vers un mieux-être et pour donner au monde un visage plus humain.
La paix et le développement durable constituent les moyens les plus indiqués à réaliser. C’est pourquoi je voudrais féliciter l’UNESCO qui crée cette occasion de nous rencontrer pour partager nos expériences et nos espérances, afin de nous enrichir et nous conforter dans notre quête commune pour une paix durable.
Pour ma part, je suis convaincu que la culture de la paix et le développement durable sont intrinsèquement liés. En effet, si le développement durable nous impose d’œuvrer à répondre aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs, c’est dans la paix et par la culture de la paix que cela est possible.
Sans la paix aucun développement durable n’est possible.
C’est pourquoi, je voudrais insister sur la paix ainsi que sur les conditions nécessaires à la paix, notamment à partir de l’expérience que vient de connaître mon pays, la Côte d’Ivoire.
Pour cerner le concept de culture de la paix, je voudrais me référer à la définition de la paix, donnée par feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, lors du huitième sommet de l’OUA à Addis-Abeba le 22 juin 1971. Cette définition continue à mon sens d’être toujours d’actualité.
«La paix à l’intérieur des Etats africains ne doit reposer que sur la justice, la tolérance, le dialogue permanent, le respect de la personne humaine et de sa dignité, le respect des libertés, l’égalité entre les hommes».
Mesdames et Messieurs,
Le difficile apprentissage de la démocratie a conduit la Côte d’Ivoire dans une situation paradoxale. Elle a connu la guerre alors qu’elle est la terre de naissance du concept de la culture de la paix.
La rupture qui s’est opérée dans mon pays permet de comprendre que la paix est fragile et délicate; ce qui implique qu’elle peut disparaître à tout moment.
Pendant longtemps, les Ivoiriens, dans leur majorité, ont pensé que la paix était établie pour de bon en Côte d’Ivoire. Nous avons appris à connaître la valeur de la paix à partir de l’expérience douloureuse que nous venons de vivre. La paix à notre sens est sacrée; il faut donc honorer la paix.
Malheureusement, à l’épreuve d’une tentative de démocratisation mal conduite, la paix a été dangereusement contrariée dans notre pays.
Elle continue de l’être dans bien de contrées de notre planète où des vies humaines sont détruites, des biens matériels saccagés, des femmes et filles violentées.
La guerre et son cortège d’horreurs se manifestent hélas, plus souvent que la paix, le respect des droits de l’homme et des bienfaits de la démocratie.
Cependant, j’ai la conviction, qu’il y a toujours des raisons profondes d’espérer, comme celle qui nous réunit ici aujourd’hui en cette maison de la paix qu’est l’UNESCO.
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Délégués Permanents,
Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire a renoué aujourd’hui avec la paix et la stabilité. Notre pays a décidé de tout mettre en œuvre pour éviter de replonger dans le chaos et les évènements du passé que nous avons tant déplorés.
Je voudrais, à ce stade de mon propos, renouveler la gratitude du peuple ivoirien à toute la Communauté internationale, notamment à l’ONU et plus particulièrement à l’UNESCO, qui nous apporte son soutien à travers un Programme global spécial post conflit en ses divers domaines de compétence, par la résolution 34C/60, les décisions 179EX/38 et 180EX/43; mon pays voudrait voir actualisé et renforcé ce programme.
Nous y tenons fortement au regard de l’impact de la crise sur le tissu social, le système éducatif, sur la situation des jeunes et surtout celle des réfugiés et des déplacés de guerre.
La construction de la véritable paix nécessite une action pluridimensionnelle: matérielle, économique, financière, environnementale mais également éthique.
Pour parvenir à bâtir durablement la paix dans notre pays, il faut avant tout mettre en pratique les préceptes suivants déjà évoqués:
- Respecter la vie en rejetant la violence sous tous ses aspects,
- Respecter les droits de l’homme,
- Recourir au dialogue afin de régler pacifiquement les conflits.
L’application de ces préceptes qui, à mes yeux, constituent les enjeux de la culture de la paix, passent par plusieurs stratégies que nous avons décidé de mettre en œuvre d’une part, pour sortir définitivement de la crise et d’autre part, pour bâtir un pays émergent à l’horizon 2020 avec une société inclusive, prospère, juste et ouverte à la modernité.
Parmi ces stratégies, il y a tout d’abord la construction de la démocratie. Cette entreprise n’est pas nouvelle pour bien des nations et pour l’UNESCO, mais assurément, elle l’est pour les peuples qui sortent d’un grand traumatisme comme celui que nous avons connu.
Il s’agit d’une rude tâche, car elle exige un engagement sur tous les fronts, dont les plus difficiles se trouvent bien souvent au niveau des esprits.
