Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire sont à nouveau sur la sellette. A peine les Ivoiriens ont-ils commencé à digérer les évènements tragiques de Vavoua que le tocsin de la répression a encore sonné, en direction de Sikensi, sur l’Autoroute du Nord. Des affrontements ont opposé, dimanche, des populations à des éléments du Général Soumaïla Bakayoko. Le bilan est lourd, qui fait état de quatre morts. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la grande colère, doublée d’une rage indescriptible des Ivoiriens. « Trop, c’est trop », a-t-on entendu de toutes parts, surtout que 48 heures auparavant, et le Chef de l’Etat et le Premier ministre, avaient mis vertement en garde. Le ras-le-bol des Ivoiriens est d’autant plus légitime qu’il ne passe pas une semaine sans que des soldats membres des FRCI ne soient épinglés. Depuis un bon moment, les libérateurs d’hier, par la faute de quelques égarés, sont constamment cloués au pilori. A juste titre du reste, parce que nul ne peut rester impassible face à de telles situations. Cependant, avec la récurrence des impairs, il va sans dire que nous devons nous poser des questions, les bonnes interrogations. Les FRCI sont-elles systématiquement les bourreaux ? Ne sont-elles pas souvent des victimes ? Loin de nous l’idée de les dédouaner ou encore de banaliser les actes qui sont posés. Mais à bien regarder les discours prononcés, ici et là, on est en droit de se demander si des individus ne sont pas manipulés par des mains obscures, pour servir des causes purement politiciennes. Le débat mérite d’être ouvert. C’est très souvent qu’on a entendu, après des couacs, des personnes s’organiser pour disent-ils, aller « déloger » les FRCI. Peut-on raisonnablement déloger des hommes armés, de surcroît issus de l’armée régulière ? Sans doute, leurs motivations sont ailleurs, dans le landerneau politique. Tout porte à croire que ceux qui s’agitent et crient aux agressions sont mus par des intentions malveillantes, à la solde de l’ancien régime. Ils donnent dans la provocation pour pousser les FRCI à la faute et pour les mettre en porte à faux avec les autorités. N’a-t-on pas crié sur tous les toits que le village de Didier Drogba avait été attaqué par l’armée alors qu’il n’en était rien. En témoigne, les propos des habitants dudit patelin. Véritablement, le serpent de la refondation n’est pas encore mort. A doses de provocations et de mauvaise foi, les frontistes cherchent à distraire le gouvernement des questions de développement et à montrer à l’opinion, surtout aux bailleurs de fonds, que la sécurité n’est pas effective dans notre pays. Un nécessaire recadrage du débat s’impose. Autant nous avons dénoncé ici les agissements de certains soldats, autant nous disons qu’il faut arrêter le lynchage systématique des FRCI. Si nos soldats ne sont pas des anges, il faut éviter de les assimiler à des démons. A la vérité, il s’agit de conforter les passerelles de revendication qui s’offrent aux citoyens, victimes d’exactions. Il est clair que lorsque ceux-ci appellent à la vendetta, nous sortons de l’état de droit. C’est pourquoi, l’on n’a pas le droit de « brûler » les FRCI et tomber ainsi dans le piège grossier des refondateurs qui ne cessent de manigancer contre la paix et la cohésion sociale.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga