Washington-Abidjan. C'est assurément un autre axe ouvert dans les relations entre la Côte d'Ivoire et les puissances du monde, et qui va se consolider avec le séjour abidjanais du 16 au 17 janvier 2012, de la secrétaire d'Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton. L'administration Obama, qui voit en la Côte d'Ivoire un nouveau pôle géo-stratégique en Afrique de l'ouest, dépêche ainsi Mme Clinton pour des discussions franches avec le pouvoir d'Abidjan. Au menu du tête-à-tête que l'émissaire américaine aura avec le chef de l'exécutif ivoirien, figurent les questions de sécurité et de stabilité, de démocratie, de justice et de droit de l'Homme, et naturellement les questions économiques. Faut-il le rappeler, Obama était en première ligne, avec la France, dans l'appui extérieur au régime Ouattara pour sa prise effective du pouvoir en Côte d'Ivoire. Paris et Washington disaient alors engager la bataille pour le respect de la démocratie et des libertés des peuples ivoiriens. Après la victoire sur le régime Gbagbo et les difficiles moments de la crise post-électorale, l'heure est venue de voir clair dans la gestion du président Alassane Ouattara. Hillary Clinton vient donc pour constater les progrès réalisés par le nouveau régime, mais également lui faire des recommandations en ce qui concerne certains chantiers, notamment celui de la démocratie et du respect des droits de l'Homme. La démocratie reste en effet l'un des principes chers aux USA qui veillent au maintien de tous les indicateurs de ce mode de gouvernance. Dans cette logique, à en croire des sources bien introduites, l'ambassadeur américain en Côte d'Ivoire, Philipp Carter III, aurait clairement signifié au Conseil national de la presse (CNP), l'organe régulateur de la presse ivoirienne, sa farouche opposition à la suspension des journaux. Ce qui constitue aux yeux de l'administration Obama une entorse à la démocratie. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton va en parler avec le président Ouattara. Tout comme la question de la justice ivoirienne, qui doit être un catalyseur des investissements en Côte d'Ivoire. Il faut rappeler sur ce sujet que les USA ont récemment fait don de matériel informatique et de bureau d'une valeur de 400 millions de fcfa à la Côte d'Ivoire pour renforcer son système judiciaire. Un tel niveau d'engagement nécessite que les acteurs puissent se parler pour renforcer la coopération. Le volet de la sécurité et de la stabilité sous-régionale constitue également un point qui n'échappera pas aux discussions entre Hillary et Ouattara. Faut-il le rappeler, le président ivoirien, dès sa prise de pouvoir, avait identifié le terrorisme, à travers les activités de Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique (AQMI), comme une menace pour la paix et la stabilité dans la sous-région ouest-africaine. Il avait dit son engagement à combattre ce phénomène. Des propos auxquels les autorités américaines sont très sensibles, vu leur aversion pour le terrorisme. Un tête-à-tête devrait donc permettre de s'accorder sur les méthodes de lutte contre cet ennemi commun. Autre sujet qui sera au menu de la visite de la collaboratrice d'Obama, la vie des Institutions ivoiriennes, avec en premier l'Assemblée nationale, l'organe régulateur de la gestion des affaires de l'Etat. Au moment où il est question de la mise en place de cette institution forte de la République, les USA, désormais fortement présents en Côte d'Ivoire, voudraient s'assurer de son bon fonctionnement. En somme, renforcer l'appareil judiciaire pour garantir les droits de l'Homme, s'assurer des conditions de démocratie et de bonne gouvernance, et définir les stratégies de sécurité tant en interne que sur le plan extérieur, constituent des passages obligés pour un engagement économique du pays de l'oncle Sam en Côte d'Ivoire. Ce qui induit que l'autre aspect de la discussion entre le président ivoirien et la secrétaire d'Etat américaine, c'est bien les relations commerciales. Les USA voudraient renforcer leur présence dans le monde des affaires en Côte d'Ivoire, avec en ligne de mire des engagements forts dans le domaine du Cacao, du pétrole et de l'énergie. D'autres contrats seront négociés. Après le soutien diplomatique et militaire que les USA ont apporté au régime ivoirien, on pourrait dire que l'heure de la récompense a sonné.
Hamadou ZIAO
Hamadou ZIAO