Dans cet entretien, le Pca de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci), apporte des précisions sur l’affaire de quota.
Les mutualistes se plaignent du fait que des pharmacies ont fixé un quota journalier concernant les bons de la Mugefci et au-delà duquel elles n’en prennent plus. Dans la majorité des cas, il n’excède pas 5 bons par jour. Qu’en pensez-vous ?
S’ils sont de vrais mutualistes, c’est à la Mugefci qu’il faut qu’ils écrivent. En dénonçant les officines de pharmacie qui ne prennent pas leurs bons. Nous avons une convention avec chaque pharmacien. Les pharmaciens se sont engagés à prendre les bons. Et, nous n’avons obligé aucune pharmacie à travailler avec la Mugefci. Nous avons fait une consultation ouverte d’un appel d’offres. Ils ont répondu présents. Nous les avons agréés. S’ils ne prennent pas nos bons, nous sommes en droit de les faire sortir de nos registres. C’est donc un faux problème. Au lieu d’aller se répandre dans la presse, les mutualistes doivent nous écrire. Pour que nous voyons dans quelle pharmacie le plaignant est allé, et pourquoi ? Mais, rien n’est fait dans ce sens. D’ailleurs, nous avons mené une étude générale sur les pharmaciens agréés par nous, avec leur problème de quota.
Que révèle cette étude ?
Un grand nombre de pharmaciens n’atteigne pas le niveau de leur quota. Il y en a qui n’atteignent même pas la moitié. Nous disons que si une pharmacie a un problème de relèvement du quota, nous répondons favorablement à sa requête après une enquête sur le terrain. Nous savons que des pharmaciens achètent un certain montant précis de médicaments chez leurs grossistes. Et nous savons que leurs officines sont assez fréquentées par les mutualistes. Voyez-vous, comme la Mugefci fait aujourd’hui des excédents, il y a des personnes qui veulent en bénéficier de façon illégale.
Quel est le quota que la Mugefci a fixé aux pharmacies ?
Il n’y a pas de quota fixe. Le quota, c’est le vocabulaire des pharmaciens. Moi, je parle plutôt de montant planifié. En 2008, quand nous avons commencé véritablement notre mandat, nous avons constaté que tout le monde fraudait. La même pharmacie qui faisait avant deux millions, fait aujourd’hui 10 millions de recettes par mois. Quand nous convoquons ces pharmaciens pour qu’ils s’expliquent, c’est le silence radio. Nous sommes obligés de les remettre à leur situation antérieure. Voilà ce qu’ils appellent quota. Des pharmaciens veulent montrer que la Mugefci est en difficulté, or ce n’est pas le cas. La Mugefci n’est pas en difficulté, elle n’a pas de problème de trésorerie. Ce n’est pas non plus une raison pour laisser les gens voler l’argent des fonctionnaires. S’ils ne sont pas d’accord qu’ils démissionnent. C’est la période des élections. Les gens veulent nuire à Holland N’Da qui n’a plus de mandat.
Vous parliez tantôt de la Mugefci qui se porte bien. Sur quoi, vous fondez-vous ?
Depuis sa création en 1973, la Mugefci n’a jamais pu recouvrer 15 milliards en une année. Nous l’avons fait en 2009. Mieux, nous avons amélioré cette performance en 2010 où nous avons atteint plus de 17 milliards. Quand une entreprise fonctionne, il y a des indicateurs. Les bilans financiers que nous avons exposés sont là pour dire que ça va. En 2008, on a eu un excédent de 517 millions. En 2009, on est à 1 milliard 700 millions. Et en 2010, nous sommes à 2 milliards 100.
Comment gérez-vous ces excédents ?
Il y a 600.000 personnes qu’il faut soigner avec l’argent des fonctionnaires. Il y a 254.000 fonctionnaires qui cotisent dont 64.000 retraités. Vous savez qu’un retraité a beaucoup de maladies : il y a l’âge, la tension, le diabète. C’est là qu’il faut les aider à se soigner. Mais des gens veulent que l’argent qui est destiné à soigner les malades leur soit distribué rubis sur ongle.
Interview réalisée par Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
Yakro : pas de quota mais…
«Ça, c’est une vieille histoire ! Il y a longtemps qu’à Yamoussoukro les pharmacies privées ont cessé ce système de quota. Les 11 officines de la capitale politique servent autant de bons qu’elles en reçoivent, sauf si le produit manque. Mieux, certains pharmaciens dirigent les mutualistes vers les officines qui ont les produits demandés», explique, heureux, A. Sahoué, un instituteur à la retraite. N’empêche que certains mutualistes se plaignent de quelques désagréments. Entre autres, le mauvais accueil des malades au kiosque de la Mugefci du Chr de Yamoussoukro. «Non seulement ce monsieur ne vient pas à l’heure et, il prend tout son temps pour se décider à délivrer les bons de la mutuelle comme si c’était une aumône qu’il nous fait», se plaint A. A. Diakité, un autre enseignant à la retraite. Qui explique que pour son dernier garçon hospitalisé pour une fièvre typhoïde, il lui a été prescrit des médicaments : « d’abord, il a déclaré ne pouvoir me délivrer qu’un bon au lieu de 2 qui auraient pu supporter l’achat de tous les produits. Ensuite à la pharmacie, je découvre qu’il avait mal rempli le bon. Si bien que j’ai été obligé d’acheter les médicaments sans la remise à laquelle j’ai droit.» Pour Bernard Konan K., certains médicaments essentiels ne sont pris en compte que lorsque l’un des deux médecins-conseils du Chr contresigne le bon. «Il serait intéressant que la Mugefci crée à Yamoussoukro un dispensaire médico-fonctionnaire qui résorberait tous ces problèmes. Et pourquoi pas une pharmacie?», propose-t-il. Malgré ces récriminations, tous sont unanimes sur le fait que le gouvernement a été bien inspiré en créant la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire. «Toutefois, c’est la gestion, surtout l’animation sur place qui pose problème et qu’il faut corriger», soutient Bernard Konan.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Bouaké : Le supplice des fonctionnaires
A Bouaké, le phénomène de quota de bons de la Mugefci ne ravit pas non plus. En général, nous explique Valérie Kouadio Aya, une vendeuse en pharmacie, les pharmaciens reçoivent de la mutuelle une somme mensuelle qui varie d’une pharmacie à une autre. Et, la pharmacie prévoit le nombre de bons qu’elle peut recevoir par jour, afin de ne pas dépasser le versement mensuel que lui indique la Mugefci. «Par exemple, si la Mugefci demande à une pharmacie de prendre des bons d’une valeur d’un million par mois, elle peut prendre, selon ses calculs, cinq, six ou sept bons par jour. Quoiqu’il en soit, ce quota imposé ne ravit pas les fonctionnaires. On peut donc mourir faute de médicaments même en étant mutualiste. «Je pense que dès l’instant qu’il est prélevé quelque chose sur le salaire du fonctionnaire, avant même qu’il ne touche son rappel ou ne dispose de sa carte de mutuelle, il doit être satisfait. Pour cela, on doit lui faciliter la tâche et non lui imposer un quota», indique sous le couvert de l’anonymat, un agent du trésor. Du 1er au 15 du mois, la majorité des pharmacies de la capitale de la Paix boucle déjà leurs quotas. «Après le 15, les pharmacies ne prennent plus de bons. Cela suppose qu’on veut que le fonctionnaire tombe malade entre le 1er et le 15 du mois. Ce qui est ridicule parce qu’on ne peut pas choisir le jour où on va tomber malade», explique Ouattara Souleymane, un enseignant.
Denis Koné à Bouaké
Gagnoa : les bons ne servent à rien
Dans la cité du Fromager, les membres de la Mugefci ne sont pas en odeur de sainteté avec certaines pharmacies. Beaucoup n’arrivent pas à exploiter leurs bons. Ici, la plupart d’entre eux ignorent le nombre de bons que prennent les pharmacies par jour. Mais ils sont sûrs d’une chose, le plus souvent leurs bons sont refusés. De sorte qu’ils n’en sentent pas le bénéfice. Selon un auxiliaire en pharmacie, la Mugefci leur a imposé un certain quota de bons à ne pas dépasser vu le montant qu’elle leur verse. «Nous ne pouvons pas faire autrement. Ce sont des instructions que nous avons reçues. Une fois que le quota est atteint, nous n'acceptons plus de bons», lance un vendeur en pharmacie, préoccupé à servir les clients qui paient comptant. Cela est fait au détriment des fonctionnaires qui ne décolèrent pas. Leurs bons en main, ils parcourent souvent toutes les pharmacies sans avoir gain de cause. « Chaque fin de mois, nous sommes prélevés, pourtant, les prestations ne sont pas à la hauteur de nos attentes », regrette Jean-Claude Atsin, agent administratif. Pour certains fonctionnaires, bien qu'ils soient attachés à la Mugefci, ils préfèrent acheter directement les médicaments plutôt que d'utiliser le bon. Pour éviter d’être honnis par de nombreux désagréments dont ils sont l'objet avec l'usage du bon de la mutuelle. «Nous avons l'impression d’être prélevés gratuitement si nous ne pouvons pas jouir de nos bons», proteste un autre fonctionnaire.