Pour la construction de la démocratie, il nous faut édifier un véritable Etat de droit, où aucun citoyen ne se fait justice, où les rapports sont régis par des règles de droit que chacun s’engage à respecter scrupuleusement.
Pour ma part, j’ai pris cet engament et je veux promouvoir un Etat de justice et d’équité. La voie de la construction de la démocratie est certes difficile à emprunter, mais nous n’y renoncerons pas. C’est selon nous, la seule voie qui vaille durablement dans ce monde de la modernité.
Dans ce processus de démocratisation, le gouvernement ivoirien met tout en œuvre pour organiser les élections législatives le 11 décembre prochain. Ces élections, tout comme les élections présidentielles, seront conformes aux accords conclus entre les parties ivoiriennes, notamment dans le cadre de l’Accord Politique de Ouagadougou.
Par ailleurs, en mettant en place la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, mon pays a conscience que la cohésion sociale est une priorité. Cette Commission permettra de prendre en compte la dimension éthique de la restauration de la cohésion.
Le devoir de pardon doit conduire les uns et les autres au pardon sans exclure la repentance, ni la justice.
Nous estimons que cette réconciliation doit se faire dans la justice. Les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité doivent être sanctionnés pleinement par la justice. En cela, la justice internationale doit jouer également son rôle.
On peut bien évidemment explorer les voies traditionnelles de résolutions des conflits et de consolidation de la cohésion sociale en nous référant à notre propre culture et je pense par exemple aux «alliances» qui existent entre nos groupes ethniques.
Nos Chercheurs en Côte d’Ivoire et peut-être ailleurs en Afrique, effectuent des recherches dans cette perspective. Il faut les y encourager et espérer que les résultats soient exploitables au plan de la modernité. Le programme sur les transformations sociales (MOST) de l’UNESCO, peut nous aider à aller plus loin dans cette voie.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
De toutes les voies de la recherche de la paix, celles qui induisent des valeurs et des comportements proprement humains constituent le socle sur lequel tout doit reposer.
Je demeure convaincu que la paix est aussi une exigence éthique qui est inscrite dans le cœur des Ivoiriens, voire dans le cœur de tout homme.
Pour conclure, je voudrais souligner que la culture de la paix s’impose comme une exigence éthique et pédagogique ou plus encore comme une nécessité de conversion à la paix. L’Ecole, dans ce processus, a un rôle capital d’éducation et de formation à jouer.
De plus, les traités, les accords, les séminaires, les conférences, l’amélioration des conditions matérielles et physiques des peuples peuvent contribuer de manière significative à cette évolution.
Ce sont des instruments dont l’efficacité dépend des agents de changement que nous devons tous être, en nous engageant sur le chantier de sa réalisation, en tant qu’artisans de la paix.
Tous les peuples du monde sont capables de paix. Il faut y croire. Il suffit de s’y engager.
Je vous remercie de votre attention.
• Excellence Monsieur Pal SCHMITT, Président de la République de Hongrie,
• Excellence Monsieur Ali Bongo ODIMBA, Président de la République Gabonaise,
• Monsieur le Premier Ministre Pascal KOUPAKI, représentant le Président de la République du Bénin,
• Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
• Madame la Présidente de la Conférence Générale,
• Madame la Présidente du Conseil Exécutif,
• Madame la Directrice Générale,
• Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Délégués
Permanents,
• Honorables invités,
• Mesdames et Messieurs,
Madame la Présidente,
C’est avec un réel plaisir que je me retrouve dans l’enceinte de cette prestigieuse Institution qu’est l’UNESCO, pour la seconde fois en moins de deux mois.
En effet, après le 14 septembre dernier, où l’UNESCO nous a accueillis pour la cérémonie de remise du Prix Félix HOUPHOUET-BOIGNY pour la recherche de la Paix, je suis heureux d’être une nouvelle fois ici, dans le cadre de la 36e session de la Conférence Générale, pour traiter du thème suivant « comment l’UNESCO contribue-t-elle à l’édification de la culture de la paix et au développement durable?».
Je voudrais tout d’abord, au nom de la délégation qui m’accompagne et en mon nom propre, vous adresser mes sincères remerciements pour l’accueil chaleureux et cordial qui nous a été réservé depuis notre arrivée dans ce haut lieu du savoir et de la culture, ainsi que pour toutes les dispositions qui ont été prises afin de rendre notre séjour des plus agréables.
Avant de continuer mon propos, je voudrais, Madame la Présidente de la Conférence Générale, Katalin BOGYAY, vous féliciter pour votre brillante élection à la présidence
de la 36e session de la Conférence générale de l’UNESCO. La Côte d’Ivoire se réjouit de voir une femme accéder à ce poste prestigieux.
