Tolérance zéro. Le RDR ne fera pas de cadeau aux candidats indépendants surtout pas à ceux qui, de façon déguisée, abusent de la naïveté des populations et leur font croire qu’ils sont en campagne pour le président de la République et pour le RDR, sa formation politique.
Pour le secrétaire général Amadou Soumahoro, il faut mettre les points sur les ’’i’’ et présenter les candidats du parti à la base afin d’éviter toute confusion. D’où les missions qui vont sillonner le pays à compter de ce jour jusqu’au 29 novembre prochain. Dans cette interview, celui qui a la gestion quotidienne du parti se prononce également sur la composition de la future Assemblée nationale. Selon lui, elle ne souffrira d’aucune illégitimité, même si le FPI, de façon officielle a décidé de ne pas y figurer.
Le Patriote: Vous organisez une tournée à l’intérieur du pays, à partir d’aujourd’hui jusqu’au
26 novembre prochain, à quoi répond-elle?
Amadou Soumahoro: Cette tournée répond à l’obligation du Secrétaire général que je
suis, d’aller apporter mon soutien et celui du parti aux différents candidats qui défendent
les couleurs du RDR pour les prochaines élections législatives. C’est ce qui nous amène à
sillonner le pays pour apporter le message qui est que nous devons nous mobiliser, nous
rassembler pour apporter au président de la République, la majorité des sièges à l’Assemblée Nationale. C’est donc une tournée de mobilisation des militants pour que dans la ferveur collective et la détermination, nous puissions apporter la quasi-totalité des sièges au président Ouattara pour qu’il applique son programme de gouvernement, afin qu’il respecte les engagements pris lors de la campagne. C'est-à-dire procéder aux réformes constitutionnelles et institutionnelles qu’il a promises pour moderniser la Côte d’Ivoire. Et permettre à chaque Ivoirien d’espérer en une Côte d’Ivoire nouvelle à laquelle chacun de nous aspire.
L.P. : Vous avez parlé de remobiliser vos troupes. Alors qu’est-ce qui, à votre avis, a dû les
démotiver?
A.S : Le RDR sort d’une crise postélectorale violente et difficile. Et vous savez aussi que
nos militants, depuis 1994, ont été sous le feu de l’actualité de différentes manières. Ce parti
n’a vécu durant tout ce temps, que des drames, des difficultés. Et en plus de cela, on ne nous a pas permis de savourer cette victoire méritée de l’élection du président Alassane Ouattara à la magistrature suprême du pays. Tous ces faits sont de nature à démobiliser les militants.
Et la crise postélectorale n’a pas facilité les choses. Cela a amené, logiquement, chaque
militant à prendre du recul et à observer un moment de répit. Mais, ce moment de répit, nous
ne pouvons nous le donner qu’après avoir mis à la disposition du président de la République
une majorité à l’Assemblée nationale. Alassane Ouattara est aujourd’hui président de la
République. Mais, il faut qu’il ait la totalité du pouvoir politique. C’est pourquoi, je lance
un appel à tous les militants de se remobiliser à nouveau pour que nous puissions relever cet
autre défi.
L.P. : Est-ce que dans les faits qui ont dû démobiliser les militants, il n’y a pas la manière
dont la direction du parti a procédé pour choisir certaines têtes de listes pour les élections
législatives?
A.S : Là, vous parlez de faits nouveaux. Je voudrais dire que la Direction du parti n’a pas
utilisé des faits mystérieux pour choisir les candidats. Elle s’est adressée aux départementaux, ce qui est légitime. D’autant plus que les Secrétaires départementaux en question ont été légitimement élus. Et nous avons décidé que ce soient eux qui organisent les choix en ce qui concerne les candidats. Et une fois que les militants se mettaient d’accord à la base, les choix étaient transmis à la Direction du parti. Naturellement, il y a eu des endroits où les militants ne se sont pas entendus. Et la direction du parti est là pour arbitrer.
