Aujourd’hui, je regarde le continent africain, très déçu. Je rejoins tout simplement le Français René Dumont : «L’Afrique noire est mal partie». La pensée de René Dumont est d’actualité. Les Africains pensent peu, et ‘’vendent’’ mal l’Afrique. Le débat démocratique n’existe pas, et suscite sur le continent beaucoup de morts, de conflits politiques et d’incompréhension. 53 Etats d’Afrique, 53 chefs d’Etat africains dont plus d’une quarantaine est au pouvoir par les armes, ou par tripatouillage de la constitution. A l’analyse, si l’Afrique va mal, c’est bien la faute aux Africains eux-mêmes. Des Africains qui veulent être président de la République, sans passer par la constitution. Et si, le chef de l’Etat africain est élu par les urnes, il prend au fil des années, le pouvoir comme un bien personnel, et du coup piétine la loi fondamentale dont il est le produit. Du coup, le chef de l’Etat africain s’éloigne de son serment, donne des leçons à ceux à qui il doit le fauteuil présidentiel. Finalement, le chef d’Etat africain ne respecte plus ‘’l’Etat’’, dont il est le garant institutionnel. Il ne fait plus ce pourquoi il a été élu et en prêtant serment. Aujourd’hui, le chef d’Etat africain, peut devenir président de la République sans constitution. 53 Etats d’Afrique sans débat démocratique. 53 chefs d’Etat sans débat d’idées. En tout, 53 présidents africains dont la quarantaine est au pouvoir par un coup d’Etat militaire ou constitutionnel. Ceux-là, sont les premiers à trouver de ‘’bons amis’’ à l’Union Européenne, à la Cedeao, Cemac, Sadc. Le premier voyage du président africain, c’est à Paris, Londres ou Washington. Le continent africain se vend mal. Tandis que Paris, Londres, Washington font rire. Eux, qui parlent de démocratie, accueillent ‘’leurs amis’’ africains qui, eux, règlent tout dans leur pays par la force. Mais l’Union Européenne, Paris et Washington aiment bien ces présidents africains qui souvent, ne savent pas comment fonctionnent le Fmi, la Banque mondiale. Ces présidents africains qui ne respectent pas leur ‘’Etat’’, tripatouillent la constitution et jettent leurs opposants politiques en prison sont accueillis à l’Elysée, Bruxelles, la Maison Blanche avec une couverture médiatique sans précédent. Et pourtant, élu pour 5 ans à la tête de son pays, le président africain refuse de quitter le pouvoir après deux mandats constitutionnels. De 1960 à 1990, Félix Houphouët-Boigny qui avait refusé le multipartisme était considéré comme le sage de l’Afrique et dispensait des conseils à ses homologues africains en matière de démocratie. Le président Félix Houphouët-Boigny était le seul chef africain à passer 3 à 5 mois de vacances hors de la Côte d’Ivoire… sans faire attention à la constitution. « L’Afrique noire est mal partie ». Je rejoins René Dumont, quand je pense à ces rébellions en Angola, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Libye, au Soudan, au Tchad, au Sénégal, qui ont terni l’image de l’Afrique… Mais, bien sûr avec la détermination des Africains eux-mêmes. Plus de 50 ans d’indépendance, l’Afrique continue de se vendre mal. Parce que le président africain élu, promet tout à l’Union Européenne et en récompense Paris ou Londres qualifie le président africain de défenseur de la démocratie. Et pourtant, l’Elysée, ou la Maison Blanche sait bien que la moitié de l’Afrique est gouvernée par des ‘’présidents’’ issus de coups d’Etat militaire ou constitutionnel. Ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui dira le contraire, après avoir reçu le Malgache Andry Rajoelina, ni élu, ni reconnu par les Africains. Mais Nicolas Sarkozy a signé d’importants accords commerciaux avec Andry Rajoelina. En clair, les présidents africains qui piétinent les lois constitutionnelles de leur pays, malmènent les opposants, la société civile, les syndicats, les journalistes, sont les vrais amis de Paris, Londres ou Washington. Avec le soutien de ces grandes puissances, le président africain peut gouverner sans état d’âme… au mépris de toutes les lois fondamentales, qui font de lui, le locataire du palais présidentiel de son pays. « L’Afrique noire est mal partie». René Dumont n’avait pas tort !
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël