Charles Blé Goudé, l’ancien général de la « rue », aujourd’hui en exil depuis la chute de Laurent Gbagbo dont il tenait le crachoir, a opéré un virage à 180 degré, face au régime Ouattara, appelant à un dialogue républicain, pour, selon lui, « sauver la Côte d’Ivoire ». Après huit mois d’exil et serré, comme dans un étau, du fait d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par le nouveau pouvoir en place, l’ex leader de la galaxie patriotique voit aujourd’hui son avenir en pointillé. Le Blé Goudé d’il y a huit mois, dont le verbe particulièrement acide contre Alassane Ouattara et qui se vantait avec éclat d’une popularité à faire échouer les nouveaux dirigeants, n’est plus celui qui se fait entendre ces derniers jours. Blé Goudé n’a pas non seulement mis de l’eau dans son vin, il a donné l’impression tout simplement d’aller à Canossa… « Voici donc 2012 ! Plus que jamais, la raison commande de créer les conditions du rétablissement de la confiance dans un environnement politique apaisé. Et cela relève de la responsabilité de tous. En ce qui me concerne, je suis porteur d’une approche constructive de la normalisation de la situation en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, je réitère ma proposition d’un dialogue politique inclusif entre le pouvoir et l’opposition plurielle (leaders d’opinion, y compris) et les forces militaires d’autre part. Je reste persuadé que ces consultations, qui déboucheraient sur un nouveau consensus national, peuvent sauver la Côte d’Ivoire, détendre le climat politique et consolider la cohésion nationale. J’ai également foi qu’elles rassureront l’opinion et faciliteront le retour des compatriotes, réfugiés dans les pays de la sous-région. Que valent dès lors nos blessures et considérations personnelles ? L’intérêt supérieur de notre Nation nous oblige à fixer du regard l’horizon. Le passé est derrière nous. Faisons en sorte qu’il ne nous précède pas sur le chemin de l’avenir. A tous ceux qui, parce qu’humiliés, blessés, spoliés, ruminent une vengeance, je les invite en cette année 2012 à cultiver l’amour là où on leur a servi la haine : car la plus belle vengeance, c’est le pardon ». Qu’est ce qui peut expliquer un tel discours de Blé Goudé dont la verdeur du verbe contre le nouveau régime était sans pareil ? Est-ce parce qu’il est aujourd’hui rongé par la vie de « galère » qu’il mène entre les pays de la sous-région du fait d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par la justice ivoirienne ? Blé Goudé n’a-t-il plus les moyens, notamment financiers, de s’offrir un exil doré ? Est-il essoufflé, voire émoussé par les vicissitudes consécutives à ses nouvelles conditions de vie ? A-t-il découvert ses défauts et ses torts dans l’exacerbation de la crise post-électorale ou alors veut-il prendre une part dans la réconciliation nationale, ou encore s’agit-il pour lui de demeurer dans les esprits des populations ? Une chose est sûre. Il dit vouloir une paix durable en Côte d’Ivoire et invite tout le monde dans ce sens. Il faut le prendre au mot et croire qu’il joindra l’acte à la parole en rentrant en Côte d’Ivoire pour prendre part au processus de réconciliation. « L’année 2011 vient de s’achever... La situation actuelle que vit notre Nation aux plans politique, socio-économique et sécuritaire relève des stigmates consécutifs à la crise post-électorale. Les différents camps politiques continuent de se regarder non pas en adversaires, mais en ennemis, et cela enlève à la politique ses lettres de noblesse » regrette Blé Goudé…
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA