Son parti politique, le FPI, à la dérive. Ses compagnons, les cadres de son parti, se chamaillent. Son idéologie, l’ivoirité dans sa forme la plus objecte, a montré ses limites, dans un monde de plus en plus en mutation et une Côte d’Ivoire qui n’a pas fait exception, seul pays de l’Afrique noire à avoir épousé le vent des révolutions arabes, est désormais aux oubliettes. Tel est l’état présent de l’empire Gbagbo, appelé la Refondation que l’ancien opposant historique s’était donné pour mission d’imposer à la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo est à un carrefour, peut-être le plus important, de son existence. Etre ou ne pas être ? Comment, alors que l’on a fait massacrer plus de trois mille Ivoiriens par une sordide volonté de se maintenir au pouvoir par tous les moyens, et mis le pays sens dessus-dessous, alors que l’on est en résidence surveillée, dans l’attente angoissée d’une inculpation par le Procureur de la Cour pénale Internationale, imposer ses points de vue et surtout faire revenir son parti dans le jeu politique national ?
Le FPI, il est vrai, a été la clé de voûte de l’actualité politique ivoirienne depuis plus d’une vingtaine d’années. En dix ans de présence aux affaires, ce parti s’est bâti une solidité financière. Ses cadres, trop pressés de s’enrichir, se sont comportés en véritables rapaces. Déstructurant l’économie nationale et pillant les biens publics : grosses fortunes, châteaux, vie de pachas. Ils en ont fait voir de toutes les couleurs au peule affamé. L’avenir apparaissant radieux pour le système mis en place par Laurent Gbagbo. La suprématie du FPI pour certains, paraissait établie pour un temps illimité. Car, croyaient-ils, ses valeurs politiques domineraient, presque sans partage, l’échiquier politique national.
Décembre 2010 : c’est le début du changement total du décor politique et moral pour la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a été rejeté par ses compatriotes qui ont jugé plus crédible le programme que leur a présenté le candidat du RHDP, Alassane Ouattara. Malgré une crise postélectorale aussi violente qu’imprévisible, la vie en Côte d’Ivoire revit et la démocratie est de nouveau sur les rails. Un autre monde naît lentement, mais sûrement. Les Ivoiriens ont repris le travail, leur pays est désormais respecté. Il a repris sa place dans le concert des Nations. Peu à peu, on oublie même qu’il y a seulement six mois, le pays était au bord de l’irréparable. Son centre de gravité politique bouge et il se dirige, désormais, vers les héritiers d’Houphouët-Boigny dont la refondation voulait effacer l’image par l’anéantissement de tous ses symboles politiques.
Il s’agit là, en effet, des conséquences visibles de ce que devient sous nos yeux, l’empire Gbagbo. Le FPI croyait pouvoir exister en se victimisant, en criant à l’exclusion. Le Chef de l’Etat dont l’esprit d’ouverture, de tolérance et le sens du dialogue agacent souvent ses partisans, même parmi les plus modérés, a offert de nombreuses chances au parti de Laurent Gbagbo de revenir dans le jeu. Il n’a pas saisi la perche. Pour ce qui est de sa participation au scrutin législatif du 11 décembre prochain, la partie est terminée. En visite à Ouagadougou en fin de semaine dernière, Alassane Ouattara a tranché : « Le dossier de la négociation avec le FPI est clos, la date du 11 décembre ne sera pas reportée, nous irons aux élections et que le meilleur gagne ». Cette fermeté d’Alassane Ouattara montre clairement que le tissu de la confiance politique est déchiré. Le perdant dans cette histoire n’est ni le pouvoir, ni les partis politiques qui le soutiennent. Le FPI est, là, empêtré dans ses propres turpitudes. Pour la première fois, en effet, depuis deux décennies, les Ivoiriens verront une législature sans Laurent Gbagbo. De 1990 à 2000, l’ancien enseignant d’Histoire a eu des mandats électifs. Avec lui, beaucoup de cadres influents du FPI ont été présents au Parlement, lieu par excellence du débat politique contradictoire. C’est vrai, en 2000, le parti d’Alassane Ouattara n’était pas présent aux élections législatives et que cela ne l’a pas empêché, dix ans plus tard, de conquérir le pouvoir d’Etat. Mais comparaison n’est pas raison. Cette fois, l’Assemblée nationale, à défaut d’être monocolore, aura une forte couleur de vert et de blanc, dominantes des fanions des deux partis les plus influents du RHDP (le RDR et le PDCI). Même, s’il se trouve que des partis politiques membres de la coalition du CNRD, dont l’élection de certains membres pourrait être, à la longue, profitable au FPI comme l’a été celle des députés du groupe Solidarité de la législature 2000-2005 pour le RDR, il convient tout de même d’observer que le FPI a pris là, un risque trop gros. Quand on est groggy, par terre comme il l’est actuellement ce parti, suspendu de l’International socialiste, les cadres les plus solides en prison, certains en exil, leurs avoirs gelés, les militants désorientés après avoir été déçus, on fait, plutôt, profil bas. On arrête d’être arrogant et on rentre dans le jeu politique. Aujourd’hui, le FPI a plus besoin de la tolérance du pouvoir Ouattara que le contraire.
