La vie a repris. De jour comme et nuit, Yopougon-la-joie, comme aiment à l’appeler les Abidjanais, grouille de monde. Les populations sourires aux lèvres vaquent à leurs occupations. A part quelques impacts de balle, rien n’indique que la commune, a été martyrisée. Et pourtant. Pourtant, en effet, il y a à peine huit mois, la vie était presque inexistante. La plupart des habitants ayant décidé d’abandonner meubles et immeubles pour se retrouver qui, dans un centre d’accueil, qui au village, en tout cas, loin de la commune. Et pour cause, la mort était devenue le quotidien de tous. Des mercenaires et des miliciens sans foi ni loi, aidés par des militants du FPI, y servaient la mort comme on servirait une tasse de thé. Le fameux article 125, était appliqué à tous ceux qui étaient supposés, du fait de leur appartenance ethnique ou religieuse, appartenir au camp adverse. Par centaines, des êtres humains ont été tués et ensevelis sur place, des mosquées incendiées et des quartiers comme Lacman, Port-Bouët II ou Doukouré, rasés presque de la carte de la commune. Appuyant cette folie meurtrière, des gendarmes de l’escadron de Toit Rouge, s’illustreront négativement en décembre 2010 par une descente punitive à la kalachnikov au siège local du RDR à Wassakara. C’est devant ce qui reste de ces massacres, que s’est tenu le samedi dernier le meeting du FPI. Un meeting, qui n’ira pas à son terme. Les populations ayant décidé d’y mettre fin. Touchées dans leur amour propre, ces populations qui s’attendaient certainement à un mea-culpa du FPI, n’ont pas supporté l’arrogance des organisateurs du meeting. Aussi, ont-elles réagi violement. Sans les excuser, ne faut-il pas les comprendre ? Et dire avec elles, comme aime bien à le dire Amani N’Guessan, on ne peut pas frapper un enfant et l’empêcher de pleurer. Paraphrasons-le, en disant qu’on ne peut pas massacrer une population et lui demander d’applaudir ses bourreaux venus la narguer. Le FPi devrait-il s’étonner de récolter la tempête après avoir semé le vent ? Sauf mauvaise foi.
Thiery Latt
Thiery Latt