Les élèves s’asseyent à trois ou quatre et parfois s’arrêtent pour prendre des cours dans certains établissements faute de bancs. Malgré cela, les élèves continuent d’affluer dans ces établissements.
Il est 10 h. Dans la cour du lycée municipal Pierre Gadié de Yopougon ce vendredi matin, les élèves de la 6ème 3 du lycée 2 accourent dans leur salle de classe occupée par les élèves de 3ème 3 qui se font dispenser le cours d’anglais. Dans 5 mn, les élèves de 3ème libéreront la salle pour leurs cadets. Ceux-ci, à travers les interstices dans les murs, jettent leurs sacs ou des cahiers dans la classe afin de réserver leurs places. Mais dès que le signal de départ de leurs ainés est donné, c’est la bousculade. Les élèves arrivés les premiers dans la classe s’empressent de s’asseoir à des places malgré les réservations. Après quelques bagarres, tout rentre enfin dans l’ordre et les élèves se retrouvent à trois voire quatre par banc. Mais trois lycéens n’ont pas eu de chance et se retrouvent debout vers le tableau à scruter la salle à la recherche d’une petite place. Ils vont finalement s’asseoir sur deux bancs qui comptaient trois élèves chacun. A la question de savoir combien d’élèves compte cette classe, tous les apprenants éclatent de rire et une élève s’écrie : « Madame, on ne connait pas encore notre effectif total. Les élèves viennent seulement, peut-être demain, on n’aura 10 camarades de plus ». Du côté des secondes, les apprenants ne sont pas mieux lotis. En seconde C7, même constat. Bien que ceux-ci sont également assis à trois ou à deux, M.S nous fait savoir que cela est dû au fait que certains élèves sont absents. « Madame, parfois certains d’entre nous viennent faire cours le matin et d’autres le soir. Officiellement, nous sommes 88 élèves mais nous sommes plus nombreux que ça. Et encore, certains ne sont pas là. Sur le tableau d’affichage, vous verrez que c’est écrit 88 élèves. Mais nous sommes mieux que les élèves de 2nde C6, où ils sont 105 dans leur classe», explique M.S. Effectivement, sur la liste d’affichage, il est mentionné que les élèves des 2nde C6 et de C7 sont au nombre de 88 et 83 élèves.
Des établissements sinistrés
Au Cma d’Adjamé liberté ce mardi matin, les élèves vivent un calvaire. Par manque de salles de classes, les laboratoires ont été transformés en salles de cours pour les classes de 4ème 1, 2, 3 et 4. Dans ces deux labos qui servent à deux classes chacun, les élèves disposent de 12 paillasses pour un effectif de 80 voire 101 élèves dans ces classes. Certains élèves sont donc obligés de prendre des cours debout faute de places assises. Sawadogo Adiaratou, élève dans la classe de 4ème 1, confie que c’est très pénible et fatiguant de suivre les cours dans la position debout, car cela empêche la concentration. « Pour toutes les matières, c’est dans ce labo qu’on prend les cours. On est arrêté du matin à midi parce qu’on est 80 dans notre classe et les bancs ne sont pas suffisants. Le seul moment de répit, c’est pendant la récréation et si cela doit continuer toute l’année, on est ‘’foutu’’ », se lamente-t-elle. En 4ème 3, les élèves sont au nombre de 101 et la majorité ne bénéficie pas de places assises. Debout au fond de la salle, ou assis sur des bancs sans tables certains apprenants essayent tant bien que mal de suivre le cours de français donné par Sogoba François. L’enseignant explique que c’est surtout difficile pour les élèves de petites tailles, car ceux-ci n’arrivent pas à voir ce qui est écrit au tableau. Au lycée municipal d’Adjamé Williamsville, les élèves connaissent le même sort que ceux du Lycée municipal de Yopougon. Mais ceux-ci se disent mieux lotis que dans d’autres établissements. Ainsi S. Sory, élève en classe de 6ème, explique que malgré le fait qu’il soit 80 élèves dans leur classe, cela ne les dérange nullement. «On s’assoit à deux ou trois. Personnellement, je ne pense pas qu’on soit nombreux par comparaison à certains établissements où les élèves sont 100 par classe », explique l’apprenant. Mais selon un vigile de l’établissement qui a requis l’anonymat, si les élèves s’asseyent à trois, cela s’explique par le fait que dans certaines classes, le nombre de bancs est insuffisant. Ainsi, poursuit-il, dans les classes de 6ème, les bancs sont au nombre de 35 pour un effectif de 80 ou 83 élèves, ce qui fait que certains élèves n’ont