Alain Kpapo à Gagnoa
Quotas imposés aux pharmacies privées Mugefci : le calvaire des mutualistes
Les agents et fonctionnaires de l’Etat ne savent plus à quel saint se vouer. Malgré le fait qu’ils soient prélevés chaque fin de mois, ils n’arrivent pas à se procurer les médicaments dont ils ont besoin dans les pharmacies agréées. Le quota imposé aux pharmacies par le Conseil d’administration de la Mugefci les en empêche.
Jeudi 20 octobre 2011. Il est 9 heures et quart quand Mme Beugré sort de la pharmacie St Michel d’Adjamé dans une colère noire. «Ce n’est pas possible. On nous fatigue trop. Quand il s’agit de faire des prélèvements sur le salaire, il n’y a aucun problème. Mais quand on doit en bénéficier en retour, il y a des tracasseries», peste-t-elle. Cette dame, dans la quarantaine, vient d’apprendre par les employés que cette pharmacie n’accepte plus les bons de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci). «On ne m’a pas donné de plus amples explications. On m’a seulement dit que la pharmacie n’acceptait pas de bons pour ce mois d’octobre. Pourtant, elle fait partie des pharmacies agréées. Que se passe-t-il ? Et, il n’y a personne pour nous avertir», s’offusque-t-elle. Elle habite Cocody et s’est rendue dans une pharmacie. Là-bas, les employés lui ont expliqué que leur officine avait déjà épuisé le quota du mois et que par conséquent, ils ne pouvaient pas lui servir les médicaments bien que son bon soit régulier. « Je ne peux que continuer à chercher. Que voulez-vous que je fasse d’autre?», répond-elle lorsque nous lui avons demandé ce qu’elle comptait faire à cet instant. Ce problème est assez récurent selon S.K., enseignant à l’université de Cocody. C’est un vrai calvaire que vivent les mutualistes. « J’habite la Riviera. Et les deux officines agréées proches de mon lieu d’habitation honorent, chacune, 10 bons dans le mois. Vous imaginez un peu ce que nous vivons», se désole-t-il.
Les mutualistes courent vers les assurances
Il poursuit : «j’achète donc les médicaments cash chaque fois qu’il y a un malade à la maison, bien que ce dernier soit un ayant-droit à la mutuelle». D’où sa tentative de quitter la mutuelle : «j’ai essayé, mais je n’ai pas pu. Je me suis rendu au siège et ceux avec qui je me suis entretenu m’ont donné un lot de papiers que je devais remplir. Ils m’ont aussi demandé des papiers que je devais fournir. J’ai compris que je n’allais jamais y arriver. Je me suis donc résigné », explique-t-il. Un autre enseignant vivant le même enfer a préféré adhérer à une assurance-maladie. Selon lui, presque tous les enseignants de son établissement (l’université de Cocody) ont une assurance qui leur permet de se soigner. «Ce sont des dépenses supplémentaires. Mais, que voulez-vous qu’on fasse?», s’interroge-t-il. Mme Véronique N. est fonctionnaire et vit à Aboisso. Malgré le fait qu’elle bénéficie du bon de la Mugefci, elle ne l’utilise pas. Elle a une assurance qu’elle utilise. Parce qu’à Aboisso, les fonctionnaires vivent le martyre pour avoir les médicaments pour se soigner. Elle note que les trois pharmacies de la ville que sont celles du Marché, de la Bia et du Sanwi ne sont pas agréées par la Mugefci. Conséquence, les fonctionnaires sont obligés de se rendre à Ayamé pour acheter leurs médicaments. «Et là-bas, la pharmacie n’accepte que dix bons par jour. Imaginez donc un peu le désarroi de ces personnes. Avec en plus le transport aller-retour qui s’élève à 1 200 Fcfa», argue-t-elle. Et elle conclut qu’«il est grand temps que la Mugefci s’occupe de ses adhérents».
Adélaide Konin
Les mutualistes se plaignent du fait que des pharmacies ont fixé un quota journalier concernant les bons de la Mugefci et au-delà duquel elles n’en prennent plus. Dans la majorité des cas, il n’excède pas 5 bons par jour. Qu’en pensez-vous ?
S’ils sont de vrais mutualistes, c’est à la Mugefci qu’il faut qu’ils écrivent. En dénonçant les officines de pharmacie qui ne prennent pas leurs bons. Nous avons une convention avec chaque pharmacien. Les pharmaciens se sont engagés à prendre les bons. Et, nous n’avons obligé aucune pharmacie à travailler avec la Mugefci. Nous avons fait une consultation ouverte d’un appel d’offres. Ils ont répondu présents. Nous les avons agréés. S’ils ne prennent pas nos bons, nous sommes en droit de les faire sortir de nos registres. C’est donc un faux problème. Au lieu d’aller se répandre dans la presse, les mutualistes doivent nous écrire. Pour que nous voyons dans quelle pharmacie le plaignant est allé, et pourquoi ? Mais, rien n’est fait dans ce sens. D’ailleurs, nous avons mené une étude générale sur les pharmaciens agréés par nous, avec leur problème de quota.
Que révèle cette étude ?
Un grand nombre de pharmaciens n’atteigne pas le niveau de leur quota. Il y en a qui n’atteignent même pas la moitié. Nous disons que si une pharmacie a un problème de relèvement du quota, nous répondons favorablement à sa requête après une enquête sur le terrain. Nous savons que des pharmaciens achètent un certain montant précis de médicaments chez leurs grossistes. Et nous savons que leurs officines sont assez fréquentées par les mutualistes. Voyez-vous, comme la Mugefci fait aujourd’hui des excédents, il y a des personnes qui veulent en bénéficier de façon illégale.
Quel est le quota que la Mugefci a fixé aux pharmacies ?
Il n’y a pas de quota fixe. Le quota, c’est le vocabulaire des pharmaciens. Moi, je parle plutôt de montant planifié. En 2008, quand nous avons commencé véritablement notre mandat, nous avons constaté que tout le monde fraudait. La même pharmacie qui faisait avant deux millions, fait aujourd’hui 10 millions de recettes par mois. Quand nous convoquons ces pharmaciens pour qu’ils s’expliquent, c’est le silence radio. Nous sommes obligés de les remettre à leur situation antérieure. Voilà ce qu’ils appellent quota. Des pharmaciens veulent montrer que la Mugefci est en difficulté, or ce n’est pas le cas. La Mugefci n’est pas en difficulté, elle n’a pas de problème de trésorerie. Ce n’est pas non plus une raison pour laisser les gens voler l’argent des fonctionnaires. S’ils ne sont pas d’accord qu’ils démissionnent. C’est la période des élections. Les gens veulent nuire à Holland N’Da qui n’a plus de mandat.
Vous parliez tantôt de la Mugefci qui se porte bien. Sur quoi, vous fondez-vous ?
Depuis sa création en 1973, la Mugefci n’a jamais pu recouvrer 15 milliards en une année. Nous l’avons fait en 2009. Mieux, nous avons amélioré cette performance en 2010 où nous avons atteint plus de 17 milliards. Quand une entreprise fonctionne, il y a des indicateurs. Les bilans financiers que nous avons exposés sont là pour dire que ça va. En 2008, on a eu un excédent de 517 millions. En 2009, on est à 1 milliard 700 millions. Et en 2010, nous sommes à 2 milliards 100.
Comment gérez-vous ces excédents ?
Il y a 600.000 personnes qu’il faut soigner avec l’argent des fonctionnaires. Il y a 254.000 fonctionnaires qui cotisent dont 64.000 retraités. Vous savez qu’un retraité a beaucoup de maladies : il y a l’âge, la tension, le diabète. C’est là qu’il faut les aider à se soigner. Mais des gens veulent que l’argent qui est destiné à soigner les malades leur soit distribué rubis sur ongle.
