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Politique Publié le lundi 23 janvier 2012 | Le Devoir

Malmené par ses alliés : Quel avenir politique pour le PDCI ?

Sous-section du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) et crée en 1946, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui a connu des temps glorieux se trouve à l’heure actuelle dans la tourmente. Décryptage.
Le partage de l’Afrique suivi de l’exploitation de l’homme par l’homme (esclavage) par les grandes puissances auront permis à une certaine élite du continent noir à prendre conscience. Sur le continent, certains intellectuels feront donc ombrage aux rois par l’intermédiaire desquels le colonisateur procède au recrutement pour le travail forcé. Avec en prime le pillage systématique des ressources naturelles du continent. Entre autres, l’or, les grumes, le café, le cacao….une véritable tragédie à laquelle va s’opposer une nouvelle génération.

Les acteurs de l’éveil de conscience.

L’imminence du danger était telle qu’il fallait agir dans la discrétion. Au risque de tuer le projet de la révolution dans l’œuf. Des noms donc émergent. Au Niger le porte-voix se nomme Amani Diori. Le Cameroun avec Amadou Ahidjo. Au Sénégal Lamine Gueye et Senghor prennent le devant. En Haute-Volta, actuel Burkina Faso, Ouezzin Coulibaly dit le lion rugit. Le Mali s’active sous la houlette de Modibo Kéita. Le Ghana en Afrique Anglophone se positionne avec Kwamé N’Krumah. Depuis la Guinée les timbres vocaux d’Hamed Sékou Touré retentissent. Tête de pont, Félix Houphouët Boigny se positionne en Côte d’Ivoire. Les dégâts causés par l’entrée du loup dans la maison Afrique interpellaient chacun des acteurs. Ainsi, le prétexte de la création du syndicat agricole africain, des cendres duquel naîtront plusieurs partis politiques répondait à un postulat : celui de la lutte émancipatrice.

Le PDCI-RDA et ses fondateurs

Dans la fièvre de la lutte émancipatrice, à l’instar de ses pairs cités plus haut, Félix Houphouët Boigny alors jeune cadre ivoirien s’entoure des fils de plusieurs régions du pays. Leur objectif, faire entendre la voix de la Côte d’Ivoire dans le concert des nations. Ainsi Félix Houphouët Boigny (le guide) réuni un staff autour de lui. Dans sa composante figurent Antoine Konan Kangah, Germain Coffi Gadeau, Camille Alliali, Lamine Diabaté, Jacques Aka, Jean Delafosse, Kouisson kélétigui, Tahiri Zagré Michel, Djibo Sounkalo, Koné Samba Ambroise, Gabriel Dadié, Philippe Grégoire Yacé, Vamé Doumbia , Seri Gnoleba… y compris les conseillers occultes dont Gbon Coulibaly, Yacouba Sylla… L’organisation politique prend forme. Mais il faut compter avec les persécutions, les brimades de tout genre et les arrestations sur dénonciations calomnieuses. Malgré le financement du parti progressiste par le colonisateur pour casser du PDCI, rien n’arrêtera la détermination de ses membres fondateurs.

Les temps glorieux

L’année 1946 verra la naissance en Afrique de plusieurs partis politiques. Ainsi, le PDCI-RDA deviendra la section du RDA en Côte d’Ivoire. La cause est entendue. La vague s’empare des pays africains avec comme mouvement fédérateur le Rassemblement Démocratique Africain. En 1960, Houphouët qui est admis dans le gouvernement français mène subtilement le combat. L’abolition du travail forcé sur le continent porte sa marque. De son piédestal, le guide ivoirien pouvait désormais dénoncer : « on nous a trop volé ». Une déclaration qui fit des émules sur le continent. Et son pays devient indépendant dans la même année. 1960 verra également l’élection du natif de Yamoussoukro à la tête de son pays. Le général De Gaulle ne pouvait mieux dire à la face du monde « Houphouët est un cerveau politique de premier ordre ». Avec trois casquettes, celle du président de parti d’abord, de chef d’Etat ensuite, de l’ami de la France enfin, le guide amorce alors la construction, sinon le développement de la Côte d’Ivoire. De 1960 à la date de son décès, son pays et son parti seront respectés dans toute la sous-région. Malheureusement, le boom économique des années 70 va se transformer en mirage avec la spéculation sur le prix de nos matières premières.

Remous sociaux

En 1980, des partis politiques non encore légalement constitués vont donner du fil à retordre au régime PDCI. Le parti se trouve ainsi confronté à des difficultés. D’ordre social, économique et politique. Période fertile pour une opposition en gestation. Laurent Gbagbo, Francis Wodié, Mémel Foté, Bernard Zadi Zaourou choisissent le terreau fertile du monde universitaire. Enseignants et étudiants subissent alors un toilettage de cerveau, l’embrigadement de leurs consciences. Des frondes sociales, des grèves aux motifs farfelus surgissent. En 1990, Houphouët instaure le multipartisme. Sur l’échiquier politique, le PDCI fait désormais face à une opposition prospérant dans la démagogie. Le programme ou le plan d’ajustement structurel (PAS) administré par les bailleurs de fonds sur instruction de la France s’est avéré plutôt catastrophique que prometteur. Malgré l’envoi de M. Alassane Ouattara par les institutions financières internationales pour équilibrer la balance économique, rien n’y fit.

