« La politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment ». C’est par ce dicton, que Gervais Coulibaly, ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, a symboliquement rompu les amarres avec ses amis du Cnrd et de Lmp. Au cours d’une conférence de presse, qu’il a organisée hier à Cocody, le président du Cap-Udd, entouré plusieurs autres partis du Cnrd, a prononcé un véritable discours de rupture avec ses amis de l’ex-camp présidentiel. Ci-dessous de larges extraits de son intervention.
« On n’est pas obligé de tout bloquer pour se faire entendre »
(…) Ma vision de la politique se fonde sur le principe de privilégier la voie du dialogue et de la négociation. Notre objectif étant qu’il faut normaliser la vie politique en Côte d’Ivoire, nous disons qu’l faut privilégier le ‘‘Asseyons-nous et discutons’’ qu’a toujours prôné le président Gbagbo qui comporte de nombreux avantages. Nous proposons donc à la Côte d’Ivoire de faire l’économie de la belligérance pour commencer à discuter. Les discussions peuvent être houleuses et parfois longues, mais il faut discuter, il faut parler, il faut entrer chacun en soi si tant est que l’objectif poursuivi, c’est le bien-être des populations, discuter est la seule voie qui peut nous permettre de nous en sortir. A l’issue de élections législatives que nous venons de faire, le peuple ivoirien a envoyé un message très fort aux politiques. Il faudra lire ce message à sa juste valeur. A chaud, on peut dire que le peuple ivoirien tire la sonnette d’alarme et interpelle les hommes politiques pour dire que trop, c’est trop ! C’est ce message qu’il faut entendre et il interpelle tant ceux qui sont au pouvoir que ceux qui sont dans l’opposition. C’est une sanction qui est donnée tous les jusqu’au-boutistes, à tous les extrémistes de la vie politique ivoirienne. Je demande aux hommes politiques que nous sommes de ne pas entendre autre chose que ce message. Que personne ne cherche à se prévaloir de ce faible taux de participation, tant ceux qui sont au pouvoir que ceux qui sont dans l’opposition. Car si ce n’était que parce qu’on avait décidé de boycotter, comment expliquer que dans des quartiers qui sont réputés être des bastions du parti au pouvoir, comme Koweit, Port-Bouët II, le taux d’abstention soit aussi faible ? C’est ce message que j’ai perçu que je veux partager avec tous nos camarades. J’ai décidé avec tous ceux qui voudront bien nous accompagner d’entendre ce que le peuple est en train de nous dire. Le peuple nous demande de nous asseoir et de nous parler pour régler nos problèmes. Autrement, le peuple nous dit, comme cela se dit à Yopougon, « Nous ne sommes plus avec vous dans ça ». C’est ce que je voudrais qu’on retienne et c’est ce que chacun doit retenir parce que retenir autre chose, c’est faire fausse route. Nous disons aussi que nous acceptons le leadership d’une opposition qui a compris cela et qui accepte de marcher dans la voie du dialogue et de la discussion. S’il faut s’humilier pour que le peuple ait la paix, humilions-nous. Je suis convaincu qu’on peut s’opposer, dénoncer tout ce qu’on a à dénoncer avec courtoisie et nous dénoncerons tous les travers toutefois que le bien-être du peuple sera menacé. Les deux sont possibles. On n’est pas obligé de casser ou de bloquer tout pour se faire entendre. Pourquoi ne pas utiliser les instruments de notre culture africaine parce qu’en Afrique, on discute. J’invite donc le pouvoir à discuter. Les extrémistes ont eu leur heure de gloire, mettons-nous ensemble pour leur barrer la route. Le jusqu’au-boutisme ne nous a rien donné. Nous finirons dans un an ou deux par finir par nous asseoir pour discuter. Ça s’est passé en Afrique du Sud où les frères ennemis ont fini par s’asseoir et discuter après tant d’années de gaspillage. Tirons les leçons de tout cela. Je propose donc une opposition ferme, mais responsable (...) Arrêtons de nous taper la poitrine. Cela ne nous servira à rien. Notre participation aux élections législatives aura permis l’apaisement de la vie politique en Côte d’Ivoire et de garder la porte ouverte à la discussion. Depuis hier, nous avons repris contact avec le gouvernement et nous allons recommencer les discussions et bientôt on verra encore les fruits de ces négociations. Certains ivoiriens bénéficieront d’une liberté et d’autres auront le bonheur, auront la possibilité d’avoir accès à leurs comptes. Nous sommes prêts à prendre ce chemin quel que soit ce que cela va nous coûter.
« Il y a de la mauvaise foi au Cnrd »
Le Cnrd est une alliance de partis politiques qui soutenaient le président Gbagbo pour l’aider à reconquérir le pouvoir et à aider les institutions de la République qui avaient été attaquées à résister. Il y a eu ensuite La majorité présidentielle qui est née à la suite du Cnrd. Mais après la crise postélectorale, Lmp n’a plus sa raison d’être puisque le président Gbagbo n’est plus au palais. Il a fallu donc retourner au Cnrd pour avoir un outil pour lutter dans un contexte bien précis. Quand nous avons créé notre parti, nous avons écris au Cnrd pour lui dire que nous nous inscrivons dans le cadre de sa lutte. Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu de suite. Néanmoins, on nous a invités à assister à toutes les réunions. On a associé aux négociations et on nous a envoyé en mission. On nous a même proposé la nomination au poste de vice-président du Cnrd. Nous sommes un ensemble de partis où chacun garde son autonomie. Tant qu’on est d’accord sur l’objectif et la démarche à suivre, on reste ensemble. Nous sommes en politique et quand nos intérêts deviennent divergents, on peut se séparer. Au sein du Cnrd, aucun parti n’est au-dessus de l’autre. Si deux ou cinq partis disent qu’on doit discuter, il faut discuter. Nous sommes un groupement de partis issus du Cnrd. Qu’on dise que les postions de Gervais Coulibaly qui est vice-président du Cnrd ne nous correspondent pas, que dira-t-on du Mnc de Kabran Appiah, de l’Udcy de Mel Eg Théodore qui sont membres fondateurs du Cnrd ? Pourquoi quand on parle, on oublie royalement le Mnc et l’Udcy ? C’est simplement de la mauvaise foi qui est la chose la mieux partagée en politique. Je voudrais dire qu’on entre librement et on sort librement d’un regroupement politique. Personne ne peut aller s’incruster dans un mouvement où les gens disent qu’ils n’ont plus besoin de vous. Dans les statuts de mon parti, il n’est écrit nulle part que je suis membre du Cnrd. Au lieu de me reprocher de parler au nom du Cnrd, qu’on me dise si ce que je dis est bon ou mauvais. Que le Cap-Udd soit membre ou non du Cnrd, cela ne changera rien ! Nous continuerons notre marche et nous continuerons de faire ce que nous avons à faire. Je le dis parce que je parle tous les jours avec Kabran Appiah et avec Mel Eg Théodore. Si nous ne sommes pas d’accord, nous dirons que nous ne sommes pas d’accord. Si nous avons des décisions à prendre, nous prendrons les décisions qui sont bonnes pour nos partis. Si ça n’arrange pas un parti avec lequel nous sommes amis, on ne se sépare pas. Si on est d’accord sur un autre point, on se retrouve. C’est comme ça en politique. Il n’y a pas d’alliance définitive, il n’y a pas de rupture définitive. Je répète que la politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment.
Gbagbo a été trompé !
Je n’ai pas encore eu l’avantage de parler directement au président Gbagbo. Mais cela ne saurait tarder. C’est vrai que nous étions très préoccupés par la réalité du moment ; mais nous aurons l’occasion de lui parler. Je vais rencontrer le président Laurent Gbagbo, je parlerai et je discuterai avec lui parce qu’à La Haye, il peut recevoir des visites. J’entends son avis par d’autres voix, mais je sais comment mon patron parle. Quand il veut, il parle et je sais comment il parle. Je continue dans la voie du dialogue qu’il ne peut pas ne pas approuver. Ce n’est pas possible ! Le Laurent Gbagbo que je connais avec qui j’ai travaillé pendant quatre ans et que j’ai accepté de suivre ne peut pas refuser la voie du dialogue. Ce n’est pas possible ! Dans ce cas, ce n’est pas Laurent Gbagbo. Je suis donc tranquille parce que je sais qu’il apprécie qu’on discute. Sinon, il n’aurait jamais dit asseyons-nous et discutons.
