Après les législatives, le président ivoirien Alassane Ouattara devra s`attaquer d`urgence à un chantier ultra-sensible: former une armée avec les ex-rebelles l`ayant porté au pouvoir et les forces qui furent fidèles à Laurent Gbagbo, sur fond de méfiance et de frustrations.
Après la chute de l`ex-président Gbagbo en avril au terme d`une crise de quatre mois et de deux semaines de guerre, le nouveau pouvoir a paré au plus pressé: faire reculer l`insécurité, remettre l`Etat et l`économie en marche et organiser les législatives prévues dimanche.
Mais la réforme promise d`une armée "républicaine" n`est pas venue.
C`est pour la conduire enfin que M. Ouattara devrait, sauf surprise, confirmer au poste de Premier ministre Guillaume Soro, l`ex-chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN).
Egalement ministre de la Défense, "Soro est le mieux indiqué" pour faire cette réforme "obligatoire", affirme à l`AFP l`un de ses proches.
Son projet ? Une table ronde nationale début 2012 pour en arrêter les grandes lignes, indique-t-on dans les cercles du pouvoir.
Mais le temps presse: "Rien n`avance, il n`y a pas de stratégie", se lamente un bon connaisseur du dossier. Comités, séminaires et hauts gradés français dépêchés à Abidjan n`ont pour l`instant permis d`esquisser aucune feuille de route.
La seule mesure marquante a été la promotion d`anciens chefs de la rébellion nordiste de 2002 à des postes stratégiques de l`armée, dans des unités comme le Groupement de sécurité du président de la République (GSPR), la Garde républicaine ou les toutes nouvelles Forces spéciales.
dure "osmose"
"Comme il craint les militaires qui ont été fidèles à Gbagbo, malgré l`inertie du gros de la troupe durant la crise, le pouvoir a mis en place des gardes prétoriennes", souligne un expert.
Un voisinage embarrassant: les anciens chefs FN avaient mis en coupe réglée le nord et plusieurs sont accusés de graves crimes pendant la dernière crise, qui pourraient les conduire devant la Cour pénale internationale (CPI) comme Laurent Gbagbo.
Dans un climat encore fragile, "Ouattara navigue prudemment, il a besoin de ces hommes", souligne Rinaldo Depagne, spécialiste de la Côte d`Ivoire au sein du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Mais, insiste-t-il, "c`est dur de faire une osmose" entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) de l`ère Gbagbo et ces ex-chefs rebelles, dont les hommes se livrent parfois au "brigandage" et même à des crimes dénoncés par l`ONU et les ONG.
Le gouvernement s`est engagé à intégrer dans l`armée, rebaptisée Forces républicaines (FRCI), au moins 11.000 ex-FN, qui sont d`ailleurs de facto déjà en place et la plupart du temps les seuls bien armés.
Un défi budgétaire considérable pour une armée déjà pléthorique (autour de 40.000 éléments, gendarmerie comprise, avant la crise). Et le risque de déséquilibre est grand avec l`intégration de ces hommes, essentiellement originaires du nord ("dioula").
D`autant que la méfiance et la rancune sont tenaces. Un officier de l`état-major précédent dénonce, sous couvert d`anonymat, une "chasse aux sorcières" contre les ex-FDS, dont plusieurs dizaines sont en prison.
"Dans la soi-disant nouvelle armée, les anciens rasent les murs, la peur est manifeste", lâche un capitaine.
Pour Rinaldo Depagne, "il faudrait commencer par démobiliser" un effectif supplémentaire d`environ 20.000 ex-combattants FN qui, eux, faute de qualification notamment, ne seront pas admis dans l`armée. Un autre chantier gigantesque encore au point mort.
Lors d`une récente rencontre avec le ministre des Ex-combattants, un ancien FN qui attend d`être pris en charge par un programme de réinsertion mettait en garde: "Il faut éviter de frustrer des gens qui sont habitués au maniement des armes".
tmo-ck/cpy/sba/ple
Après la chute de l`ex-président Gbagbo en avril au terme d`une crise de quatre mois et de deux semaines de guerre, le nouveau pouvoir a paré au plus pressé: faire reculer l`insécurité, remettre l`Etat et l`économie en marche et organiser les législatives prévues dimanche.
Mais la réforme promise d`une armée "républicaine" n`est pas venue.
C`est pour la conduire enfin que M. Ouattara devrait, sauf surprise, confirmer au poste de Premier ministre Guillaume Soro, l`ex-chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN).
Egalement ministre de la Défense, "Soro est le mieux indiqué" pour faire cette réforme "obligatoire", affirme à l`AFP l`un de ses proches.
Son projet ? Une table ronde nationale début 2012 pour en arrêter les grandes lignes, indique-t-on dans les cercles du pouvoir.
Mais le temps presse: "Rien n`avance, il n`y a pas de stratégie", se lamente un bon connaisseur du dossier. Comités, séminaires et hauts gradés français dépêchés à Abidjan n`ont pour l`instant permis d`esquisser aucune feuille de route.
La seule mesure marquante a été la promotion d`anciens chefs de la rébellion nordiste de 2002 à des postes stratégiques de l`armée, dans des unités comme le Groupement de sécurité du président de la République (GSPR), la Garde républicaine ou les toutes nouvelles Forces spéciales.
dure "osmose"
"Comme il craint les militaires qui ont été fidèles à Gbagbo, malgré l`inertie du gros de la troupe durant la crise, le pouvoir a mis en place des gardes prétoriennes", souligne un expert.
Un voisinage embarrassant: les anciens chefs FN avaient mis en coupe réglée le nord et plusieurs sont accusés de graves crimes pendant la dernière crise, qui pourraient les conduire devant la Cour pénale internationale (CPI) comme Laurent Gbagbo.
Dans un climat encore fragile, "Ouattara navigue prudemment, il a besoin de ces hommes", souligne Rinaldo Depagne, spécialiste de la Côte d`Ivoire au sein du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Mais, insiste-t-il, "c`est dur de faire une osmose" entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) de l`ère Gbagbo et ces ex-chefs rebelles, dont les hommes se livrent parfois au "brigandage" et même à des crimes dénoncés par l`ONU et les ONG.
Le gouvernement s`est engagé à intégrer dans l`armée, rebaptisée Forces républicaines (FRCI), au moins 11.000 ex-FN, qui sont d`ailleurs de facto déjà en place et la plupart du temps les seuls bien armés.
Un défi budgétaire considérable pour une armée déjà pléthorique (autour de 40.000 éléments, gendarmerie comprise, avant la crise). Et le risque de déséquilibre est grand avec l`intégration de ces hommes, essentiellement originaires du nord ("dioula").
D`autant que la méfiance et la rancune sont tenaces. Un officier de l`état-major précédent dénonce, sous couvert d`anonymat, une "chasse aux sorcières" contre les ex-FDS, dont plusieurs dizaines sont en prison.
"Dans la soi-disant nouvelle armée, les anciens rasent les murs, la peur est manifeste", lâche un capitaine.
Pour Rinaldo Depagne, "il faudrait commencer par démobiliser" un effectif supplémentaire d`environ 20.000 ex-combattants FN qui, eux, faute de qualification notamment, ne seront pas admis dans l`armée. Un autre chantier gigantesque encore au point mort.
Lors d`une récente rencontre avec le ministre des Ex-combattants, un ancien FN qui attend d`être pris en charge par un programme de réinsertion mettait en garde: "Il faut éviter de frustrer des gens qui sont habitués au maniement des armes".
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