Votre élection, témoigne de la reconnaissance de votre contribution au rayonnement de notre Organisation et à la promotion de ses idéaux. Cela démontre à quel point l’évolution du monde fait une place aux femmes, et nous en sommes très fiers.
Nos vœux vous accompagnent et nous sommes persuadés, que vous vous acquitterez avec brio de cette délicate mission.
Je voudrais à présent dire à votre prédécesseur, Monsieur le Président Davidson L. Hepbum, que sa présidence nous laissera le souvenir d’un éminent intellectuel, philosophe et d’un grand Ambassadeur de toutes les cultures.
Monsieur le Président, nous vous exprimons toute notre gratitude pour votre contribution à l’essor de notre Organisation et pour les résultats encourageants enregistrés sous votre mandat.
Je voudrais également saluer la Présidente du Conseil Exécutif, Madame Eleonora Valentinovna MITROFANOVA et les distingués membres de cet organe essentiel de notre Organisation, et les féliciter pour l’immense travail qu’ils ont accompli depuis la 35e session.
Je voudrais enfin, féliciter très sincèrement la Directrice Générale de l’UNESCO, Madame Irina BOKOVA, pour la marche dynamique qu’elle a imprimée à l’UNESCO, en l’orientant vers un nouvel humanisme.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
La pertinence de la mission de l’UNESCO qui vise à promouvoir la défense de la paix dans l’esprit et le cœur des hommes et des femmes demeure d’actualité, d’autant plus que les défis à relever sont de plus en plus nombreux.
En effet, malgré les efforts des organisations humanistes telles que l’UNESCO, malgré le progrès des sciences et des technologies, le monde n’arrête pas de subir des crises: crises alimentaires, financières et économiques ; crises sociales et morales…
On est en droit de se demander comment nous devons repenser la marche du monde et agir ensemble, pour conduire les hommes et les femmes vers un mieux-être et pour donner au monde un visage plus humain.
La paix et le développement durable constituent les moyens les plus indiqués à réaliser. C’est pourquoi je voudrais féliciter l’UNESCO qui crée cette occasion de nous rencontrer pour partager nos expériences et nos espérances, afin de nous enrichir et nous conforter dans notre quête commune pour une paix durable.
Pour ma part, je suis convaincu que la culture de la paix et le développement durable sont intrinsèquement liés. En effet, si le développement durable nous impose d’œuvrer à répondre aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs, c’est dans la paix et par la culture de la paix que cela est possible.
Sans la paix aucun développement durable n’est possible.
C’est pourquoi, je voudrais insister sur la paix ainsi que sur les conditions nécessaires à la paix, notamment à partir de l’expérience que vient de connaître mon pays, la Côte d’Ivoire.
Pour cerner le concept de culture de la paix, je voudrais me référer à la définition de la paix, donnée par feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, lors du huitième sommet de l’OUA à Addis-Abeba le 22 juin 1971. Cette définition continue à mon sens d’être toujours d’actualité.
«La paix à l’intérieur des Etats africains ne doit reposer que sur la justice, la tolérance, le dialogue permanent, le respect de la personne humaine et de sa dignité, le respect des libertés, l’égalité entre les hommes».
Mesdames et Messieurs,
Le difficile apprentissage de la démocratie a conduit la Côte d’Ivoire dans une situation paradoxale. Elle a connu la guerre alors qu’elle est la terre de naissance du concept de la culture de la paix.
La rupture qui s’est opérée dans mon pays permet de comprendre que la paix est fragile et délicate; ce qui implique qu’elle peut disparaître à tout moment.
Pendant longtemps, les Ivoiriens, dans leur majorité, ont pensé que la paix était établie pour de bon en Côte d’Ivoire. Nous avons appris à connaître la valeur de la paix à partir de l’expérience douloureuse que nous venons de vivre. La paix à notre sens est sacrée; il faut donc honorer la paix.
Malheureusement, à l’épreuve d’une tentative de démocratisation mal conduite, la paix a été dangereusement contrariée dans notre pays.
Elle continue de l’être dans bien de contrées de notre planète où des vies humaines sont détruites, des biens matériels saccagés, des femmes et filles violentées.
La guerre et son cortège d’horreurs se manifestent hélas, plus souvent que la paix, le respect des droits de l’homme et des bienfaits de la démocratie.
Cependant, j’ai la conviction, qu’il y a toujours des raisons profondes d’espérer, comme celle qui nous réunit ici aujourd’hui en cette maison de la paix qu’est l’UNESCO.
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Délégués Permanents,
Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire a renoué aujourd’hui avec la paix et la stabilité. Notre pays a décidé de tout mettre en œuvre pour éviter de replonger dans le chaos et les évènements du passé que nous avons tant déplorés.