Nous n’allons pas tout arrêter parce que Gbagbo a été transféré
Je pense que c’est une grosse erreur d’avoir transféré Laurent Gbagbo à La Haye. J’ai protesté en retirant ma candidature et le monde entier en a rendu compte. C’est parce que nous l’avons fait qu’il y a eu discussion, nous avons discuté et nous avons eu de nouvelles choses qu’on va voir les jours qui viennent. C’est ça la politique. Sur la table de négociation, on donne et on reçoit. J’ai coutume de dire que la vérité n’est jamais à une extrémité, qu’elle soit à droite ou à gauche. La vérité est toujours vers le centre. C’est vrai que la réconciliation a pris un grand coup après le transfèrement de Laurent Gbagbo, mais allons-nous arrêter là ? Il faut trouver les voies et moyens pour pouvoir agir. Est-ce en organisant des meetings, en marchant ou en allant nous arrêter devant la prison de La Haye ou est-ce en discutant? Il y a peut-être une possibilité en discutant avec les grands de ce monde, ce qui n’est pas impossible, mais pour cela il faut en avoir la qualité et je pense qu’une de ces qualités, c’était d’être parlementaire. Dans le monde moderne, on respecte les représentants du peuple. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons insisté, les camarades et moi à aller à ces législatives pour faire entendre notre voix et notre part de vérité. Nous avons dit que nous allons résister par la démocratie, alors donnons-nous les moyens démocratiques de résister.
Je ne discuterai plus avec le Fpi !
J’irai aux élections municipales. Nous irons à toutes les autres élections, mes camarades et moi, parce que c’est comme ça qu’on construit la démocratie, pas autrement. Convaincre mes camarades du Fpi et du Cnrd d’aller à ces élections est une autre affaire. Je les respecte et je sais que c’est des gens qui respectent leurs engagements. Ils ont pris une voie et les connaissant, même si je vais vers eux pour les convaincre, je suis sûr qu’ils ne m’entendront pas. Je vais aller leur exprimer la nécessité d’aller aux élections, mais je sais qu’ils n’iront pas. Quand on dit qu’on ne va pas à une élection pour légitimer un pouvoir et que c’est ce même pouvoir qui est là, pourquoi vais-je me fatiguer pour tenter de les convaincre pour aller légitimer un pouvoir ? Je sais qu’ils respectent toujours leur parole, ce n’est même pas la peine. Je ne vais pas me fatiguer à aller discuter avec eux. Ils n’iront à aucune élection. Le Fpi et le Cnrd sont logiques, ils n’iront à aucune élection. Sinon comment vont-ils justifier leur position ? Après avoir refusé d’aller aux législatives pour légitimer le pouvoir Ouattara, comment vont-ils annoncer leur participation aux municipales qui va davantage légitimer ce pouvoir ? Nous ne devrions pas rater les élections législatives qui sont des élections politiques. Je ne vais donc pas me donner une mission qui est vouée à l’échec dès le départ.
Propos recueillis par Kra Bernard
« On n’est pas obligé de tout bloquer pour se faire entendre »
(…) Ma vision de la politique se fonde sur le principe de privilégier la voie du dialogue et de la négociation. Notre objectif étant qu’il faut normaliser la vie politique en Côte d’Ivoire, nous disons qu’l faut privilégier le ‘‘Asseyons-nous et discutons’’ qu’a toujours prôné le président Gbagbo qui comporte de nombreux avantages. Nous proposons donc à la Côte d’Ivoire de faire l’économie de la belligérance pour commencer à discuter. Les discussions peuvent être houleuses et parfois longues, mais il faut discuter, il faut parler, il faut entrer chacun en soi si tant est que l’objectif poursuivi, c’est le bien-être des populations, discuter est la seule voie qui peut nous permettre de nous en sortir. A l’issue de élections législatives que nous venons de faire, le peuple ivoirien a envoyé un message très fort aux politiques. Il faudra lire ce message à sa juste valeur. A chaud, on peut dire que le peuple ivoirien tire la sonnette d’alarme et interpelle les hommes politiques pour dire que trop, c’est trop ! C’est ce message qu’il faut entendre et il interpelle tant ceux qui sont au pouvoir que ceux qui sont dans l’opposition. C’est une sanction qui est donnée tous les jusqu’au-boutistes, à tous les extrémistes de la vie politique ivoirienne. Je demande aux hommes politiques que nous sommes de ne pas entendre autre chose que ce message. Que personne ne cherche à se prévaloir de ce faible taux de participation, tant ceux qui sont au pouvoir que ceux qui sont dans l’opposition. Car si ce n’était que parce qu’on avait décidé de boycotter, comment expliquer que dans des quartiers qui sont réputés être des bastions du parti au pouvoir, comme Koweit, Port-Bouët II, le taux d’abstention soit aussi faible ? C’est ce message que j’ai perçu que je veux partager avec tous nos camarades. J’ai décidé avec tous ceux qui voudront bien nous accompagner