pas de places assises. Ces effectifs pléthoriques sont dus au manque d’infrastructures, selon les responsables de ces établissements. Au dire d’Edoumou Kablan Jean Claude, inspecteur d’éducation, le lycée municipal de Yopougon est sinistré depuis la crise postélectorale. «Tout est à refaire dans cet établissement. Tout a été saccagé et pillé pendant les évènements postélectoraux. Nous avons même un bâtiment en souffrance de huit classes et il nous faut construire d’autres bâtiments pour pallier le manque de classes. Nous avons six classes de 6ème mais nous sommes obligés de procéder au système de double vacation, car toutes les classes ne peuvent pas profiter des salles en même temps », déclare l’inspecteur. Gbamgblé Raymond, censeur du Cma d’Adjamé liberté, embouche la même trompette et explique que son établissement a un manque cruel de bancs. « Nous connaissons un déficit de bancs et chaque année, on doit renouveler les bancs qui s’usent et si nous recevons ne serait-ce que 200 bancs, cela pourrait nous aider. Cette année, en 2nde, on a eu de la chance, il n’y a pas eu d’effectifs pléthoriques, car il n’y a pas de recrutement parallèle. On est obligé d’utiliser la méthode de double vacation en faisant un groupe d’élèves le matin et un autre le soir. Le mercredi, comme c’est une demi journée, on priorise les classes de troisième et terminale et les autres classes se reposent. On est même obligé de réduire les volumes horaires de six à quatre heures. Ce qui fait que les enfants se retrouvent encore avec des lacunes », se plaint le censeur. Selon une source introduite au ministère de l’Education nationale, tous ces problèmes d’effectifs pléthoriques ne seront plus que de vieux souvenirs dans quatre ans. Le ministère prévoit la construction de 5.000 classes au primaire comme au secondaire d’ici 2015 et la livraison de 480.000 bancs en 2012. « A l’arrivée du chef de l’Etat au pouvoir, ce sont 43.000 bancs qui ont été livrés de prime abord à des établissements. D’ici 2015, nous allons avoir 40 élèves par classes et également procéder au recrutement de 25.000 enseignants et résorbé le Gap, c’est-à-dire la différence entre l’offre et la demande. Le système éducatif sera performant, nous allons régionaliser les enseignants et réhabiliter les salles de classes qui ont été détruites par la guerre et nous allons rationaliser les orientations», explique la source.
Napargalè Marie
Il est 10 h. Dans la cour du lycée municipal Pierre Gadié de Yopougon ce vendredi matin, les élèves de la 6ème 3 du lycée 2 accourent dans leur salle de classe occupée par les élèves de 3ème 3 qui se font dispenser le cours d’anglais. Dans 5 mn, les élèves de 3ème libéreront la salle pour leurs cadets. Ceux-ci, à travers les interstices dans les murs, jettent leurs sacs ou des cahiers dans la classe afin de réserver leurs places. Mais dès que le signal de départ de leurs ainés est donné, c’est la bousculade. Les élèves arrivés les premiers dans la classe s’empressent de s’asseoir à des places malgré les réservations. Après quelques bagarres, tout rentre enfin dans l’ordre et les élèves se retrouvent à trois voire quatre par banc. Mais trois lycéens n’ont pas eu de chance et se retrouvent debout vers le tableau à scruter la salle à la recherche d’une petite place. Ils vont finalement s’asseoir sur deux bancs qui comptaient trois élèves chacun. A la question de savoir combien d’élèves compte cette classe, tous les apprenants éclatent de rire et une élève s’écrie : « Madame, on ne connait pas encore notre effectif total. Les élèves viennent seulement, peut-être demain, on n’aura 10 camarades de plus ». Du côté des secondes, les apprenants ne sont pas mieux lotis. En seconde C7, même constat. Bien que ceux-ci sont également assis à trois ou à deux, M.S nous fait savoir que cela est dû au fait que certains élèves sont absents. « Madame, parfois certains d’entre nous viennent faire cours le matin et d’autres le soir. Officiellement, nous sommes 88 élèves mais nous sommes plus nombreux que ça. Et encore, certains ne sont pas là. Sur le tableau d’affichage, vous verrez que c’est écrit 88 élèves. Mais nous sommes mieux que les élèves de 2nde C6, où ils sont 105 dans leur classe», explique M.S. Effectivement, sur la liste d’affichage, il est mentionné que les élèves des 2nde C6 et de C7 sont au nombre de 88 et 83 élèves.