Je voudrais, à ce stade de mon propos, renouveler la gratitude du peuple ivoirien à toute la Communauté internationale, notamment à l’ONU et plus particulièrement à l’UNESCO, qui nous apporte son soutien à travers un Programme global spécial post conflit en ses divers domaines de compétence, par la résolution 34C/60, les décisions 179EX/38 et 180EX/43; mon pays voudrait voir actualisé et renforcé ce programme.
Nous y tenons fortement au regard de l’impact de la crise sur le tissu social, le système éducatif, sur la situation des jeunes et surtout celle des réfugiés et des déplacés de guerre.
La construction de la véritable paix nécessite une action pluridimensionnelle: matérielle, économique, financière, environnementale mais également éthique.
Pour parvenir à bâtir durablement la paix dans notre pays, il faut avant tout mettre en pratique les préceptes suivants déjà évoqués:
- Respecter la vie en rejetant la violence sous tous ses aspects,
- Respecter les droits de l’homme,
- Recourir au dialogue afin de régler pacifiquement les conflits.
L’application de ces préceptes qui, à mes yeux, constituent les enjeux de la culture de la paix, passent par plusieurs stratégies que nous avons décidé de mettre en œuvre d’une part, pour sortir définitivement de la crise et d’autre part, pour bâtir un pays émergent à l’horizon 2020 avec une société inclusive, prospère, juste et ouverte à la modernité.
Parmi ces stratégies, il y a tout d’abord la construction de la démocratie. Cette entreprise n’est pas nouvelle pour bien des nations et pour l’UNESCO, mais assurément, elle l’est pour les peuples qui sortent d’un grand traumatisme comme celui que nous avons connu.
Il s’agit d’une rude tâche, car elle exige un engagement sur tous les fronts, dont les plus difficiles se trouvent bien souvent au niveau des esprits.
Pour la construction de la démocratie, il nous faut édifier un véritable Etat de droit, où aucun citoyen ne se fait justice, où les rapports sont régis par des règles de droit que chacun s’engage à respecter scrupuleusement.
Pour ma part, j’ai pris cet engament et je veux promouvoir un Etat de justice et d’équité. La voie de la construction de la démocratie est certes difficile à emprunter, mais nous n’y renoncerons pas. C’est selon nous, la seule voie qui vaille durablement dans ce monde de la modernité.
Dans ce processus de démocratisation, le gouvernement ivoirien met tout en œuvre pour organiser les élections législatives le 11 décembre prochain. Ces élections, tout comme les élections présidentielles, seront conformes aux accords conclus entre les parties ivoiriennes, notamment dans le cadre de l’Accord Politique de Ouagadougou.
Par ailleurs, en mettant en place la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, mon pays a conscience que la cohésion sociale est une priorité. Cette Commission permettra de prendre en compte la dimension éthique de la restauration de la cohésion.
Le devoir de pardon doit conduire les uns et les autres au pardon sans exclure la repentance, ni la justice.
Nous estimons que cette réconciliation doit se faire dans la justice. Les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité doivent être sanctionnés pleinement par la justice. En cela, la justice internationale doit jouer également son rôle.
On peut bien évidemment explorer les voies traditionnelles de résolutions des conflits et de consolidation de la cohésion sociale en nous référant à notre propre culture et je pense par exemple aux «alliances» qui existent entre nos groupes ethniques.
Nos Chercheurs en Côte d’Ivoire et peut-être ailleurs en Afrique, effectuent des recherches dans cette perspective. Il faut les y encourager et espérer que les résultats soient exploitables au plan de la modernité. Le programme sur les transformations sociales (MOST) de l’UNESCO, peut nous aider à aller plus loin dans cette voie.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
De toutes les voies de la recherche de la paix, celles qui induisent des valeurs et des comportements proprement humains constituent le socle sur lequel tout doit reposer.
Je demeure convaincu que la paix est aussi une exigence éthique qui est inscrite dans le cœur des Ivoiriens, voire dans le cœur de tout homme.
Pour conclure, je voudrais souligner que la culture de la paix s’impose comme une exigence éthique et pédagogique ou plus encore comme une nécessité de conversion à la paix. L’Ecole, dans ce processus, a un rôle capital d’éducation et de formation à jouer.
De plus, les traités, les accords, les séminaires, les conférences, l’amélioration des conditions matérielles et physiques des peuples peuvent contribuer de manière significative à cette évolution.
Ce sont des instruments dont l’efficacité dépend des agents de changement que nous devons tous être, en nous engageant sur le chantier de sa réalisation, en tant qu’artisans de la paix.
Tous les peuples du monde sont capables de paix. Il faut y croire. Il suffit de s’y engager.
Je vous remercie de votre attention.