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Société Publié le vendredi 16 décembre 2011 | L’expression

Yamoussoukro/ Usage de pétards - Les populations entre traumatisme et enthousiasme : Le bruit des pétards à Yamoussoukro a provoqué une peur bleue chez les populations.

Dans la capitale politique, le fait divise parents et enfants. La situation est suffisamment préoccupante pour que l’imam de la grande mosquée en fasse l’un des thèmes centraux de son sermon du vendredi 9 décembre. Aux musulmans, le guide religieux a fermement recommandé d’interdire à leur progéniture l’usage des pétards. Car, a dit l’imam Saïd Sylla, les populations sont encore sous le choc des crépitements d’armes de la crise postélectorale. Mais l’autorité du chef musulman de la région des Lacs n’a pas suffi à calmer l’ardeur des badauds du vaste et populeux quartier de Dioulabougou. Qui de jour comme de nuit, sans répit, est secoué par des pétarades sporadiques mêlées de clameur des adolescents. Ce, malgré bastonnades, mises en garde et remontrances des parents. Pour eux, le traumatisme des violences qui ont précédé la chute de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo demeure encore dans les esprits. « Les pétards nous font sursauter tout le temps. A chaque explosion, je suis très apeurée et j’ai l’impression que la guerre a repris », dit Adjara Fofana, vendeuse au marché Mô-Faitai.

Les populations traumatisées

Et sa voisine de renchérir : « Les personnes âgées et les parents des victimes souffrent beaucoup de cette situation. Je connais un ami qui ne cessent de maudire les jeunes qui font exploser les « banger » à longueur de journée ». Pour la plupart des parents, une mesure d’interdiction des autorités s’impose. « Les enfants échappent à la surveillance de leurs parents. Ils le font le plus souvent dans la rue et loin de leurs lieux d’habitation. Seul pouvoir a la solution au problème », estime Sékou Dosso. Si le traumatisme est pour l’essentiel avancé pour réclamer l’interdiction des pétards, des raisons de sécurité sont aussi évoquées. Selon Mamadou Coulibaly, à la longue, prenant l’exemple du quartier « Sopim » où les attaques à main armée de domicile persistent, les riverains d’une maison attaquée peuvent être indifférents aux coups de feu des malfrats en les confondant aux explosions de pétards. Dans ces conditions, explique-t-il, ils ne peuvent pas porter assisantance aux victimes, ne serait-ce que pour alerter la police. De ce lot de détracteurs se détache un groupe favorable au retour des pétards.

Pour ou contre l’interdiction des pétards

« De décembre 2002 à l’année dernière, les pétards étaient interdits à cause de la rébellion armée. Si aujourd’hui ils réapparaissent, c’est une des preuves que la guerre est totalement terminée. Les interdire aujourd’hui inquiète plus qu’il ne rassure », pense Alassane Dramé, chauffeur de taxi. Charles Kouakou, étudiant soutient qu’il ne faut pas blâmer les gamins. « Ils ont grandi dans la guerre et dans le bruit des armes. C’est bien normal qu’ils soient excités par les pétards. Ce n’est que de l’amusement pour eux. Ça les distrait et moi personnellement, cela me rappelle l’époque où mes amis net moi faisions la même chose », affirme-t-il nostalgique. Les concernés, à l’écart du débat, continuent avec l’insouciance de leur âge, à s’adonner à leur nouveau jeu favori de décembre. Pendant que la polémique, entre détracteurs et partisans de l’interdiction, s’intensifie. Sous l’explosion de pétards dans tous les quartiers de la ville.

Traoré Yacouba Diarra
Correspondant
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