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Politique Publié le lundi 28 novembre 2011 | Le Nouveau Réveil

Lu dans «Notre Voie» du samedi et dimanche / Justin Tapé (candidat indépendant) : «En allant à l’investiture de Ouattara, le Fpi a reconnu le nouveau pouvoir. Il doit l’assumer»

Il est de ceux qui ont décidé pour diverses raisons de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide. Contre le mot d’ordre de son parti, le FPI, Justin Tapé, ex-député du parti de Laurent Gabgbo dans les circonscriptions de Liliyo et Okrouyo (Soubré), exprime ici, sans embage, ce qui l’a poussé à braver l’interdit du Fpi et repond du même coup, dans un langage franc et cru, aux radicaux de son parti.


Vous avez été élu député des circonscriptions de Liliyo et Okrouyo en décembre 2000 sous la bannière du Front populaire ivoirien (Fpi). Dix ans après, vous êtes candidat indépendant. J’ai envie de vous poser cette question : Vous tournez le dos au Front populaire ivoirien ?
Non ! Je ne pourrai jamais tourner le dos au Front populaire ivoirien, parce que j’estime que c’est l’un des meilleurs partis politiques sur l’échiquier politique national aujourd’hui. Je n’entends par tourner le dos à mon parti, cependant j’ai beaucoup de raisons d’aller en indépendant.

Et pourtant, le député du Fpi est candidat indépendant aux législatives du 11 décembre…
Aujourd’hui, il n’y a pas de bannière Fpi. Vous comprenez que je n’ai le choix que d’aller en indépendant. Avant de continuer, permettez que je salue le journal Notre Voie pour cette démarche. Parce qu’il n’y a pas deux semaines encore, je lisais un article où l’on nous traitait de prétendus militants. Je suis bel et bien militant du Fpi et membre du Comité central. Je suis un peu gêné parce qu’on va parler beaucoup du Front populaire ivoirien, ce qui ne m’arrange pas. Je l’ai indiqué tantôt, le Fpi est un grand parti. Pourquoi je vais en indépendant aux législatives ? Ce n’est pas une décision qui a été prise comme ça sur un coup de tête. Je l’ai prise en 2004. J’ai informé ma fédération, mes amis, certains collègues députés. J’ai décidé que j’irais aux législatives en indépendant si le parti ne me choisissait pas. C’était clair dans mon esprit. J’ai des raisons que je ne peux pas exposer ici. Si les structures auxquelles j’appartiens, le comité de base de Nayo, la fédération de Soubré, le Comité central m’interrogent, j’aurai beaucoup à dire. Pour l’opinion, je vais aux élections en indépendant, parce que je pense qu’il faut reconnaître, accepter et assumer notre défaite militaire. Ensuite, il faut refuser de mourir politiquement en continuant le combat à travers les débats dans les institutions comme le parlement. Toute chose qui demande qu’on enjambe le corps de nos camarades qui sont tombés : Boga, Tagro, et j’en passe. Et qu’on sape le moral de ceux qui sont en prison. Il faut également aider, soutenir et encourager les populations. Malgré les réactions de certaines personnes, je sens que les populations avaient besoin de moi.

Vous êtes candidat par rapport à votre décision de 2004 ou parce que le Fpi a été vaincu militairement ?
Je vous ai dit qu’il y a des choses que je ne peux pas dire ici.

Pourquoi ?
Parce que ce sont des choses internes au parti. Vous voulez que je dise ce que je reproche à mon parti dans un journal ? Non, pas ici ! Vous voulez que je dise ce que je reproche à mon groupe parlementaire ? Non ! Pas ici. Vous voulez que je dise ce que je reproche au Fpi ? Ce n’est pas encore le moment.

Voulez-vous dire que, jusque-là, le Fpi refuse de reconnaître Ouattara comme le nouveau chef de l’Etat ?
Bien au contraire ! J’ai dit, tout à l’heure, que le Fpi a reconnu le régime Ouattara.

Mais pourquoi dites-vous que vous voulez amener le Fpi à reconnaître sa défaite militaire?
J’ai le sentiment qu’on ne se comprend pas bien. Celui qui vous parle, c’est Justin Tapé. Ce que je dis est mon point de vue. Ça n’engage pas le Fpi. Je le répète, je suis candidat parce que je dis que nous avons été vaincus militairement et nous devons le reconnaître humblement.

A qui faites-vous allusion quand vous dites « nous »?
Je parle des électeurs qui ont voté pour moi, qui ont voté pour Laurent Gbagbo. Quelqu’un vous a frappé, il est assis sur moi- c’est la posture que j’ai actuellement-, qu’est-ce que je fais ? Je continue de l’insulter ?

Soyez plus explicite…
Le Fpi, si vous voulez, a été défait militairement. Soit il affiche le profil bas, il ne s’agit pas d’une humiliation. Il s’agit ici de faire la politique. Et, quand on fait la politique, on n’est pas carré. On négocie donc. Soit on négocie. En allant à la prestation de serment et à l’investiture de Ouattara, le Fpi a reconnu le nouveau pouvoir. Cette reconnaissance, le Fpi doit l’assumer.

Ça veut dire quoi, selon vous, assumer ?
Assumer, c’est continuer ce qui a été entamé avec le dialogue républicain. Il fallait continuer. Pourquoi, du coup, le Fpi refuse d’aller aux élections législatives ?

Estimez- vous que les conditions sécuritaires sont réunies pour des élections démocratiques et équitables ?
Oui, parce que je viens de Soubré où j’ai récemment effectué une tournée. Ma tournée a été encadrée par les forces de l’ordre. Ce que je voudrais dire, c’est que, s’il y a insécurité, il y a l’insécurité pour tout le monde. Ce ne serait pas pour le candidat Tapé seul. Et puis, est-ce que la question sécuritaire préoccupe ? Si elle préoccupait, on ne serait pas allé aux élections présidentielles.

Ne craignez-vous que les populations soient agressées comme ce fut le cas lors de la présidentielle ?
Si c’est le cas, comme vous le dites, ma candidature aura été la bienvenue. Elle permettra de savoir qu’il y a eu insécurité lors des législatives. Ce serait mieux que de rester chez moi à la maison pour dire qu’il y a eu insécurité. Le Fpi m’a appris à combattre et non à rester dans l’immobilisme.

Le Fpi exige la libération de Laurent Gbagbo et des autres détenus comme préalable à sa participation aux élections. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Disons tout de suite que la victoire a plusieurs papas. Nos candidatures ne sont pas étrangères à la libération des camarades qui ont récemment été libérés.

Vous voulez donc dire que leur libération est une décision politique ?
Ce sont des prisonniers politiques. En tant que tels, ils n’ont été libérés que sur une décision politique.

Comment le dépôt de vos candidatures a-t-il contribué à faire libérer les collaborateurs de Laurent Gbagbo ?
Il fallait qu’on pose le pas vers le régime ou que le régime pose le pas vers nous. Nous avons posé les premiers le pas.

Dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir demandé la libération de tous les détenus ?
Vous ne pouvez pas me poser une telle question. Vous savez que quand on va à des discussions, ce n’est pas toutes les revendications qui passent. On demande beaucoup pour avoir un peu. On prend ce qu’on a et la lutte continue.

Sur qui comptez-vous pour vous faire élire ?
Sur les électeurs, bien sûr.

Après ce qui s’est passé à la présidentielle, ne craignez-vous pas que les électeurs soient quelque peu réticents ?
Je suis allé sur le terrain et ils ne sont pas contents. Ils ont peur et ils ne veulent plus aller voter. Mais si nous n’allons pas aux législatives, alors nous n’allons pas aussi aux municipales et aux régionales. Parce que je ne suis pas sûr que toutes nos conditions seront remplies. Les électeurs sont apeurés, mais notre présence sur le terrain, notre engagement sur le terrain peuvent les sortir de leur torpeur. Ma candidature n’est pas une défiance au parti, mais une nécessité pour mes électeurs.

Des rumeurs font état de ce que vous auriez reçu de l’argent.
Combien ?

Certains parlent de quatre millions de francs…
C’est gênant parce que c’est faux. Mais je dois dire que, pendant onze ans, j’ai vu circuler des sacs d’argent chez nos adversaires pendant que nous croupissions dans la pauvreté. Dieu fasse que je gagne. Dieu fasse que je gagne pour que le débat ait lieu à l’intérieur du parti.
In NOTRE VOIE n°3993 du samedi 26 et dimanche 27 novembre 2011
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