“Allons y attaquer. Attaquons tout le monde. Attaquons et libérons notre pays aujourd’hui. Il faut libérer le pays aujourd’hui», cet appel insurrectionnel de Koua Justin, président par intérim de la JFPI lancé samedi, en plein meeting à ses militants regroupés à la place Ficgayo a mis le feu aux poudres. La rentrée politique du Front populaire ivoirien s’est ainsi muée à une bagarre généralisée entre les militants de l’opposition et ceux du pouvoir dans les rues de la commune de Yopougon. Ce mot d’ordre d’attaque des populations a donné lieu, en effet, à une scène de vendetta. Le face-à-face entre les partisans de l’opposition radicale et du pouvoir a fait un tué et une quarantaine de blessés. Pourtant, les choses avaient bien commencé et rien ne présageait une fin ensanglantée de la cérémonie. Répondant à l’invitation de leur direction les militants du parti à la rose ont en grand nombre pris d’assaut la mythique place de la commune de la joie. «Libérez Gbagbo, libérez Gbagbo», scandait la foule. Mais très vite, les manifestants abonnés la violence verbale, à la promotion de haine et de la division, versent dans l’invective. Accompagné par le maitre de la cérémonie, ils volent dans les plumes du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, de la France et de son président, Nicolas Sarkozy en les accusant de tous les péchés d’Israël. Le discours nationaliste débridé est dépoussiéré et servi à souhait. Le meeting devient alors une foire aux injures au président de la République, à ses partisans traités d’étrangers qui ont «envahi et pris en otage la Côte d’Ivoire» et à la France. «C’est une provocation de trop. Nous ne pouvons pas accepter ce discours», a menacé un groupe de jeunes. Avant de mettre en action leur menace en jetant des pierres à la foule pour marquer leur désaccord avec le discours ordurier. Les manifestants, à leur tour, répliquent. La fièvre monte mais les forces de l’Onuci déployées en nombre réussissent à circonscrire l’incident à coups de gaz lacrymogène. Le calme revient. Il est 11h 58 minutes, c’est l’effervescence totale. La direction du FPI conduite par son président, Miaka Ouréto fait son entrée sous les applaudissements. Le meeting entre dans sa phase active avec les interventions. C’est le secrétaire général du parti, Laurent Akoun qui donne le ton des discours guerriers. Le couteau entre les dents, il cloue au pilori les nouvelles autorités de la Côte d’Ivoire. «Chers camarades rassurez-vous Laurent Gbagbo va revenir bientôt. Ceux qui sont actuellement au pouvoir nous ont apporté la mort, la pauvreté et la misère. Ce sont des inconséquents. Ouattara est un pion de la France. Il a réalisé le coup d’Etat le plus long de l’histoire», a-t-il attaqué. Les jeunes opposés à cette vision chargent à nouveau par des jets de pierres. Les manifestants répliquent une fois de plus. Entre temps, le fédéral de Yopougon, Zabrabi monte au créneau et poursuit dans le sens de son secrétaire général. Le nouveau régime, la France et le président, Alassane Ouattara sont littéralement pris pour cibles. Les injures fusent et les pierres aussi. C’est dans une ambiance surchauffée que le président du parti est invité à prendre la parole. A peine prononce-t-il quelques mots, que le président par intérim de la JFPI s’empare du micro pour lancé son mot d’ordre d’attaquer les populations et ceux qui jettent les pierres. Conscients qu’ils venaient ainsi de créer les conditions de la chienlit, les responsables du FPI, Miaka Ouréto, Amani N’guessan, Laurent Akoun sautent dans leurs véhicules et quittent les lieux aux pas de course. Les militants qui tenaient à mettre à exécution l’ordre donné par Koua Justin se retrouvent nez à nez avec leurs adversaires. La bagarre est totale. Chaises, bâches, sono sont saccagés. Le meeting prend fin dans la confusion la plus totale. Le FPI qui était certainement venu avec l’intension de semer le trouble et le désordre a bien démontré son goût prononcé pour la violence.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara