x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 31 octobre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Treichville-Résidence Esculape / Des gendarmes-commandos tentent de déguerpir leurs collègues Des familles et des proches s’opposent

Des gendarmes qui jettent dehors les biens de leurs collègues gendarmes. C’est ce que les éléments du camp commando de Koumassi ont servi à leurs collègues de la brigade de Treichville-Arras, dans la matinée du samedi 29 octobre 2011.

La descente des gendarmes du camp commando de Koumassi a été rapide et brutale, selon des témoins. C’est à 8h12 mn qu’un camion de transport de troupes, avec à son bord une vingtaine d’éléments et un 4x4 de la gendarmerie nationale sont arrivés à la brigade de Treichville. Les officiers en mission, le lieutenant Dago et le sous-lieutenant Djè Adolphe, s’enferment dans le bureau du commandant de la brigade de Treichville, l’adjudant-chef N’guessan Bruno. Ils signifient le motif de leur présence au patron des lieux et à 9 heures précises, l’ordre est donné aux éléments de mettre les bagages des gendarmes dehors. Dix (10) familles sur les vingt-huit (28) qui occupent des appartements à la résidence Esculape, qui depuis 10 ans, qui depuis 20 ou 30 ans, reçoivent « ces visiteurs ». Portes fracassées, violences physiques, tout y est passé. Les épouses qui ne comprenaient rien dans l’attitude des collègues de leurs époux, n’avaient que leurs larmes pour pleurer, devant une telle humiliation. «Dans quel pays nous sommes ? Des gendarmes qui expulsent d’autres gendarmes devant des civils !», s’écriait une dame. Des conciliabules sont engagés et «les assaillants» mettent un terme à leur opération quelques heures plus tard, en promettant de revenir dans un mois pour terminer ce qu’ils ont commencé. Des gendarmes que nous avons rencontrés pour en savoir davantage, les uns étant en fonction et les autres à la retraite, ont relaté les faits qui remontent à plusieurs années déjà. «C’est depuis 2004 que cette affaire a commencé. A cette époque, nous avons reçu une convocation de la Direction générale des impôts qui nous invitait à nous rendre au Centre des impôts fonciers de Treichville pour payer nos impôts. Nous nous sommes rendus au lieu indiqué, mais contre toute attente, on nous annonce que nos supérieurs hiérarchiques ont appelé pour s’opposer à ce qu’on nous reçoive, parce que nous sommes dans une caserne. La résidence Esculape de la Sicogi n’est pas une caserne, parce qu’il y a des civils qui ont des appartements dans certains immeubles. C’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille et nous avons cherché à comprendre ce qui se passe, parce que nos maisons sont baillées et nous sommes prélevés à la source, à hauteur de 70.000 FCFA», expliquent-ils. Selon nos sources, des procédures sont engagées et un courrier a été adressé au conseiller spécial du président Laurent Gbagbo chargé des questions militaires, Kadet Bertin, le 7 mai 2007. Le 27 novembre 2007, la Sicogi adresse, par le biais de son huissier, Me Yézion K. Augustine, une sommation de payer valant mise en demeure au service des baux de la gendarmerie nationale. Dans ce courrier qui a été réceptionné par le MDL Badou Kouakou Sévérin, l’huissier explique que la gendarmerie est redevable à la Sicogi de la somme de plusieurs millions d’arriérés de loyers échus et impayés. La Sicogi qui entend rentrer dans ses fonds, lance un communiqué paru dans le quotidien gouvernemental Frat-mat du 31 mars 2009, dans lequel elle informe sa clientèle que les titres fonciers de certains lotissements, dont la résidence Esculape qui accueillent des gendarmes, sont en cours d’établissement. La société prie donc les acquéreurs qui n’ont pas encore signé leur acte de vente auprès des notaires, de prendre contact avec le service de Copropriété à son siège. Là encore, des blocages surgissent et les gendarmes de la brigade de Treichville ne peuvent pas être propriétaires des maisons, alors que des témoins affirment que des officiers et des civils le sont.

Pour la Patrie,
pour la Loi
«Nous sommes des gendarmes, c’est vrai, nous ne voulons pas défier l’autorité parce que notre devise « Pro Patria, Pro Lege», nous l’interdit. Nous sommes des citoyens ivoiriens et il y a une politique en cours qui dit «Un citoyen, un toit». Nous voulons que la justice soit rendue, parce que des millions de FCFA ont été détournés à notre détriment. La Sicogi a vendu les appartements de cette cité, ce qui a permis à des officiers et aux civils avec qui nous partageons le même espace vert, d’être aujourd’hui des propriétaires». Tel est le cri de cœur des gendarmes de la brigade de Treichville, qui attendent depuis des mois, de rencontrer le commandant supérieur de la gendarmerie nationale, le général de brigade Gervais Kouassi Kouakou. « C’est dans cette attente que nous sommes, jusqu’à ce que les gendarmes du camp Commando viennent pour tenter de nous déguerpir. Nous sommes dans un Etat de droit, si les grands doivent toujours écraser les plus petits, où allons-nous ? Il faut éviter ce genre de comportements qui peuvent faire naître des frustrations et conduire à des situations déplorables», ont-ils déclaré. A la question de savoir si c’était une purge à la gendarmerie nationale, suite aux événements du camp Agban, nos interlocuteurs ont rejeté tout rapprochement avec ce qui s’est passé à Agban. «Il ne faut pas mélanger les choses. Notre situation est antérieure à l’attaque d’Agban», ont-ils fait savoir.
Olivier Dion
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