Nous assumons ces arbitrages. Là où par exemple les responsables du parti ne se sont pas entendus à la base, l’on a eu recours aux primaires dans certaines zones. Cela a été le cas dans certaines circonscriptions du département de Katiola. Et même de ma propre région, c’est -à-dire le Worodougou. Mais, il y a aussi eu des cas où les militants ne se sont pas mis d’accord de façon transparente. Lorsque nous avons constaté cela, la Direction a pris ses responsabilités.
Tout cela pour vous dire que vous avez suivi cette période qui consistait à choisir 255
personnes sur 1135 postulants. Si les choses n’avaient pas été faites de manière transparente, imaginez le désordre que cela aurait provoqué, ainsi que les protestations. Vous avez constaté qu’après ces choix, c’est la sérénité au siège et personne ne peut vous dire qu’ il y a eu des protestations massives. Cela veut dire tout simplement que dans la majorité des cas, les règles démocratiques ont été respectées. C’est une œuvre humaine qui peut avoir ses imperfections.
Nous les regrettons. Mais, dans la grande majorité des cas, les choix de nos candidats ont
été faits conformément aux règles démocratiques et à la volonté de la base. Là où nous
sommes intervenus pour arbitrer, il était nécessaire de le faire. Nous avons donc décidé. Nous trancherons et nous assumerons ces choix. Aujourd’hui, nous sommes une direction heureuse et comblée. Parce que les militants qui ont compris font bloc autour des candidats proposés par la base et choisis par la Direction.
L.P. : Quelles consignes les délégations ont-elles reçues et qu’elles doivent faire appliquer
sur le terrain ?
A.S : Les consignes sont très claires et sans ambiguïté. Il s’agit de montrer aux populations
ivoiriennes et aux militants du RDR, les candidats légaux choisis par la Direction du Parti. Ce
sont les candidats du parti d’Alassane Ouattara. Que ce soit clair. En même temps, il s’agit
aussi d’appeler les militants à la mobilisation autour de ces candidats, afin de nous permettre
d’offrir la majorité parlementaire au président de la République. Malheureusement, ces dix
dernières années, on a enseigné aux Ivoiriens, la manipulation politique sous la refondation. Il
y a des candidats indépendants qui portent des tee-shirts à l’effigie du Président Ouattara et
qui tiennent des propos du genre : « c’est Alassane Ouattara qui nous a envoyés. C’est lui qui nous demande de battre campagne, donc nous sommes venus à la chasse et nous allons rapporter les fruits à Alassane Ouattara». Ces délégations auront pour missions de dire aux militants que les seuls candidats qui viennent en compétition au nom du RDR, le parti d’Alassane Ouattara, sont ceux qui ont été proposés par la base et choisis par la Direction. Le Président Alassane Ouattara qui est certes le président de tous les Ivoiriens, a un seul parti politique. C’est le RDR. Les seuls candidats qui défendent les couleurs du RDR, sont ceux-là que les délégations vont aller présenter aux Ivoiriens. Les candidats indépendants sont les ceux qui vont à ces élections sous les bannières qui leur sont propres. Ce n’est pas Alassane Ouattara qui les a envoyés. Comment pouvez-vous comprendre, si ce n’est pas de la manipulation, de l’escroquerie politique, qu’Alassane Ouattara, président de la République, puisse laisser les candidats de son parti pour confier sa destinée politique à des candidats indépendants? Malheureusement, la Refondation nous l’a enseigné pendant 10 ans, et certains de nos compatriotes s’adonnent à ce jeu macabre et sordide. Donc, ces délégations auront pour mission d’aller combattre résolument ces candidats indépendants. Et les mettre hors d’état de nuire de façon très engagée. Le 11 décembre au soir, s’ils gagnent – ce que je ne souhaite pas, et mon rôle est d’éviter cela – c’est un autre type de négociation qui s’engagera.
En outre, ces délégations auront pour mission de rassurer les populations pour leur dire que le meilleur programme de gouvernement que nous avons aujourd’hui, c’est celui du Président
de la République. Que le meilleur programme de société, c’est celui que, lors de la campagne
pour l’élection présidentielle 2010, le candidat Alassane Ouattara avait proposé aux Ivoiriens
en tant que candidat du RDR d’abord et du RHDP ensuite. Par conséquent, si nous avons élu Alassane Ouattara à la présidence de la République, donnons-lui les moyens de gouverner tranquillement en mettant à sa disposition la quasi-totalité des députés à l’Assemblée nationale.
