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Politique Publié le vendredi 20 janvier 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Amani N’Guessan Michel à propos du meeting du Fpi : ‘’Il faut proscrire les injures et les invectives de la politique’’

© L’intelligent d’Abidjan Par Prisca
Education nationale - Bingerville abrite le lancement des examens à grand tirage, en présence du ministre Gilbert Bleu Lainé
Mardi 08 juin 2010. Bingerville. Lancement des examens à grand tirage et pose de la première pierre d`un centre polyvalent. Photo: le ministre Amani N`guessan Michel (Défense)
Secrétaire général adjoint en charge de la défense et de la sécurité du Fpi, l’ancien ministre de l’Education nationale puis de la Défense de Laurent Gbagbo est le président du comité d’organisation du meeting du Fpi prévu le samedi 21 janvier à Yopougon. Amani N’Guessan Michel rassure ici ses militants quant à la tenue effective de ce rassemblement malgré les soubresauts des derniers jours. Il éclaire sur les motivations réelles de ces retrouvailles neuf mois après la chute de Gbagbo.

Monsieur le ministre, en votre qualité de président du comité d’organisation du meeting du Fpi ce 21 janvier, que pouvez-vous dire à cet instant précis à vos militants ? Est-ce que toutes les conditions sont réunies pour aller à ce rendez-vous ?

Ce que je peux dire à ce moment précis c’est que toutes les dispositions sont prises pour que le meeting se déroule dans de bonnes conditions le samedi à 10 heures à la place Ficgayo. Le problème qui se posait était l’autorisation du maire. Mais grâce à l’intervention du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, le problème vient d’être réglé ce jour. Je peux donc dire à tous les démocrates de Côte d’Ivoire, à tous les militants du Fpi qu’ils peuvent venir tranquillement au meeting du 21 janvier 2012.

Avant le 15 octobre 2011, les jeunes, y compris vous-même, pour la même cause, aviez fait le tour des autorités. Cela n’avait pas empêché le report du meeting. Qu’est-ce qui vous rassure tant pour le 21 janvier pour ne pas craindre une volte-face des autorités ?

C’est le sens de la responsabilité. Dès l’instant où un ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et un ministre de la Défense donnent leur accord pour une manifestation, il n’y a plus rien à craindre ! C’est eux qui ont à leur disposition la force et la puissance de l’Etat. Et c’est cette puissance qui est mise à notre service. On n’a donc plus à avoir peur. C’est pourquoi je voudrais saluer l’appel du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur de ce matin qui après s’être concerté avec le maire de Yopougon m’a dit que plus rien ne s’oppose à la tenue du meeting du 21 janvier.

Combien de personnes attendez-vous à votre meeting de samedi ?

Je veux être modeste. Après toute la brutalité subie, ayant accentué la peur, j’attends cinq mille personnes environ. Maintenant si avec tout ce que nous avons dit, les populations arrivent à se libérer, qu’on peut atteindre dix mille ou quinze mille personnes, ce sera formidable et ce sera le signe d’un Fpi né de nouveau.

Cette fois va donc être la bonne. Peut-on alors dire au Fpi que c’est le retour à la politique ?

Absolument ! C’est ce que nous recherchons. Après la guerre, après les fusils, place à la politique, a dit le président Gbagbo et nous sommes dans cette voie. Place maintenant à la politique ! La discussion politique, le combat politique, le débat politique. C’est ça un pays moderne. Le débat politique doit être civilisé. C`est-à-dire que les invectives inutiles, il faut les proscrire, les injures, il faut les proscrire. La guerre surtout ! Il faut proscrire le fusil de la politique. Dès l’instant où on utilise le fusil, il n’y a plus de politique. Il y a la dictature parce qu’avec le fusil, on dicte sa volonté. Jamais de fusil en politique. Il faut utiliser la parole.

On reproche aussi au Fpi de faire de la fixation sur un seul axe de son combat qui est la libération de ses prisonniers. Le Fpi serait-il en panne de stratégie ?

Je ne le crois pas. Le Fpi est un corps. Et sur un corps, aucun membre n’est à négliger. On nous a amputés de plusieurs membres du corps. Nous réclamons justement le rassemblement de toutes les parties de ce corps. Les gens parlent de fixation mais en réalité quand vous êtes handicapé, vous recourez à une prothèse. Mais que de recourir à une prothèse, nous disons que l’élément naturel est là. Affi N’Guessan est là, il est à Bouna. Aboudramane Sangaré et Simone Gbagbo sont en prison au nord. Donc plutôt que d’aller acheter un rein ailleurs, il y a le rein naturel qui est là ! C’est ce que nous faisons et ce n’est pas de la fixation. C’est plutôt une voie de normalisation. On ne peut pas marcher de façon anormale. Nous voulons la normalisation. Qu’on libère nos prisonniers et qu’on crée les conditions pour que les exilés rentrent.

Et après ce sera quoi ?

Si nous obtenons la libération de nos prisonniers et que les conditions sont créées pour le retour de nos exilés, on fera la place à la politique normale. Dans un pays, il y a des partis politiques qui fonctionnent, il y a des gouvernements d’union nationale pour faire fonctionner le pays. Dès l’instant où les partis ne sont plus handicapés et qu’ils sont reconstitués, tout se passe normalement. La fraternité revient au pays. Et alors, la réconciliation sera mise en place et tout le monde y participe. Les gens pensent que ce que nous disons là est de la fixation. Ce n’est pas du tout cela. Ce sont des conditions naturelles. Comment voulez-vous qu’un handicapé marche normalement, préoccupé qu’il est à chercher une prothèse.

