L'un des défis majeurs qui se posaient au président ivoirien à sa prise effective du pouvoir le 11 avril 2011, c'était le rétablissement de la sécurité. Huit (8) mois après, qu'en est-il ? Déjà avant ce 11 avril, précisément le 16 mars, le président Ouattara a pris une ordonnance instituant les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI). Une fusion des deux forces ex-belligérantes, à savoir les Forces de défense et de sécurité (FDS) proches de l'ancien régime, et les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), l'ex-rébellion proche d'Alassane Ouattara, en une seule entité militaire, qui constituait ainsi la nouvelle armée ivoirienne. Cette réunification des deux forces devrait constituer le creuset de la réconciliation sur le front militaire et également un levier solide contre l'insécurité. Mais l'exécution de l'ordonnance de la mi-mars pris par le chef de l'Etat connaît quelques difficultés sur le terrain. Après la guerre post-électorale, la rencontre entre les frères d'armes qui se sont livré une bataille féroce, ne s'est pas faite comme celle de deux amoureux. Conséquence : la méfiance et la crainte n'ont pas facilité la collaboration entre militaires et patrouilles mixtes, visant à combattre l'insécurité. Il faut ajouter à cela le pillage et l'incendie des commissariats de police et brigades de gendarmerie qui ont porté un coup à l'action des forces de sécurité. Mais aussi la chasse aux pro-Gbagbo, les exactions et autres violations des droits de l'Homme qui étaient déplorées quotidiennement. Huit (8) mois après, on constate une nette amélioration de la situation sécuritaire. Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Guillaume Soro, également ministre de la Défense, et le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko affichent une réelle volonté de combattre l'insécurité et de mettre fin au désordre installé pendant la guerre. En témoigne la réhabilitation et la rétrocession des commissariats et brigades aux policiers et gendarmes, la dotation de ces forces de sécurité en moyen de mobilité pour être plus efficaces dans leur travail. Ces efforts sont à saluer. Cependant, le chantier reste encore vaste et nécessite que le gouvernement bande davantage les muscles. Et l'un des problèmes majeurs qui reste à résoudre, c'est celui des éléments identifiés comme des membres des FRCI qui continuent de commettre des exactions et autres tueries au sein des populations civiles. Les récents événements meurtriers de Vavoua et de Sikensi sont là qui montrent que le défi de la sécurité reste une épine dans le pied du régime Ouattara. En passant nécessairement par le nettoyage de l'Armée, avec en priorité la question des supplétifs des FRCI, considérés bien souvent comme les auteurs des violations de droits de l'Homme. Des experts en sécurité estiment que si ces éléments ne sont pas absorbés dans l'Armée ou insérés convenablement dans le tissu socio-économique, ils pourraient se transformer en coupeurs de route, voleurs, braqueurs, ou alors constitueraient une main d'oeuvre moins chère pour mener des actions de déstabilisation. De la gestion de leur cas dépend donc la sécurité des Ivoiriens.
Hamadou ZIAO
Hamadou ZIAO