L.P. : L’on constate que la plupart des délégations sont conduites par des ministres. A quoi
répond cette stratégie?
A.S. : (…) Il s’agit pour nous d’envoyer un message fort pour dire que le ministre reste un
militant, un soldat du parti. Si à tout moment, le parti a besoin de lui, il doit répondre et il
répond. Et sur ce point, je voudrais les féliciter et leur dire les encouragements du parti. Il
ne faut pas surcharger nos cadres qui ont très peu de moyens et qui sont obligés parfois de
se mettre à la disposition des candidats et du parti pour d’autres missions. Mais, vous verrez
qu’une deuxième série de délégation va sillonner le pays et cette fois-ci, ce ne seront pas des ministres.
L.P. : Le FPI a décidé de ne pas participer à ces élections. Ce qui fait déjà dire à certaines
personnes que la future Assemblée nationale sera monocolore. Est-ce que cela vous gêne?
A.S. : Cela ne me gêne pas du tout. Parce que je n’ai rien à me reprocher du fait que le FPI ne soit pas candidat. Mes premiers sentiments sont les sentiments de regrets. J’ai regretté que nos frères aient refusé d’entrer au gouvernement et de participer officiellement aux élections. Car, en réalité, ils sont candidats parce qu’en Côte d’Ivoire, nous ne sommes pas dupes. Les _ des candidats indépendants, sont des militants suscités par le FPI. Mais, allons dans le faux. En 2000, nous-mêmes avons boycotté les élections législatives. Cela n’a pas empêché l’Assemblée nationale de voter des lois et de se donner un président. Du point de vue de la conscience, je n’ai rien à me reprocher. J’ai tout fait humainement pour que nos frères du FPI soient dans la course. Le chef de l’Etat a tout fait humainement pour leur demander d’aller à ces élections. Ils ont été reçus par le Directeur du Cabinet du Président de la République.
Avant cela, je les ai moi-même reçus. Et à toutes ces occasions, nous leur avons dit de ne pas commettre l’erreur de ne pas aller aux élections. Nous l’avons fait en 2000 et nous l’avons parfois regretté. « Ne commettez pas l’erreur de ne pas aller au gouvernement », avons-nous insisté par ailleurs. Nous leur avons expliqué que c’est pour éviter ce piège que le RDR est rentré dans le gouvernement de Gbagbo Laurent. Notre participation à ce gouvernement nous a apportés beaucoup de choses. Notamment, l’expérience de la gestion gouvernementale. Et puis, quel meilleur creuset que celui du gouvernement pour défendre les intérêts auxquels on tient. Mieux, en ce qui concerne la question de la libération de Gbagbo, y a-t-il, pour le FPI, meilleur creuset pour la défendre que le gouvernement? Et pour couronner le tout, le chef de l’Etat lui-même est monté au créneau et a reçu la direction du FPI pour lui demander de rentrer au gouvernement. Les aménagements nécessaires ont même été faits, notamment la création d’une vice-présidence au niveau de la CEI. Tout ceci a été rejeté par le FPI. Que voulez-vous qu’on puisse faire d’autre? En tant que parti politique, devrons-nous nous plier en quatre pour aller les chercher? Vous me voyez à genoux pour les supplier de venir participer à cette compétition électorale? Même si je veux gagner les élections à la loyale et que par conséquent, la logique voudrait que je fasse tout pour qu’ils viennent, je ne vais tout de même pas faire à leur place ce qu’ils ont à faire. C’est pour cela que je dis que je ne me reproche rien. En tout état de cause, cette Assemblée nationale ne souffrira d’aucune illégitimité. Dans la mesure où aujourd’hui, il y a plus de 400 candidatures indépendantes en lice. Il y aura donc d’autres opinions autres que celles du RHDP. La diversité est garantie dans cette Assemblée nationale. Mais nous continuons toujours de dire à nos frères du FPI de ne pas se mettre à l’écart de la gestion du pays. Ils ont intérêt à venir avec nous pour construire la Côte d’Ivoire. Mais en même temps, leur absence, ne nous empêchera pas d’avancer.