Monsieur le ministre est-ce que vous ne courez pas le risque de passer cinq ans dans vos revendications alors qu’il faudra aller aux élections en 2015 ?

Même s’il faut passer dix ans à ce que mon pied repousse, je le ferai. Parce qu’on ne peut pas courir en étant handicapé. Il faut être réaliste et aujourd’hui nous faisons de la realpolitik. Il ne faut pas se le cacher. Le Fpi est handicapé. Ou bien les gens ont intérêt à handicaper le Fpi pour que dans la compétition ils soient vainqueurs ou bien ils jouent pour la normalisation. Dans le premier cas, c’est à la limite malhonnête.

Ce n’est pas interdit en politique !

Oui, mais cette façon de faire est malhonnête. Il ne s’agit pas de handicaper l’adversaire. Il s’agit plutôt de convaincre par l’argument. Dans tous les pays développés où la démocratie triomphe, depuis quand avez-vous vu des chefs de partis emprisonnés, des cadres de partis emprisonnés, des gens qui ont fui leurs pays et qui ont peur d’y revenir pour cause de mandats d’arrêt ? La France même qui est notre référence en la matière, y a-t-il là-bas des prisonniers politiques et des exilés politiques? Nous voulons simplement qu’on normalise la vie politique en Côte d’Ivoire. Si la vie politique est normale, une défaite politique est une chose normale et on n’a pas à rougir pour ça ! Si vous allez à une élection que les électeurs ne vous choisissent pas, vous en prenez acte ! Mais on a introduit le fusil dans la politique en Côte d’Ivoire et c’est cela le mal. Il faut retirer le fusil de la politique. Allons-y à la démocratie et à l’Etat de droit. Vous verrez qu’on n’aura plus à réclamer la libération de qui que ce soit. Quand dans un pays on aliène la justice, ça devient une situation difficile à supporter. Aujourd’hui, comment voulez-vous que le président Gbagbo soit co-auteur indirect sans qu’on ne trouve des co-auteurs indirects dans le camp d’en face ? C’est simplement choquant et une telle situation ne rend pas serein.

On entend vos adversaires dire dans la rue que ‘’ceux-là ont passé dix ans à ne rien faire, qu’est-ce qu’ils vont nous dire de nouveau qu’on ait jamais entendu ? Qu’ils laissent les Ivoiriens en paix’’. Que leur répondez-vous ?

J’ai toujours dit que quand nous avons pris le pouvoir, la rébellion s’est installée avec une première tentative en 2001 et une deuxième en 2002. Et pendant dix ans, les gens n’ont fait que nous emmerder. Si c’est ce bilan qu’ils veulent qu’on fasse, on peut le faire. Mais quant à la gestion d’un Etat, on n’a jamais eu l’opportunité de gérer en toute liberté la Côte d’Ivoire. Nous voulons donc dire aux Ivoiriens comment, en toute liberté, on peut gérer un pays. On est tous dans ce pays et on a vécu ce que Gbagbo et son régime ont vécu. A savoir les bâtons qu’on lui a mis dans les roues. Aujourd’hui, je pense que ce n’est pas le cas et par conséquent il est de bon aloi que nous puissions dire à ceux qui sont là comment on gouverne en temps de paix. Ils ont pris les armes, disent-ils, pour avoir la paix, ils ont la paix. Comment on gouverne en temps de paix, c’est de cela que nous parlons et non comment on gouverne en temps de rébellion. En temps de rébellion, il faut rechercher la réconciliation entre les fils du pays. Il faut rechercher la paix par le dépôt des armes. Aujourd’hui, il n’y a plus d’arme donc on doit normalement poser des actes de développement. Comment cela se fait ? C’est ce que nous voulons évoquer.

N’est-il pas temps aussi d’actionner la diplomatie en allant par exemple vers les soutiens bien connus de vos adversaires pour leur mettre la pression en faveur de vos préoccupations que de vous mettre vous-même la pression ?

Nous faisons des démarches envers les diplomates accrédités en Côte d’Ivoire mais je vous
ai dit que nous faisons de la realpolitik. Ceux qui ont soutenu M. Ouattara savent les raisons pour lesquelles Gbagbo Laurent devait absolument quitter le pouvoir. Aujourd’hui, aller vers eux et demander de soutenir Gbagbo, ce serait ridicule.

Pas pour soutenir Gbagbo mais faire le plaidoyer pour la libération de vos prisonniers…

Mais c’est eux qui ont donné ce conseil à M. Ouattara ! Si vous avez remarqué ses premières sorties, c’est auprès de ceux-là qu’il est allé réécouter ce qu’il n’avait pas bien compris. Nous voulons bien développer notre diplomatie et d’ailleurs nous ferons une diplomatie tous azimuts.

Y compris en direction des Etats-Unis ?

Oui y compris en direction des Etats-Unis.

Hillary Clinton était là mais on n’a pas vu le Fpi aller vers elle ?

Dans un pays, il appartient aux autorités de donner un statut à l’opposition, statut qui permet de l’associer aux grandes rencontres de l’Etat. Au Togo, le président togolais a associé le chef de l’opposition à la réception des grands hommes d’Etat qui arrivent dans ce pays. En Côte d’Ivoire, il appartient à M. Ouattara de nous associer aux rencontres.

Vous attendez que votre adversaire vous associe à une rencontre censée faire sa promotion?

Oui ! Je vous dis qu’au Togo le Président Faure Gnassingbé associe l’opposition aux grandes rencontres. Ici ce n’est pas le cas.
Par S. Débailly
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