d’entendre ce que le peuple est en train de nous dire. Le peuple nous demande de nous asseoir et de nous parler pour régler nos problèmes. Autrement, le peuple nous dit, comme cela se dit à Yopougon, « Nous ne sommes plus avec vous dans ça ». C’est ce que je voudrais qu’on retienne et c’est ce que chacun doit retenir parce que retenir autre chose, c’est faire fausse route. Nous disons aussi que nous acceptons le leadership d’une opposition qui a compris cela et qui accepte de marcher dans la voie du dialogue et de la discussion. S’il faut s’humilier pour que le peuple ait la paix, humilions-nous. Je suis convaincu qu’on peut s’opposer, dénoncer tout ce qu’on a à dénoncer avec courtoisie et nous dénoncerons tous les travers toutefois que le bien-être du peuple sera menacé. Les deux sont possibles. On n’est pas obligé de casser ou de bloquer tout pour se faire entendre. Pourquoi ne pas utiliser les instruments de notre culture africaine parce qu’en Afrique, on discute. J’invite donc le pouvoir à discuter. Les extrémistes ont eu leur heure de gloire, mettons-nous ensemble pour leur barrer la route. Le jusqu’au-boutisme ne nous a rien donné. Nous finirons dans un an ou deux par finir par nous asseoir pour discuter. Ça s’est passé en Afrique du Sud où les frères ennemis ont fini par s’asseoir et discuter après tant d’années de gaspillage. Tirons les leçons de tout cela. Je propose donc une opposition ferme, mais responsable (...) Arrêtons de nous taper la poitrine. Cela ne nous servira à rien. Notre participation aux élections législatives aura permis l’apaisement de la vie politique en Côte d’Ivoire et de garder la porte ouverte à la discussion. Depuis hier, nous avons repris contact avec le gouvernement et nous allons recommencer les discussions et bientôt on verra encore les fruits de ces négociations. Certains ivoiriens bénéficieront d’une liberté et d’autres auront le bonheur, auront la possibilité d’avoir accès à leurs comptes. Nous sommes prêts à prendre ce chemin quel que soit ce que cela va nous coûter.
« Il y a de la mauvaise foi au Cnrd »
Le Cnrd est une alliance de partis politiques qui soutenaient le président Gbagbo pour l’aider à reconquérir le pouvoir et à aider les institutions de la République qui avaient été attaquées à résister. Il y a eu ensuite La majorité présidentielle qui est née à la suite du Cnrd. Mais après la crise postélectorale, Lmp n’a plus sa raison d’être puisque le président Gbagbo n’est plus au palais. Il a fallu donc retourner au Cnrd pour avoir un outil pour lutter dans un contexte bien précis. Quand nous avons créé notre parti, nous avons écris au Cnrd pour lui dire que nous nous inscrivons dans le cadre de sa lutte. Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu de suite. Néanmoins, on nous a invités à assister à toutes les réunions. On a associé aux négociations et on nous a envoyé en mission. On nous a même proposé la nomination au poste de vice-président du Cnrd. Nous sommes un ensemble de partis où chacun garde son autonomie. Tant qu’on est d’accord sur l’objectif et la démarche à suivre, on reste ensemble. Nous sommes en politique et quand nos intérêts deviennent divergents, on peut se séparer. Au sein du Cnrd, aucun parti n’est au-dessus de l’autre. Si deux ou cinq partis disent qu’on doit discuter, il faut discuter. Nous sommes un groupement de partis issus du Cnrd. Qu’on dise que les postions de Gervais Coulibaly qui est vice-président du Cnrd ne nous correspondent pas, que dira-t-on du Mnc de Kabran Appiah, de l’Udcy de Mel Eg Théodore qui sont membres fondateurs du Cnrd ? Pourquoi quand on parle, on oublie royalement le Mnc et l’Udcy ? C’est simplement de la mauvaise foi qui est la chose la mieux partagée en politique. Je voudrais dire qu’on entre librement et on sort librement d’un regroupement politique. Personne ne peut aller s’incruster dans un mouvement où les gens disent qu’ils n’ont plus besoin de vous. Dans les statuts de mon parti, il n’est écrit nulle part que je suis membre du Cnrd. Au lieu de me reprocher de parler au nom du Cnrd, qu’on me dise si ce que je dis est bon ou mauvais. Que le Cap-Udd soit membre ou non du Cnrd, cela ne changera rien ! Nous continuerons notre marche et nous continuerons de faire ce que nous avons à faire. Je le dis parce que je parle tous les jours avec Kabran Appiah et avec Mel Eg Théodore. Si nous ne sommes pas d’accord, nous dirons que nous ne sommes pas d’accord. Si nous avons des décisions à prendre, nous prendrons les décisions qui sont bonnes pour nos partis. Si ça n’arrange pas un parti avec lequel nous sommes amis, on ne se sépare pas. Si on est d’accord sur un autre point, on se retrouve. C’est comme ça en politique. Il n’y a pas d’alliance définitive, il n’y a pas de rupture définitive. Je répète que la politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment.