Yves-M. ABIET
Pour le secrétaire général Amadou Soumahoro, il faut mettre les points sur les ’’i’’ et présenter les candidats du parti à la base afin d’éviter toute confusion. D’où les missions qui vont sillonner le pays à compter de ce jour jusqu’au 29 novembre prochain. Dans cette interview, celui qui a la gestion quotidienne du parti se prononce également sur la composition de la future Assemblée nationale. Selon lui, elle ne souffrira d’aucune illégitimité, même si le FPI, de façon officielle a décidé de ne pas y figurer.
Le Patriote: Vous organisez une tournée à l’intérieur du pays, à partir d’aujourd’hui jusqu’au
26 novembre prochain, à quoi répond-elle?
Amadou Soumahoro: Cette tournée répond à l’obligation du Secrétaire général que je
suis, d’aller apporter mon soutien et celui du parti aux différents candidats qui défendent
les couleurs du RDR pour les prochaines élections législatives. C’est ce qui nous amène à
sillonner le pays pour apporter le message qui est que nous devons nous mobiliser, nous
rassembler pour apporter au président de la République, la majorité des sièges à l’Assemblée Nationale. C’est donc une tournée de mobilisation des militants pour que dans la ferveur collective et la détermination, nous puissions apporter la quasi-totalité des sièges au président Ouattara pour qu’il applique son programme de gouvernement, afin qu’il respecte les engagements pris lors de la campagne. C'est-à-dire procéder aux réformes constitutionnelles et institutionnelles qu’il a promises pour moderniser la Côte d’Ivoire. Et permettre à chaque Ivoirien d’espérer en une Côte d’Ivoire nouvelle à laquelle chacun de nous aspire.
L.P. : Vous avez parlé de remobiliser vos troupes. Alors qu’est-ce qui, à votre avis, a dû les
démotiver?
A.S : Le RDR sort d’une crise postélectorale violente et difficile. Et vous savez aussi que
nos militants, depuis 1994, ont été sous le feu de l’actualité de différentes manières. Ce parti
n’a vécu durant tout ce temps, que des drames, des difficultés. Et en plus de cela, on ne nous a pas permis de savourer cette victoire méritée de l’élection du président Alassane Ouattara à la magistrature suprême du pays. Tous ces faits sont de nature à démobiliser les militants.
Et la crise postélectorale n’a pas facilité les choses. Cela a amené, logiquement, chaque
militant à prendre du recul et à observer un moment de répit. Mais, ce moment de répit, nous
ne pouvons nous le donner qu’après avoir mis à la disposition du président de la République
une majorité à l’Assemblée nationale. Alassane Ouattara est aujourd’hui président de la
République. Mais, il faut qu’il ait la totalité du pouvoir politique. C’est pourquoi, je lance
un appel à tous les militants de se remobiliser à nouveau pour que nous puissions relever cet
autre défi.
L.P. : Est-ce que dans les faits qui ont dû démobiliser les militants, il n’y a pas la manière
dont la direction du parti a procédé pour choisir certaines têtes de listes pour les élections
législatives?
A.S : Là, vous parlez de faits nouveaux. Je voudrais dire que la Direction du parti n’a pas
utilisé des faits mystérieux pour choisir les candidats. Elle s’est adressée aux départementaux, ce qui est légitime. D’autant plus que les Secrétaires départementaux en question ont été légitimement élus. Et nous avons décidé que ce soient eux qui organisent les choix en ce qui concerne les candidats. Et une fois que les militants se mettaient d’accord à la base, les choix étaient transmis à la Direction du parti. Naturellement, il y a eu des endroits où les militants ne se sont pas entendus. Et la direction du parti est là pour arbitrer.
Nous assumons ces arbitrages. Là où par exemple les responsables du parti ne se sont pas entendus à la base, l’on a eu recours aux primaires dans certaines zones. Cela a été le cas dans certaines circonscriptions du département de Katiola. Et même de ma propre région, c’est -à-dire le Worodougou. Mais, il y a aussi eu des cas où les militants ne se sont pas mis d’accord de façon transparente. Lorsque nous avons constaté cela, la Direction a pris ses responsabilités.
Tout cela pour vous dire que vous avez suivi cette période qui consistait à choisir 255
personnes sur 1135 postulants. Si les choses n’avaient pas été faites de manière transparente, imaginez le désordre que cela aurait provoqué, ainsi que les protestations. Vous avez constaté qu’après ces choix, c’est la sérénité au siège et personne ne peut vous dire qu’ il y a eu des protestations massives. Cela veut dire tout simplement que dans la majorité des cas, les règles démocratiques ont été respectées. C’est une œuvre humaine qui peut avoir ses imperfections.
Nous les regrettons. Mais, dans la grande majorité des cas, les choix de nos candidats ont
été faits conformément aux règles démocratiques et à la volonté de la base. Là où nous
sommes intervenus pour arbitrer, il était nécessaire de le faire. Nous avons donc décidé. Nous trancherons et nous assumerons ces choix. Aujourd’hui, nous sommes une direction heureuse et comblée. Parce que les militants qui ont compris font bloc autour des candidats proposés par la base et choisis par la Direction.
L.P. : Quelles consignes les délégations ont-elles reçues et qu’elles doivent faire appliquer
sur le terrain ?
A.S : Les consignes sont très claires et sans ambiguïté. Il s’agit de montrer aux populations
ivoiriennes et aux militants du RDR, les candidats légaux choisis par la Direction du Parti. Ce
sont les candidats du parti d’Alassane Ouattara. Que ce soit clair. En même temps, il s’agit
aussi d’appeler les militants à la mobilisation autour de ces candidats, afin de nous permettre
d’offrir la majorité parlementaire au président de la République. Malheureusement, ces dix
dernières années, on a enseigné aux Ivoiriens, la manipulation politique sous la refondation. Il
y a des candidats indépendants qui portent des tee-shirts à l’effigie du Président Ouattara et
qui tiennent des propos du genre : « c’est Alassane Ouattara qui nous a envoyés. C’est lui qui nous demande de battre campagne, donc nous sommes venus à la chasse et nous allons rapporter les fruits à Alassane Ouattara». Ces délégations auront pour missions de dire aux militants que les seuls candidats qui viennent en compétition au nom du RDR, le parti d’Alassane Ouattara, sont ceux qui ont été proposés par la base et choisis par la Direction. Le Président Alassane Ouattara qui est certes le président de tous les Ivoiriens, a un seul parti politique. C’est le RDR. Les seuls candidats qui défendent les couleurs du RDR, sont ceux-là que les délégations vont aller présenter aux Ivoiriens. Les candidats indépendants sont les ceux qui vont à ces élections sous les bannières qui leur sont propres. Ce n’est pas Alassane Ouattara qui les a envoyés. Comment pouvez-vous comprendre, si ce n’est pas de la manipulation, de l’escroquerie politique, qu’Alassane Ouattara, président de la République, puisse laisser les candidats de son parti pour confier sa destinée politique à des candidats indépendants? Malheureusement, la Refondation nous l’a enseigné pendant 10 ans, et certains de nos compatriotes s’adonnent à ce jeu macabre et sordide. Donc, ces délégations auront pour mission d’aller combattre résolument ces candidats indépendants. Et les mettre hors d’état de nuire de façon très engagée. Le 11 décembre au soir, s’ils gagnent – ce que je ne souhaite pas, et mon rôle est d’éviter cela – c’est un autre type de négociation qui s’engagera.
En outre, ces délégations auront pour mission de rassurer les populations pour leur dire que le meilleur programme de gouvernement que nous avons aujourd’hui, c’est celui du Président
de la République. Que le meilleur programme de société, c’est celui que, lors de la campagne
pour l’élection présidentielle 2010, le candidat Alassane Ouattara avait proposé aux Ivoiriens
en tant que candidat du RDR d’abord et du RHDP ensuite. Par conséquent, si nous avons élu Alassane Ouattara à la présidence de la République, donnons-lui les moyens de gouverner tranquillement en mettant à sa disposition la quasi-totalité des députés à l’Assemblée nationale.
