Marcory Résidentiel. 14 H. Résidence du Dr Cellou Dalein Diallo. Deux bâches y sont dressées pour les militants et militantes de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée), qui devisent par petits groupes. Le Fédéral de l’UFDG Côte d’Ivoire, Dr Diallo Ibrahim nous introduit. A quelques heures de son meeting, le leader de l’UFDG accepte volontiers de nous recevoir. Cellou Dalein Diallo (CDD), revient sur les raisons de sa présence en terre ivoirienne, les causes de l’interruption du dialogue républicain dans son pays la Guinée, parle du prix à lui décerné par une ONG pour son fair-play et son attitude citoyenne lors des élections présidentielles guinéennes ; salue le sens de responsabilité des autorités ivoiriennes et invite les chefs d’Etat africains à la culture de la démocratie…Entretien.
Monsieur le Président de l’UFDG, vous êtes en terre ivoirienne dans le cadre d’une visite. A quoi répond cette démarche ?
Je suis venu d’abord remercier les militants de l’UFDG, qui massivement, avaient voté pour moi pendant l’élection présidentielle. Je n’ai pas pu le faire en raison de la situation qui prévalait dans le pays (ndlr : la Côte d’Ivoire). J’en profiterai bien entendu, pour rencontrer les personnalités ivoiriennes pour parler ensemble de l’évolution de la situation politique dans la sous-région.
Se confiant à un confrère lors d’une interview, le Président Alpha Condé a laissé entendre que vous vous opposiez au dialogue républicain par lui entamé dans votre pays. Que répondez-vous à une telle allégation ?
Je ne crois pas qu’il ait dit ça. Qu’il ait dit que je ne suis pas favorable au dialogue! Dans la mesure où depuis le mois d’avril, l’UFDG et dix-neuf autres partis politiques, réunis au sein du Collectif des Partis politiques pour la finalisation de la transition, entreprennent des démarches auprès des autorités pour que s’ouvre un dialogue autour des élections législatives qui sont attendues. Mais jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas encore fait des pas vers l’ouverture de la relance de ce dialogue. Et c je pense que c’est beaucoup plus du côté du gouvernement qu’il manque cette volonté nécessaire à l’instauration du dialogue indispensable à notre avis, pour débattre des modalités d’organisation de cette élection législative. Il est vrai que le président Condé a rencontré la classe politique, mais le dialogue politique que nous souhaitons autour des problèmes posés par l’organisation de ces législatives, n’a pas encore eu lieu. D’autant plus que les partis politiques avaient des préalables, des conditionnalités posées au gouvernement pour que celui-ci marque de manière perceptible, sa volonté d’aller au dialogue. Et jusqu’à présent, à ce que je sache, ces conditions ne sont pas encore remplies.
Quels en sont vos préalables au niveau de l’UFDG?
Aujourd’hui, toute l’opposition est d’accord sur deux préalables essentiels. A savoir, la libération de tous les détenus arrêtés à l’occasion des manifestations pacifiques qui n’étaient pas des manifestations interdites. De deux, que la CNI (ndlr : Commission Nationale Indépendante) arrête de poser certains actes et de prendre des décisions par rapport à l’organisation des élections législatives avant qu’elle ne se retrouve avec le gouvernement et la classe politique pour déterminer ensemble un calendrier pour se mettre d’accord sur les actions qui méritent d’être menées pour que cette élection soit libre, transparente et qu’elle ait lieu dans les meilleurs délais possibles.