Gbagbo a été trompé !
Je n’ai pas encore eu l’avantage de parler directement au président Gbagbo. Mais cela ne saurait tarder. C’est vrai que nous étions très préoccupés par la réalité du moment ; mais nous aurons l’occasion de lui parler. Je vais rencontrer le président Laurent Gbagbo, je parlerai et je discuterai avec lui parce qu’à La Haye, il peut recevoir des visites. J’entends son avis par d’autres voix, mais je sais comment mon patron parle. Quand il veut, il parle et je sais comment il parle. Je continue dans la voie du dialogue qu’il ne peut pas ne pas approuver. Ce n’est pas possible ! Le Laurent Gbagbo que je connais avec qui j’ai travaillé pendant quatre ans et que j’ai accepté de suivre ne peut pas refuser la voie du dialogue. Ce n’est pas possible ! Dans ce cas, ce n’est pas Laurent Gbagbo. Je suis donc tranquille parce que je sais qu’il apprécie qu’on discute. Sinon, il n’aurait jamais dit asseyons-nous et discutons.
Nous n’allons pas tout arrêter parce que Gbagbo a été transféré
Je pense que c’est une grosse erreur d’avoir transféré Laurent Gbagbo à La Haye. J’ai protesté en retirant ma candidature et le monde entier en a rendu compte. C’est parce que nous l’avons fait qu’il y a eu discussion, nous avons discuté et nous avons eu de nouvelles choses qu’on va voir les jours qui viennent. C’est ça la politique. Sur la table de négociation, on donne et on reçoit. J’ai coutume de dire que la vérité n’est jamais à une extrémité, qu’elle soit à droite ou à gauche. La vérité est toujours vers le centre. C’est vrai que la réconciliation a pris un grand coup après le transfèrement de Laurent Gbagbo, mais allons-nous arrêter là ? Il faut trouver les voies et moyens pour pouvoir agir. Est-ce en organisant des meetings, en marchant ou en allant nous arrêter devant la prison de La Haye ou est-ce en discutant? Il y a peut-être une possibilité en discutant avec les grands de ce monde, ce qui n’est pas impossible, mais pour cela il faut en avoir la qualité et je pense qu’une de ces qualités, c’était d’être parlementaire. Dans le monde moderne, on respecte les représentants du peuple. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons insisté, les camarades et moi à aller à ces législatives pour faire entendre notre voix et notre part de vérité. Nous avons dit que nous allons résister par la démocratie, alors donnons-nous les moyens démocratiques de résister.
Je ne discuterai plus avec le Fpi !
J’irai aux élections municipales. Nous irons à toutes les autres élections, mes camarades et moi, parce que c’est comme ça qu’on construit la démocratie, pas autrement. Convaincre mes camarades du Fpi et du Cnrd d’aller à ces élections est une autre affaire. Je les respecte et je sais que c’est des gens qui respectent leurs engagements. Ils ont pris une voie et les connaissant, même si je vais vers eux pour les convaincre, je suis sûr qu’ils ne m’entendront pas. Je vais aller leur exprimer la nécessité d’aller aux élections, mais je sais qu’ils n’iront pas. Quand on dit qu’on ne va pas à une élection pour légitimer un pouvoir et que c’est ce même pouvoir qui est là, pourquoi vais-je me fatiguer pour tenter de les convaincre pour aller légitimer un pouvoir ? Je sais qu’ils respectent toujours leur parole, ce n’est même pas la peine. Je ne vais pas me fatiguer à aller discuter avec eux. Ils n’iront à aucune élection. Le Fpi et le Cnrd sont logiques, ils n’iront à aucune élection. Sinon comment vont-ils justifier leur position ? Après avoir refusé d’aller aux législatives pour légitimer le pouvoir Ouattara, comment vont-ils annoncer leur participation aux municipales qui va davantage légitimer ce pouvoir ? Nous ne devrions pas rater les élections législatives qui sont des élections politiques. Je ne vais donc pas me donner une mission qui est vouée à l’échec dès le départ.
Propos recueillis par Kra Bernard