Interview réalisée par Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
Yakro : pas de quota mais…
«Ça, c’est une vieille histoire ! Il y a longtemps qu’à Yamoussoukro les pharmacies privées ont cessé ce système de quota. Les 11 officines de la capitale politique servent autant de bons qu’elles en reçoivent, sauf si le produit manque. Mieux, certains pharmaciens dirigent les mutualistes vers les officines qui ont les produits demandés», explique, heureux, A. Sahoué, un instituteur à la retraite. N’empêche que certains mutualistes se plaignent de quelques désagréments. Entre autres, le mauvais accueil des malades au kiosque de la Mugefci du Chr de Yamoussoukro. «Non seulement ce monsieur ne vient pas à l’heure et, il prend tout son temps pour se décider à délivrer les bons de la mutuelle comme si c’était une aumône qu’il nous fait», se plaint A. A. Diakité, un autre enseignant à la retraite. Qui explique que pour son dernier garçon hospitalisé pour une fièvre typhoïde, il lui a été prescrit des médicaments : « d’abord, il a déclaré ne pouvoir me délivrer qu’un bon au lieu de 2 qui auraient pu supporter l’achat de tous les produits. Ensuite à la pharmacie, je découvre qu’il avait mal rempli le bon. Si bien que j’ai été obligé d’acheter les médicaments sans la remise à laquelle j’ai droit.» Pour Bernard Konan K., certains médicaments essentiels ne sont pris en compte que lorsque l’un des deux médecins-conseils du Chr contresigne le bon. «Il serait intéressant que la Mugefci crée à Yamoussoukro un dispensaire médico-fonctionnaire qui résorberait tous ces problèmes. Et pourquoi pas une pharmacie?», propose-t-il. Malgré ces récriminations, tous sont unanimes sur le fait que le gouvernement a été bien inspiré en créant la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire. «Toutefois, c’est la gestion, surtout l’animation sur place qui pose problème et qu’il faut corriger», soutient Bernard Konan.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Bouaké : Le supplice des fonctionnaires
A Bouaké, le phénomène de quota de bons de la Mugefci ne ravit pas non plus. En général, nous explique Valérie Kouadio Aya, une vendeuse en pharmacie, les pharmaciens reçoivent de la mutuelle une somme mensuelle qui varie d’une pharmacie à une autre. Et, la pharmacie prévoit le nombre de bons qu’elle peut recevoir par jour, afin de ne pas dépasser le versement mensuel que lui indique la Mugefci. «Par exemple, si la Mugefci demande à une pharmacie de prendre des bons d’une valeur d’un million par mois, elle peut prendre, selon ses calculs, cinq, six ou sept bons par jour. Quoiqu’il en soit, ce quota imposé ne ravit pas les fonctionnaires. On peut donc mourir faute de médicaments même en étant mutualiste. «Je pense que dès l’instant qu’il est prélevé quelque chose sur le salaire du fonctionnaire, avant même qu’il ne touche son rappel ou ne dispose de sa carte de mutuelle, il doit être satisfait. Pour cela, on doit lui faciliter la tâche et non lui imposer un quota», indique sous le couvert de l’anonymat, un agent du trésor. Du 1er au 15 du mois, la majorité des pharmacies de la capitale de la Paix boucle déjà leurs quotas. «Après le 15, les pharmacies ne prennent plus de bons. Cela suppose qu’on veut que le fonctionnaire tombe malade entre le 1er et le 15 du mois. Ce qui est ridicule parce qu’on ne peut pas choisir le jour où on va tomber malade», explique Ouattara Souleymane, un enseignant.
Denis Koné à Bouaké
Gagnoa : les bons ne servent à rien
Dans la cité du Fromager, les membres de la Mugefci ne sont pas en odeur de sainteté avec certaines pharmacies. Beaucoup n’arrivent pas à exploiter leurs bons. Ici, la plupart d’entre eux ignorent le nombre de bons que prennent les pharmacies par jour. Mais ils sont sûrs d’une chose, le plus souvent leurs bons sont refusés. De sorte qu’ils n’en sentent pas le bénéfice. Selon un auxiliaire en pharmacie, la Mugefci leur a imposé un certain quota de bons à ne pas dépasser vu le montant qu’elle leur verse. «Nous ne pouvons pas faire autrement. Ce sont des instructions que nous avons reçues. Une fois que le quota est atteint, nous n'acceptons plus de bons», lance un vendeur en pharmacie, préoccupé à servir les clients qui paient comptant. Cela est fait au détriment des fonctionnaires qui ne décolèrent pas. Leurs bons en main, ils parcourent souvent toutes les pharmacies sans avoir gain de cause. « Chaque fin de mois, nous sommes prélevés, pourtant, les prestations ne sont pas à la hauteur de nos attentes », regrette Jean-Claude Atsin, agent administratif. Pour certains fonctionnaires, bien qu'ils soient attachés à la Mugefci, ils préfèrent acheter directement les médicaments plutôt que d'utiliser le bon. Pour éviter d’être honnis par de nombreux désagréments dont ils sont l'objet avec l'usage du bon de la mutuelle. «Nous avons l'impression d’être prélevés gratuitement si nous ne pouvons pas jouir de nos bons», proteste un autre fonctionnaire.