Une ONG (Organisation Non Gouvernementale) ivoirienne du nom d’ANA (Aimons Notre Afrique), voudrait vous célébrer pour vos qualités d’homme d’Etat. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Comme tout le monde le sait, c’était effectivement fondé de contester les résultats proclamés par la Cour Suprême pour deux ou trois raisons. La première, c’est que tout observateur avisé ne pouvait pas comprendre que je perde ces élections, alors que seul sur vingt-quatre candidats j’ai totalisé 44% du suffrage exprimé au premier tour après annulation de la deuxième circonscription électorale du pays où je réalise 75 à 80%. Mais d’autre part, tout le monde sait que cette élection a eu lieu au-delà de la date légale. C’est quatre mois après le premier tour, alors que la constitution est formelle sur le fait que le deuxième tour devait avoir lieu quatorze jours après la proclamation des résultats du premier tour. Et troisièmement, tout le monde sait que j’ai écrit avant la tenue du deuxième tour aussi bien au président de la Cour Suprême qu’au président de la Transition, le président de la CNI, pour dire que je ne reconnaîtrais pas les résultats du scrutin à Sigui et à Croussa (ndlr : des localités de la Guinée), en raison du fait qu’on avait chassé dans ces circonscriptions, tous mes militants -certains ont été blessés d’autres tués et beaucoup de biens détruits- Etant donné que je n’étais plus à même d’assurer la présence de l’UFDG dans les bureaux de vote, je ne reconnaîtrais pas les résultats de ces circonscriptions. Quatrième motif, c’est que j’ai identifié des fraudes massives avec des résultats irréfutables et j’ai constitué des dossiers adressés à la Cour Suprême. Elle (ndlr : la Cour Suprême) n’a pas cru devoir les examiner. Pour ces quatre motifs, j’étais fondé à contester les résultats. J’ai évalué bien entendu les risques et les avantages d’une telle contestation, mais par la suite, j’ai préféré mettre l’intérêt de la Nation au-dessus de toutes mes ambitions personnelles. Dans la mesure où la tension de nature ethnique artificielle qu’on a créée pendant la campagne, et plus précisément à la veille du scrutin du deuxième tour, était telle que si je contestais, la Guinée sombrait dans des violences qui auraient pu déboucher sur une guerre civile. On ne sait jamais comment ça se termine. Pour ces raisons, j’ai décidé de préserver la vie des Guinéens, de mes militants et d’autres Guinéens qui se seraient retrouvés de gré ou de force dans ces violences. J’ai préféré accepter les résultats proclamés par la Cour Suprême malgré toutes les réserves que je viens d’énoncer et par rapport à la fiabilité de ces résultats. Si donc l’ONG Aimons Notre Afrique (ANA), reconnaît notre attitude comme une attitude patriotique et républicaine qui mérite d’être saluée, je ne peux que m’en réjouir car beaucoup d’hommages m’ont été rendus par rapport à cette attitude que j’ai adoptée. Monsieur le secrétaire général de l’ONU m’a adressé une belle lettre où il a salué ma stature d’homme d’Etat. Il a dit que c’était une référence non seulement pour l’Afrique mais aussi pour le reste du monde. J’ai aussi reçu un prix de l’OPAD (l’Observatoire Panafricain pour la Démocratie), dont le siège est à Lomé. J’ai reçu le Corridor de la paix par le Sénégal en raison de cette attitude qui a contribué à faire prospérer la démocratie et surtout à préserver la paix dans la sous-région. Et j’ai reçu beaucoup de lettres qui m’ont été adressées pour justement me rendre hommage. Je ne peux que me réjouir de ce qu’une ONG dirigée par des jeunes Ivoiriens, veuille apporter sa contribution à la consolidation de la démocratie et de la paix dans notre région. Je ne peux que me réjouir d’avoir été choisi par eux.
Quel message avez-vous à l’endroit des autorités ivoiriennes, ainsi que de vos militants et sympathisants résidents en Côte d’Ivoire ?