Des signes inquiétants

Bien au contraire, l’arrivée de M. Ouattara a la tête du comité interministériel et de la primature va davantage envenimer la situation. L’on a encore en mémoire, les privatisations des sociétés d’Etat sans un réel calcul, les salaires à double-vitesse. Au niveau du pouvoir législatif, c’est M. Bédié, alors président de l’Assemblée nationale qui va s’opposer vertement à un projet du premier ministre. Vu le déchirement au sommet qui affaiblirait plus son parti, Houphouët monte au créneau et tranche « que le gouvernement gouverne, que l’assemblée nationale légifère. Il n’y a qu’un seul chef, c’est moi ». Une manière à lui de départager ses deux hommes. Même dans cette période de grisaille et de torpeur, Houphouët dont la carrure et la stature dépassent les bords de nos frontières tient toutefois la dragée haute.

La crise de succession et la naissance du RDR

A la mort du père fondateur en 1993, une guerre de succession entre Alassane Dramane et Bédié alimentée par certains caciques du PDCI va accentuer la crise. L’ascendance politique de M. Konan Bédié, il faut le dire n’est pas appréciée par certains barons du parti. A commencer par Philippe Grégoire Yacé qui pistonne Djeni Kobenan. Celui-ci d’ailleurs ne manque aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur les dirigeants du parti. Avec les Mel Théodore, Yacé Philippe organise des réunions à la mairie de Cocody qui aboutissent à la création d’un parti politique. A l’effet de ne pas paraître traitre vis-à-vis de la volonté d’Houphouët, Yacé Philippe donne des instructions incognito. Et réussi à mettre en contact M. Ouattara et Djeni en vue de la survie de la formation naissante. Mordant à l’appât, Ouattara depuis les Etats-Unis finance le RDR, le parti sorti des entrailles du PDCI. La finalité ? Déséquilibrer le régime Bédié. Régime auquel il promettra plus tard la chute. En 1995, afin d’enlever toute crédibilité au sens de la démocratie participative et apaisée prônée par Bédié, le RDR et le FPI forment l’union de la solidarité dans le mal. Dans ce front dit républicain, ils optent pour le boycott actif avec tous les dégâts y afférents. La suite est connue de tous.

Le complot du Front Republicain.

Le 24 décembre 1999 sonne le glas du parti crée par Houphouët. Un coup d’Etat militaro-politique enlève Bédié du pouvoir. Commence alors la traversée du désert. Le FPI et le RDR, réuni au sein du Front Républicain n’attendaient pas mieux que ça. Et Alassane d’accuser son allié d’hier Laurent Gbagbo « quand le coup d’Etat de 99 est arrivé, Gbagbo a dit que c’était un coup de pousse à la démocratie. Et quand il est arrivé de Libreville via Bouaké, à Gesco, il a été escorté par des militaires pour rentrer à Abidjan en champion » a affirmé M. Ouattara lors du face à face du second tour de la présidentielle. Et pourtant, en 2000, Ouattara a déclaré plus que cela. En tournée dans la vallée du Bandama, Alassane Ouattara pouvait savourer sa victoire au stade municipal de Katiola en 2000. « Quand les Ouattara disent, ils font, ils font. J’ai prévenu que je frapperai ce pouvoir moribond et il tombera. C’est comment aujourd’hui. Il (Bédié) ne rentrera plus jamais en Côte d’Ivoire ». Dixit Ado pour s’attribuer la paternité de ce coup d’Etat. Vint l’année électorale où par complicité, toutes les candidatures PDCI à la présidentielle de 2000 sont refusées.

Le PDCI et le règne de Gbagbo.

L’exil forcé du président va donner cartes blanches au secrétaire général du parti M. Dona Fologo d’ouvrir les discussions avec le nouveau pouvoir. Auréolé de sa position, Fologo pouvait se permettre de faire fi des recommandations de M. Bédié. « On ne dirige pas à 6000 km » ne manquait-il de niquer. Désormais à la merci de la refondation, Fologo s’est même donné la contenance d’affronter Bédié pour la présidence du parti. Avec bien entendu la bénédiction du nouveau régime. L’échec de l’entreprise n’empêche pour autant pas l’ex-SG d’être gratifié au poste de président du Conseil Economique et Social. A la suite du coup d’Etat manqué en 2002, à la demande de M. Ouattara, le PDCI et RDR feront désormais route ensemble pour combattre le pouvoir en place. Avec l’appui de la rébellion. Avec aussi en prime le partage équitable de tous les postes significatifs en gérant ensemble le pays. Peine perdue !

Mépris et reniement.

« Grand frère, ils ont volé ta victoire, je vais te la remettre » a affirmé le candidat Ouattara. Une adresse que Bédié a prise pour argent comptant. Après son élection au deuxième tour, le PDCI est revenu sur terre. Les militants s’impatientent de voir les promesses à eux faites tenir le vœu des fleurs. Le découpage électoral fait à la mesure profite plus au RDR qu’au PDCI. Pire, Bédié n’a pu être informé de cette décision. La primature censée revenir au plus vieux parti devient de plus le cadet des soucis du chef de l’Etat. Tout comme la présidence de l’Assemblée nationale. Comme si cela ne suffisait pas, M. Ouattara s’est octroyé 24 postes ministériels contre 8 quasiment décharnus pour le PDCI.

Bédié et le flou.

Dégraissé par les législatives, le PDCI navigue à vue. Les municipales et les régionales à venir ne sont pas des parties aisées. Les dés étant déjà pipés d’avance. Et Bédié, se complaisant dans cette posture, n’a pu, dans ses vœux de nouvel an levé un coin de voile sur les acquis de son parti sous le régime Ouattara. Régime qui s’est taillé la part du lion dans les postes stratégiques : DG, PCA, Ambassadeurs… Cette marche à reculons se lit parti dans les conversations. De Dr Aka Aouelé à Silué Kagnon, Ahoussou Jeannot et autres, l’urgence est de tirer la sonnette d’alarme. Aussi se demande t-on à quelle fin et jusqu' où Bédié conduira le parti.
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