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Politique Publié le jeudi 1 décembre 2011 | AFP

Avec Gbagbo à la CPI, la réconciliation en panne en Côte d`Ivoire

La réconciliation est en panne en Côte d`Ivoire après le transfèrement de l`ex-président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), signe que les plaies de la crise post-électorale ne sont toujours pas refermées.

Le parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), a annoncé mercredi soir qu`il suspendait sa participation à "tout processus de réconciliation". Il entend protester contre "ce véritable hold-up politico-juridique de transfèrement" de son champion.

Arrêté le 11 avril à Abidjan après avoir plongé son pays dans une crise meurtrière - 3.000 morts - en refusant de reconnaître sa défaite au scrutin de novembre 2010, l`ancien chef de l`Etat a été écroué dans la nuit de mardi à mercredi à La Haye. Il comparaîtra lundi pour la première fois devant la CPI qui le soupçonne de crimes contre l`humanité.

"De la part du FPI, c`est une position de principe qui est logique", déclare à l`AFP une source diplomatique occidentale, pour qui l`essentiel sera de voir son attitude "dans la durée".

Il n`empêche: le retrait du camp Gbagbo consacre la panne totale du processus de réconciliation politique voulu par le nouveau président Alassane Ouattara.

Le boycott des législatives du 11 décembre par le FPI, malgré l`ouverture d`un "dialogue républicain" entre les ennemis d`hier, avait déjà considérablement fragilisé la réconciliation.

Les partisans de M. Gbagbo exigeaient notamment la libération de leur mentor et des dizaines de personnalités de leur camp incarcérées depuis la fin de la crise.

L`élargissement, in extremis, de vingt personnes, toutes des seconds couteaux, n`avait pas suffi à les convaincre de participer au scrutin.

Mais de petits partis pro-Gbagbo avaient quand même décidé d`y aller.

Ceux-là ont fait machine arrière dès le transfèrement de Laurent Gbagbo.

Et maintenant? "On n`est pas tous d`accord sur la marche à suivre", confie un haut responsable de l`ex-coalition au pouvoir, pour qui son camp est partagé entre "durs", tenants d`une ligne maximaliste, et "modérés" acceptant de petits pas.

Pour la réconciliation, "c`est le pouvoir qui donnera le tempo", avec "quelques grands gestes d`apaisement" comme une libération de ténors du régime déchu, estime-t-il, ajoutant: "mais je ne crois pas que les autorités en aient envie".

Côté gouvernement, on rejette la faute sur le FPI.

Le Premier ministre Guillaume Soro est allé jusqu`à accuser le parti, par son "absence de repentance" et son refus de "concourir à lapaisement général et à la réconciliation nationale", d`avoir scellé le destin judiciaire de son chef.

Si, au sein du camp Ouattara, il n`est pas rare d`entendre certains accorder une faible importance aux retrouvailles avec les pro-Gbagbo, de nombreux responsables s`accordent à dire que la réconciliation ira de pair avec la remise sur pied du pays.

"La réconciliation ne va pas se faire par des discours", "elle dépend énormément de l`amélioration des conditions de vie des populations", juge un conseiller de M. Soro.

Mais il y en a au moins un dont la tâche, déjà ardue, s`avère dans l`immédiat particulièrement compliquée: l`ex-Premier ministre Charles Konan Banny, président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) installée par Alassane Ouattara.

Après le départ de l`ex-président, il a difficilement caché son embarras, soulignant qu`il n`avait eu de cesse de dire que la réconciliation "par définition est inclusive, c`est-à-dire qu`elle doit concerner, inclure tout le monde".

Jusqu`au tout nouveau prisonnier de La Haye? Pour M. Banny, "tous les vivants doivent participer à la réconciliation de leur pays, où qu`ils soient".

tmo/jch
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