Je suis déjà très heureux des initiatives que le gouvernement ivoirien est en train de prendre sous la direction du Président Alassane Ouattara pour la réconciliation des Ivoiriens. Il s’est montré un homme d’Etat qui a le souci de la paix et de l’unité de la Côte d’Ivoire. Je pense qu’avec les propos qu’il tient, les actes qu’il pose, les politiques qu’il mène, c’est sûr que la Côte d’Ivoire va retrouver la sérénité et va avancer durablement vers une réconciliation solide et sera engagée sur la voie du développement. La Côte d’Ivoire a beaucoup d’atouts, si elle se développe, la Guinée en tirera beaucoup d’avantages d’abord parce que nous avons beaucoup de nos compatriotes qui se sentent, je crois, vraiment chez eux ici, et ils se sentiront davantage bien s’il y a la réconciliation. Parce que s’il y a la violence, s’il y a des problèmes chez les Ivoiriens, les Guinéens et les étrangers qui vivent ici payent le prix parce que nous sommes en fait, les mêmes. Lorsque des problèmes ethniques se posent ici, vous pouvez ranger les Guinéens dans une catégorie ou dans une autre! Nécessairement ils sont dès lors, perçus et traités comme appartenant à un camp ivoirien parce que nous sommes tous les mêmes (on retrouve les mêmes ethnies ici comme en Guinée). Et si les ethnies ivoiriennes ne s’entendent pas, naturellement les Guinéens qui sont là en souffriront au-delà de toutes les conséquences d’une violence dans un pays sur l’ensemble des activités économiques qui les emmènent ici. Je me réjouis des politiques menées ici pour la réconciliation et j’espère que la Côte d’Ivoire ne tardera pas à retrouver sa place dans la sous-région. Et ce sera au bénéfice des Ivoiriens, mais de toute l’Afrique de l’Ouest ! A la communauté guinéenne vivant en Côte d’Ivoire, je demande de se montrer digne de cette confiance, de cette hospitalité qu’on retrouve en Côte d’Ivoire. Je leur demande de respecter les lois et les autorités du pays et de se comporter comme de bons Africains militants de l’UFDG et leur adresse mes félicitations. Et à tous les compatriotes qui ont voté pour moi au premier ou au deuxième tour, je tiens à leur exprimer ma gratitude parce que si j’ai remporté les élections en Côte d’Ivoire c’est parce qu’au-delà des militants de l’UFDG, d’autres compatriotes qui ont cru en moi ont voté pour moi et je tiens ici, à leur dire merci pour cette confiance.
Quels conseils avez-vous à prodiguer aux chefs d’Etat africains ?
Je pense que les chefs d’Etat africains qui ont remporté des élections dans des conditions transparentes ou non, une fois installés comme Président de la République, doivent se comporter comme le Président de tous les citoyens du pays en essayant de cultiver entre tous les citoyens, l’amour, la fraternité et la solidarité, tout en essayant de combattre le tribalisme, l’ethnocentrisme et la division. Cela demande beaucoup d’efforts, mais les dirigeants ont un rôle essentiel à jouer dans la consolidation de la paix et dans la promotion de la fraternité dans un pays. Parce que le comportement des chefs d’Etat inspire les citoyens. Leurs politiques qu’elles soient déclarées ou pas, lorsqu’ils ont des pratiques malsaines, cela inspire d’autres citoyens. Parce qu’heureusement dans nos Etats, vous savez, les populations sont vulnérables. Et beaucoup de gens cherchent à obtenir la faveur des dirigeants et essayer de faire ce que les dirigeants souhaitent, même pas nécessairement ce qu’ils disent. Mais les gens sont très vigilants pour défendre leurs intérêts pour obtenir la faveur des dirigeants. Il faut que les dirigeants se montrent dignes de la fonction présidentielle et qu’ils se comportent de manière irréprochable par rapport à l’instauration de l’Etat de droit, à la réconciliation nationale et par rapport à la bonne gouvernance. Et je pense que c’est le comportement de certains chefs d’Etat qui a amené des crises dans certains pays. Mais si le chef de l’Etat se montre intraitable sur l’égalité des citoyens, sur la sécurité des citoyens, c’est-à-dire, qu’il ne se met pas à défendre un groupe contre un autre. Parce qu’une fois qu’on est élu Président de la République, on n’est plus responsable d’un parti politique ! On est responsable de tout le peuple. On doit se montrer vraiment digne de cette fonction-là en traitant tous les citoyens du pays comme ses propres militants c’est-à-dire d’éviter l’injustice, l’arbitraire et l’exclusion en faisant en sorte que la loi régisse vraiment le comportement des uns et des autres et que ce soit le seul recours pour régler les petits contentieux qui naissent entre les citoyens.