L.P. : L’on constate que la plupart des délégations sont conduites par des ministres. A quoi
répond cette stratégie?
A.S. : (…) Il s’agit pour nous d’envoyer un message fort pour dire que le ministre reste un
militant, un soldat du parti. Si à tout moment, le parti a besoin de lui, il doit répondre et il
répond. Et sur ce point, je voudrais les féliciter et leur dire les encouragements du parti. Il
ne faut pas surcharger nos cadres qui ont très peu de moyens et qui sont obligés parfois de
se mettre à la disposition des candidats et du parti pour d’autres missions. Mais, vous verrez
qu’une deuxième série de délégation va sillonner le pays et cette fois-ci, ce ne seront pas des ministres.
L.P. : Le FPI a décidé de ne pas participer à ces élections. Ce qui fait déjà dire à certaines
personnes que la future Assemblée nationale sera monocolore. Est-ce que cela vous gêne?
A.S. : Cela ne me gêne pas du tout. Parce que je n’ai rien à me reprocher du fait que le FPI ne soit pas candidat. Mes premiers sentiments sont les sentiments de regrets. J’ai regretté que nos frères aient refusé d’entrer au gouvernement et de participer officiellement aux élections. Car, en réalité, ils sont candidats parce qu’en Côte d’Ivoire, nous ne sommes pas dupes. Les _ des candidats indépendants, sont des militants suscités par le FPI. Mais, allons dans le faux. En 2000, nous-mêmes avons boycotté les élections législatives. Cela n’a pas empêché l’Assemblée nationale de voter des lois et de se donner un président. Du point de vue de la conscience, je n’ai rien à me reprocher. J’ai tout fait humainement pour que nos frères du FPI soient dans la course. Le chef de l’Etat a tout fait humainement pour leur demander d’aller à ces élections. Ils ont été reçus par le Directeur du Cabinet du Président de la République.
Avant cela, je les ai moi-même reçus. Et à toutes ces occasions, nous leur avons dit de ne pas commettre l’erreur de ne pas aller aux élections. Nous l’avons fait en 2000 et nous l’avons parfois regretté. « Ne commettez pas l’erreur de ne pas aller au gouvernement », avons-nous insisté par ailleurs. Nous leur avons expliqué que c’est pour éviter ce piège que le RDR est rentré dans le gouvernement de Gbagbo Laurent. Notre participation à ce gouvernement nous a apportés beaucoup de choses. Notamment, l’expérience de la gestion gouvernementale. Et puis, quel meilleur creuset que celui du gouvernement pour défendre les intérêts auxquels on tient. Mieux, en ce qui concerne la question de la libération de Gbagbo, y a-t-il, pour le FPI, meilleur creuset pour la défendre que le gouvernement? Et pour couronner le tout, le chef de l’Etat lui-même est monté au créneau et a reçu la direction du FPI pour lui demander de rentrer au gouvernement. Les aménagements nécessaires ont même été faits, notamment la création d’une vice-présidence au niveau de la CEI. Tout ceci a été rejeté par le FPI. Que voulez-vous qu’on puisse faire d’autre? En tant que parti politique, devrons-nous nous plier en quatre pour aller les chercher? Vous me voyez à genoux pour les supplier de venir participer à cette compétition électorale? Même si je veux gagner les élections à la loyale et que par conséquent, la logique voudrait que je fasse tout pour qu’ils viennent, je ne vais tout de même pas faire à leur place ce qu’ils ont à faire. C’est pour cela que je dis que je ne me reproche rien. En tout état de cause, cette Assemblée nationale ne souffrira d’aucune illégitimité. Dans la mesure où aujourd’hui, il y a plus de 400 candidatures indépendantes en lice. Il y aura donc d’autres opinions autres que celles du RHDP. La diversité est garantie dans cette Assemblée nationale. Mais nous continuons toujours de dire à nos frères du FPI de ne pas se mettre à l’écart de la gestion du pays. Ils ont intérêt à venir avec nous pour construire la Côte d’Ivoire. Mais en même temps, leur absence, ne nous empêchera pas d’avancer.
Yves-M. ABIET