Des établissements sinistrés
Au Cma d’Adjamé liberté ce mardi matin, les élèves vivent un calvaire. Par manque de salles de classes, les laboratoires ont été transformés en salles de cours pour les classes de 4ème 1, 2, 3 et 4. Dans ces deux labos qui servent à deux classes chacun, les élèves disposent de 12 paillasses pour un effectif de 80 voire 101 élèves dans ces classes. Certains élèves sont donc obligés de prendre des cours debout faute de places assises. Sawadogo Adiaratou, élève dans la classe de 4ème 1, confie que c’est très pénible et fatiguant de suivre les cours dans la position debout, car cela empêche la concentration. « Pour toutes les matières, c’est dans ce labo qu’on prend les cours. On est arrêté du matin à midi parce qu’on est 80 dans notre classe et les bancs ne sont pas suffisants. Le seul moment de répit, c’est pendant la récréation et si cela doit continuer toute l’année, on est ‘’foutu’’ », se lamente-t-elle. En 4ème 3, les élèves sont au nombre de 101 et la majorité ne bénéficie pas de places assises. Debout au fond de la salle, ou assis sur des bancs sans tables certains apprenants essayent tant bien que mal de suivre le cours de français donné par Sogoba François. L’enseignant explique que c’est surtout difficile pour les élèves de petites tailles, car ceux-ci n’arrivent pas à voir ce qui est écrit au tableau. Au lycée municipal d’Adjamé Williamsville, les élèves connaissent le même sort que ceux du Lycée municipal de Yopougon. Mais ceux-ci se disent mieux lotis que dans d’autres établissements. Ainsi S. Sory, élève en classe de 6ème, explique que malgré le fait qu’il soit 80 élèves dans leur classe, cela ne les dérange nullement. «On s’assoit à deux ou trois. Personnellement, je ne pense pas qu’on soit nombreux par comparaison à certains établissements où les élèves sont 100 par classe », explique l’apprenant. Mais selon un vigile de l’établissement qui a requis l’anonymat, si les élèves s’asseyent à trois, cela s’explique par le fait que dans certaines classes, le nombre de bancs est insuffisant. Ainsi, poursuit-il, dans les classes de 6ème, les bancs sont au nombre de 35 pour un effectif de 80 ou 83 élèves, ce qui fait que certains élèves n’ont pas de places assises. Ces effectifs pléthoriques sont dus au manque d’infrastructures, selon les responsables de ces établissements. Au dire d’Edoumou Kablan Jean Claude, inspecteur d’éducation, le lycée municipal de Yopougon est sinistré depuis la crise postélectorale. «Tout est à refaire dans cet établissement. Tout a été saccagé et pillé pendant les évènements postélectoraux. Nous avons même un bâtiment en souffrance de huit classes et il nous faut construire d’autres bâtiments pour pallier le manque de classes. Nous avons six classes de 6ème mais nous sommes obligés de procéder au système de double vacation, car toutes les classes ne peuvent pas profiter des salles en même temps », déclare l’inspecteur. Gbamgblé Raymond, censeur du Cma d’Adjamé liberté, embouche la même trompette et explique que son établissement a un manque cruel de bancs. « Nous connaissons un déficit de bancs et chaque année, on doit renouveler les bancs qui s’usent et si nous recevons ne serait-ce que 200 bancs, cela pourrait nous aider. Cette année, en 2nde, on a eu de la chance, il n’y a pas eu d’effectifs pléthoriques, car il n’y a pas de recrutement parallèle. On est obligé d’utiliser la méthode de double vacation en faisant un groupe d’élèves le matin et un autre le soir. Le mercredi, comme c’est une demi journée, on priorise les classes de troisième et terminale et les autres classes se reposent. On est même obligé de réduire les volumes horaires de six à quatre heures. Ce qui fait que les enfants se retrouvent encore avec des lacunes », se plaint le censeur. Selon une source introduite au ministère de l’Education nationale, tous ces problèmes d’effectifs pléthoriques ne seront plus que de vieux souvenirs dans quatre ans. Le ministère prévoit la construction de 5.000 classes au primaire comme au secondaire d’ici 2015 et la livraison de 480.000 bancs en 2012. « A l’arrivée du chef de l’Etat au pouvoir, ce sont 43.000 bancs qui ont été livrés de prime abord à des établissements. D’ici 2015, nous allons avoir 40 élèves par classes et également procéder au recrutement de 25.000 enseignants et résorbé le Gap, c’est-à-dire la différence entre l’offre et la demande. Le système éducatif sera performant, nous allons régionaliser les enseignants et réhabiliter les salles de classes qui ont été détruites par la guerre et nous allons rationaliser les orientations», explique la source.
Napargalè Marie