Dedi
Monsieur le Président de l’UFDG, vous êtes en terre ivoirienne dans le cadre d’une visite. A quoi répond cette démarche ?
Je suis venu d’abord remercier les militants de l’UFDG, qui massivement, avaient voté pour moi pendant l’élection présidentielle. Je n’ai pas pu le faire en raison de la situation qui prévalait dans le pays (ndlr : la Côte d’Ivoire). J’en profiterai bien entendu, pour rencontrer les personnalités ivoiriennes pour parler ensemble de l’évolution de la situation politique dans la sous-région.
Se confiant à un confrère lors d’une interview, le Président Alpha Condé a laissé entendre que vous vous opposiez au dialogue républicain par lui entamé dans votre pays. Que répondez-vous à une telle allégation ?
Je ne crois pas qu’il ait dit ça. Qu’il ait dit que je ne suis pas favorable au dialogue! Dans la mesure où depuis le mois d’avril, l’UFDG et dix-neuf autres partis politiques, réunis au sein du Collectif des Partis politiques pour la finalisation de la transition, entreprennent des démarches auprès des autorités pour que s’ouvre un dialogue autour des élections législatives qui sont attendues. Mais jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas encore fait des pas vers l’ouverture de la relance de ce dialogue. Et c je pense que c’est beaucoup plus du côté du gouvernement qu’il manque cette volonté nécessaire à l’instauration du dialogue indispensable à notre avis, pour débattre des modalités d’organisation de cette élection législative. Il est vrai que le président Condé a rencontré la classe politique, mais le dialogue politique que nous souhaitons autour des problèmes posés par l’organisation de ces législatives, n’a pas encore eu lieu. D’autant plus que les partis politiques avaient des préalables, des conditionnalités posées au gouvernement pour que celui-ci marque de manière perceptible, sa volonté d’aller au dialogue. Et jusqu’à présent, à ce que je sache, ces conditions ne sont pas encore remplies.
Quels en sont vos préalables au niveau de l’UFDG?
Aujourd’hui, toute l’opposition est d’accord sur deux préalables essentiels. A savoir, la libération de tous les détenus arrêtés à l’occasion des manifestations pacifiques qui n’étaient pas des manifestations interdites. De deux, que la CNI (ndlr : Commission Nationale Indépendante) arrête de poser certains actes et de prendre des décisions par rapport à l’organisation des élections législatives avant qu’elle ne se retrouve avec le gouvernement et la classe politique pour déterminer ensemble un calendrier pour se mettre d’accord sur les actions qui méritent d’être menées pour que cette élection soit libre, transparente et qu’elle ait lieu dans les meilleurs délais possibles.
Une ONG (Organisation Non Gouvernementale) ivoirienne du nom d’ANA (Aimons Notre Afrique), voudrait vous célébrer pour vos qualités d’homme d’Etat. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Comme tout le monde le sait, c’était effectivement fondé de contester les résultats proclamés par la Cour Suprême pour deux ou trois raisons. La première, c’est que tout observateur avisé ne pouvait pas comprendre que je perde ces élections, alors que seul sur vingt-quatre candidats j’ai totalisé 44% du suffrage exprimé au premier tour après annulation de la deuxième circonscription électorale du pays où je réalise 75 à 80%. Mais d’autre part, tout le monde sait que cette élection a eu lieu au-delà de la date légale. C’est quatre mois après le premier tour, alors que la constitution est formelle sur le fait que le deuxième tour devait avoir lieu quatorze jours après la proclamation des résultats du premier tour. Et troisièmement, tout le monde sait que j’ai écrit avant la tenue du deuxième tour aussi bien au président de la Cour Suprême qu’au président de la Transition, le président de la CNI, pour dire que je ne reconnaîtrais pas les résultats du scrutin à Sigui et à Croussa (ndlr : des localités de la Guinée), en raison du fait qu’on avait chassé dans ces circonscriptions, tous mes militants -certains ont été blessés d’autres tués et beaucoup de biens détruits- Etant donné que je n’étais plus à même d’assurer la présence de l’UFDG dans les bureaux de vote, je ne reconnaîtrais pas les résultats de ces circonscriptions. Quatrième motif, c’est que j’ai identifié des fraudes massives avec des résultats irréfutables et j’ai constitué des dossiers adressés à la Cour Suprême. Elle (ndlr : la Cour Suprême) n’a pas cru devoir les examiner. Pour ces quatre motifs, j’étais fondé à contester les résultats. J’ai évalué bien entendu les risques et les avantages d’une telle contestation, mais par la suite, j’ai préféré mettre l’intérêt de la Nation au-dessus de toutes mes ambitions personnelles. Dans la mesure où la tension de nature ethnique artificielle qu’on a créée pendant la campagne, et plus précisément à la veille du scrutin du deuxième tour, était telle que si je contestais, la Guinée sombrait dans des violences qui auraient pu déboucher sur une guerre civile. On ne sait jamais comment ça se termine. Pour ces raisons, j’ai décidé de préserver la vie des Guinéens, de mes militants et d’autres Guinéens qui se seraient retrouvés de gré ou de force dans ces violences. J’ai préféré accepter les résultats proclamés par la Cour Suprême malgré toutes les réserves que je viens d’énoncer et par rapport à la fiabilité de ces résultats. Si donc l’ONG Aimons Notre Afrique (ANA), reconnaît notre attitude comme une attitude patriotique et républicaine qui mérite d’être saluée, je ne peux que m’en réjouir car beaucoup d’hommages m’ont été rendus par rapport à cette attitude que j’ai adoptée. Monsieur le secrétaire général de l’ONU m’a adressé une belle lettre où il a salué ma stature d’homme d’Etat. Il a dit que c’était une référence non seulement pour l’Afrique mais aussi pour le reste du monde. J’ai aussi reçu un prix de l’OPAD (l’Observatoire Panafricain pour la Démocratie), dont le siège est à Lomé. J’ai reçu le Corridor de la paix par le Sénégal en raison de cette attitude qui a contribué à faire prospérer la démocratie et surtout à préserver la paix dans la sous-région. Et j’ai reçu beaucoup de lettres qui m’ont été adressées pour justement me rendre hommage. Je ne peux que me réjouir de ce qu’une ONG dirigée par des jeunes Ivoiriens, veuille apporter sa contribution à la consolidation de la démocratie et de la paix dans notre région. Je ne peux que me réjouir d’avoir été choisi par eux.
Quel message avez-vous à l’endroit des autorités ivoiriennes, ainsi que de vos militants et sympathisants résidents en Côte d’Ivoire ?