Alain Kpapo à Gagnoa
Quotas imposés aux pharmacies privées Mugefci : le calvaire des mutualistes
Les agents et fonctionnaires de l’Etat ne savent plus à quel saint se vouer. Malgré le fait qu’ils soient prélevés chaque fin de mois, ils n’arrivent pas à se procurer les médicaments dont ils ont besoin dans les pharmacies agréées. Le quota imposé aux pharmacies par le Conseil d’administration de la Mugefci les en empêche.
Jeudi 20 octobre 2011. Il est 9 heures et quart quand Mme Beugré sort de la pharmacie St Michel d’Adjamé dans une colère noire. «Ce n’est pas possible. On nous fatigue trop. Quand il s’agit de faire des prélèvements sur le salaire, il n’y a aucun problème. Mais quand on doit en bénéficier en retour, il y a des tracasseries», peste-t-elle. Cette dame, dans la quarantaine, vient d’apprendre par les employés que cette pharmacie n’accepte plus les bons de la Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (Mugefci). «On ne m’a pas donné de plus amples explications. On m’a seulement dit que la pharmacie n’acceptait pas de bons pour ce mois d’octobre. Pourtant, elle fait partie des pharmacies agréées. Que se passe-t-il ? Et, il n’y a personne pour nous avertir», s’offusque-t-elle. Elle habite Cocody et s’est rendue dans une pharmacie. Là-bas, les employés lui ont expliqué que leur officine avait déjà épuisé le quota du mois et que par conséquent, ils ne pouvaient pas lui servir les médicaments bien que son bon soit régulier. « Je ne peux que continuer à chercher. Que voulez-vous que je fasse d’autre?», répond-elle lorsque nous lui avons demandé ce qu’elle comptait faire à cet instant. Ce problème est assez récurent selon S.K., enseignant à l’université de Cocody. C’est un vrai calvaire que vivent les mutualistes. « J’habite la Riviera. Et les deux officines agréées proches de mon lieu d’habitation honorent, chacune, 10 bons dans le mois. Vous imaginez un peu ce que nous vivons», se désole-t-il.
Les mutualistes courent vers les assurances
Il poursuit : «j’achète donc les médicaments cash chaque fois qu’il y a un malade à la maison, bien que ce dernier soit un ayant-droit à la mutuelle». D’où sa tentative de quitter la mutuelle : «j’ai essayé, mais je n’ai pas pu. Je me suis rendu au siège et ceux avec qui je me suis entretenu m’ont donné un lot de papiers que je devais remplir. Ils m’ont aussi demandé des papiers que je devais fournir. J’ai compris que je n’allais jamais y arriver. Je me suis donc résigné », explique-t-il. Un autre enseignant vivant le même enfer a préféré adhérer à une assurance-maladie. Selon lui, presque tous les enseignants de son établissement (l’université de Cocody) ont une assurance qui leur permet de se soigner. «Ce sont des dépenses supplémentaires. Mais, que voulez-vous qu’on fasse?», s’interroge-t-il. Mme Véronique N. est fonctionnaire et vit à Aboisso. Malgré le fait qu’elle bénéficie du bon de la Mugefci, elle ne l’utilise pas. Elle a une assurance qu’elle utilise. Parce qu’à Aboisso, les fonctionnaires vivent le martyre pour avoir les médicaments pour se soigner. Elle note que les trois pharmacies de la ville que sont celles du Marché, de la Bia et du Sanwi ne sont pas agréées par la Mugefci. Conséquence, les fonctionnaires sont obligés de se rendre à Ayamé pour acheter leurs médicaments. «Et là-bas, la pharmacie n’accepte que dix bons par jour. Imaginez donc un peu le désarroi de ces personnes. Avec en plus le transport aller-retour qui s’élève à 1 200 Fcfa», argue-t-elle. Et elle conclut qu’«il est grand temps que la Mugefci s’occupe de ses adhérents».
Adélaide Konin