Pour un coup d’essai, les organisateurs du tournoi de la réconciliation à Guibéroua, qui a eu lieu samedi dernier, ont réalisé un véritable coup de maître. Tant la mobilisation a été totale. Les populations qui n’ont pas voulu se faire conter l’événement, sont venues des différents villages de la région pour converger vers le campement qui abrite les travailleurs de la Société agricole de l’ouest (SAO), pour assister à la finale. Du coup, la place publique où se sont déroulées les deux finales (féminine et masculine) s’est avérée petite pour accueillir la marée humaine qui s’y est rendue. Emue par cette mobilisation d’envergure à laquelle elle ne s’entendait pas, la marraine du tournoi, Mme Colette Pellaud-Lakpé, elle-même fille de la région, a appelé les uns et les autres à la réconciliation, telle que prônée par le président de la République: « (…) Ce n’était pas facile d’être là. Mais quand les jeunes sont venus me dire qu’il s’agissait d’une fête de la réconciliation, je n’ai pas hésité. La réconciliation, c’est ce qui apporte la paix, la joie, la dignité de l’homme. Nous sommes des frères et sœurs. Dieu nous a crées pour que nous vivions ensemble. (…) On doit être ensemble, on doit être frère et sœur. On doit rire ensemble (…)». Des propos fortement applaudis par les villageois qui ont d’ailleurs relevé les nombreux efforts de la marraine,en faveur de la pax et la réconciliation dans la région de Guibéroua en général et dans les villages environnants en particulier. Pour sa part, le président du Comité d’organisation de ce tournoi de la réconciliation, Oulai Albert, est revenu sur les difficultés vécues par les travailleurs de cette entreprise de production de café-cacao dans la période post-électorale: «Les travailleurs ne s’entendaient plus. Les bruits de fusil, les menaces de mort, les listes noires qui circulaient, les mercenaires aux portes de la cité, tout était réuni pour rendre l’existence des travailleurs invivable, insupportable (…) Nous avons souffert, nous avons tremblé» a-t-il rappelé, non sans émotion. «Dieu merci, les choses sont rentrées dans l’ordre» se réjouit-il. D’où l’organisation du tournoi qui a débuté le 25 septembre et dont la finale s’est jouée samedi dernier. Pour fêter l’unité retrouvée. Et le choix de ce campement situé à quelques encablures de la ville de Guibéroua, n’est pas fortuit. Il abrite, en effet, des travailleurs de diverses ethnies ivoiriennes et de diverses nationalités. Dans l’objectif de pérenniser le retour de la paix, un comité local de réconciliation a été installé. Il a été baptisé par la marraine, choisie selon les organisateurs «pour tout ce qu’elle fait pour la région du Fromager en général et de Guibéroua en particulier. Voici une femme qui n’a jamais cessé d’aider, qui est là où on parle de paix, d’amour, de partage, de réconciliation. Elle ne refuse personne et accorde un grand intérêt à la vie de l’homme». La cerise sur le gâteau? Les finales féminine et masculine qui ont apporté une note de gaieté à la cérémonie. La première a vu la victoire des ‘’Anges de Guibéroua’’ sur Niaprahio par le score de 1-0 après les tirs au but. Quant à la seconde finale, qui a opposé l’équipe de la SAO à celle de la CIB de Gagnoa, elle a été remportée par les visiteurs à l’issue tout aussi des tirs au but. Les chefs traditionnels Baoulé, Malinké, Yacouba et la présidente des femmes de la SAO ainsi que le représentant de la jeunesse Bété ont , avant la rencontre, souligné l’importance de la réconciliation.
Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Guiberoua
Yves-M. ABIET
Envoyé spécial à Guiberoua