Je suis déjà très heureux des initiatives que le gouvernement ivoirien est en train de prendre sous la direction du Président Alassane Ouattara pour la réconciliation des Ivoiriens. Il s’est montré un homme d’Etat qui a le souci de la paix et de l’unité de la Côte d’Ivoire. Je pense qu’avec les propos qu’il tient, les actes qu’il pose, les politiques qu’il mène, c’est sûr que la Côte d’Ivoire va retrouver la sérénité et va avancer durablement vers une réconciliation solide et sera engagée sur la voie du développement. La Côte d’Ivoire a beaucoup d’atouts, si elle se développe, la Guinée en tirera beaucoup d’avantages d’abord parce que nous avons beaucoup de nos compatriotes qui se sentent, je crois, vraiment chez eux ici, et ils se sentiront davantage bien s’il y a la réconciliation. Parce que s’il y a la violence, s’il y a des problèmes chez les Ivoiriens, les Guinéens et les étrangers qui vivent ici payent le prix parce que nous sommes en fait, les mêmes. Lorsque des problèmes ethniques se posent ici, vous pouvez ranger les Guinéens dans une catégorie ou dans une autre! Nécessairement ils sont dès lors, perçus et traités comme appartenant à un camp ivoirien parce que nous sommes tous les mêmes (on retrouve les mêmes ethnies ici comme en Guinée). Et si les ethnies ivoiriennes ne s’entendent pas, naturellement les Guinéens qui sont là en souffriront au-delà de toutes les conséquences d’une violence dans un pays sur l’ensemble des activités économiques qui les emmènent ici. Je me réjouis des politiques menées ici pour la réconciliation et j’espère que la Côte d’Ivoire ne tardera pas à retrouver sa place dans la sous-région. Et ce sera au bénéfice des Ivoiriens, mais de toute l’Afrique de l’Ouest ! A la communauté guinéenne vivant en Côte d’Ivoire, je demande de se montrer digne de cette confiance, de cette hospitalité qu’on retrouve en Côte d’Ivoire. Je leur demande de respecter les lois et les autorités du pays et de se comporter comme de bons Africains militants de l’UFDG et leur adresse mes félicitations. Et à tous les compatriotes qui ont voté pour moi au premier ou au deuxième tour, je tiens à leur exprimer ma gratitude parce que si j’ai remporté les élections en Côte d’Ivoire c’est parce qu’au-delà des militants de l’UFDG, d’autres compatriotes qui ont cru en moi ont voté pour moi et je tiens ici, à leur dire merci pour cette confiance.
Quels conseils avez-vous à prodiguer aux chefs d’Etat africains ?
Je pense que les chefs d’Etat africains qui ont remporté des élections dans des conditions transparentes ou non, une fois installés comme Président de la République, doivent se comporter comme le Président de tous les citoyens du pays en essayant de cultiver entre tous les citoyens, l’amour, la fraternité et la solidarité, tout en essayant de combattre le tribalisme, l’ethnocentrisme et la division. Cela demande beaucoup d’efforts, mais les dirigeants ont un rôle essentiel à jouer dans la consolidation de la paix et dans la promotion de la fraternité dans un pays. Parce que le comportement des chefs d’Etat inspire les citoyens. Leurs politiques qu’elles soient déclarées ou pas, lorsqu’ils ont des pratiques malsaines, cela inspire d’autres citoyens. Parce qu’heureusement dans nos Etats, vous savez, les populations sont vulnérables. Et beaucoup de gens cherchent à obtenir la faveur des dirigeants et essayer de faire ce que les dirigeants souhaitent, même pas nécessairement ce qu’ils disent. Mais les gens sont très vigilants pour défendre leurs intérêts pour obtenir la faveur des dirigeants. Il faut que les dirigeants se montrent dignes de la fonction présidentielle et qu’ils se comportent de manière irréprochable par rapport à l’instauration de l’Etat de droit, à la réconciliation nationale et par rapport à la bonne gouvernance. Et je pense que c’est le comportement de certains chefs d’Etat qui a amené des crises dans certains pays. Mais si le chef de l’Etat se montre intraitable sur l’égalité des citoyens, sur la sécurité des citoyens, c’est-à-dire, qu’il ne se met pas à défendre un groupe contre un autre. Parce qu’une fois qu’on est élu Président de la République, on n’est plus responsable d’un parti politique ! On est responsable de tout le peuple. On doit se montrer vraiment digne de cette fonction-là en traitant tous les citoyens du pays comme ses propres militants c’est-à-dire d’éviter l’injustice, l’arbitraire et l’exclusion en faisant en sorte que la loi régisse vraiment le comportement des uns et des autres et que ce soit le seul recours pour régler les petits contentieux qui naissent entre les citoyens.
Dedi