Ce ne sont pas les petites manœuvres de déstabilisation orchestrées ici et là avec le soutien de certains pays jaloux du succès international de la Côte d’Ivoire ces derniers mois ; ce ne sont pas, non plus, les manœuvres de chantage dont le but est de jeter le discrédit sur le processus électoral en cours qui feront que les Ivoiriens pardonneront aussi facilement les mois d’enfer que l’entêtement de Laurent Gbagbo et son gouvernement fantoche leur ont fait subir. Le FPI est largement discrédité dans l’opinion nationale et internationale à cause de ses mensonges manifestes et des fautes graves qu’il a commises. Aujourd’hui, ses dirigeants sont en panne de stratégie face à un pouvoir dont l’insolente réussite au plan social, diplomatique et économique efface les mois de galère de la Refondation. Le spectre de la déchéance totale guette Gbagbo qui devrait se retrouver dans quelques semaines, transféré à la Haye.
Scruter cette vérité en face à partir des faits, c’est admettre qu’une page s’est tournée en Côte d’Ivoire. Le pays referme le long chapitre d’un homme qui finit zéro alors qu’il aurait pu être un héro. Le chapitre d’une génération de dirigeants politiques qui ont abusé de la confiance des populations pour s’enrichir et conduire le pays vers l’hécatombe du désespoir et les profondeurs abyssales de l’horreur. La Côte d’Ivoire a ouvert une nouvelle page marquée, depuis quelques mois, par le retour des valeurs de vertus, de démocratie, de vérité et de travail. Et, à tout point de vue, elle semble s’en porter mieux. Il s’agit de comprendre que ce pays, locomotive de la sous-région, peut être sans le FPI et, bien évidemment, sans Laurent Gbagbo
PAR CHARLES SANGA
Le FPI, il est vrai, a été la clé de voûte de l’actualité politique ivoirienne depuis plus d’une vingtaine d’années. En dix ans de présence aux affaires, ce parti s’est bâti une solidité financière. Ses cadres, trop pressés de s’enrichir, se sont comportés en véritables rapaces. Déstructurant l’économie nationale et pillant les biens publics : grosses fortunes, châteaux, vie de pachas. Ils en ont fait voir de toutes les couleurs au peule affamé. L’avenir apparaissant radieux pour le système mis en place par Laurent Gbagbo. La suprématie du FPI pour certains, paraissait établie pour un temps illimité. Car, croyaient-ils, ses valeurs politiques domineraient, presque sans partage, l’échiquier politique national.
Décembre 2010 : c’est le début du changement total du décor politique et moral pour la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a été rejeté par ses compatriotes qui ont jugé plus crédible le programme que leur a présenté le candidat du RHDP, Alassane Ouattara. Malgré une crise postélectorale aussi violente qu’imprévisible, la vie en Côte d’Ivoire revit et la démocratie est de nouveau sur les rails. Un autre monde naît lentement, mais sûrement. Les Ivoiriens ont repris le travail, leur pays est désormais respecté. Il a repris sa place dans le concert des Nations. Peu à peu, on oublie même qu’il y a seulement six mois, le pays était au bord de l’irréparable. Son centre de gravité politique bouge et il se dirige, désormais, vers les héritiers d’Houphouët-Boigny dont la refondation voulait effacer l’image par l’anéantissement de tous ses symboles politiques.
