C’est presque un renversement de situation. Le régime d’Alassane Ouattara qui semblait pris au piège des revendications excessives de son opposition, est en train de desserrer l’étau autour de lui. En moins d’un mois, il a fait deux importantes concessions. La première concerne un léger réaménagement opéré à la Commission électorale indépendante (Cei) où un poste supplémentaire de vice-président a été taillé sur mesure pour les partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo. Arguant qu’avec la recomposition du paysage politique, ils sont désormais sous-représentés au sein de la commission centrale de l’organe électoral, les frontistes ont exigé une redistribution des cartes à la Cei. Après moultes tractations, M. Ouattara a fini par donner droit à cette exigence du Fpi en créant par ordonnance un cinquième poste de vice-président à la Cei. Un poste qui doit échoir au Fpi. En sus de cette revendication, liée au processus électoral, les partisans de Laurent Gbagbo réclamaient la remise en liberté des responsables et simples cadres du parti, placés en détention préventive dans le cadre des enquêtes post-électorales. Concomitamment aux discussions politiques engagées sur la question avec le pouvoir en place par la direction intérimaire du Fpi, les conseils des prévenus avaient saisi la justice aux fins d’obtenir cette remise en liberté. En toute indépendance, la justice vient de donner gain de cause aux cadres du Fpi en leur accordant la liberté provisoire. Cette remise en liberté qui devrait être accompagnée par un dégel des avoirs des barons de l’ancien régime, faisait partie du chapelet de revendications du Fpi avant toute participation au processus électoral en cours. Assurément, avec ces gestes que vient de faire le régime d’Alassane Ouattara, la pression change de camp. Désormais, la pression semble sur les épaules des partisans de Laurent Gbagbo, surtout la direction du Fpi. Face à l’opinion nationale et internationale qui les regarde, ils sont dans l’obligation de faire, eux aussi, des gestes apaisants. Et, pour sûr, les arguments avancés au lendemain de la remise en liberté des 20 cadres ne suffiront pas.
Marc Dossa
Marc Dossa