Il s’agit là, en effet, des conséquences visibles de ce que devient sous nos yeux, l’empire Gbagbo. Le FPI croyait pouvoir exister en se victimisant, en criant à l’exclusion. Le Chef de l’Etat dont l’esprit d’ouverture, de tolérance et le sens du dialogue agacent souvent ses partisans, même parmi les plus modérés, a offert de nombreuses chances au parti de Laurent Gbagbo de revenir dans le jeu. Il n’a pas saisi la perche. Pour ce qui est de sa participation au scrutin législatif du 11 décembre prochain, la partie est terminée. En visite à Ouagadougou en fin de semaine dernière, Alassane Ouattara a tranché : « Le dossier de la négociation avec le FPI est clos, la date du 11 décembre ne sera pas reportée, nous irons aux élections et que le meilleur gagne ». Cette fermeté d’Alassane Ouattara montre clairement que le tissu de la confiance politique est déchiré. Le perdant dans cette histoire n’est ni le pouvoir, ni les partis politiques qui le soutiennent. Le FPI est, là, empêtré dans ses propres turpitudes. Pour la première fois, en effet, depuis deux décennies, les Ivoiriens verront une législature sans Laurent Gbagbo. De 1990 à 2000, l’ancien enseignant d’Histoire a eu des mandats électifs. Avec lui, beaucoup de cadres influents du FPI ont été présents au Parlement, lieu par excellence du débat politique contradictoire. C’est vrai, en 2000, le parti d’Alassane Ouattara n’était pas présent aux élections législatives et que cela ne l’a pas empêché, dix ans plus tard, de conquérir le pouvoir d’Etat. Mais comparaison n’est pas raison. Cette fois, l’Assemblée nationale, à défaut d’être monocolore, aura une forte couleur de vert et de blanc, dominantes des fanions des deux partis les plus influents du RHDP (le RDR et le PDCI). Même, s’il se trouve que des partis politiques membres de la coalition du CNRD, dont l’élection de certains membres pourrait être, à la longue, profitable au FPI comme l’a été celle des députés du groupe Solidarité de la législature 2000-2005 pour le RDR, il convient tout de même d’observer que le FPI a pris là, un risque trop gros. Quand on est groggy, par terre comme il l’est actuellement ce parti, suspendu de l’International socialiste, les cadres les plus solides en prison, certains en exil, leurs avoirs gelés, les militants désorientés après avoir été déçus, on fait, plutôt, profil bas. On arrête d’être arrogant et on rentre dans le jeu politique. Aujourd’hui, le FPI a plus besoin de la tolérance du pouvoir Ouattara que le contraire.
Ce ne sont pas les petites manœuvres de déstabilisation orchestrées ici et là avec le soutien de certains pays jaloux du succès international de la Côte d’Ivoire ces derniers mois ; ce ne sont pas, non plus, les manœuvres de chantage dont le but est de jeter le discrédit sur le processus électoral en cours qui feront que les Ivoiriens pardonneront aussi facilement les mois d’enfer que l’entêtement de Laurent Gbagbo et son gouvernement fantoche leur ont fait subir. Le FPI est largement discrédité dans l’opinion nationale et internationale à cause de ses mensonges manifestes et des fautes graves qu’il a commises. Aujourd’hui, ses dirigeants sont en panne de stratégie face à un pouvoir dont l’insolente réussite au plan social, diplomatique et économique efface les mois de galère de la Refondation. Le spectre de la déchéance totale guette Gbagbo qui devrait se retrouver dans quelques semaines, transféré à la Haye.
Scruter cette vérité en face à partir des faits, c’est admettre qu’une page s’est tournée en Côte d’Ivoire. Le pays referme le long chapitre d’un homme qui finit zéro alors qu’il aurait pu être un héro. Le chapitre d’une génération de dirigeants politiques qui ont abusé de la confiance des populations pour s’enrichir et conduire le pays vers l’hécatombe du désespoir et les profondeurs abyssales de l’horreur. La Côte d’Ivoire a ouvert une nouvelle page marquée, depuis quelques mois, par le retour des valeurs de vertus, de démocratie, de vérité et de travail. Et, à tout point de vue, elle semble s’en porter mieux. Il s’agit de comprendre que ce pays, locomotive de la sous-région, peut être sans le FPI et, bien évidemment, sans Laurent Gbagbo
PAR CHARLES SANGA